11. Impundu I = Cris d’allégresse.

31. L’armée-bovine Impundu I (voir Impundu II, A.-B. 87) apparaît dans l’histoire sous le règne de YUHI III MAZIMPAKA, sans qu’il soit possible de savoir si elle existait antérieurement ou si elle fut créée pas ce monarque, autour de 1700. Elle est mentionnée dans un morceau de cithare semi-pastoral appelé Ibirahu := emportement. En était alors chargé l’illustre BAJIJI fils de MAYINDO, dont le fief principal était en ce moment le Ruteme, dans la province du Mayaga. Ce fonctionnaire en fut dépossédé par CYILIMA II, en faveur de MUSONI, surnommé RWANYABAGUMA, de la famille des Abenegitore. Le commandement de ces bovidés resta dans la maison de MUSONI jusqu’en 1894, lorsque son arrière-petit-fils RUTISHEREKA en fut destitué par RIGELI IV RWABUGILI, lors de l’affaire de ku Mira (L’Affaire de « Ku Mira »s reviendra à plusieurs reprises au cours de cette étude. Mira (précédé de la préposition ku= à) est une localité dans le Bushi, à la rive sud-occidentale du lac Kivu. KIGEGELI IV y avait établi un camp guerrier, en 1894 environ. Il y laissa plusieurs compagnies et rentra au Rwanda. Comme les vivres manquaient, les guerriers restés ku Mira décidèrent d’abandonner le camp et ils rentrèrent dans leurs foyers. Le monarque punit cet acte d’insurbordination en destituant toutes les familles dont l’un ou l’autre membre avait été placé dans ledit camp).
Le monarque en confia le commandement à RUHINAJORO, fils de RWAKAGARA. Ce fonctionnaire légua son fief à son fils RUKEMANGANIZI, lequel en fut destitué pour incapacité, sous YUHI V MUSINGA. Le commandement passa à son jeune frère appelé RWANGABO. A la suite d’intrigues de Cour orchestrées autour de sa soeur MUKAREMERA, RWANGAB0 fut destitué et les différents

fiefs qu’il détenait passèrent sous l’autorité de KABARE, Chef des vaches Ingeyo, en attendant qu’il y eût un petit-fils hypothétique de RUHINAJORO qui recouvrerait l’héritage de sa famille. Les choses en restèrent là jusqu’à nos jours et les successeurs du fameux KABARE s’attribuèrent ainsi les commandements ayant jadis appartenu à RUHINAJORO. Le titulaire officiel actuel est BANGAMBIKI, fils de NYANTABANA (celui-ci fils de KABARE).
Armée-sociale correspondante : Abanyampundu (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Ruteme, dans la province du Mayaga,
Prestations traditionnelles : 1 laitière permanente à la Cour.

12. Imitagoma = Les Feales.

32. L’armée-bovine Imitagoma fut créée par YUHI III MAZIMPAKA, en faveur de son fils NYARWAYA, surnommé KARURETWA. Il la légua à son fils VUNINGOMA, auquel succéda son fils REMERA. Ce chef fut condamné à mort et exécuté sous KIGELI IV RWABUGILI, autour de 1869. Son commandement passa à NTIZIMIRA, fils de MUSUHUKE, de la famille des Abahenda. Ce fonctionnaire tomba en disgrâce et périt, tandis qu’il tentait de passer la frontière du Burundi, aux environs de 1894. Son fief passa au chef GAKWENE, fils de RWANKUNDA, de la famille des Abarenzi. Il en fut destitué la même année, en relation avec l’affaire de ku Mira et son commandement passa au chef MUGUGU, fils de SHUMBUSHO, de la famille des Abasa. Lorsque ce fonctionnaire fut exécuté en 1896 sous le règne éphémère de MIBAMBWE IV RUTARINDWA, son commandement passa à RUTISHEREKA, fils de SENTAMA, mentionné sous le numéro précédent. On sait comment ce fonctionnaire fut exécuté en 1898, au début du règne de YUHI V MUSINGA. La Cour lui donna pour successeur, à la tête de cette armée-bovine, le chef KAVUMVULI, fils de RWARINDA, de la famille des Abahindiro. RKAVUMVULI légua son commandement à son fils NYAGASAZA, vivant actuellement à Mutangancuro dans la province des Imvejuru, commandée naguère par son fils RUSAGARA.

Nota: A partir du chef NIZIMIRA, le commandement des Imitagoma a été jumelé avec celui de l’armée-bovine Akaganda (A.-B. 14).

