Le Super omnia caritas de saint Paul aux Colossiens constituait pour Son Evêque André PERRAUDIN et pour le Vicariat apostolique qui lui était confié, non seulement un programme mais encore et surtout une urgence : Caritas Christi urget nos.

Cette option il a exprimée dans une première lettre aux ouvriers apostoliques, avant même son ordination épiscopale, en février 1956. Il leur écrivait ceci :

« Je mets mon épiscopat sous le signe de la charité et sous le patronage de la Vierge Immaculée, car je suis persuadé que rien de bon ne se fera dans le Vicariat sans cette vertu et cette protection ».

Sa lettre pastorale du 11 février 1959 sur la charité avec en exergue sa devise « SUPER OMNIA CARITAS » — écrite dans la maturité de son épiscopat après de longues méditations et réflexions en présence du Seigneur, écrite trois années après son ordination — a été vraiment la charte de son épiscopat : En voici d’ailleurs l’introduction :

« Chers chrétiens, nous voulons cette année vous entretenir paternellement de la plus grande et la plus nécessaire de toutes les vertus : la CHARITÉ. Si nous avons choisi pour devise de notre épiscopat l’exhortation de Saint Paul aux Colossiens : « par-dessus tout la Charité », c’est parce que nous sommes persuadés, avec le Grand Apôtre, que c’est par la pratique généralisée et généreuse de cette vertu que se réaliseront la perfection et le vrai bonheur de notre cher Rwanda, de chacune de ses familles et de chacun de ses habitants. Dieu est CHARITÉ. Le signe de Dieu c’est la charité : ce qui n’est pas fait selon la charité n’est pas fait selon Dieu. Sans la charité on n’est pas vraiment chrétien, même si l’on est baptisé. Il n’y a pas non plus, ni pour les familles, ni pour les sociétés, ni pour les peuples, d’ordre, de tranquillité, de justice et de paix véritables en dehors de la charité. »

En voici également les sous-titres : l’exemple de Notre Seigneur, l’enseignement du Christ, la charité doit être intérieure et surnaturelle, la charité dans les paroles, la charité dans les actes, la charité est universelle. Application à la situation du pays. C’est cette dernière partie qui a soulevé une tempête à travers tout le pays : Il y soulignait en effet une situation politique et sociale incompatible avec le commandement du Seigneur.

À travers ses lettres dans le Trait d’union, on trouvera de très fréquentes exhortations à la charité fraternelle, à la constitution de vraies communautés sacerdotales où la vie, la prière et le travail en commun sont absolument indispensables à la fécondité du ministère sacerdotal.

À titre d’exemple, il y a un paragraphe de sa circulaire n° 9, écrite juste avant son premier départ en Europe, le 24 janvier 1957: « Ut unum sint »: la plupart des difficultés dans les postes de mission proviennent d’une sorte d’individualisme plus ou moins inconscient qui pousse chacun à vivre et à œuvrer à part, à trouver ses propres méthodes et à recommencer ce qui devrait se continuer.

« On perd ainsi un temps précieux et on met la gêne dans la communauté. N’oubliez pas non plus que vous êtes les « membres principaux du corps mystique » ainsi que le dit le Pape Pie XII et que si la charité doit exister, elle doit exister surtout entre ces membres privilégiés.

« Il supplie, ses collaborateurs et collaboratrices, de faire tous les sacrifices pour que l’union, la plus cordiale, règne entre eux : c’est aussi une condition indispensable de l’apostolat ; cette union sera assurée d’une part par l’obéissance au supérieur et une charité intérieure et extérieure vraie et d’autre part par le travail en commun. Le conseil hebdomadaire s’il est bien fait, est un merveilleux instrument de coordination et de compréhension mutuelle : il ne doit pas être une conférence du supérieur, mais une mise en commun des expériences et une discussion franche et fraternelle uniquement inspirée par le souci des âmes à sauver et à sanctifier. »

Ces exhortations il les a renouvelées souvent, car il estimait que les structures d’apostolat devaient primordialement être des structures de charité.

