24. Imisugi I = Les « Maternité inviolée » I.

55. Cette armée-bovine est en droit la première du règne, du fait qu’elle est constituée de vaches appartenant à l’armée personnelle du monarque, laquelle avait été formée avant son intronisation par sa mère, encore simple reine. En ce qui concerne la signification étymologique du terme Imisugi, le radical sug-i a le sens générique de intact, inviolé. Appliqué aux animaux et aux hommes, il signifie que les adultes ont encore tous leurs petits en vie, que la mort n’en a pas encore violé la série. Si l’on parle au contraire des petits, dans le même cas, on veut dire que le couple des parents est encore en vie.

56. L’armée-bovine Imisugi fut donnée par CYILIMA II à son fils SHARANGABO, qui était son préféré. Le prince mourut du vivant de son père. Il léguait ses commandements à son fils RUZAMBA. Certains mémorialistes prétendent que ce fonctionnaire aurait été destitué par son oncle KIGELI III, à la suite de certains incidents que rapportent nos Bardes qui mettent aux prises le Roi et son neveu. Il est cependant inexact d’en conclure que ces incidents durent provoquer la destitution de ce chef. Ce sera seulement sous YUHI IV GAHINDIRO, après le règne éphémère de MIBAMBWE III, que RUZAMBA sera destitué, parce que membre du Parti ennemi du nouveau monarque. Son commandement passa alors à son frère KAVOTWA, qui mourut peu après. Comme il laissait un enfant en bas âge, la Cour lui donna comme successeur Son neveu BIYANGE, fils de NGOMIRARONKA Ce fonctionnaire fut dans la suite destitué et son commandement passa à KABAKA,fils de KAVOTWA, qui reprenait le fief ayant antérieurement appartenu à son père. Le nouveau fonctionnaire devaitplus tard être tué par les Barundi lors de l’expédition désastre de Ku Muharuro. Il laissait son commandement à son fils RWIHIMBA, qui mourut sous MUTARA II, léguant son cornmandement à son fils RUTEBUKA. Il mourut au début du règne de KIGELI IV RWABUGILI La Cour lui donna pour successeur le prince MUKERAGABIRO, demi-frère du nouveau monarque ; mais le nouveau fonctionnaire mourut moins d’une année après son investiture. La Cour scinda alors le commandement des Imisugi : le plemier gros contingent fut donné à RUTAMBUKA, fils de SEMUGESHI, .de la même famille que RUTEBUKA nouvellement décédé. L’autre contingent fut donné à RUSHEMA, fils de KARURANGA, du clan des Abega. Mais bientôt l’armée-sociale Abakemba, qui détient l’armée-bovine Imisugi, exigea la destitution de RUTAMBUKA, aux environs de 1856, durant la première expédition contre l’ile Ijwi. La Cour lui donna pour successeur le nommé NDAGIYIHANGU, fils de RWIHIMBA et frère de RUTEBUKA. De plus, RUSHEMA, fils de KARURANGA fut tué durant l’expédition du Bunyabungo (ou Bushi) entre juin 1874 et juin 1875 – dates spécifiées par la Comète de Coggia. En ce moment, la part des Imisugi dont il avait été investi, fut rendue à NDAGIYIHANGU. Lorsque ce fonctionnaire fut ensuite destitué, le Roi donna cette minée bovine à son favori appelé NZIGIYE, fils de RWISHYURA, durant l’époque où le Roi avait pris le titre de chef direct de l’armée sociale Abakemba. Mais le favori NZIGIYE se fit décharger de sa fonction, car il exerçait d’autres commandements beancoup plus importants.

57. Le Roi scinda de nouveau le commandement des Imisugi cette fois-ci en cinq tronçons :
1° Les détenteurs des Imisugi habitant les environs des puits du Muhanga furent donnés en fief à SHAMURENZI, en vue d’amplifier la nouvelle armée-bovine Imisugi II (A.-B. 121) ;
2° Ceux de la province du Bunyambilili furent donnés au nommé RUGUNDANA, fils de MUHURUZI ;
3° Ceux de la province du Kabagali furent donnés à BUKI, fils de MUHABWA, membre très influent de l’armée Abakemba;
4° Ceux des provinces du Mayaga et du Bugesera, ainsi que ceux de la localité de Munyaga, au Buganza., furent donnés à NYAGASHI, fils de
RWIHIMBA (et frère de RUTEBUKA) ;
5° Le reste, — ceux du Buganza, du Rukalyi, etc., — fut donné à GATEMELI, fils de KAGENZA.

58. Lorsque GATEMELI fut condamné à mort et exécuté, son commandement fut scindé en deux parts : la première fut rendue à NYAGASHI, fils de RWIHIMBA, et la deuxième constitua le noyau de la nouvelle armée-bovine Imisugi III (A.-B. 124).

59. A l’avènement de MIBAMBWE IV RUTARINDWA, en 1896 (il avait d’abord régné avec son père depuis décembre 1889), le chef BAYIBAYI, fils et successeur de BUKI, fut condamné à Mort et exécuté. Son commandement fut scindé en deux parts : la première fut rendue de nouveau au chef NYAGASHI et l’autre à son parent BUSHAKU, fils de RUTAMBUKA (que nous avons déjà rencontré au début du règne précédent). Il n’est plus, à cette époque, question de la part naguère donnée par KIGELI IV au nommé RUGUNDANA, car elle avait fini par fusionner avec celle
de BUKI, auquel avait succédé BAYTBAYI. On ne parlera plus, non plus, de la part que MIBAMBWE IV accordait au chef BUSHAKU: elle devenait un fief ordinaire, ne répondant plus juridiquement à l’appellation des Imisugi.

