{:fr}DARTRES

Un bon moyen de s’en débarrasser est de nettoyer d’abord énergiquement avec des feuilles de Coleus aromaticus trempées dans de l’eau. Puis, après cette détersion, oindre de pommade préparée comme suit : piler, écraser finement des fragments de tuile ; ceci parce qu’on accuse maintenant ces morceaux de terre cuite d’avoir provoqué la maladie. Et voilà qu’on s’en sert pour la guérison. Ajouter, en mélangeant bien, du beurre rance. Onction quotidienne au moyen de cette pommade.

Emploi de rate de chèvre, très fraîche ; en badigeonner l’endroit et laisser sécher. Mais celui qui aura eu recours à cette thérapeutique ne pourra plus consommer cet abat par la suite, sinon les croûtes réapparaîtraient sans tarder.

Prendre des feuilles séchées de Ficus Thonningii =umurehe ; malaxer avec du beurre frais ; s’en oindre.

Ikinono : sabot de vache ou de chèvre. Calciner, pulvériser, faire une pommade en mélangeant la poudre à du beurre frais.

Plante d‘urunyamavuta (Melinis minutiflora) avec une feuille d’aloès ; faire sécher, griller dans un tesson.

Ajouter du beurre frais pour onction. Parfois il suffit de chauffer une feuille verte de bananier, d’en entourer l’endroit malade pour obtenir, dit-on, la guérison.

DENTS

Certaines anomalies de la dentition, vices de conformation, lésions congénitales, ne semblent pas inquiéter les indigènes, ni donner lieu à aucune pratique médicale. Mais il en est autrement lorsque les incisives supérieures sortent avant ou en même temps que les inférieures ; l’événement est envisagé comme présage de calamité que l’on s’empresse de faire conjurer par le mage umuhannyi. Il en est de même quand l’enfant naît avec une dent. Nous donnerons plus loin des détails sur cette curieuse pratique.

Remèdes  odontagiques.

Essayer de calmer les douleurs en mâchonnant des fleurs de souci, à saveur piquante ubushwîma. En frictionner les gencives et en garder les restes en bouche assez longtemps, mais cela provoque de petits ulcères.

Une feuille de tabac doux, débarrassée de sa côte et séchée, est écrasée et gardée une nuit en bouche. En guise de révulsif, même emploi d’une feuille de Coleusaromaticus umuravumba.

On prend aussi une patate douce incomplètement cuite=umukutshwe ou umutura ; on l’appuie encore très chaude sur les endroits malades, ce qui a pour résultat de faire désenfler la gencive.

Procédé magique.

Dans l’obscurité de la nuit, vous pouvez entendre le daman arboricole, impereryi, crier tellement fort, qu’à votre étonnement vous vous demanderez si un animal d’aussi petite taille est capable d’émettre de tels cris. C’est comme si on arrachait une dent malade chez une personne sensible.

Procurez-vous donc une incisive de ce rongeur. Enterrez-là dans un coin de votre demeure. Déterrez-là au second jour au moment où le soleil disparaît derrière la colline.

Froissez et pressez dans vos mains une plante appelée « la pluie sans fin », imvura-idahita ; recueillez-en le jus. Trempez dedans l’incisive du daman et buvez-en une partie. Enfouissez le restant avec l’incisive dans le coin du bas de votre demeure, et dites :

Uko ndishyize mu mfuruka, Comme je la mets dans le coin,

Nikw amenyo atangarukaho ! C’est ainsi que la douleur ne me reviendra plus!

Si vous êtes mère de famille, appelez un de vos enfants et dites-lui :

Kanaka, mwana wanjye,                 Kanake, mon enfant,

Mpa impundu, H i… H i… H i…        Félicite-moi, Hi… Hi… Hi…

Ikyandryaga ngishyize mu mfuruka…Ce qui me faisait mal, je le mets dansle coin.

Et croyez-vous guérie !

Procédé d’avulsion.

La partie pointue d’une alêne est rougie au feu et introduite sous la couronne, dans le but de la libérer un peu de la racine en en brûlant une partie. Puis, l’opérateur, un spécialiste, aidé de plusieurs aides dont la tâche est de maintenir le patient, attache autour de la dent une ficelle de tendon et tente l’extraction. Le coup est parfois raté et, après quelques tentatives, l’opéré perdant patience et courage, renvoie à plus tard. L’alène peut être remplacée par une pointe.

D’autres préfèrent brûler peu à peu la couronne ; là encore on a recours au dentiste. Souvent, pour éviter les brûlures à celui dont il craint les réactions, il se sert d’un fragment de tige creuse de ricin ; par ce canal, il lui est facile d’introduire l’alène jusqu’à la dent.