L’accueil de tout le monde lui paraît être une exigence de son ministère : les prêtres et tous les autres collaborateurs pouvaient à tout moment frapper à sa porte, sans intermédiaire. Pour les gens ordinaires, il dut bien s’organiser et déterminer un moment qui leur était réservé. C’était finalement la dernière heure de la matinée. La phrase d’Isaïe lui a beaucoup donné à réfléchir, à savoir : « Ne te dérobe jamais à ton prochain ».

À son retour au Rwanda après quatre mois d’absence, sa première exhortation fut encore celle à la charité :

« Plus je vois la situation du Vicariat, écrivais-je, et l’évolution générale du pays, plus aussi je suis convaincu que sans effort universel et très sérieux de charité nous n’arriverons pas à grand-chose… Soyez charitables, soyez bons avec tout le monde dans votre travail pastoral quotidien. Je vous en supplie. Ne rebutez personne… ».

Au début de la Révolution rwandaise, dans ma circulaire n° 23, en demandant qu’on fasse tout et en particulier qu’on priât pour le retour de la paix dans le pays, j’insistais sur la charité :

« Je voudrais vous dire que ce doit être plus que jamais l’HEURE de la CHARITÉ ».

Et j’ajoutais :

« Je tiens à vous féliciter pour votre courage dans l’épreuve et pour votre dévouement envers toutes les misères qui sont venues à vous. Certaines missions ont été de véritables refuges de charité : c’était leur devoir et elles l’ont accompli admirablement au prix de très grands sacrifices. Nous les en remercions au nom de l’Église et du Pays.

« Nous suggérons d’organiser, partout où c’est possible, une collecte en nature ou en espèces. Pour les régions éprouvées nous engageons vivement chrétiens et catéchumènes et plus particulièrement les membres de l’Action Catholique de s’organiser, comme on l’a fait à Save, pour la reconstruction de ce qui a été brûlé ou détruit. La réparation individuelle sera très difficile, sinon impossible : qu’on la rende collective… etc. »

Le 14 mars 1960 il lançait un pressant appel dans le même sens :

« Chers chrétiens, des troubles, des pillages, des déprédations et même des meurtres viennent de se produire à nouveau en diverses régions du Rwanda. Nous en éprouvons une profonde douleur, à cause de l’offense faite à Dieu et des souffrances infligées à nos enfants. Tous ces agissements insensés ainsi que toutes les manœuvres qui les auraient provoqués, nous les condamnons vigoureusement au nom de l’Église qui aime d’un grand amour tous les hommes à quelque race qu’ils appartiennent et qui leur prescrit de résoudre les problèmes sociaux dans la justice et la compréhension mutuelle et non pas par des moyens criminels. On ne résout rien en violant la Sainte Loi de Dieu qui défend de détruire ou de piller le bien d’autrui et de jeter dans le dénuement le plus complet des familles entières. Que tous les coupables sachent qu’ils sont tenus par le grave devoir de la réparation des injustices qu’ils ont commises. »

En octobre 1960, ensemble avec les évêques du Rwanda et du Burundi, ils ont publié une longue lettre commune sur la « vérité, la justice et la charité ». Voici un bref passage de cette lettre à propos de la charité :

« Les dissensions se sont cruellement réveillées dans le pays. On oppose, en une lutte fratricide, une ethnie à une autre ; on excite à la haine raciale entre Blancs et Noirs ; mais nous savons que le père de la haine comme le père du mensonge n’est autre que Satan. Prenez garde de ne pas tomber dans ses pièges. Soyez fidèles au Christ en pratiquant la CHARITE, l’AMOUR MUTUEL.

La charité est la couronne chrétienne, apposée à l’œuvre de justice et de vérité, que nous avons développée dans les pages précédentes. Bien plus elle en est l’ÂME ».