60. En conclusion donc, en 1896 l’histoire très mouvementée de l’armée-bovine Imisugi s’était arrêtée à trois tronçons bien distincts : Imisugi I, dont nous nous occupons et dont l’intendant général était NYAGASHI ; ensuite Imisugi II et Imisugi III ayant désonnais leur histoire distincte et dont il sera question plus loin.

61. NYAGASHI légua son commandement à son fils SEMIHARE, auquel succéda son fils MAFENE. Ce dernier légua son conamandement à son fils RUVUGWAHO, qui était alors un enfant en bas âge. Il habite dans la province du Bugesera. Les Imisugi I étaient tenues à l’élevage de nyambo.
Armée-sociale correspondante : Abakemba.
Pâturages patriarcaux : Rubona près Mabare, dans la province du Buganza-Rukalyi.
Prestations traditionnelles : 4 laitières permanentes à la Cour ;
4 jarres quotidiennes.
25. Inyanga-Muteyi = Les « Détestation.de-Muteyi ».

62. L’armée-bovine Inyanga-Muteyi fut créée par CYILIMA II, au début de son règne, semble-t-il. Ce nom est compose de deux éléments, dont le deuxième a besoin d’une explication. Le premier est suffisamment expliqué par le radical ang-a, au sens générique de haïr, détester. Le deuxième Muteyi est un nom propre de personne. Il s’agit de MUTEYI, fils de NYABUTAMA, qui, sous: YUHI II GAHIMA II projeta accidentellement sa javeline contre un tambour. C’était un crime abominable, aux yeux de la coutume, bien que le coupable ne l’ait pas voulu. Aussi fut-il massacré avec toute sa parenté, vu que son sang devenait désormais une tache susceptible de provoquer les pires catastrophes dont le pays était censé devoir souffrir en punition de ce sacrilège. On ne s’explique pas clairement la raison pour laquelle CYILIMA II institua une appellation mémorial d’un fait aussi lointain. Certains de nos mémorialistes interrogés à ce sujet, supposèrent que parmi les ennemis de CYILIMA II, qui retardèrent son intronisation d’environ 15 ans en soutenant le régnant intérimaire (KAREMERA I RWAKA), il a pu y en avoir un du nom de MUTEYI. La chose est cependant invraisemblable, du fait que personne ne pouvait porter un nom maudit et universellement réprouvé. Il reste donc que CYILIMA II a dû avoir ses raisons pour réprouver, au moyen d’une institution permanente, la mérnoire de cet ancien pauvre homme, considéré comme un criminel sans égal au sens du code ésotérique de la Dynastie.

63. CYILIMA II donna les Inyanga-Muteyi à son fils SHARANGABO, auquel succéda le même RUZAMBA. Il en fut destitué, dans les circonstances connues, sous YUHI IV GAHINDIRO et ce commandement passa à son frère MILIMO. Il légua ce cornmandement à son fils SEMUGESHI (père de RUTAMBUKA rencontré au numéro précédent). SEMUGESHI les laissa en héritage à son fils RUNIHANGABO. Il en fut dépossédé par MUTARA II RWOGERA, parce qu’il avait commis la faute de fréquenter certaines femmes de ce monarque. Son commandement passa à son frère RUTAMBUKA. Il les légua à son fils BUSHAKU, auquel succéda son fils MUREGANSHURO, père de M. MULIGANDE, ex-sous-chef dans la province du Mayaga, qui en est l’actuel intendant général. Les Inyanga-Muteyi étaient tenues à l’élevage de nyambo.
Armée-sociale correspondante : Indilira (jusqu’à Rutambuka ; à partir de lui : aucune).
Pâturages patriarcaux : Musha, dans la province du Buganza-Rukalyi.
Prestations traditionnelles : 2 laitières permanentes à la Cour ;
2 jarres quotidiennes.

26. Imikara-y’Inyanga-Muteyi = Les noires – des -Inyanga Muteyi.

64. L’armée-bovine Imikara y’ Inyanga-Muteyi fut créée par CYILIMA II dans les circonstances suivantes : MILIMO, intendant général des Inyanga-Muteyi, mourut du vivant de son grand-père (qui était, on s’en souvient, CYILIMA II lui-même). Il léguait ce commandement à son fils SEMUGESHI. Il laissait cependant une veuve appelée NYIRABATWA, qui était sans enfant. Celle-ci estima que le nouveau chef de famille ne subvenait pas avec sollicitude à ses besoins. Elle alla s’en plaindre au Roi et ce fut une série de palabres à la Cour. Pour couper court à toutes les difficultés, le Roi créa une armée-bovine nouvelle, formée initialement de troupeaux de robe noire, d’où leur appellation. Il en investit la veuve de son petit-fils.

65. Il décida cependant que cette armée-bovine n’aurait pas um commandement séparé de celui des Inyanga-muteyi, aussi bien du vivant qu’après la mort de NYIRABATWA, la bénéficiaire. C’est ainsi que ces bovidés suivirent toujours le sort des Inyanga-muteyi, jusqu’à nos jours.
Armée-sociale correspondante : aucune.
Pâturages patriarcaux : Bweranyange, dans la province du Kabagali.
Prestations traditionnelles sous le couvert des Inyanga Muteyi.