L’opération est répétée, mais il est néanmoins impossible de détruire jusqu’au dernier morceau de racine.

Pour éviter la fétidité de l’haleine qui éloignerait le conjoint, beaucoup de femmes, surtout dans la classe des nobles Abatutsi, s’astreignent à de fréquents rinçages de la bouche avec le dentifrice suivant : racine d’umusiba, graines d’ibitagarasoryo, feuilles d’umuzigangore et d’ibiraro.

Hygiène dentaire.

Le matin, pour faire disparaître l’acidité, les mucosités ou la saburre, on se rince largement la bouche à l’eau froide. On peut ensuite se permettre de tirer quelques bouffées de tabac à la pipe de terre séchée. Ayant sacrifié à l’une ou l’autre de ces manies, l’umunyarwanda, satisfait, peut sortir de sa demeure, car il n’est plus à jeun, et partant n’a plus à craindre les jeteurs de sorts, ceux-là qui savent donner le coup du mauvais oeil = gutera umwaku.

C’est pour éviter ces enchantements que le nettoyage susdit se fait à l’intérieur de la hutte. Les crachats, rejetés sur le sol, sur les nattes, sur les parois, partout, expliquent un mode de contagion de la tuberculose que les indigènes favorisent ainsi inconsciemment.

Ajoutons que les gens de bonne condition emploient le matin et après les repas des cure-dents faits de petits bouts de bois taillés finement ou provenant du dattier sauvage umukindo (Phoenix reclinata). Les moins délicats s’aident de l’ongle de l’index. Chez les malades, le rinçage se fait à l’eau chaude.

Les dents importunes.

Lorsque les dents poussent à contretemps = imburagihe, incisives supérieures sortant avant ou en même temps que les inférieures, ou canines faisant d’abord leur apparition, ou encore une molaire, cette percée, passant pour insolite, met les parents en émoi. Si l’enfant est une fille, la mère vit dans les transes, car l’épée deDamoclès est suspendue au-dessus d’elle ; l’inverse, on le comprend, s’il s’agit d’un garçon. Recourir au mage umuhannyi est la première chose à faire.

Dans l’entre6temps, on s’est procuré une brebis qui allaite un agneau du sexe de l’enfant malchanceux ; cette brebis doit présenter une autre particularité : n’avoir jamais perdu de jeune ; elle est par cela même, qualifiée du terme isugi.

Sans que rien ne le distingue de ses congénères, le spécialiste s’amène, apportant les ingrédients qui lui serviront à préparer la médecine purificatrice isubyo, racines et plantes ayant, cela va sans dire, une valeur purement magique. On lui présente une demi-calebasse contenant un peu d’eau. Au moyen d’un gros galet rond intosho, servant à écraser les simples et qui a le pouvoir de retenir leurs vertus, il s’efforce par des frottements énergiques, d’obtenir quelques parcelles de la racine du Clerodendron = umukuzanyana. Les plantes, déjà écrasées pour leur enlever leurs caractéristiques, dit-on, sont tordues, et le jus est mélangé aux parcelles précitées dans l’écuelle familiale.

Plantes employées :

akanyamapfundo: celle aux nombreux noeuds ;

ngingwijana: celle aux cent articulations ;

kamaramahano: la purificatrice par excellence et porte-bonheur ;

nkurimwonga: celle qui retire de l’abîme ;

umubazi : plante basse, aux fleurettes blanches, récoltéespécialement sur une termitière.

Manière de prendre l’isubyo.

Parents et enfant prennent place sur des sièges. La méthode varie un peu selon le mage. Certains préfèrent l’administrer dans la cour ; d’autres font asseoir leurs clients à l’intérieur de l’habitation. Chez les Abatutsi, on emploie aussi, mais plus rarement, le chalumeau à bière. Il arrive que l’isubyo soit versé directement. Enfin, il peut différer suivant les régions, l’une et l’autre plante étant remplacées, mais jamais l’ensemble. L’incantation subit aussi de légères modifications.

On procède dans l’ordre suivant : officiant, père, mère, enfant. Ce dernier est placé sur les genoux de la mère qui lui fait exécuter les gestes, tandis que le premier parle pour lui. Voilà leur volonté unie dans un but bien déterminé. En vertu de leur complète communauté de vie, ils se reconnaissent solidaires dans le malheur comme dans le bonheur.