On pourrait citer de nombreux autres passages de lettres ou d’instructions contenant des exhortations à la CHARITÉ. Il ne s’attarderait pas non plus sur tout ce qu’il a entrepris pour venir en aide aux réfugiés accueillis dans plusieurs paroisses et finalement installés dans plusieurs camps, en particulier à Nyamata. Il les a visités plusieurs fois et il leur a donné des prêtres pour les secourir spirituellement et matériellement. Il a même envoyé trois prêtres aux réfugiés de l’étranger, en particulier l’Abbé Aimable Kazubwenge en Uganda et Léonard Rubumbira, Paul Sekabuga au Zaïre dans la région d’Uvira.

On achève ce chapitre en signalant qu’à son initiative, le Secours catholique Rwandais — devenu plus tard Caritas-Rwanda — a été créé le 22 avril 1960 à Kabgayi. A cette occasion, il écrivait que le Secours Catholique Rwandais a pour

« but d’aider tous ceux qui dans le Pays sont particulièrement éprouvés. Sa PREMIÈRE TÂCHE sera de venir en aide aux sinistrés qui ont souffert des tristes événements, que nous vivons depuis quelques mois… »

Le SUPER OMNIA CARITAS est devenu comme un slogan à travers tout le Vicariat apostolique et une référence en particulier pour les mouvements d’Action Catholique.

 La décentralisation comme option pastorale

En visitant son Vicariat apostolique, Son Evêque André PERRAUDIN trouvait que des masses de population vivaient très loin du centre paroissial ; il fallait, à son avis, s’en rapprocher le plus possible ; d’où sa décision de multiplier les paroisses. Dès sa prise de possession du Vicariat, en 1956, cinq nouvelles paroisses furent fondées, à savoir: Cyangugu (Mururu), Kibungo, Simbi, Kiruhura (Gikirambwa) et Runaba ; une sixième, érigée en janvier 1957: Nyamata.

Cette solution lui paraissait préférable à celle qui consistait à concentrer un grand nombre de prêtres dans les paroisses existantes desservant un territoire passablement étendu. Et puis il considérait que la création d’une nouvelle paroisse c’était ouvrir une source importante d’évangélisation et aussi de développement.

Dans le même esprit il a beaucoup insisté sur l’organisation de la desserte des succursales centrales… qu’on a appelé dans la suite « paroisses succursales »: ces centres en effet regroupaient chacun plusieurs milliers de chrétiens et catéchumènes — quatre, cinq à six mille —. Afin que ces paroisses succursales puissent être convenablement desservies, il fallait les équiper en locaux de base : un appartement pour le prêtre-visiteur, une église, des salles de catéchuménat, des salles de classes pour les écoles primaires. Un minimum de locaux est indispensable pour travailler efficacement dans une succursale centrale.

À ce propos, on tient à ajouter que les infrastructures en bâtiments lui ont toujours paru indispensables malgré toutes les critiques que l’on répandait à certaines époques contre la « maladie des briques ». Il montrait aussi combien toutes ces constructions constituaient les meilleurs chantiers-écoles d’apprentissage et procuraient un travail rémunérateur à des milliers de paysans chômeurs.

C’est le même objectif qu’il poursuivit en poussant à la création de nouveaux diocèses.

La présence et l’action d’un nouvel évêque dans une région ont marqué très visiblement son développement chrétien et social dans toutes les dimensions : un nouveau diocèse est comme un multiplicateur: ce qui était réalisé par une personne le devient par cinq ou six; chaque nouvel évêque cherche à promouvoir les vocations, à créer de nouveaux centres d’évangélisation, à améliorer les infrastructures matérielles… il se fait quêteur de collaborateurs et de fonds : c’est un dynamisme nouveau qui est introduit dans l’Église et le pays, sans compter que les contacts humains se font proches et plus efficaces. Sans compter aussi les effets bénéfiques de la collégialité et des rencontres épiscopales.