27. Inyubahiro = Les respectables.
66. L’armée-bovine Inyubahiro fut créée par CYILIMA II, en vue de cérémonies relevant du code ésotérique. Il en confia le commandement au grand dépositaire du code ésotérique, chef
patriarcal des Abaheka, qui était le titulaire de l’armée bovine Insanga (A.-B. 1). Les deux armées -bovines restèrent toujours sous le même commandement, jusqu’au règne de MUTARA III. Il reprit les troupeaux officiels qui relevaient directement à la Cour, comme il a été indiqué sous les Insanga I.
Armée-sociale correspondante : Abanyansanga.
Pâturages patriarcaux : Muganza, dans la province du Rukoma,
Prestations traditionnelles :
a) 1 jarre quotidienne ;
b) Élevage de taureaux dynastiques, se succédant les appellations de :
Rweza-maliba = le purificateur des puits poastoraux
Ruyenzi = le Léopardé ;
Cyubakiro = La Vénération ;
c) Entretien du taureau de l’époque (l’un de ces quate) aux abords de la Cour, en vue des cérémonies du code ésotérique.

28. Nyamumbe = Les noir-de-jais.

67. L’armée-bovine Nyamumbe fut créée par CYILIMA II en apanagea son ffis GIHANA, le fameux libérateur tué au Burundi, durant les luttes engagées contre MUTAGA III SEBITUNGWA. Ce prince mourut du vivant de son père, en léguant son commandement à son fils NYIRURUBENGA. Ce dernier fut destitué par NYIRAYUHI IV NYIRATUNGA, mère de YUHI IV GAHINDIRO. Son fief passa à RWAMO, autre fils du libérateur GIHANA. Une grave interdiction portée par CYILIMA II empêche, en effet, de transférer cette armée-bovine à quelque fonctionnaire que ce soit étranger à la descendance du libérateur. Les Nyamumbe quittèrent plus la lignée directe de RWAMO, jusqu’à son arrière-petit fils appelé NIGAMAKWANDI, habitant actuellement à Mututu, dans la province du Mayaga.
Armée-sociale correspondante : Abalima ;
Pâturages patriarcaux : Muyange, dans la province du Busanza-Nord ;
Prestations traditionnelles : aucune. Le roi CYILIMA II, par décision testamentaire, a interdit à la Cour d’imposer quelque redevance que ce soit à cette armée-bovine ayant appartenu à son fils, le grand libérateur GIHANA.

29. Imisagara = Les « Multitude-en-liesse ».

8. L’armée-bovine Imisagara, dont le radical sagar-a comporte une variété de significations, fut créée par CYILIMA II en faveur de sa femme VUGANEZA. Elle mourut sous YUHI IV GAHINDIRO, sans laisser un enfant qui eût recueilli son héritage. Ces bovidés furent donnés à MUNANA, fils du libérateur GIHANA, qui avait la même mère que YUHI IV lui-même. Il légua ce commandement à son fils MARARA, qui laissa ce fief à son fils SEBITORYI. Le petit-fils de ce dernier, appelé ZIRAHIGA, les légua ‘à GATEYIHENE, mort ces dernières années. Nous ignorons, à l’heure actuelle, lequel de ses parents fut désigné pour lui succéder.
Armée-sociale correspondante : Abanyamisagara.
Pâturages patriarcaux : Kabere près Kinihira, dans la province du Kabagali.
Prestations traditionnelles : 4 laitières permanentes à la Cour ; 4 jarres quotidiennes.

30. Inkondera = Les ensevelisseuses (ou les défricheuses).

69. L’armée bovine Inkondera fut créée sous CYILIMA II par Son fils, le prince RWAMAHE. C’est lui qui commandait les armées du Rwanda à la frontière occidentale du Territoire actuel d’Àstrida., lorsque MUTAGA III SEBITUNGWA, du Burundi, y fut tué.

70. La signification étymologique du nom Inkondera tourne sur le radical kond-era, qui peut avoir deux sens ayant la même probabilité, et représentant un symbolisme de victoire. C’est ou bien le sens de gukonda = défricher la forêt vierge (dont la ferme causative gukondera .= défricher en faveur de quelqu’un). Le prince RWAMAHE aurait voulu alors signifier que sa milice avait ouvert au Rwanda une voie jusque-là impénétrable (la force militaire du Burundi) et que l’autorité du Roi s’étendait désormais sur de vastes territoires conquis. Ou bien il s’agirait
de gukonda, sous sa forme dérivée causative gukondera = entasser des branchages sur un cadavre. En ce cas, il s’agirait d’un mémorial célébrant la mort du MUTAGA III, tué par les guerriers commandés par ce prince.

