Erection d’armées bovines, sous KIGELI III NDABARASA et MIBAMBWE III SENTABYO (XVIII ème siècle)
45. Ingoma II = Les tambours II.
96. L’armée-bovine Ingoma II doit se placer, du moins logiquement, en tête de toutes celles créées par KIGELI III NDABARASA. Le noyau initial en fut formé, en effet, des troupeaux personnels de la reine RWESERO, mère de ce monarque. Cette femme mourut avant l’intronisation de son fils, sous le règne précédent. On désigne souvent ces bovidés sous l’appellation plus précise de Ingoma za RWESERO = Les « Tambours » de RWESERO, pour les distinguer des formations homonymes similaires.
97. Lorsque mourut sa mère, le simple prince d’alors NDABARASA affecta ce fief aux biens de sa femme NYIRATAMBA, fille de SESONGA. A l’avènement de MIBAMBWE III SENTABYO, cette NYIRATAMBA, le fief fut donné à NGARUYINKA, fils LIHAYA, de la famille des Abakwobwa. Ce fonctionnaire légaa son conamandement à son fils SEBUCYUCYU. Celui-ci en fut dépossédé durant les dernières années du règne de MUTARA II RWOGERA, à l’intervention directe de la Reine-Mère, NYIRAMAVUGO II NYIRAMONGI. Le commandement passa alors à NYILAMAKUZA, fils de SEMPABWA, de la famille des Ababyibusshye (cf. n° 22). Le nouveau fonctionnaire légua son fief à son fils RUSEKABAHUNGA, qui fut destitué par KIGELI IV RWABUGILI ; l’armée-bovine passa alors à NDUNGUTSE, fils de SEBUCYUCYU, le fief revenant ainsi à la maison de ses anciens détenteurs…..
Lorsque NDUNGUTSE se suicida, autour de 1894, à cause de l’arrestation de ses deux fils, dont RUTABULINGOGA, cette armée-bovine fut donnée au favori du Roi, le fameux MUGUGU, fils de SHUMBUSHO. A partir du chef MUGIIGIJ, les Ingoma II suivirent les anciens commandements de ce dignitaire, et leur intendant -général actuel est NYAGASAZA, fils de Kavumvuli.
Armée sociale correspondante : Abanyangorna (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Gasura, dans la province du Bwanacyambwe.
Ptestabons traditionnelles : 1 laitière permanente à la Cour. 1 jarre quotidienne de lait.
46. Inshya II = Les affermies II.
98. L’armée-bovine Inshya II (vois Inshya I, A.-B. 4) fut créée par KIGELI III, par la fusion des troupeaux qu’il possédait avant son avènement, en dehors de ceux appartenant à sa femm e NYRATAMBA. Il en investit son cousin NDABARAMIYE, fils de BUKOMBE (celui-ci fils de YUHI III), NDABARAMIYE légua ce commandement à son fils SHAMAKOKERO, l’ancêtre éponyme de la famille des Abashamakokero. Ce fonctionnaire laissa son fief à son fils MBANDA, auquel succéda sou fils NYIRAFUKU. Ce dernier en fut dépossédé par KIGELI IV RWABUGILI, qui en investit le nommé NDANGALI, fils de GISHOMA. Celui-ci tomba en disgrâce et fut destitué en faveur de RUHARARAMANZI, fils de SHUMBUSHO, comme il a été indiqué plus haut (cf. A. B. 19). A partir de RUHARARAMANZI les Inshya II et les Agafubira sont restées sous le même commandement.
Armée-sociale correspondante : Abanyanshya (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Mima, dans la province du Mayaga.
Prestations traditionnelles :
a) 1 laitière permanente à la Cour.
b) 1 jarre quotidienne de lait.
c) Élevage d’un taureau appelé Rushya, mémorial de son homonyme ayant appartenu au prince NDABARASA avant son intronisation. Ce taureau prenait part à des cérémonies du code ésotérique, circonstance qui fait toute l’armée-bovine relève de ce même code de la Dynastie.
47. Ubuhoro = La tranquillité.
99. L’armée-bovine Ubuhoro fut créée par Kigeli III qui l’attacha à la résidence permanente de mu-Nyakabanda, vallée située entre le mont Kigali et la ville de ce nom (qui a été dée sur la colline de Nyarugenge). Cette résidence de Nyakabanda devait rappeler à perpétuité que la mère de ce Monarque séjourna un certain temps dès son arrivée au Rwanda, car elle était une étrangère. Le Roi décida alors que chacun de successeurs serait obligé d’épouser et d’établir en cette résidence une femme du clan des Abagesera, celui de sa propre mère. Cette reine ne bénéficiait que du lait de ces vaches, placées sous l’autorité d’un fonctionnaire spécial.
100.YUHI IV GAHINDIRO (petit-fils de KIGELI III) y fixa la reine NYIRATURATSINZE, dont le fils NYABIGONDO, né longtemps après la mort du Roi, fut accepté comme fils posthume de ce dernier. C’était Ia première fois qu’une reine de cette résidence posait le problème d’un fils à apanager. L’armée-bovine resta de fait comme fief du prince NYABIGONDO, sous le règne de MUTARA II et en fut apanagé de droit par KIGELI IV RWABUGILI. Ce monarque scinda cependant en deux la corporation bovine : la part destinée à la résidence de mu-Nyakabanda- fut confiée au nommé MPORE, fils de SEMANDWA. A partir de cette décision donc, l’armée bovine Ubuhoro se développa historiquement en deux branches :
1) La section, dont NYABIGONDO fut apanagé, fut léguée par lui à son fils RUBIMBURA, dont le fils et successeur est NYAMUCENSHERA, l’actuel chef de la province du Buyaga.
Armée-sociale correspondante : aucune.
Pâturages patriarcaux : Muhororo, dans la province du Buriza.
Prestations traditionnelles : aucune.
2) La section placée sous le commandement de SEMANDWA : ce fonctionnaire en fut dépossédé ultérieurement par KIGELI IV RWABUGILI, lors de l’affaire de ku Mira, en faveur de RUDAKEMWA, fils de SAKUFI, de la famille des Abasharangabo. I1 légua son fief à son fils RUKABURA, qui le laissa à son fils SEMUGESHI. Le successeur de ce dernier, appelé MAHINGA était naguère sous-chef à Mata, dans la province du Nyaruguru, localité où il doit avoir encore son domicile.