Le 20 décembre 1960, le Pape Jean XXIII créa le diocèse de Ruhengeri avec la désignation de son premier évêque, Monseigneur Bernard MANYURANE décédé hélas ! avant son ordination épiscopale le 8 mai 1961 et remplacé par Monseigneur Joseph Sibomana le 21 août 1961 qui reçut l’onction épiscopale le 3 décembre de la même année des mains du nonce apostolique d’alors, Monseigneur MOJAISKY-PERELLI. Il est remplacé le 5 septembre 1968 par Mgr Phocas NIKWIGIZE ordonné évêque le 30 novembre 1968. Disparu, assassiné très probablement le 30 novembre 1996. Mgr Phocas Nikwigize a été remplacé le 9 mai 1998 par Mgr Kizito BAHUJIMIHIGO.

 Le 11 septembre 1961, création par le même Pape Jean XXIII du diocèse d’Astrida, devenu Butare, et nomination de son premier évêque, Monseigneur Jean Baptiste GAHAMANYI, ordonné évêque par Son Evéque André PERRAUDIN le 6 janvier 1962. Le 19 janvier 1997, Mgr Gahamanyi, ayant démissionné, Mgr Philippe RUKAMBA a été nommé évêque de Butare. Mgr Gahamanyi est décédé le 18 juin 1999.

— plusieurs autres diocèses furent créés:

KIBUNGO le 5 septembre 1968 avec Monseigneur SIBOMANA comme premier évêque, il a été remplacé par Monseigneur Frédéric RUBWEJANGA. Mgr Sibomana est décédé le 9 novembre 1999.

KIGALI le 10 avril 1976 avec Monseigneur Vincent NSENGIYUMVA comme premier évêque. Assassiné le 5 juin 1994, il est remplacé le 25 mars 1996 par Son Excellence Monseigneur Thaddée NTIHINYURWA.

BYUMBA le 5 novembre 1981 avec Monseigneur Joseph RUZINDANA comme premier évêque. Assassiné le 5 juin 1994, il est remplacé le 25 mars 1996 par Monseigneur Servillien NZAKAMWITA.

CYANGUGU le 5 novembre 1981 avec Monseigneur Thaddée NTIHINYURWA comme premier évêque, devenu le 25 mars 1996 Archevêque de KIGALI. Le 19 janvier 1997, il est remplacé par Mgr Jean Damascène BIMENYIMANA.

GIKONGORO le 30 mars 1992 avec Monseigneur MISAGO comme premier évêque.

À partir de 1992, le RWANDA comprend donc 9 circonscriptions ecclésiastiques, à savoir, par ordre chronologique :

1.Le diocèse de KABGAYI qui, au cours des années, subit plusieurs mutations juridiques que je signale dans la « rétrospective » qui suit cette énumération.

2.Le diocèse de NYUNDO fondé en 1952

3.Le diocèse de RUHENGERI fondé en 1960

4.Le diocèse de BUTARE (ASTRIDA) fondé en 1961

5.Le diocèse de KIBUNGO fondé en 1968

6.L’archidiocèse de KIGALI fondé en 1976

7.Le diocèse de BYUMBA fondé en 1981

8.Le diocèse de CYANGUGU fondé en 1981

9.Le diocèse de GIKONGORO fondé en 1992.

 En 1900, le Rwanda faisait partie, du point de vue ecclésiastique, du Vicariat apostolique du Nyanza méridional confié à Monseigneur Hirth.

En 1912, le Rwanda et le Burundi formaient ensemble le Vicariat apostolique du Kivu (premier du nom) confié à Monseigneur Hirth.

En 1922, était créé le Vicariat apostolique du Rwanda, comprenant tout son territoire, confié successivement à Monseigneur Classe (1922-1945) puis à Monseigneur Déprimoz (1945-1952). Monseigneur Hirth démissionna en 1922 et mourut en 1931 à Kabgayi.

En 1952, le Vicariat apostolique du Rwanda est scindé en deux pour former le Vicariat apostolique de Kabgayi confié successivement à Monseigneur Déprimoz (1952- 1955) puis à Monseigneur André Perraudin (1955-1959) et le Vicariat apostolique de Nyundo confié à Monseigneur Bigirumwami (1952-1959).