71. Le prince RWAMAHE avait un fils appelé BARASHI, qui était incapable de commander, surtout à la frontière la plus exposée aux durs combats. Aussi, RWAMAHE légua-t-il ses commandements à son neveu appelé SENYAMUDIGI, fils de BIDELI (celui-ci fils du prince NYARWAYA-KARURETWA, fils de YUHI III). C’était alors sous le règne de KIGELI III NDABARASA. SENYAMUDIGI fut destitué pour incapacité guerrière sous YUHI IV GAHINDIRO et la Cour lui donna pour successeur le fameux NYARWAYA surnommé NYAMUTTEZI, fils de MBYAYINGABO, ancêtre éponyme de la famille de Abatezi (appellation calquée sur le radical du surnom Nyamutezi). Ce fonctionnaire mourut en 1853, dans le même mois que MUTARA II RWOGERA. Il légua ses commandements à son fils NYANTABA. KIGELI IV RWABUGILI le destitua autour de 1867, en faveur de KARAMA, fils de BARAHIRA, du clan des Abakono. Mais environ deux ans plus tard, KARAMA fut destitué et le commandement des Inkondera fut rendu à NYANTABA. Quelques années plus tard, NYANTABA fut condamné à mort et exécuté. Ses commandements passèrent au prince MUHIGIRWA, fils de KIGELI IV. Le nouveau fonctionnaire était trop jeune pour exercer effectivement le commandement de ses fiefs. Aussi le Roi lui donna-t-il des remplaçants successifs; jusqu’au moment de sa majorité. MUHIGIRWA fut tué en juin 1897, dur’ant les jours troublés qui suivirent la mort de MIBAMBWE IV RUTARINDWA. Il eut pour successeur KAMPAYANA, fils de NYANTABA (l’ancien chef de la même armée-bovine). Le nouveau fonctionnaire fut exécuté fin avril-début -ma.11900. Son commandement passa à son frère KAYIJUKA., qui tomba en disgrâce; il fut destitué en 1905 (et fut condamné à avoir les yeux crevés en février 1906). Il eut pour successeur le Chef RWAMANYWA, filS de MILIMO (différent du MILIMO des A.-B 24-25), de la famille des Abahenda. Il fut ensuite obligé de démissionner, par l’intervention de sa milice qui n’en voulait pas. Son commandement passa à SEBAGANGALI, fils de RUNANIRA, de la famille des Abahindiro. Il légua son commandement à son fils SENDASHONGA, auquel succéda son propre fils RUSA, habitant actuellement à Runyinya dans la province du Nyaruguru. Les inkondera étaient jadis tenues à l’élevage de nyambo.
L’armée-sociale correspondante : Nyaruguru.
Pâturages patriarcaux : les collines de Ruko et Coko, dans la province du Nyaruguru.
Prestations traditionnelles :
a) 2 laitières permanentes à la Cour et 2 jarres quotidiennes, en vertu de fiefs ultérieurs (Inkondera en tant que telles ne sont pas imposables, parce que relevant d’une milice des marches) ;
b) Un certain nombre de taurillons pour les consultations divinatoires à la Cour.
Nota: Depuis le prince MUHIGIRWA, les redevances indiquées sous a) ne furent plus livrées à la Cour, du fait que le chef des Inkondera était devenu le préposé général au service du lait frais. Les prestations de ses propres commandements devenaient automatiquement son prélèvement de fonction.

31. Akarema = La mise-sur -pied (ou bien encore le rassemblement).

72. L’armée-bovine Akarema fut créée par CYILIMA II RUJUGIRA ; elle fut formée de vaches razziées au Burundi par expédition qui tua MUTAGA III SEBITITNGWA. Sa signification étymologique est soit : la mise sur pied, soit : le rassenablement. Le Roi donna ces commandements à son frère MUCIYE, commandant de la milice dite Indilira, qui avait contribué à la victoire sur le Burundi à la même frontière que l’armée du prince RWAMAHE, son neveu. A la mort de MUCIYE, CYILIMA II donna cette armée-bovine à son fils RWAMAHE.

73. Lorsque RWAMAHE légua l’armée-bovine précédente à SENYAMUDIGI, il donna Akarema au prince BALYINYONZA, fils de KIGELI III, le monarque alors régnant. Le prince BALYINYONZA légua ce commandement à son fils BIRABONEYE, qui le laissa en héritage à son fils NDOLI. Il légua son fief à son fils RUBIMBURABIGWI ; ce dernier fut condamné et exécuté sous KIGELI IV RWABUGILI, aux environs de 1889. Le Roi donna cette armée-bovine au nommé SABUHORO, fils de RWISHYURA et frère du

grand favori NZIGIYE. A la mort de SABUHORO Sons YUHI V MUSINGA, le Roi donna le fief à KAMBANDA, fils de SEBASHI, en même temps qu’il lui accordait la main de sa fille BAKAYISHONGA. Le nouvel intendant général des Akarema est un descendant à la 5e génération, de BIRABONEYE, fils du prince BALYINYONZA.
Armée-sociale correspondante : Abanyakarema (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Nyamagabe près Kizi, dans le Buroha, province du Busanza-Sud.
Prestations traditionnelles : 2 laitières permanentes à la Cour ;
1 jarre géante quotidienne (équivalent de 2 jarres portables).

32. Ibyiza = Les belles-choses.

74. L’armée-bovine Ibyiza a été créée à une époque incertaine. Certains mémorialistes la font remonter jusqu’au régne de RUGANZU II NDOLI, du fait qu’elle est possédée par une armée sociale créée par ce monarque. La supposition est cependant insoutenable: une armée-bovine remontant au règne de RUGANZU II aurait été liée à des prescriptions du code ésotérique, or, il n’en est rien en ce qui concerne les Ibyiza. De plus, elle ne serait pas exemptée de toute redevance vis-à-vis de la Cour, si elle avait été érigée à une époque antérieure à l’installation de l’armée-sociale Nyakare en sa zone de frontière. Elle n’aurait pas enfin ses pâturages patriarcaux en cette zone que les Nyakare ont occupée à une date relativement récente.

75. Pour toutes ces raisons, nous avons exclu le règne de RUGANZU II et choisi comme le plus probable celui de CYILIMA II RUJUGIRA (le plus. probable, disons-nous, car il reste vrai que personne n’a pu indiquer la moindre tradition se rapportant à la création de cette corporation bovine). Voici les raisons qui ont fixé notre choix :
1° C’est CYILIMA II RUJUGIRA qui a fixé l’armée-sociale Nyakare dans la zone qu’elle défendait à la frontière du Burundi ; or, la localité constituant les pâturages patriarcaux de cette armée-bovine est située dans le centre de cette région
2° Si les Ibyiza étaient antérieures à ce règne, ces pâturages triarcaux seraient certainement situés en dehors de cette zone.