Armée-sociale correspondante : Abanyabuhoro (uniquement pasteurs)
Pâturages patriarcaux : mu-Nyakabanda, dans la province du Bwanacyambwe.
Prestations traditionnelles : Fournir le lait suffisant à la reine établie dans la résidence de mu-Nyakabanda.
48. Rukazire = La trempe-de-javeline.
101. L’armée-bovine Rukazire fut créée par KIGELI III, en faveur du héros SEBUHARARA, fils de RUGINA, du clan des Abaha, dont il récompensait ainsi un exploit extraordinaire. Ce guerrier fameux, qui était simple serviteur du prince NYEMINA, fils du monarque, avait osé défier la Garde royale au cours d’une veillée de hauts faits préparatoire à une expédition décidée contre un grand chef du Gisaka, du nom de RUZINA. Comme les guerriers de la Cour promettaient à tour de rôle qu’ils vaincraient ce chef ennemi, SEBUHARARA osa promettre à KIGELI III qu’il tuerait RUZINA et lui en rapporterait le trophée. Il engageait sa tête dans le cas où sa promesse ne serait pas tenue. Il tint parole et tua le chef ennemi. Le Roi récompensa cet exploit en engageant le héros dans la Compagnie de Cour appelée Intarindwa = les Irrésistibles et en lui donnant en fief une armée-bovine créée à cette occasion. L’appellation de Rukazire a été tirée de la langue des Bahima, dont le monarque était en train de conquérir le territoire (l’expédition contre RUZINA partit de Muhura, au nord du lac Muhazi). Si elle avait été tirée du kinyarwanda, elle aurait été Rukaliza, le radical dans les lieux langues étant kaza (à l’infinitif : gukaza = tremper le fer).
102. SEBUHARARA légua son fief à son fils KINYWIKURA, dont le fils et successeur fut NNDILIMA. KIGELI IV RWABUGILI destitua ce dernier, en faveur de MINEGA, fils de KARURANGA, qui venait de tuer KANYONI, Roi du Mubali. MINEGA légua son fiefà son fils RWAMBONERA, auquel succéda son fils SENDASHONGA. Ce dernier le laissa à son fils KUBIZA, dont l’héritier est actuellement un enfant mineur, habitant à Mwendo, dans la province du Buganza-Nord, en Territoire de Kigali. Cette armée-bovine était tenue à l’élevage de nyambo.
Armée-sociale correspondante : Abanyarukazire (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Buremera près Ngange, dans le Buganza-Nord, Kigali.
Prestations traditionnelles : ?
49. Umuliro I= Le feu I
103. L’armée-bovine Umuliro I (voir UmulirO II, A.B. 100) fut créée pax KIGELI III qui en apanagea son fils KIMANUKA, l’ancêtre éponyme de la famille des Abamanuka. Il légna son fief à son fils MABANO, auquel succéda son propre fils RUHEZAMIHIHO. Ce fonctionnaire, autour de 1880, se vit enlever par KIGELI IV RWABUGILI, tous les troupeaux de nyambo (Vaches à longues cornes) qui étaient concentrés autour du lac Muhazi. Il donna une partie de ces troupeaux à son frère le prince BICUNDAMABANO et l’autre au chef MUSHYO, fils de BUTARE, de famille des Abacumbi. Le chef Musnyo était alors préfet des pâturages au district de Gasabo comprenant alors en grand partie la province actuelle du Bwanacyambwe, du Buganza- Nord et du Buganza-Rukalyi (en Territoire de Kigali). Ce n’était donc pas un fief accordé à MUSHYO, mais plutôt un semble de troupeaux destinés à la résidence royale de Gasabo; dont ce fonctionnaire était l’intendant. Remarquons cependant que les deux fiefs (à Bicundamabano et à Mushyo) étaient, juridiquement séparés de l’armée-bovine Umuliro I et qu’ils ne pouvaient plus en porter la dénomination (cf n°s 62 et114).
104. Le chef RITHEZAMIHIGO gardait donc le gros de son armée-bovine, car il n’avait perdu que les nyambo avec quelques troupeaux pacageant dans la région autour de Gasabo. Il légua son commandement à son fils RUGAGAZA. Ce dernier tomba plus tard en disgrâce et s’exila au Burundi pour échapper à la mort. Son commandement passa au nommé NKOMATI, de la famille des Abenegitore, qui fut bientôt évincé par le prince MUHIGIRWA se révolta contre YUHI V MUSINGA, en 1897, et qu’il fut tué à Nkima, KABERA, fils de RUGAGAZA, recouvra les anciens fiefs de sa maison. Il légua son commandement à son fils RUTAMU, habitant actuellement à Nyagisozi, dans le Bashumba-Nyakare. Depuis la prise des nyambo par KIGELI IV, vers 1880, l’armée –bovine Umuliro I n’est plus tenue à l’élevage de cette race à longues cornes.
Armée-sociale correspondante : Abashumba.
Pâturages patriarcaux : Karuranga, dans la province du Bwanacyambwe
Prestations traditionnelles : aucune, parce que les UmuliroI relèvent d’une milice en service actif permanent aux frontières du Burundi et du Ndorwa.
50. Imisugi y’Insang,a = Les a Maternité-inviolée » dynastiques.
105. L’armée-bovine Imisugiy’ Insanga fut créée par KIGELI III, dans les circonstances que nous allons résumer ci- après. Rappelons tout d’abord que la significatioi exacte de Imisugi a été analysée plus haut (A.-B. 23). On trouvera également (A.-B. 1) l’étymologie incertaine du terme Insanga. Étant donné que les formations bovines décorées de ce titre doivent relever du code ésotérique de la Dynaste, nous avons préféré traduire Insanga par dynastique, adjectif qui donne le sens réel en ce nom composé.
106. Le Roi était arrivé à Rwamiko, dans la province actuelle du Marangara. Un grand éleveur de la région, du nom de KIYOVU, fit défiler devant lui son troupeau, comme l’exige la coutume en pareilles circonstances. Ce troupeau était superbe et s’appelait Imisugi. Le Roi apprécia si bien ces vaches qu’il les fit siennes, tout en les laissant à KIYOVU. Il les amplifia de manière à en faire une armée-bovine et il la nomma Imisugi y’Insanga, (ce n’est pas par distraction que nous n’avons pas appelé ces
bovidés Imisugi II ; on les désigne sous cette forme de composé : on prêterait à confusion si on en agissait autrement. Comme la nouvelle formation bovine était attachée au code ésotérique, le Roi en confia l’intendance générale à SEGATI, le patriarche d’alors de la famille des Abaheka, détenteur du Bwiru concernant les vaches. Ce commandement fut jumelé avec lui des Inyubahiro (A.-B. 26). Rappelons une fois encore que la descendance de KIYOVU s’occupait de cette armé-bovine, et que le patriarche de la famille des Abaheka était un intendant général plutôt honoraire. Sons le règne de MUTARA II les troupeaux officiels des Imisugi y’Insanga et des Inyubahiro devinrent effectivement propriété du Roi.