En 1959, le 10 novembre, par la constitution apostolique Cum granum sinapis, le Pape Jean XXIII érige la hiérarchie ecclésiastique au Congo belge et au Rwanda-Burundi. Le Vicariat apostolique de Kabgayi devient l’archidiocèse de Kabgayi et Monseigneur Perraudin, le premier archevêque métropolitain du Rwanda, archevêque de Kabgayi (1959-1976). Le Vicariat apostolique de Nyundo devient diocèse de Nyundo, suffragant de Kabgayi et Monseigneur Bigirumwami devient évêque de Nyundo (1959-1974).

Le 12 janvier 1974, Monseigneur Vincent Nsengiyumva est nommé évêque de Nyundo pour succéder à Monseigneur Bigirumwami, démissionnaire.

Le 3 mai 1976, Monseigneur Vincent Nsengiyumva devient archevêque de Kigali, le siège archiépiscopal ayant été transféré de Kabgayi à Kigali, à la demande de Monseigneur Perraudin. Le 20 juin 1976, Monseigneur Vincent reçoit le pallium du Cardinal Agnelo Rossi, Préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples. Il est assassiné à Gakurazo le 5 juin 1994 ; après sa mort, Monsieur l’Abbé Jean Baptiste Rugengamanzi est choisi comme administrateur diocésain. En novembre 1994 Monseigneur Thaddée Ntihinyurwa a été nommé par le Saint-Père, administrateur apostolique de Kigali ; il en devient l’archevêque le 25 mars 1996.

Le 3 mai 1976, Monseigneur Perraudin devient évêque de Kabgayi gardant à titre personnel la dignité d’archevêque. Il est remplacé le 8 octobre 1989 par son coadjuteur, Monseigneur Thaddée Nsengiyumva.

Le 27 mars 1977, Monseigneur Wenceslas Kalibushi est nommé évêque de Nyundo. Il est décédé le 20 décembre 1997.

Le 5 novembre 1981 : fondation du diocèse de Byumba : Monseigneur Joseph Ruzindana en est le premier évêque. Assassiné le 5 juin 1994 à Gakurazo, après sa mort, Monseigneur Frédéric Rubwejanga est nommé administrateur apostolique de ce diocèse. Il est remplacé le 25 mars 1996 par Monseigneur Servillien Nzakamwita nommé évêque de Byumba.

Le 5 novembre 1981 : fondation du diocèse de Cyangugu avec Monseigneur Thaddée Ntihinyurwa comme premier évêque. Le 25 mars 1996, le siège devient vacant par la nomination à Kigali de Monseigneur Ntihinyurwa. Le 19 janvier 1997, il est remplacé par Monseigneur Jean Damascène Bimenyimana à Cyangugu.

Le 28 novembre 1987, Monseigneur Thaddée Nsengiyumva est nommé évêque coadjuteur de Kabgayi; ordonné évêque le 31 janvier 1988, il prend la succession de Monseigneur Perraudin comme évêque de Kabgayi le 8 octobre 1989. Il est assassiné le 5 juin 1994 à Gakurazo ; à sa mort, Monsieur l’Abbé André Sibomana a été choisi, par le conseil des consulteurs, comme administrateur; en novembre 1994 le Saint-Père l’a nommé administrateur apostolique de Kabgayi. Il est remplacé, le 25 mars 1996, par Monseigneur Anastase Mutabazi, nommé évêque de Kabgayi.

Le 30 mars 1992: création du diocèse de Gikongoro confié à Monseigneur Augustin Misago, ordonné évêque le 28 juin 1992 à Gikongoro.

Le 25 mars 1992: démission de Monseigneur Joseph Sibomana, remplacé par Monseigneur Frédéric Rubwejanga ordonné évêque à Kibungo le 5 juillet 1992. Monseigneur Sibomana est décédé le 9 novembre 1999.

Le 25 mars 1996:

—Monseigneur Thaddée Ntihinyurwa est transféré au siège archiépiscopal de Kigali;

—Monseigneur Anastase Mutabazi est nommé évêque de Kabgayi;

—Monseigneur Servilien Nzakamwita est nommé évêque de Byumba.