76. Nous ne voulons pas dire, cependant, que les Ibyiza n’auraient pas existé sous une autre structure avant CYILIMA II. Ce serait seulement sous ce monarque qu’elles auraient été liées l’armée-sociale Nyakare, et amplifiées de manière à devenir une corporation bovine de la structure traditionnelle.

77. L’intendant général, sous CYILIMA II fut le nommé NKOKO, descendant de RUKOBA l’ancien, celui-ci fils de BASHANA l’ancien, qui vivaient sous RUGANZU II. A NKOKO succéda BASHANA le jeune, qui fut tué durant une expédition au Burundi, laissant son commandement à son flis SERUSHANGA. A celui-ci succéda RUKOBA le jeune, qui joua un certain rôle à l’avènement de KIGELI IV, autour de 1854. Il légua son fief à son fils NTABWOBA. KIGELI IV RWABUGILI déposséda ce dernier, et donna le commandement des Ibyiza à son propre frère le prince BICUNDAMARANO. Ce fonctionnaire mourut dans l’ile Ijwi en 1875 (année qui suivit la Comète de Coggia), alors que le Roi venait de reconquérir ce territoire. Il légua son commandement son fils MUNYUZANGABO, qui mourut de la petite vérole aux environs de 1894. Les lbyiza furent alors données à BIGIRIMANA, fils de BARAHIRA, cousin germain maternel du monarque. Le nouveau fonctionnaire tomba à Rucunshu en décembre 1896 en défendant MIBAMBWE IV RUTARINDWA. Il eut pour successeur le prince KANYANGEMWE, frère de KIGELI IV, qui avait évidemment pris parti pour le vainqueur nouvellement intronisé sous le nom de YUHI V MUSINGA, au début de 1897. Lorsque le prince tomba en disgrâce et s’exila au Burundi pour échapper à la mort, en 1905, son commandement passa à SEZIKEYE, fils de NTURO, de la famille des Abaka. Il légua son fief à son fils BMUTEMBE, naguère juge président au Tribunal du territoire de Kigali.
Armée-sociale correspondante : Nyakare.
Pâturages patriarcaux : Murama, dans la province du Bashumba-Nyakare ;
Prestations traditionnelles : aucune, parce que l’armée-bovine relève d’une milice des marches, en service actif permanent.

33. Indamutsa = Les tambours-des-audiences.

78. L’armée-bovine Indamutsa fut créée par CYILIMA II RUJUGIRA, qui la donna à RUBISHA, fils de KADUNGU. Sous MUTARA II RWOGERA, cette armée-bovine, en mêm temps que celle dite Nyahenga, fut donnée à SERUTEGANYA, fils de KIVURA (cf A.-B. 17). Lorsque mourut SERUTEGANYA, dans les constances que nous avons rappelées (A,-B. 17), les Indamutsa furent données à MURIMBI, fils de SENDILIMA, de la famile des Abatsobe. Le nouveau fonctionnaire tomba quelques années plus tard en disgrâce et fut exécuté. Son fief fut donné à RUTABULINGOGA, fils de NDUNGUTSE, de la famille des Abakwobwa. Ce fut autour de 1894 que RUTABULINGOGA tomba en disgrâce à son tour ; il fut condamné à la crevaison des yeux et le commandement de ces bovidés échut à RWANGAMPUHWE, fils de NKANGURA, du clan des Abakono. Il légua son fief à son aîné KABANDA, auquel succéda son fils T. KAREKEZI actuellement à Nyabitare, dans la province du Marangara.
Armée-sociale correspondante : Abanyandamutsa (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Nkingo près Kamonyi, dans la province du Rukorna.
Prestations traditionnelles;
a) 1 laitière permanente à la Cour ;
b) 1 jarre quotidienne ;
c) 1 taureau destiné au culte de la momie de CYILIMA à la capitale mortuaire de Gaseke, toutes les fois que les cérémonies en exigeaient.

34. Imvugo = Le parler.

79. L’armée-bovine Imvugo fut créée par CYILIMA II RUJUGIRA, qui la confia au nommé NIBAHEBE, fils de SEMPABWA. Le bénéficiaire légua son commandement à son fils BYOGURUYANGE qui le laissa à son fils RUBANZABIGWI. Ce dernier, sous IGELI IV RWABUGILI, partagea la disgrâce de son ami MURIMBI, dont il était question dans le numéro précédent. Il fut en conséquence livré au bourreau et les Imvugo furent données à RUTABURINGOGA, en même temps que les Indamutsa. Le successeur de RUTABURINGOGA, à savoir RWANGAMPUHWE, fils de NKANGURA, reçut également les Imvugo en même temps que les Indamutsa (n° précédent). Les deux corporations bovines suivirent désormais le même commandement jusqu’à nos jours.
Armée-sociale correspondance : Abanyamvugo (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : R.ugobagoba dit de Nkingo, dans la province du Nduga.
Prestations traditionnelles : 1 taureau destiné à la résidence mortuaire de Gaseke, toutes les fois que les gardiens de la momie de CYILIMA II en avaient besoin.