Armée-sociale correspondante : Abanyansanga
Pâturages patriarcaux : Saruheshyi, dans la province, Marangara.
Prestations traditionnelles : sous le couvert des Inyubahiro.
51. Amarebe II = Les blanches nuées II.
107. L’armée-bovine Amarebe II (voir Amarebe I A.B.21 apparaît pour la première fois dans l’histoire sous KIGELI III, aucune tradition nette n’a pu être recueillie sur l’époque précisé de sa création. Nous la plaçons donc sous KIGELI III, uniquement parce que la tradition en fait mention pour la première fois à cette époque. En était alors intendant général le nomm MUNENGELI, fils de BIZOZA. MIBAMBWE III SENTABYO, fils et successeur de KIGELI III, condamna ce fonctionnaire à mort et donna ce fief à MUHANGAZA, fils de RUZIMIZI (celui-ci l’ancêtre éponyme de la famille des Abazimizi.) MUHANGAZA légua son fief à son fils SEMALINYOTA, qui le laissa en héritage à son fils RWABIKINGA. KIGELI IV RWABUGILI, sans en déposséder le fonctionnaire en charge, attacha cette armée-bovine à sa résidence de KIGALI, alors gérée par la reine NYIRANDABARUTA, fille de SENDILIMA et mère du prince SHARANGABO.
108. Le Roi fonda ensuite la résidence de Rwamagana, Buganza, où fut établie la reine NYIRANDILIKIRWA, fille de SENDILIMA et soeur de NYIRANDABARUTA. Comme les Amarebe II pacageaient dans la région du Buganza, au nord du lac Muhazi, la reine NYIRANDABAKUTA céda temporairement les revenues de cette armée-bovine à sa soeur résidant à Rwamagana ; c’était simplifier en même temps la tâche des pasteurs qui ne devaient plus entretenir une délégation permanente à Kigali, localité située assez loin de leur zone.
109• Quelques années plus tard, le Roi transféra la reine NYIRANDILIKIRWA de la résidence de Rwamagana à celle de Gatsibo, dans la province du Mutara. Les prestations de ces bovidés furent de ce fait dirigées de Rwamagana à Gatsibo, aux ordres de la bénéficiaire. Lorsque KIGELI IV répudia NYINDILIKIRWA, la décision surprit les prestations des Amarebe II à Gatsibo et le Roi les y maintint, car cette résidence n’avait pas encore été apanagée à cette époque, d’une manière adéquate. Lorsque le Roi répudia NYIRANDILIXIRWA, la résidence de Gatsibo devint propriété personnelle du monarque. Il lafit gérer par le chef RWATANGABO, fils de NZIGIYE. Comme ce fonctionnaire était déjà l’intendant général de l’armée-bovine NDUSHABANDI (A.-B. 120), il trouva plus avantageux de lier définitivement les Amarebe II à son commandement antérieur. Le chef RWATANGABO mourut en 1924 et la Cour lui donna pour successeur le chef RUKARAKAMBA, fils de RUSEKAMPUNZI, du clan des Abagesera. Ce chef fut destitué en 1929 et remplacé par son frère LYUMUGABE, qui est l’intendant général des Amarebe II (jumelées avec les Ndushabandi).
Armée-socinle correspondante : Abanyamarebe (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Kitazigurwa, dans la province du Buganza-Rweya.
Prestations traditionnelles : laitières indéterminées depuis KIGELI IV, sous le couvert des Ndushabandi (n° 120).
52. Inka-Buzima = Les vaches-la-vie.
110. L’armée-bovine Inka-buzima fut créée par KIGELI III, en faveur de BYAVU, fils de BuUHURA, du clan des Abega, au moment où il accordait à ce chef la main de sa fille, la princesse NYIRABURO. BYAVU légua son fief à son fils NYARWAYA dit Urutesi, pour le distinguer de son homonyme NYARWAYA dit NYAMUTEZI : les deux chefs vivaient à la même époque (cf.
A.-B. 30). C’est pour éviter la confusion dans l’histoire que leur homonyme antérieur porte également le surnom de NYARWAYA KARURETWA (cf. A.-B. 12 et 14). NYARWAYA URUTESI fût tué par MMUTARA II RWOGERA, dont il avait épousé la sœur, la princesse SHONGOKA. A la mort de NYARWAYA -URUTESI ses commandements passèrent à son fils MURARANGANDO. Comme ce dernier était encore mineur, il fut placé sous la tutelle de son oncle RUGEREKA, qui avait épousé en secondés noces la princesse SHONGOKA, mère de MURARANGANDO.
111. A l’avènement de KIGELI IV RWABUGILI, en 1854. RUGEREKA fut accusé d’avoir empoisonné MUTARA II RWOGERA, mort de tuberculose ; le crime supposé aurait été commis en vue de venger la mort de NYARWAYA-URUTESI. En ce Mornent MURARANGANDO avait atteint sa majorité, car ce fut lui qui plaida à la Cour contre l’accusateur public, le chef RUKOBA dont nous avons déjà fait connaissance (cf. A.-B. 32). Toute la famille des accusés fut finalement vouée à l’extermination et périt après une bataille acharnée engagée dans la localite actuelle de Nyanza, capitale indigène du Rwanda. Comme le principal personnage de ce parti était RUGEREKA, il donna son nom à la faction ouvertement révoltée contre la Cour et passée à l’histoire sous l’appellation collective de Abagereka.