Chacun, assis en tournant le dos au soleil couchant, reçoit un peu de liquide sur le dos de la main gauche. D’un geste vif, sans regarder, il le jette derrière l’épaule du même côté, en disant :

Nirenjeje (ou nirenze) akabi. J’ai fait disparaître le mal par-dessus moi (sous-entendu comme le soleil disparaissant à l’horizon).

Ou bien le liquide reçu est soufflé avec force ; on prononce :

Nahushije ishyano! J ’ai soufflé la catastrophe ! Souvent les deux gestes s’exécutent en même temps.

Enfin, Yisubyo peut être versé et bu dans le creux de la main droite. D’aucuns disent qu’il est bon d’en laisser tomber quelques gouttes sur le pied droit : la

droite est estimée, c’est généralement la main droite qui tient la houe, trait la vache, etc.

L’incantation suivante attaque la puissance du mal et est capable de le vaincre :

Iyi n’isubyo ya Ndori. Ceci est l ‘isubyo de Ndori.

N’isubyo ya Ndahiro. C’est l’isubyo de Ndahiro.

N ’isubyo ya Ruganzu. C’est l’isubyo de Ruganzu.

N ’isubyo y’abahanga. C’est l’isubyo des savants maîtres,

Itsindira amahano. Qui l ’emporte sur l ’adversité !

Paroles flatteuses prétendant que la formule du breuvage magique aurait été composée par les grands Princes du Ruanda et les mages savants.

Intervention de la brebis.

D ’après une version de la mythologie du Ruanda vivait dans l’Empyrée une humanité innocente et soumise à Imana, lorsque, à la suite d’une indiscrétion de sa mère, Kigwa, premier ancêtres des Abami du Ruanda, tomba du ciel, entraînant dans sa chute son frère Mututsi et leur sœur Mpundu.

Outre ces personnages, Kigw a était accompagné de plusieurs animaux, dont le bélier Mudende et sa brebis Nyiramudende. Pour cette raison, cet ovidé participe aux cérémonies rituelles. Considéré également comme symbole de la paix divine et de la douceur, on le surnomme Nyabuhoro.

C’est à l’idée d’une force curative par contact que répond le procédé suivant. Un assistant saisit le mouton par les pattes de devant qu’il présente la face plantaire à l’officiant. Celui-ci a enfilé, sur une cordelette d’écorce de papyrus, deux amulettes consistant en deux bouts de bois taillés dans la tige du Clerodendron = umukuzanyana,ou deux morceaux de racine de cette plante.

L’opérateur touche l’animal de la cordelette tendue d’une patte à l’autre, puis il l’attache au poignet du père en prononçant la formule efficace :

Dore, Imana irakwambitse.                        Vois, Dieu t’a revêtu.

Ikibi kyose gitsindwa n’Imana. T              Tout mal est surmonté par la bonté de Dieu.

Ikyiza kyose kizanwa n’Imana.                 Tout bien provient de Dieu.

Imana yaguhaye umugishamu bihugu      Dieu t’a donné sa bénédiction dans le pays,

Mu nkha no mu bantu !En ton bétail et parmi les hommes !

Mère et enfant reçoivent parures identiques. Le choix du poignet importe beaucoup ; le père et le garçon tendront le bras droit ; la mère et la fille présenteront le gauche.

Cela suffit-il ? Pour certains, oui ! Cependant, un spécialiste nous a encore enseigné l’utilité d’une deuxième amulette semblable à la première, laquelle sera d’abord appliquée sur les dents de l’enfant, puis sur le sexe de l’agneau, et enfouie près de l’enclos.

Muni de son salaire, l’umuhannyi s’éloigne, pendant qu’en toute hâte, les parents ébauchent un simulacre de commerce sexuel destiné à entraver les derniers vestiges du mal.

CÉRÉMONIES COMPLÉMENTAIRES ACCOMPLIES LORS DE LA CHUTE DE CES DENTS

La mère observe sans cesse son rejeton et, le moment venu, elle rangera avec soin les dents fâcheuses dans un étui en roseau. L’umuhannyi rappelé, contrôle tout d’abord la chute des dents, puis rend à chacun une ration du breuvage magique. Il en asperge également l’étui et les dents qu’il emporte. Le

père ou un autre membre de la famille l’accompagne jusqu’à l’endroit désertique choisi pour le dépôt ; ce sera le creux d’un rocher ou la berge d’un ruisseau. On aura la précaution de se munir des plantes suivantes :ishyoza, ngingwijana, ibogeri, ikinetenete surnommée ireke pour la circonstance ; akanyamapfundo, umugombe surnommée rugombora. Écrasées ensemble, triturées dans les paumes, ces plantes donneront un jus qui est versé sur l’étui recouvert de terre. Ce faisant, on prononce:

 Iri n’ireke, ishyano ryareka. Ceci est l’ireke, que le mal cesse.