35. Urubavu = L’os-costal.

80. L’armée-bovine Urubavu fut créée par CYILIMA II RUJUGIRA, très probablement pour en apanager la mère du prince NDABARASA, le futur KIGELI III. Lorsque ce dernier devint Roi du Rwanda, il en investit son fils le prince KAZENGA. II légua le fief à son fils KABANO. Sous YUHI IV GAHINDIRO, ce fonctionnaire s’exila au Ndorwa en compagnie du fameux prince SEMUGAZA (fils de KIGELI III). Son fief fut alors donné au nommé RUGEMA, fils de RUGANGAZI, de la famille des Abaganzu. Le nouveau fonctionnaire fut tué durant une expédition envoyée contre le Burundi. Il laissait son commandement à son fils BAPFUMU, auquel succéda son petit-fils SEGICONDO (Le père de ce dernier, appelé NYILINGONDO, était mort du vivant de son père). SEBIGONDO fut destitué en 1905, sous YUHI V MUSINGA, et son commandement passa à RUNIGA, fils de SAGAHUTU, de la famille des Abakongoli. A RUNIGA succéda son fils GASHANJA habitant actuellement à Rubona près Kamonyi, dans la province du Rukoma (cf. A.-B. 179 et 180).
Armée-sociale correspondante : Abanyarubavu (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Sanzu, dans la province du Buhanga-Ndara.
Prestations traditionnelles : aucune. Cette exemption de redevances à la Cour s’expliquerait par l’appartenanc
initiale à un prince héritier. La Cour n’exige jamais des prestations qui n’aient pas été imposées dès le début.

36. Abazatsinda = Les futurs vainqueurs.

81. L’armée-bovine Abazatsinda fut créée par CYILIMA II. Son étymologie est des plus faciles, certes, mais elle ne se prête pas à une traduction aisée en français. Il s’agit du verbe gutsinda = vaincre, conjugué à la 3e personne du pluriel, mais avec la tonalité correspondant au pronom relatif (On sait que ce pronom n’existe pas en notre langue). D’où la traduction littérale donne : Ceux qui vaincront. Il ne s’agit pas de ce sens-ci ; le nom veut dire : Ils vaincront dans l’avenir. Ceux qui comprennent notre langue excuseront donc la traduction approximative que nous en donnons, le génie du kinyarwanda ne s’accordent pas ici avec celui du français.

82. Le Roi donna cette corporation bovine à son gendre SERUHUGA, fils de BANYAGA, qui la légua à son fils MUTABANZWA. Ce dernier la laissa à son fils YOBORA, auquel succéda MUSUHUKE qui la légua à son fils NTIZIMIRA (cf. A.-B. 12 et 14). Du temps de ce dernier fonctionnaire, en 1874, année de la Comète de Coggia, cette armée-bovine fut renforcée par un fief nouveau : le Roi donna à NTIZIMIRA un troupeau de vaches portant le même nom de Abazatsinda, dont venait d’être dépossédé le nommé SEBIZAGE, qui habitait dans le BYAHI. Il fut décide en même temps que désormais les Abazatsinda seraient liées à la résidence royale de Rubengera, érigée durant les demiers mois de 1874, au retour de l’expédition contre le Butembo. A la chute du chef NTIZIMIRA, son fief passa à CYIGENZA, fils de RWAKAGARA, qui mourut aux environs de 1894, léguant son commandement à son fils RWIDEGEMBYA. A ce dernier succéda son fils RWAGATARAKA, mort le 27 mai 1944. Son successeur est. P. FUNDI, habitant actuellement à Gishyita, dans la province du Rusenyi-Itabire.
Armée-sociale correspondante : Inmbanza -mihigo (depuis le clief NTIZIMIRA).
Pâturages patriarcaux : Sakinnyaga, dans la province du Nyantango-Budaha.
Prestations traditionnelles :
a) L’élevage d’un taureau appelé Rugizi et d’un troupeau correspondant appelé Ingizi, relevant du code ésotérique, en relation avec le Tambour Kiragutse;
b) La totalité de jarres de lait suffisantes pour la résidence royale de Rubengera, que KIGELI IV avait voulue permanente.
Nata: Toutes ces prestations furent décidées par KIGELI IV, en 1874. On n’a pas pu nous renseigner sur celles que l’armée- bovine devait fournir à la Cour avant cette date.

37. Imbaliro = Les entretoises de palissade.

83. L’armée-bovine Imbaliro fut créée par CYILIMA II. Expliquons brièvement le sens du mot : lorsqu’on construit les palissades en notre pays, on commence par ficher en terre des palis distants d’environ 50 cm. Entre les palis sont placés des roseaux secs et des tiges de sorgho. Pour les maintenir debout entre les palis, on les relie à ces derniers montants au moyen de roseaux posés horizontalement et serrés par des cordes. C’est cet assemblage de roseaux horizontaux au singulier-urubaliro et au pluriel imbaliro- que nous avons, par analogie bien sûr, traduit au moyen du terme entretoises.

84. CYILIMA II donna cette corporation bovine à SERUHUGA, fils de BANYAGA, à l’occasion du mariage de ce dernier avec la princesse MITUNGA. Par décision testamentaire, CYILIMA II lia ces bovidés à la descendance de sa fille préférée. SERUHUGA légua ce fief à son fils MPARAYE dit SEMUHIMA, auquel succéda MASHYENDEGELI ; celui-ci laissa ce commandement à son fils RUHUBIRA, et ce dernier à son fils MPARANE le jeune. Celui-ci le légua à MILIMO, dont le fils SERuHUGA, habitant dans la province du Nyantango-Budaha, en est l’actuel intendant général.

Notons en passant que le P. DELMAS (Généalogie…, p. 119-120), n’a pas été renseigné avec précision sur la famille en question. Il dédouble MPARAYE-SEMUHIMA, qui, pour lui, représente deux personnages, et il a ignoré que cette lignée comporte un 2ème MPARAYE, arrière-petit-fils du précédent.
Armée-sociale correspondante : Abatanyagwa.