112. L’armée bovine Inka-Buzima fut alors donnée au nommé RUTEZI, fils de MITALI, frère de la nouvelle Raine-Mère NYIRAKIGELI IV MURORUNKWERE. En ce moment, KIGELI IV était un enfant mineur, sous la tutelle de sa mère. A RUTEZIi Succéda son neveu BIZURU, fils de BARAHIRA. Comme ce personnage s’allia ultérieurement au Parti qui provoqua la mort tragique de la Reine-Mère (cf. A.-B. 17), il fut disgrâcié et périt sous les coups de la vengeance royale. KIGELI IV confia cette armée bovine au nommé MBONYUWONTUMA, fils de MURENGEZI. Ce fonctionnaire fut condamné et exécuté en 1875, année qui suivit la Comète de Coggia. Le Roi scinda alors cette armée bovine :
a) Les nyambo, – car les Inka-buzima étaient tenues à l’élevage de cette race -, furent données à RUSHINGWANKIKO, fils de BUHAKE, du clan des Abakono.
b) Le gros des bovidés passa à RUBIBI, fils de KAYIRU, de la famille des Abahenda. La section dont RUSHINGWANKIKO était investi ne dura pas longtemps. Ce fonctionnaire tomba en disgrâce et fut exécuté. Les troupeaux des nyambo furent partagés entre le prince MUHIGIRWA et le chef NZIGIYE, aux environs de 1886, à partir de ce moment, l’élevage de nyambo fut explicitement interdit aux Inka-buzima. Motif : la Cour redoutait l’esprit de la princesse SHONGOKA, femme de RUGEREKA qui avait périt lors de la proscription des Abagereka. Or, elle avait jadis possédé les Inka-buzima, ce qui avait pour conséquence que le défilé des nyambo portant ce nom devait attirer l’esprit de cette femme à la Cour.
113. Quant à la section dévolue à RUBIBI, fils de KAYIRU, il n’y avait pas le même danger à craindre, les troupeaux de race commune ne devant pas venir défiler à la Cour. Le fonctionnaire en question tomba également en disgrâce et fut exécuté dans l’île Ijwi. Le commandement des Inka-buzima échut alors à KAMURALI, fils de RUBILIMA, qui n’en resta intendant général que durant quelques semaines au plus. KIGELI IV le remplaça par BIYENZI, autre fils de RUBILIMA, qui fut promu à cette dignité sur le champ de bataille, le Roi ayant été le témoin oculaire de ses exploits. Le chef BIYENZI tomba en disgrâce aux environs de 1894 et pour échapper à la mort, il s’exila au Burundi, où il fût assassiné avec tous ses compagnons.
114. KIGELI IV donna alors les inka-buzima à son fils CYITATIRE. Comme il était encore un enfant mineur, son commandement fut temporairement géré par MUSHIKAZI, fils de RUNIGAMUGABO (celui-ci fils de RUGEREKA, le révolté que nous connaissons déjà). Le prince CYITATIRE prit en mains le commandement de son fief à l’avènement de MIBAMBWE IV RUTARINDWA, en 1896. Il mourut foudroyé en 1929, léguant son commandement à son fils SEMUTWA, habitant actuellement à Save, dans la province Imvejuru.
Armée-sociale correspondante : Imvejuru.
Pâturages patriarcaux : Kawangire, dans la province du Buganza-Rweya.
Prestations traditionnelles : 1 laitière permanente à la Cour ; 1jarre de lait quotidienne.
53. Niboye = Qu’on se taise.
115. L’armée-bovine Niboye (c’est-à-dire, Qu’on se taise, ou silence aux opposants), fut créée par le grand favori de KIGELI III, appelé RUKALI, fils de MUHABURA. Lorsque fut intronisé MIBAMBWE III SENTABYO, fils de KIGELI III, ce fameux personnage fut condamné et exécuté par noyade dans le lac Muhazi, pour avoir soutenu le compétiteur du monarque. Son commandement fut alors donné au prince KIMANUKA; frère aîné du Roi. Il légua ce fief à son fils MABANO, dont l’héritier fut RWAMWAGA. Ce dernier légua ce commandement à fils KINIMBA, qui fut destitué par KIGELI IV RWABUGILI, en faveur de NKUNDUKOZERA, fils de BUTARE, de la famille des Abacumbi. Le nouveau fonctionnaire tomba en disgrâce et fut exécuté. Le fief passa alors à SHARANGABO, fils de KIGELI IV. Ce prince mourut intestat en 1926. Son fils NTWAZA exerça le commandement de 1926 à 1928. En ce moment, YUHI V MUSINGA désigna SENYAMISANGE comme successeur de SHARANGABO. Le nouveau fonctionnaire mourut en 1931, laissant son fief à son fils YMBANDA ; et comme celui-ci était encore mineur, le commandement fut exercé par son oncle BITUKWIHENE. Depuis la mort de ce dernier, le commandement de ces bovidés est effectivement exercé par MBANDA, naguère chef de la province du Nyaruguru.
Armée-sociale correspondante : Abarekezi.
Pâturages patriarcaux : Nawe, dans la province du Buganza- Rukalyi,
Prestations traditionnelles : 2 laitières permanentes à la Cour ; 2 jarres quotidiennes de lait.
54. Inkungu = Les sans –cornes.
116. L’armée-bovine inkungu fut créée par KIGELI III NDABARASA, qui en apanagea son fils BUTWATWA. Ce prince mourut prématurément de tuberculose, du vivant de son Père. Le fief fut donné au prince SEMUGAZA, grand frère du disparu. Lorsque SEMUGAZA s’exila au Ndorwa, sous YUHI IV GAHINDIRO, le commandement des Inkungu passa au chef VUNINGOMA, fils de NYARWAYA-KARURETWA (celui-ci fils de YUHI III). Ce fonctionnaire fut destitué par MUTARA II RWOGERA, en faveur de NYANKIKO, fils de RUGAMBWA, de la famille des Abanana. NYANKIKO fut destitué au début du règne de KIGELI IV RWABUGILI, qui en investit REMERA, fils de VUNINGOMA déjà cité.
117. Aux environs de 1868, le chef VUNINGOMA fut destitué et exécuté; son fief fut donné par KIGELI IV au nommé MITIMA, fils de RUYENZI (celui-ci fils de SEMUGAZA, le détenteur initial de ces bovidés). MITIMA légua son commandement à son fils RWAMITWE. Ce fonctionnaire, lors de l’affaire de ku Mira, fut destitué en faveur de MUGUGU, fils de SHUMBUSHO, l’un des favoris du règne. MUGUGU fut condamné à mort et exécuté en 1896, sous MIBAMBWE IV RUTARINDwA. La Cour lui donna pour successeur en ce commandement le chef RUTISHEREKA, fils de SENTAMA. Lorsque RUTISHEREKA fut à son tour exécuté en 1898, sous YUHI V MUSINGA, son fief passa à KAVUMVULI, fils de RWARINDA, qui le légua à son fils NYAGASAZA (Cf. L-B. 12 et 14).