Iyi n’ishyoza rihoz’ishyano. Ceci est l’ishyoza qui adoucit la peine.

Toutes les plantes y passent, soit que leurs vertus émanent du nom même, de leur aspect ou de leur consistance, tel l’ibogeri appelé ici ikyoroshya (de kworoshya : rendre mou, léger, adoucir) : iki n’ikyoroshya, noroshy’ishyano. Ceci est l’ikyoroshya, que je rende le mal supportable.

Variantes.

Si l ’en fan t est une fille, in utile de faire disparaître les d en ts au loin, puisqu’elle quittera la famille pour son mariage, emportant ainsi sa destinée.

On les dépose donc dans un petit panier ou on les cache sous l ’oreiller d ’herbes où les rats iront les grignoter.

S’il s’agit d’un garçon, le sorcier conseille d’éloigner les dents (on sait qu’à son mariage, le fils bâtira le plus souvent sa demeure à proximité de l’enclos paternel).

Le sorcier réclame des « semences » imbuto, on lui en donne d’éleusine, de sorgho et d’une variété de courge, soit trois des quatre plantes principales du pays, imbutonkuru, toutes très prolifères.

Il les jette en disant :

Twamuhaye imbuto, Nous lui avons donné les semences.

Yoye gukenya. Qu’il ne soit pas cause de la perte deses parents.

Babyare,             Qu’ils enfantent,

Bororoke,             Qu’ils se multiplient,

Baheke neza !      Qu’ils élèvent sans difficulté !…

 lmbuto, principe de vie qui domine, image de la prospérité en toutes choses, à tous points de vue, qu’il s’agisse de la famille, du bétail, des récoltes.

Lieu de dépôt.

Caverne, creux de rocher, berges de ruisseau serviront de dépôt aux dents en question, mais, dans ce dernier cas, on veillera à aller puiser l’eau ailleurs pour les besoins ménagers ou autres. Il faut, de toute façon, qu’elles soient mises à l’abri des intempéries.

Quelle est la raison ultime de cette précaution ? On l’ignore, mais si on l’omettait, l’avenir des parents serait, dit-on, hérissé d’obstacles.

Un enfant est né avec une dent.

On vient de voir que l’apparition d’une incisive supérieure avant son temps mettait les parents en grand embarras. Que penser du sans-gêne d’un nouveau-né qui exhiberait une mâchoire déjà garnie d’une incisive ou d’une canine ? Cette dernière surtout est réputée comme étant très dangereuse ; aussi l’infortuné père court-il à toutes jambes quérir l’umuhannyi qui apporte sans tarder un isubyo des plus efficaces. Voici les plantes aux noms évocateurs dont il est composé :

urugarura: celle qui ramène l’événement au niveau d’un incident banal ;

umuhe : celle qui donne la paix ;

umuhîre: celle qui rend heureux, qui suscite la chance.

A la chute de la dent, se procurer un roseau de l’espèce umuseke qui se sera développé dans un endroit humide, donc de prédilection, le spécimen poussant sur la colline étant à rejeter. Le nom de ce roseau prête à assonance avec le verbe guseka signifiant rire ; nous pouvons en déduire qu’il peut pousser à l’alacrité, à la réjouissance.

Dans un étui formé d’une section de ce roseau, enfermer: dent, graines de sorgho, d’éleusine et de courge, ainsi que quelques petits poils laineux prélevés sur le front d’un bélier, ceci pour un garçon ; fermer avec de la bouse de taurillon bénéfique ; déposer au creux du rocher. Pour une fille, supprimer les graines et déposer l’étui au pied du lit.

A noter que le nourrisson ne recevra pas la visite de ses grands parents maternels avant la chute de la canine dont il était porteur à sa naissance, cette dent malencontreuse étant pour eux aussi un porte-malheur.

DIARRHÉE

Administrer du lait cru avec du jus de feuilles d’ishoza et un peu de pâte de sorgho.

Donner à manger des raclures de boyau de bœuf cuites avec des haricots de l’espèce inkori. Bien malaxer avec du beurre rance.

Deux ou trois bananes vertes passées dans la cendre ou cuites à l’eau se mangent aussi pour arrêter la diarrhée.

DOIGTS PALMÉS

Une femme ne mange jamais deux bananes jumelles ; une est donnée à un enfant et l’autre est employée pour la fabrication de la bière ; ainsi elle évitera de mettre au monde des enfants aux doigts palmés.