Le 19 janvier 1997:

—le Père Alexis Habiyambere est nommé évêque de Nyundo ;

—l’abbé Philippe Rukamba est nommé évêque de Butare ;

—l’abbé Jean Damascène Bimenyimana est nommé évêque de Cyangugu.

Le 9 mai 1998:

—l’abbé Kizito Bahujimihigo est nommé évêque de Ruhengeri.

Les séminaires option fondamentale

Les petits séminaires étaient les seules institutions où l’on puisait les vocations sacerdotales. Le 10 juillet 1955, Monseigneur Bigirumwami bénissait la première pierre du petit séminaire Saint-Pie X de Nyundo. Mais jusqu’à ce moment-là il n’y avait, au Rwanda, qu’un seul petit séminaire, celui de Kabgayi. Il avait ses titres de noblesse puisqu’il avait été fondé par Monseigneur Hirth en personne dès 1912, exactement le 25 décembre 1912. Il fonctionna dès le 2 janvier 1913 avec 17 élèves, à Kansi d’abord puis, dès le mois d’octobre à Kabgayi. Monseigneur Hirth avait recruté les premiers candidats séminaristes dès 1903 ; il les envoya en Tanzanie pour commencer les études. Deux d’entre eux, Donat Reberaho et Balthazar Gafuku persévérèrent jusqu’à la prêtrise qu’ils reçurent des mains de Monseigneur Hirth le 7 octobre 1917.

Tout cela étant, vu la progression considérable de la chrétienté, il me parut évident qu’il fallait ouvrir de nouvelles sources de vocations sacerdotales, c’est-à-dire fonder de nouveaux séminaires. Le premier séminaire que je décidai de fonder fut celui de Rwesero qui commença à fonctionner à Rwamagana. Il fut, dès 1956, confié aux Pères Salésiens de Don Bosco… il devient plus tard, suite à la division des diocèses, le séminaire pour le diocèse de Ruhengeri d’abord puis de Byumba, sur le territoire duquel il était bâti.

Au mois d’août 1957, fondation du séminaire de Kansi confié à saint Jean-Marie Vianney, le patron des curés ; ce séminaire accueillait les trois classes supérieures des humanités pour le diocèse de Kabgayi, ce qui dégorgeait les locaux de Kabgayi qui purent ainsi admettre un plus grand nombre de séminaristes.

En 1965, fondation du séminaire Saint-Paul à Kigali pour le cycle supérieur des humanités du diocèse de Kabgayi, Kansi étant devenu séminaire pour le diocèse de Butare. Le séminaire Saint-Paul fermera ses portes en 1978: Monseigneur Vincent fonda un séminaire complet à Ndera.

A Zaza, un cycle préparatoire au petit séminaire, a été confié au Père Charles-Albert de Vinck. Plus tard Monseigneur Sibomana, devenu évêque de Kibungo, y ajouta le cycle complet du petit séminaire.

En 1961, à Rutongo, on y installait le premier séminaire des aînés, confié au Père Léopold Vermeersch. Ce séminaire se transporta dans la suite à Kamonyi d’abord puis à Kabgayi même. Recteurs successifs : l’Abbé Wouters et le Père Jan Renis.

La formule d’une formation sacerdotale autre que par les humanités classiques ne semble pas avoir été cordialement agréée par la majeure partie du clergé. Les étudiants eux-mêmes, d’ailleurs, finalement aspiraient aux diplômes : c’est sans doute ce qui amena Monseigneur Thaddée Nsengiyumva à abandonner la formule proprement dite du séminaire des aînés. Pourtant le séminaire des aînés a donné au Rwanda un bon nombre d’excellents prêtres.

Depuis une quinzaine d’années le recrutement pour le grand séminaire se fit également dans des écoles secondaires autres que les petits séminaires, ce qui constitue une très heureuse évolution des esprits.