Armée-sociale correspondante : Ababito.
Pâturages patriarcaux : Giti près Nyakabungo, dans la province du Buganza-Nord (Kigali).
Prestations traditionnelles : 2 laitières permanentes à la Cour.
2 jarres quotidiennes de lait
55. Imikara I = Les noires I.
118. L’armée bovine Imikara I fut également créée par KIGELI III en faveur du même prince BUTWATWA. Elle passa dans les mêmes circonstances que les Inkungut au prince SEMUGAZA. A partir de ce fonctionnaire, les deux armées-bovines furent définitivement jumelées et furent régulièrement données en fief aux mêmes intendants généraux, jusqu’à nos jours (voir d’autres Imikara, A.-B. 26, 67 et 78).
Armée-sociale correspondante Abanyamikara (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Kabira dit de Rutare, dans la province du Buganza-Nord (Kigali).
Prestations traditionnelles : sous le couvert des Inkungu
56. Ibitare by’ingumba = Les Blanches-des-bréhaignes.
119. L’armée-bovine Ibitare by ingumba fut créée par muhutu de Cour appelé NIKWIGIZE, sous KIGELI III NDABARASA. Ce personnage avait obtenu la fonction de préposé aux vaches improductives de boucherie, que les Chefs donnaient à la Cour. Il en choisit quelques-unes de robe blanche (d’où l’appellation de blanches) qu’il fit soumettre à un traitement spécial qui les rendait fécondes. Poursuivant son idée, NIKWIGIZE se mit à la chasse pour ainsi dire, de vaches blanches destinées à compléter ce premier noyau. Il se livra, à une grande échelle, à l’échange par hypothèque bovine, en donnant, sous forme d’avance, les bréhaignes commises à sa garde, qui n’etaient pas nécessaires aux besoins de la Cour, et se faisant rembourser une génisse blanche au bout d’une année.
120. Ce fut ainsi qu’il vint un jour présenter au Roi de nombreux troupeaux de robe blanche réalisés à partir des bréhaignes dont il avait été investi. Le Roi l’en remercia et impesa à la nouvelle formation l’appellation de Ibitare by ingumba. NIKWIGIZE légua son fief à son fils NYAMURUNGA, dont l’héritier fut RUBIMBURA. Ce dernier, lors de l’affaire de ku Mira fut destitué par KIGELI IV RWABUGILI, en faveur du grand favori MUGUGU, fils de SHUMBUSHO. A partir de ce fonctionnaire la succession s’opéra comme il est indiqué à l’A.-B. 54.
Armée-sociale correspondante : Abanyabitare (uniquement. pasteurs).
Pâturages patriarcaux: Karama près Nyamure, au Mayaga
Prestations traditionnelles : 1 laitière permanente à la Cour ;
1 jarre quotidienne de lait
57. Umunigo = L’Étranglement.
121. L’armée-bovine Umumigo fut créée par KIGELI III, en faveur de son cousin maternel appelé SEBISOGO, qui les 1égua à son fils SENGATI. Ce dernier les laissa à son fils BITUGANYI, dont l’héritier NTEMBE en fut dépossédé par KIGELI IV. Motif : ce personnage avait refusé de boire au même chalumeau qu’un Mutwa annobli le même jour par le monarque. L’armée-bovine fut accordée à BAPFUMU, fils de RUGEMA (cf. A.-B. 35), qui avait accepté le premier de boire au même chalumeau que le nouveau noble. Lorsque ce BAPFUMU fut nommé préfet des pâturages an district de Gitovu, dans la province actuelle du Mayaga, Roi attacha ces bovidés à cette résidence royale.
122. Sous MIBAMBWE IV RUTARINDWA, le district de Gitovu fut donné à son frère le prince KARARA. Il fut en conséquence nommé à la tête de ces bovidés, parce que liés antérieurement à la résidence royale de Gitovu. On sait comment le prince KARARA fut tué à Rucunshu, en défendant la cause de son frère mibambwe IV. Son frère le prince BALYINYONZA (les deux étaient frères de même mère que Mibambwe IV) fut nommé à tous les commandements du prince KARARA. Le prinçe BALYINYONZA devait s’associer à la révolte de son frère MUHIGIRWA et être exécuté en 1897. Le commandement de cette armée-bovine fut alors donné au prince RUKANGAMIHETO, fils de MUTARA II RWOGERA. Le nouveau fonctionnaire tomba en disgrâce et, pour échapper à, la mort, il s’exila au Burundi en 1905. Il eut pour successeur le nommé RUTEBUXA, fils de KATABIRORA, auquel succéda son fils BUZIZI, habitant actuellement dans la province du Buyaga.
Armée-sociale correspondante : Abanyamunigo (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Gihembe, dans la province du Bugesera.
Prestations traditionnelles 1 laitière permanente à la Cour.
1 jarre quotidienne de lait.
58. Amabuye = Les Cailloux.
123. L’armée -bovine Amabuye fut créée par KIGELI III, de vaches prises en butin au Ndorwa, à la suite d’une victoire remportée au jet dru de pierres. Leur appellation de “Pierres” fut choisie par le Roi pour perpétuer le souvenir de cette bataille. Il confia cette armée-bovine à son fils KIMANUKA, qui la légua à son fils MABANO. Son fils et successeur RUHEZAMIHIGO en fut dépossédé par KIGELI IV RWABUGILI,. lors de l’errection du district de Gasabo (cf. A.-B. 49). Le Roi attacha cette armée-bovine à cette résidence royale de Gasabo,et le Chef MUSHYO, fils de RUTARE, en fut nommé intendant général. MUSHYO se suicida en 1890, année qui suivit l’intronisation de MIBAMBWE IV RUTARINDWA en qualité de co-régnant, le 22 décembre1889 (date précise de la dernière éclipse de de soleil). MUSHYO eut pour successeur le nommé CYUMA, fils de MUCUMBI son neveu. Le nouveau fonctionnaire fut condamné à mort et exécuté sous YUHI V MUSINGA, en 1899. Son commandement passa à CYAKA, fils de BIHUTU, de la famille des Abahindiro. Le nouveau fonctionnaire tomba eu disgrâce et fut tué à Rwata, dans la province du Mutara, en 1905, tandis qu il tentait de passer la frontière. La Cour lui donna pour successeur le nommé RWUBUSISI, fils de CYIGENZA, mort en 1955. Son commandement a passé à son fils RUZINDANA, habitant actuellement à Rusororo, dans la province du Bwanacyambwe.