DOUVES (INFECTION PAR LES)

Les Ruandais reconnaissent que la présence de ce vers trématode peut déterminer des accidents graves chez l’homme comme chez le bétail. Ce parasite est confondu avec la sangsue dont il porte du reste le nom umusundwe.

On dit qu’on est sujet à de tels accidents après s’être désaltéré au ruisseau. Lorsqu’il y a crachement de sang, on croit d’abord qu’un mal de gorge en est la cause. Si le mal persiste, on croit que la douve est descendue dans le foie, en suce le sang : il en résulte de la consomption. Si elle reste attachée à la gorge, le pronostic est mortel ; on essaie de l’en détacher en administrant des vomitifs.

La vache gagne la maladie surtout en saison sèche, lorsque les eaux se sont raréfiées. On constate que le foie de la bête est plein de douves ; dès lors, seuls les plus gourmands mangeront de cet abat.

DYSENTERIE AMIBIENNE

On l’appelle amachyinya, mais, en région forestière, on la dénomme amatebura = les tuiles; il faut voir là une analogie de couleurs. D’après la vox populi, les constructions européennes ne sont pas tout à fait étrangères à certains maux dont souffrent les gens.

Cette maladie est plus répandue dans le haut pays du Rukiga ; il faut en rechercher la cause dans le fait que les populations y sont les plus sales qui soient ; les mains sont rarement lavées.

La dysenterie bacillaire et les fièvres typhoïdes qui présentent une élévation de température ne sont pas identifiées par les indigènes ; cela se conçoit ; par contre, l’amibiase est connue.

Au début, la diarrhée banale et les douleurs intestinales font penser à l’existence de vers, mais l’apparition de sang dans les selles devenues liquides et répétées porte à croire qu’il s’agit bien de l’amachyinya.

Traitement.

Nous avons vu qu ’un corps rouge, ou tout au m oins rougeâtre, pouvait favoriser la transposition du mal, mais, par ailleurs, il peut guérir la maladie

qui se manifeste par une coloration semblable.

Cueillir de petites baies d‘igitagarasoryo ; elles doivent être très mûres et bien rouges. Écraser, ajouter du sel de marais ; cuire dans un peu d’eau et manger comme de la pâte. L’action sympathique de la couleur est ici apparente.

Lavements au lait de chèvre ou avec de l’eau qui a passé la nuit dans la hutte.

Extraire le jus de feuilles de Coleus aromaticus ; le chauffer avec du beurre rance ; en prendre deux ou trois cuillerées deux fois par jour.

Cuire du beurre légèrement salé au sel de marais ; y ajouter une sorte de haricots rouges = inkori, et des raclures de peaux inkuru, ceci pour combattre la formation de débris de membranes auxquels on a donné le nom de « raclures de boyaux ». Avec ce beurre, manger une pâte de sorgho dont l’eau de cuisson contiendra du jus rougeâtre de Ficus ingens — umutabataba, et de

Rumex = umujumba aux carottes rougeâtres. Si le résultat n’est pas satisfaisant, on prendra un morceau du petit estomac igitondora, d’un ruminant, que l’on lavera bien et cuira à l’eau ; saler au sel de marais et additionner de beurre rance.

Feuilles d ’ikivuzo ou ikivutso ; écraser, piler. Au jus, ajouter de l’eau et du beurre rance ; cuire jusqu’à obtenir une bouillie ferme. Édulcorer avec du miel.

Écorce d’érythrine corail avec des haricots et plantes ishyoza et ikivutso. Cuire avec un peu d’eau et du beurre. Manger avec du miel.

On essaie de constiper le malade. Une bouillie de sorgho est servie dans une feuille verte de bananier et mise à épaissir dans les cendres chaudes. Des bananes de l’espèce amazizi, cuites dans la cendre également, sont appréciées.

Dans le Rukiga, certains guérisseurs pilent ensemble des feuilles d‘ikivuzo, avec des plantes entières d‘ishyozaet de kazibannyo. Au jus, on ajoute du miel ou du beurre.

D’autres conseillent de chauffer, dans de l’eau, une portion de l’intestin d’un léopard que l’on vient de tuer. Le malade boit l’eau et porte ensuite sur son ventre le bout d’intestin avec une lanière de peau de la même bête. On croit que le léopard n ’a jamais de diarrhée.

Actuellement, sans qu’il soit possible de connaître l’origine de ce nouveau remède, on dit qu’un jaune d’oeuf cru ou cuit mélangé au miel amène la guérison. Autrefois, on craignait les oeufs comme la peste. Probablement l’association de couleur est-elle censée jouer, ici encore, un rôle bienfaisant.

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