 Le recrutement élargi du personnel apostolique

Dans l’esprit de l’encyclique de Pie XII Fidei Donum (1957), compte tenu aussi de la diminution considérable de l’apport « Pères Blancs » au Rwanda, Son Evêque André PERRAUDIN s’est mis en campagne pour recruter du personnel missionnaire diversifié, suivant en cela l’exemple de Monseigneur Aloys Bigirumwami qui fut, dans cette ligne, un véritable pionnier. Ce sang missionnaire tout neuf permit de nombreuses et très importantes réalisations : création de nouvelles paroisses, établissements scolaires, religieux, caritatifs et de développements de toutes sortes.

Voici une énumération très sommaire mais très significative aussi d’un certain nombre de ces réalisations qui relevaient de sa juridiction :

— fondation d’une dizaine de nouvelles paroisses ;

—fondation des collèges du Christ-Roi à Nyanza, de Saint-André à Kigali et de Rilima dans le Bugesera ;

—fondation du séminaire de Rwesero confié d’abord aux Salésiens;

—fondations des monastères des Bénédictins à Gihindamuyaga, des Bénédictines à Sovu, des Clarisses à Kamonyi, des Carmélites à Kigali puis à Remera — Ruhondo.

—fondation du home de la Vierge des Pauvres à Gatagara pour handicapés.

 Arrivée de nouveaux Ordres et Congrégations :

—Dominicains, dont un membre éminent, le Père Georges-Henri Levesque, fonda en 1963 l’Université Nationale du Rwanda.

— Jésuites qui créèrent le Centre « Christus » à Kigali.

—Franciscains qui s’installèrent d’abord à Kivumu (Gitarama).

—Pallottins qui prirent d’abord en charge la paroisse de Masaka et fondèrent ensuite la paroisse de Gikondo (Kigali) et y développèrent une imprimerie, un centre médical et le centre de l’Action Familiale interdiocésaine sous la direction du Père Henri Hoser.

—Pères Missionnaires des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie à Kiziguro et Rukara puis finalement à Butare.

 Arrivée également de plusieurs Congrégations féminines :

—Dominicaines de Monteil à Gitarama.

—Sœurs Hospitalières de Sainte-Marthe à Nyamata, Ruhuha et Kabgayi.

—Sœurs Oblates du Saint-Esprit à Cyeza puis à Muhura et Butare.

—Soeurs Pallottines à Gikondo, Masaka et Ruhango.

—Petites Soeurs de Jésus à Kigali, Masaka, Crête Congo-Nil et Butare.

—Soeurs de la Charité de Sainte-Anne à Mugina puis à Kivumu (Nyundo).

—Soeurs Franciscaines du Règne de Jésus-Christ à Kivumu (Gitarama), Kabuga et Rukomo.

—Soeurs Missionnaires de Jésus, Marie, Joseph à Kayenzi puis à la Crête Congo-Nil.

—Soeurs Pénitentes de Saint-François d’Assise à Kigali, Shyorongi et Karambi (venues du Kinyaga).

—Soeurs de Saint-Joseph de Gérone à Nyarusange et Gitarama (noviciat).

—Soeurs de la Visitation de Gand à Rutongo, Mushishiro et finalement à Kibungo (noviciat).

Il faut signaler aussi les Instituts Séculiers:

—Les Auxiliaires Féminines internationales, AFI, qui dirigent encore l’école des sciences infirmières de Kabgayi.

—L’institut Vita et Pax aux centres de santé de Nyamirambo et Kiziguro.

Je n’oublie pas le Foyer de Charité de Remera-Ruhondo auquel j’ai donné le premier « Père » en la personne de Monsieur l’Abbé Guy Claessens.

—Les Auxiliaires de l’Apostolat sont présentes dans le diocèse de Kabgayi et dans presque tous les diocèses du Rwanda. Leur vocation les met en dépendance directe des ordinaires des lieux.

Ces apports missionnaires nouveaux ont énormément contribué à l’évangélisation sous toutes ses formes et au développement du Rwanda. Ils sont aussi comme une multitude de sources charismatiques ouvertes aux flancs de nos mille collines.