Armée-sociale correspondante : Abanyamabuye (uniquement pasteurs)
Pâturages patriarcaux : Shango près Gishaka, dans la province du Bwanacyambwe.
Prestations traditionnelles : 1laitière permanente à la Cour ; 1 jarre quotidienne de lait.
59. Mpahwe = Donne-m’en.
1.24. L’armée-bovine Mpahwe fut créée par KIGELI III, dans les circonstances suivantes : on avait présenté au Roi une vache de boucherie, que le propriétaire savait impropre à la reproduction. Le monarque la livra à des Batwa de la Cour pour qu’ils allassent l’égorger. Mais on s’aperçut qu’elle était en portée, grâce aux mouvements que son veau fit au dernier moment. La vache fut reconduite devant le Roi. Elle fut mise en observation et le phénomène constaté par les Batwa fut confirmé. «Quelle chance a eu cette vache ! » s’exclama le monarque. Il donna aux chefs l’ordre de lui amener un nombre déternainé de vaches, dont il composa plusieurs troupeaux groupés autour de la vache sauvée au dernier moment.
125. La nouvelle armée-bovine était née. KIGELI III lui imposa l’appellation de Mpahwe, dont la forme archaïque est restée inchangée ; le hue (adverbe de lieu : y, en) est devenu ho dans la langue moderne, si bien que nous dirions actuellement Mpaho =donne-m’en, pour faire allusion aux morceaux de viande que les Batwa anciens se préparaient à partager entre eux.
126. Cette armée-bovine était tenue à l’élevage de nyambo. Lorsque ces troupeaux étaient présentés durant les festivités de la Cour, ils étaient précédés de gens armés de haches et de couteaux, pour rappeler les circonstances dans lesquelles cette corporation bovine avait été décidée par KIGELI III.
127. Le monarque donna cette armée-bovine à son fils NYEMINA, l’ancêtre éponyme de la famille des Abanyemina. Le prince légua son fief à son fils MAKOMBE, dont l’héritier fut son fils RUBAMBO. Celui-ci fut tué au Burundi, durant l’expédition dé ku Muharuro, sous YUHI IV GAHINDIRO. Son commandement fut donné à son frère BITEBERA, qui le légua à son fils RUTUNGANSHURO. Le fils et successeur du dernier, appelé SEMANYONGA, en fut dépossédé par KIGELI IV RWABUGILI, en faveur de KABARE, fils de RWAKAGARA mort le 29 mars 1911. Il laissa ce Commandement à son fils RWABUTOGO, mort le 25 décembre 1945. L’intendant général de ces bovidés est HITIYISE, fils de ce dernier.
Armée-sociale correspondante : Abataranguha.
Pâturages patriarcaux: Rwesero près Kanyogote, dans la province du Buganza-Nord (Kigali).
Prestations traditionnelles : 1 laitière permanente à la Cour ; 1 jarre quotidienne de lait.
60. Ubushobora I.= Les puissantes I.
128. L’arrnée-bovine Ubushobora I fut créée par le grand favori RUKALI, fils de MUHABURA, sous KIGELI III NDABARASA. Lorsque ce
personnage fut exécuté sous MIBAMBWE III SENTABYO, le commandement de ces bovidés fut confié au nominé KIZIKO, fis de RUYUMBU (celui-ci l’ancêtre éponyme des Abayumbu). Sous MUTARA II RWOGERA, KIZIKO fut destitué et son fief passa à son parent RUSIZI, fils de BIHEMBE, qui le légua à son fils SAHAHA. Ce dernier eut pour héritier son fils RWANYABUGIGIRA qui légua son commandement à son fils MUNYERAGWE habitant actuellement à Ruhanga dans la province du Buganza-Rukalyi. Les Ubushobora étaient tenues à l’élevage de nyambo.
Armée-sociale correspondante : Abanyabushobora. :(uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Gitisi près Nyamagana; dans la province du Busanza-Nord.
Prestations traditionnelles : 1 laitière permanente à la Cour ; 1 jarre quotidienne de lait.
61. Amahame = Les vérités indiscutables.
129. L’armée-bovine Amahame fut créée par MIBAMBWE III SENTABYO, en faveur de son neveu MABANO, fils d KIMANUKA. MABANO légua son fief à son fils KUHANGARANKIKO, qui en fut dépossédé par MUTARA II RWOGERA. Le commandement en passa alors au prince RWABIKA, fils de YUHI IV GAHINDIRO, demi-frère de MUTARA I. A RWABIKA succéda son fils GACINYA qui légua son fief à GIHANA. Ce dernier désigna comme successeurr son fils RUHAKANA, habitant actuellement dans la province du Murera (région Bukamba).
130. Cette armée-bovine était jadis tenue à l’élevage de nyambo. Mais après la peste bovine mulyamo, KIGELI IV RWABUGILI enleva au chef GIHANA les quelques nyambo échappées au fléau et les donna au prince MUHIGIRWA qui les fit fusionner avec les rescapées des armées-bovines Izogeye et Ubulilima (voir les A.-B 77 et 82). Le troupeau qui résulta de ce mélange fut attribé à l’armée-bovine Izogeye. A partir de cette époque, les Amahame furent dispensées d’élever des nyambo.
Armée-sociale correspondante : Abakwiye.
Pâturages patriarcaux : Bihana, dans la province du Busanza- Nord.
Prestations traditionnelles : 1 laitière permanente à la Cour ; 1 jarre quotidienne de lait.
62. Impeta = Les triomphatrices.
131. L’armée-bovine Impeta remonte également au règne de MIBAMBWE III SENTABYO. Certains mémorialistes en attribuent la création à ce monarque du temps où il était encore co-régnant, soit durant les dernières années du règne de KIGELI III. Ce fut MIBAMBWE III qui confia cette nouvelle formation à son frère le prince SEMUGAZA. Lorsque ce dernier s’exila au Ndorwa, sous YUHI IV GAHINDIRO, le commandement en fut confié au chef MUTIMBO, fils de SENKUNDA, de la famille des Abashayigi (existant dans le Nkole, car le grand-père de ce fonctionnaire avait émigré de ce pays). Comme le nouveau fonctionnaire était déjà l’intendant général des Umuhozi, il fit fusionner les deux armées-bovines, qui, depuis cette époque, ont le commandement jumelé, bien que les deux appellations doivent subsister, comme il a été dit au paragraphe r.des Umuhozi.