Pâturages patriarcaux: Vuganyana, dans le Budaha (province Nyantango-Budaha).
Prestations traditionnelles : du domaine du code ésotérique par décision de CYILIMA II.

38. Akabira = La forêt impénétrable

85. L’armée-bovine Akabira fut créée par CYILIMA II qui en apanagea son fils MUDENGE, ancêtre éponyme des Abadenge. Le prince les légua à son fils GAHIMA, auquel succéda son fils NYILINGABO. Ce dernier les laissa à son fils KKAGWARE, quiles légua à SENTAMA. Le fils de ce dernier, appelé GARWAYA, en est l’intendant général. Cette corporation bovine était jadis tenue, à l’élevage de nyambo.

86. Il se passa un événement intéressant au sujet de ces bovidés, après la peste bovine mulyanao, aux environs de 1893. Lorsque la peste commença à ravager l’Est du pays, le nommé NIYONZIMA, serviteur de GAHIMA et de NYILINGABO, s’enfonça au coeur de la forêt de Mishahi, — celle de la dorsale Congo-Nil entre les Territoires d’Astrida et de Cyangugu, — avec un troupeau de 40 vaches, qu’il tentait de soustraire au fléau. Il resta complètement isolé pendant plus d’une année ; de la sorte, son troupeau échappa à la peste. Le Roi qui reconstituait son propre cheptel par prélèvement sur les rares vaches échappees, à la peste, se fit présenter le troupeau de Nyilingabo (son père était encore en vie, mais à la décrépitude) ; il y préleva 5 vaches qu’il accorda à NIYONZIMA, afin de le récompenser pour son dévoûment au service de ses maîtres. Il y préleva ensuite 10 autres, remettant le reste du troupeau à NYILINGABO. En compensation de ce prélèvement, le Roi dispensa à perpétuité: l’armée-bovine Akabira de toute redevance à la Cour.
Armée-sociale correspondante : Abanyakabira (uniquement pasteurs). ,
Pâturages patriarcaux : Nzaratsi, dans le Nyantango (prov. Nyantango-Budaha).
Prestations traditionnelles : avant la peste Mulyamo : 4 laitières permanentes ;
4 jarres quotidiennes.
39. Inkomane = Les cornes lyrées.

87. L’armée-bovine Inkomane fut créée par CYILIMA II, en faveur de son fils GASHIKAZI, qui les légua à BIHABANYI, ‘ancêtre éponyme de la famille des Abahabanyi. BIHABANYI les légua à son fils RUKIKABIGWI, dont le fils et successeur KANYAMUGENGE fut destitué par KIGELI IV RWABUGILI, lors de l’affaire de ku Mira. L’intendance générale en passa à RUHINANKIKO, fils de RWAKAGARA, alors chef du District de Kageyo. Lorsqu’il tomba en disgrâce et fut destitué en 1904, sous YUHI. V MUSINGA, le fief fut donné à RWANGAMPUHWE, fils de NKANGURA (cf. A.-B. 33 et 34). Il légua le commandement à son fils NYANJANGWE, habitant actuellement à Nyamirembe dans la province du Rukoma.
Armée-sociale correspondante : Abanyankomane (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Rougi, dans la province du Cyingogo.
Prestations traditionnelles : 4 laitières permanentes à la Cour ;
4 jarres quotidiennes.
40. Uburenga = Les clameurs suraiguës.

88. L’armée-bovine Uburenga fut créée par CYILIMA II, qui en investit son gendre SERUHUGA, fils de BANYAGA (cf. A.-B. 36 et 37). Ce fonctionnaire en légua le commandement à son fils SEMUHIMA, qui le laissa à son fils MASHYENDEGELL Ce dernier le légua à son fils GAHENDA, lequel le laissa à son fils NYILURUKORE. Son commandement passa ensuite à son fils RUNIGA, qui en fut dépossédé par KIGELI IV RWABUGILI, lors de l’affaire de ku Mira. Le fief passa alors à RUHINANKIKO, fils de RWAKAGARA (voir le n° précédent). Ce commandement fut donné à RWANGAMPUHWE, fils de NKANGURA, dans les mêmes circonstances que pour les Inkomane. Le nouveau fonctionnaire légua le fief à son fils KABANDA, dont le successeur est T. KAREKEZI, habitant à Nyabitare, dans la province du Marangara (voir A.-B. 33 et 34).
Armée-sociale correspondante : Abanyaburenga (uniquement pasteurs).

Pâturages patriarcaux : Kageyo, dans la province du Cyingogo,
Prestations traditionnelles : 2 laitières permanentes à la Cour (sans jarres, ni rien d’autre).

41. Uruhango = La vogue.

89. L’armée-bovine Uruhango fut créée par Cyilima II, en apanagea son fils BAZIGA. Il est bien possible que le troupeau initial existait déjà sous le règne précédent, car ce nom d’Uruhango est mentionné dans le morceau de cithare appelé Ibiraha (cf. A.-B. 11). Il y est dit que l’intendant général en était Nyamuziga, nom qui n’est, d’après les mémorialistes, que le surnom du prince BAZIGA. Nous avons placé la création de cette corporation bovine sous le règne de CYILIMA II qui l’aurait élevée au rang d’armée-bovine.

90. Le prince BAZIGA légua son commandement à son fils KANYONI, qui le laissa à son fils KANYANKORE, grand chantre-guerrier, ancêtre éponyme (sous la dénomination irrégulière) de la famille Ibikore. Notons que cette appellation Ibikore sert à désigner certes la famille, mais encore davantage la corporation des Chantres guerriers de la Cour, fonction attachée désormais aux descendants de KANYANKORE, grâce auxquels nous possedons actuellement la précieuse collection de pareils chants qu’ils ont composés d’une génération à l’autre, en se les transmettant de père en fils. KANYANKORE légua son commandement à son fils RUKABURAMBUGA.