 Les synodes

Dans le cadre du travail en commun, il faut absolument mentionner la tenue du synode de 1959 qui aboutit à la publication des statuts synodaux pour les deux diocèses du Rwanda, Kabgayi et Nyundo. Les deux Vicariats apostoliques avaient tenu à se mettre ensemble pour cet événement important. À ce moment-là, avant le Concile Vatican II, le synode c’était la réunion de tous les curés et quelques autres personnages ecclésiastiques : la participation des laïcs était encore minime, pour ne pas dire inexistante — on peut le regretter, mais c’était la loi à cette époque et telles quelles, ces réunions synodales portèrent beaucoup de fruits ; les statuts synodaux constituaient la référence universelle.

Le synode de 1959 demanda une longue et intense préparation, dirigée principalement par le Père Goor, un canoniste Père Blanc.

Monseigneur Déprimoz avait déjà accompli un travail considérable dans la même ligne synodale : au mois de septembre 1945, il convoqua une réunion pré-synodale à Kabgayi ayant surtout pour but la réorganisation du catéchuménat — après la fameuse « tornade » de l’Esprit Saint dont on a beaucoup parlé en son temps mais qui posa de graves problèmes de formation des catéchumènes et des chrétiens.

Le catéchuménat en particulier s’était relâché. Le pré-synode de 1945 remit les pendules à l’heure et décida que le catéchuménat durerait 4 années :

— 16 mois de postulat Ababanza : les débutants ; et 32 mois de catéchuménat proprement dit : deux périodes de 16 mois chacune, Abanyamategeko (les gens des commandements de Dieu) et Abanyamasakaramentu (les gens des sacrements).

Au cours de ce pré-synode, on étudia également les moyens de mieux assurer la sanctification du dimanche et de procurer à tous les enfants l’occasion de faire leur première communion. On insista sur la tenue des registres et du «Status Animarum». Enfin, et c’était important, on édita un nouveau catéchisme. Le synode proprement dit, qui se tint du 17 au 20 janvier 1946, consacra les décisions du pré-synode en insistant encore sur l’instruction religieuse des enfants et la tenue des registres paroissiaux.

On examine en outre un sujet délicat et difficile, celui des péchés contre le premier commandement — kubandwa, guterekera, etc.

Le synode de 1959 entérina la plupart de ces décisions et compléta le « corpus juridicum » des diocèses ; comme dit plus haut, ce livre des statuts synodaux devint la référence obligée pour la pastorale dans les diocèses du Rwanda.

En 1973 un autre synode se mit en route, à l’échelon diocésain d’abord, puis à l’échelon national… Le projet d’un document final commun n’a jamais abouti. Les événements tragiques de 1990 ont obligé les diocèses à repartir à zéro et à étudier les nouvelles orientations pastorales de la réconciliation et de la paix.

Le couronnement de l’action liturgique et catéchétique au Rwanda, à laquelle Son Evêque André PERRAUDIN s’est consacré avec une conviction et une ardeur presque juvéniles en sa qualité de président de cette commission, a été sans contredit celui de la traduction complète, en kinyarwanda, de la Sainte Bible et du Missel romain.

Pour ce faire, deux commissions avaient été instituées, une pour la Bible, l’autre pour le Missel, dont les membres étaient considérés comme des spécialistes en Écriture Sainte et en liturgie mais aussi en linguistique rwandaise ; la plupart d’entre eux d’ailleurs étaient munis d’un diplôme universitaire.

Ces commissions se constituèrent d’elles-mêmes en groupes de travail qui préparaient les traductions examinées ensuite en séances plénières.

En tant que président de la commission et par délégation de la conférence épiscopale qui approuva les traductions, il a eu l’immense joie et le privilège de les promulguer officiellement: elles étaient impatiemment attendues et désirées par toute la chrétienté rwandaise.

Voici d’ailleurs les dates à jamais mémorables de ces deux promulgations :

—la date de l’« imprimatur » pour la Bible donné par Son Excellence Monseigneur Ruzindana, président de la conférence épiscopale, est celle du 25 avril 1990;

—le décret de promulgation du Missel, signé de ma main, est du 1er avril 1992.