Armée-sociale correspondante : Abanyampeta (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Murambi près Karambi, province du Buganza.
Prestations traditionnelles : sous le couvert des Umuhozi.
63. Imiyange = Les fleuries,
132. L’armée-bovine Imiyange fut crée par MIBAMBWE III qui la confia à MUJIJI, fils de ZUBA (celui-ci fils de KIGELI III). Sous MUTARA II RWOGERA, le commandement en fut transféré au prince BICUNDAMABANO, qui était encore mi enfant mineur. Les bovidés étaient alors gérés en son nom par sa mère MASAYISA, aidée du notable MUTAGOMA, fils de SENDUHURA. Le prince BICUNDAMABANO mourut dans l’île Ijwi où il avait accompagné le Roi, aux environs de 1876. Il légua son commandement à son fils MUNYUZANGABO. Celui-ci, lors de raffaire de ku Mira,
fut dépossédé par KIGELI IV, qui donna les Imiyange à BAGILISHYA, filS de NKUNDUKOZERA. Le nouveau fonctionnaire fut tué dans un combat privé, quelque temps plus tard, et son fief passa à son oncle MUSHYO, fils de BUTARE, qui était à la tête du district de GASABO. A partir de ce moment, les Imiyangee ne quittèrent plus la résidence de Gasabo et furent successivement commandées par CYUMA, CYAKA, RWWUBUSISIS et RUZINDANA comme il a été dit à propos de l’A.-B. 58.
133. Notons également que chaque intendant général de cette armée -bovine avec l’assistance d’un fonctionnaire subalterne descendant de MUTAGOMA ; celui-ci avait légué sa fonction à son fils NYIRABATWA, dont le successeur KALIKWISHUNGWE habite actuellement à Mwulire, dans le Busanza-Sud.
Cette armée-bovine n’était pas initialement tenue à l’élevage de nyambo. Mais KIGELI IV RWABUGILI le ronforça à de nombreux troupeaux de nyambo enlevées aux Umuliro ce qui obligea les Imiyange à élever cette race à longues cornes
Armée-sociale correspondante : Abanyamiyange (uniquement pasteurs)
Pâturages patriarcaux : Karama près Save, dans le NVejuru
64. Inyamaswa = Le gibier.
134. L’armée-bovine Inyamaswa fut créée par MIBAMBWE III, après une partie de chasse rituelle du code ésotérique. A l’occasion de ce déplacement, il avait reçu partout un grand nombre de vaches comme cadeau de bienvenue. Il en tonna des troupeaux qu’il confia au notable BUMBOGO, fils de MUREGANSHURO (celui-ci fils de YUHI III). BUMBOGO légua ce fief à son fils MPAMA, dont l’héritier fut SEMIHARE. Lorsque le prince MASHAZA, fils de YUHI IV GAHINDIRO, fut arrêté et exilé manu militari, il fut confié à SEMIHARE, chargé de le faire arriver à Tongo (Territoire actuel de Masisi, au Congo). Le prince ainsi condamné à périr de misère, au milieu de peuplades sauvagesse suicida par noyade dans la NYABARONGO. Son gardien fut dépossédé de ses commandements, sous l’inculpation de manque de vigilance. Les Inyamaswa furent alors données à RUTEZI, frère de
la Reine-Mère (cf. A.-B. 52). RUTEZI eut pour successeur le chef BUKI, fils de MUHABWA, (celui-ci ancêtre éponyme des Abahabwa) ; ce fonctionnaire démissionna pour raison d’âge et ne voulut pas léguer son fief à l’un ou l’autre de ses fils, parce qu’il était mécontent d’eux. KIGELI IV donna alors les Inyamaswa à sa fille BERABOSE ; le commandement effectif était exercé par le chef KABARE, au nom de la princesse. Sous YUHI V MUSINGA, le fief de BERABOSE passa au prince NYINDO, fils de KIGELI IV RWABUGILI, dont le successeur purement nominal est son fils RWIBASIRA.
Armée-sociale correspondante : Abanyanyamaswa.
Pâturages patriarcaux : Murora, dans la province du Bufumbira (Territoire du Kigezi).
Nota: L’armée-bovine Inyamaswa avait la presque totalité de ses effectifs dans la province du Bufumbirà ; la délimitation intercoloniale, en rattachant cette région à l’Uganda britannique, a pratiquement supprimé la formation bovine. Des effectifs négligeables restés en deçà de la frontière la Cour n’a plus tenu compte.
65. Impara = Les chantres-initiatiques.
135. L’armée-bovinee Impara fut créée sous MIBAMBWE III par le chef RWANTELI, fils de BIRAGARA, du clan des Abega, qui commandait la milice dite Impara. Cette dernière a laissé son nom à la province du Territoire de Cyangugu; que le monarque avait ordonné à ce chef de défendre contre les incursions des Bashi. Le terme impara prêterait à confusion, car la première signification qui semble obvie serait celle de l’animal au nom scientifique de aepyceros qui abonde dans le pays. Le lecteur saura que cette milice Impara était groupée autour de la première compagnie composée des Impara de la Cour ; c’est-à-dire :Chantres de la secte de Lyangombe, dont les adeptes doivent passer par des cérémonies d’initiation. Aussi avons-nous traduit ce terme par Chantres-Initiatiques, afin de serrer de plus près le sens qu’il est malaisé d’exprimer en une langue étrangère. C’est donc l’origine de la milice qui précise bien la signification de l’armée-bovine, dont le radical har-a nous aurait autrement inspire plus d’une supposition.
136. RWANTELI légua son commandement à son fils SEKADEGEDE, l’ancêtre éponyme de la famille des Abadegede. Ce dernier fut dépossédé par YUHYI IV GAHINDIRO, en faveur de SERUTABURA, fils de MUREGANSHURO. SERUTABURA eut pour héritier son fils NGABONZIZA, qui fut destitué KIGEILI IV RWABUGILI. Le fief passa alors à RWITA, fils de BUKAHE, du clan des Abaha (frère de RUSHINGWANKIKO. Ce fonctionnaire fut tué quelques années plus tard, à la suite d’une sentence judiciaire, ayant perdu le procès dans lequel il était accusé d’avoir empoisonné CYIGENZA, fils de RWAKAGARA. En ce moment, le commandement fut donné à NTIZIMIRA, fils de MUSUHUKE. A la chute de ce fonctionnaire, 1e commandement échut au prince RWABIRINDA, fils de MMUTARA II RWOGERA. Le prince fut destitué en 1905 et le fief passa au chef RWTDEGEMBYA, fils de CYIGENZA, celui-ci fils de RWAKAGARA). A ce fonctionnaire succéda son fils RWAGATARAKA, mort le 27 mai 1941, laissant son commandement à son fils FUNDI.