91. Ce fonctionnaire en fut dépossédé par KIGELI IV RWABUGILI, lors de l’affaire de ku Mira. Comme le Roi accordait ce fief à BALIKAGE, fils du grand favori BISANGWA, ce dernier s’y refusa catégoriquement, suppliant le monarque de laisser ces bovidés sous le commandement de RUKABURAMBUGA. Il estimait que ce serait honteux de voir son fils BALIKAGE investi d’un fief enlevé à ce Chantre guerrier des plus fameux. KIGELI IV accéda aux prières de son grand favori et remit RUKABURAMBUGA en possession de son fief. Ce fonctionnaire légua son fief à son fils RUTABANGAMA, dont le fils et successeur est RUGWIZANGOGA, habitant à SANZU dans la province du Buhanga-Ndara. L’armée -bovine Uruhango était jadis tenue à l’élevage de nyambo.
Armée-sociale correspondante : Abanyaruhaugo (uniquement pasteurs) ;
Pâturages patriarcaux : Murehe près Mukingo, dans la province du Busanza-Nord ;
Prestations traditionnelles : 2 laitières permanentes à la Cour, sans plus. Le reste des prestations a été supprimé à l’intervention du grand favori BISANGWA.

42. Ubutendeli I =Les cornes-pendantes I.

92. L’armée-bovine Ubutendeli I (voir Ubutendeli II, A.-B. 70) fut créée par CYILIMA II RUJUGIRA qui en investit son fils
BAZIGA. Cette corporation bovine suivit toujours le même commandement que celle dite UruhaNgo (n° précédent). C’est
à dire que, lors de l’affaire de ku Mira, le grand favori BISANGWA s’opposa à ce que son fils BALIKAGE en fut investi.
Armée-sociale correspondante : Abanyabutendeli I (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Murehe près Mukingo.
Prestations traditionnelles : 1 laitière permanente sous le couvert des Uruhango.

43. Intulire I = L’hydromel-de-sorgho.

93. L’armée-bovine Intulire I fut créée par CYILIMA II, comme mémorial des fêtes qu’il célébra, du code ésotérique, appelé Cérémonial des Abreuvoirs.
Une petite explication au sujet de l’hydromel rwandais : le miel peut entrer dans la confection des boissons suivant des modes forts variés. Nous ne pouvons ici entrer dans les détails ; rappelons simplement les deux modes qui s’opposent : lorsque le miel est mélangé au cidre de bananes, on l’appella inkaragaza; mêlé à la bière de sorgho, on l’appelle intulire. Les autres combinaisons n’intéressent pas l’étymologie de ce paragraphe.

94. Le Roi confia cette armée-bovine à son fils RWAMAHE. Ce dernier la légua à son neveu SENYAMUDIGI, en même temps que celle des Inkondera, sous KIGELI III NDABARASA. Lorsque, sou YUHI II GAHINDIRO, SENYAMUDIGI fut destitué
l’armée-bovine Intulire fut donnée au grand favori RUGAJU, fils de MUTIMBO. Ce personnage fut destitué et se suicida à l’avénement de MUTARA II RWOGERA. Ce monarque accorda les intulire à NDAMUTSA, fils de NYARWAYA dit NYAMUTEZI. NDAMUTSA les légua à son fils RUNANIRA, qui en fut la suite dépossédé par KIGELI IV RWABUGILI, en favenr de NTIZIMIRA, fils de MUSUHUKE (cf. A.-B. 12, 13, 36). A la chute de ce fonctionnaire, KIGELI IV donna ces bovidés à NYANTABA, fils de NYARWAYA-NYAMUTEZI (et donc frère de NDAMUTSA). Le nouveau fonctionnaire géra le fief par l’intermédiaire de son neveu appelé MUKULIRA, fils du même NDAMUTSA. A patir de NYANTABA, l’armée -bovine Intulire fut toujours sous le même commandement que les Inkondera jusqu’à nos jours.
Armée-sociale correspondante : Abanyantulire (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Bugali près Ntyazo, dans la province du Mayaga.
Prestations traditionnelles :
a) 1 jarre quotidienne, dont le lait devait être dans la case où dormait le Roi, de bon matin, pour, le réveiller en barattant;
b) Un certain nombre de jarres de lait, une fois par an; pour les fonctionnaires de la Cour prenant part au cérémonial des Prémices (mois lunaire de Kamena = juin);
c) 1 taureau et une bréhaigne destinés à être mactés durant le cérémonial des Prémices ;
d) Élevage d’un taureau appelé Cyubahiro = le Respect, qui demeurait dans l’enclos de la Cour, au quartier dédié à l’esprit de CYILIMA

44. Inyenge = Les perspicaces.

95. L’armée-bovine Inyenge fut créée par CYILIMA II en faveur de son petit-fils MPARAYE, fils de SERUHUGA (A.-B. 36). Le commandement en resta dans sa famille jusqu’à son 5ème descendant, SERUHUGA habitant dans la province du Nyantango-Budaha, qui en est actuellement le détenteur (cf. no 37).
Armée-sociale correspondante : Abanyenyenge (uniquement pasteurs)
Pâturages patriarcaux : Une partie de Rugobagoba, dans le Nduga,
Prestations traditionnelles : un taureau, lorsque la Cour en a besoin.