Armée-sociale correspondante : Impara.
Pâturages patriarcaux.: Kagogwe dans le Ndiza.
Prestations traditionnelles : 1 laitière permanente.
66. Rwarema.
137. L’armée-bovine RWAREMA fut créée par MIBAMBWE III, qui en investit la femme de Cour appelée NYYIRAMUHANDA, veuve de MBYAYINGABO et mère de NYARWAYA-NYAMUTEZI (cf. A.-B. 31). L’étymologie de RWAREMA se répartit en trois éléments linguistiques : le classificatif Ru, la voyelle attributive a et le radical rem-a, qui est le même que dans Aka-rema (A.-B. 31). Le classificatif Ru change son u en w devant la voyelle suivante. Nous ne pouvons pas traduire cependant Rwarema., du fait que la voyelle attributive a lui confère un ton qui en fait un nom propre de personne.
138. La bénéficiaire légua son fief à son fils NYARWAYA- NYAMUTEZI. Devenu plus tard intendant général de l’armée-bovine Ubulilima (A.-B. 82) ; ce dernier jumela le commandement des deux formations. La succession des intendants généraux s’opéra donc, à partir de ce chef, comme il sera indiqué à propos de l’A.-B. 82.
Armée-sociale correspondante ; Abanyarwarema (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Mutima, dans la province du Mayaga.
Prestations traditionnelles : sous le couvert des Ubulilima
67. Imikara-ya-Zeba–.=•Les noires-de-Zeba.
139. L’armée-bovine Imikara-ya-Zeba fut créée par MIBABWE III qui en investit la même NYIRAMUHANDA. Le noyau initial en fut formé de troupeaux — sans doute de robe noire, — que le monarque enleva à un notable qui s’appelait Zeba, duquel nous n’avons pas pu retrouver un descendant. NYIRAMUHANDA légua également ce fief à son fils NYARWAYA-NYAMUTEZI, qui jumela de la même façon cette formation avec les Ubulilima (A-B. 82).
Armée-sociale correspondante : Abanyamikara (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : une partie de Mutima, dans la province du Mayaga.
Prestations traditionnelles : sous le couvert des Ubulilima.
68. Iminyoha.
140. Le mot Iminyoha signifie : cadeau bovin que les sujets donnent à leur maître pour lui exprimer leur sympathie lorsqu’il est atteint de la maladie du pian. Il est possible que l’un ou l’autre membre de la famille royale ait été atteint de cette maladie, probablement les soeurs de MIBAMBWE III, car les mémoliaristes n’auraient pas manqué de retenir l’événement s’il ce fût agi du monarque ou de sa mère.
141. La tradition affirme que cette corporation bovine fut créée sous MIBAMBWE III, en effet, mais sans précision sur le bénéficiaire du fief. C’est sous YUHI IV que nous le trouvons géré par RUGAJU, fils de MUTIMBO ; ce fameux chef l’avait confié à un certain MUJELI. Sous MUTARA II RWOGERA, lorsque RUGAJU fut destitué, l’armée-bovine passa au prince GASHAZA, demi-frère du nouveau monarque. Vers la fin du règne, ce prince fut exilé au Karagwe et le fief passa au notable MPUNGA, fils
de BYAVU. Il en fut destitué sous KIGELI IV RWABUGILI en faveur de MUGUGU, fils de SHUMBUSHO lorsqu’il épousa KARUNGANWA, fille du monarque. Le nouveau bénéficiaire; favori à l’époque, se permit de répudier la fille de son maître. Celui-ci reprit le fief en question et en investit le notable KANYONYOMBA, fils de NDARWUBATSE. Lorsque KANYONYOMBA fut destitué sous YUHI V MUSINGA, aux environs de 1903, son commandement passa à KAYONDO, cousin maternel du monarque. Depuis lors, les vaches Iminyoha restèrent sous le même commandement que les «Bruns-marrons de Giseke » .
Armée-sociale correspondante : Abanyaminyoha (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Nemba dans le Mayaga.
Prestations traditionnelles :sous le couvert des Bruns marrons de Gisalre, depuis l’investiture du chef KAYONDO.
69. Izimanye = Les intronisées.
142. Le nom complet de cette armée-bovine était initialement Izimanya-na-Mibambwee = Les Intronisées-avec-Mibambwe. Le noyau initial fut un troupeau que forma NYIRAMIBAMBWE III NYIRATAMBA, mère du monarque, après son intronisation. Cette corporation bovine ne fut cependant promue au rang d’armée-bovine qu’à la mort de ce monarque et de sa Mère, après un règne éphémère de quelque 5 ans. En ce moment, l’ensemble des troupeaux placés sous l’autorité directe de la Reine-Mère passèrent à son petit-fils NYABIGUMA, fils prince KIMANUKA, celui-ci, frère aîné de MIBAMBWE III. NYABIGUMA légua son fief à RUGANGAZ1, auquel succéda son fils SAHAHA. Le détenteur officiel actuel en est RUSINE, fils de SAHARA; SOUS CHEF à Cyinjojo. Les Izimanye étaient tenues à l’élevage des nyambo.
Armée-sociale correspondante : Abanyazimanye (uniqnement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Rwamiko, dans le Baganza-Nord
Prestations traditionnelles : indéterminées.
70. Ubutendeli II = Les cornes-pendantes.
143. L’armée-bovine Ubutendeli II (UBUTENDELI I, A.B- 42) fut créée par MIBAMBWE III en faveur de sa tante NYIRAGAKELI, femme d’un caractère peu commode. Gomme elle ne pouvait fonder un foyer durable, la Cour avait été obligée de veiller à son entretien en lui construisant une résidence et en donnant des fiefs à part. Le tout était géré en son nom par son neveu maternel appelé BARARAMBIRWA. Le commandement de cette corporation bovine resta sous le commandement des descendants de ce BARARAMBIRWA, jusqu’ aux environs de 1928. Ce fut à cette époque que le fief fut donné par les autorités à GAKENYEYE, lequel était investi sous-chef de la localité où se concentrait le gros de ces bovidés.
Armée-sociale correspondante : Abanyabutendeli (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Nduba, dans le Bwanacyambwe.
Prestations traditionnelles : aucune.