Armée-sociale correspondante : jusqu’au chef REMERA : Ababanda ; après lui : aucune.
Pâturages patriarcaux : Gakoma, dans la province du Buhanga-Ndara.
Prestations traditionnelles : 1 laitière permanente à la Cour,

13. Sinenda = Je-ne-consens-pas.

33. L’armée-bovine Sinenda fut créée par YUHI III MAZIMPAKA, en faveur de MUSONI dit RWANYABAGUMA. Le commandement en resta à sa descendance, jusqu’à son arrière-petit-fils RUTISHEREKA, qui en fut destitué par KIGELI IV RWABUGILI, dans les mêmes circonstances que des Impundu I. Les Sinenda furent également données au même RUHINAJORO et suivirent désormais ces dernières sous un commandement jumelé.
Année-sociale correspondante : Abanyasinenda (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Gihogwe, dans la province du Nduga.
Prestations traditionnelles : 1 laitière permanente à la Cour.

14. Akaganda = La petite-gerbe.

34. L’armée-bovine Akaganda fut créée par YUHI III MAZIMPAKA, dans les circonstances suivantes : Un Mutwa de sa Cour lui demanda un jour un fief de vaches à longues cornes. La requête provoqua évidemment l’hilarité générale de toute la Cour, mais le Roi prit la chose au sérieux. Il créa le troupeau désiré et le confia à ce potier, mais sous la haute surveillance du monarque lui-même, exerçant la fonction d’intendant général.

35. Par décision de YUHI III, en souvenir de sa fonction initiale, tout régnant devient par le fait même intendant général de l’armée-bovine Akaganda. C’est donc la seule formation vis-à-vis de laquelle il ne se comporte pas en souverain. Pendant les fêtes organisées à la Cour, il siège à la place d’honneur pour présider au défilé des Inyambo ou vaches à longues cornes. Lorsqu’arrive cependant le moment où les troupeaux d’entre Akaganda vont défiler, le Roi se lève et va les faire défiler devant l’assemblée des chefs assis à la tribune d’honneur.
36. Une autre particularité rappelant que le noyau initial en fut confié à un Mutwa: les inyambo Akaganda défilant dans les fêtes sont précédées d’une troupe de Batwa (pluriel de Mutwa – potier), appelés Izimukwiye = les dignes-du-Roi, – dénomination que portaient leurs ancêtres sous YUHI III. Ces Batwa chantent exactement la même mélodie traditionnelle, à laquelle ils adaptent, au cours des générations, l’un ou l’autre poème consacré à l’une ou l’autre vache de la même armée-bovine. Ils n’ont donc pas conservé le poème initial de ce règne (dont nous avons eu la chance inespérée de recueillir un fragment important; de la bouche d’un Aède pastoral). Le morceau actuellement, chanté en ces circonstances remonte aux environs de 1888.

37. A la mort de YUHI III MAZIMPAKA, le commandement subalterne de cette armée-bovine fut confié à son fils, le prince NYARWAYA Surnommé KARURETWA, qui s’en occupa au nom et à la place du Roi. Il légua sa fonction à son fils VUNINGOMA. Il en fut destitué sous MUTARA II RWOGERA, qui confia ce commandement au chef NYANKIKO, fils de RUGAMBWA. Dans des circonstances qu’il a été impossible de déterminer, cette armée-bovine passa à REMERA, fils de VUNINGOMA, qui reprenait ainsi le fief de son père. Sous KIGELI IV RWABUGILI, REMERA fut condamné à mort et exécuté autour de 1869. Le Roi confia Akaganda au chef KAREGA, fils de KALIGATA, de la famille des Abaka.

38. Lorsque ce fonctionnaire tomba en disgrâce et fut exilé à Dahwe, dans la province actuelle du Buhanga-Ndara, son commandement passa à NTIZTMIRA, fils de MUSUHUKE, de la famille des Abahenda, qui était alors grand favori. Son commandement passa à GAKWENE, fils de RWAKUNDA, de la famille des Abarenzi, en même temps que celui de l’armée-bovine Imitagoma (A.-B. 12). Il en fut destitué lors de l’affaire de ku Mira. En ce moment, l’armée-bovine Akaganda fut donnée à MUGUGU, fils de SHUMBUSHO. A partir de cette époque, les vaches Imitagoma et Akaganda restèrent unies sous les mêmes commandements successifs, jusqu’à nos jours. C’est donc NYAGASAZA, fils de KAVUMVULI, qui en est l’intendant général.
Armée-sociale correspondante : Abanyakaganda (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Nyarugenge, près Kamonyi, dans la province du Rukoma.
Prestations traditionnelles : 1 laitière permanente à la Cour.

15. Intagengerwa = Les inauguratrices.

39. Le nom de cette armée-bovine Intagengerwa se présente sous une forme négative. La traduction exacte, — si le mot n’était un barbarisme, — serait les imprécédables. Elle fut créée pax YUHI III MAZIMPAKA, en faveur de son fils MUREGANSHURO. Il en légua le commandement à son fils SERUTABURA. Le fils de ce dernier, appelé RUSUMBASIBE, en fut destitué sous KIGELI IV RWABUGILI, en faveur de RUKANGIRASHYAMBA, fils de KANYAMUHUNGU. Il légua son commandement à GASHAMURA, auquel succéda son fils RWAMPUNGU, mort en 1956. Son commandement passa à son fils KAYUMBA, naguère chef de la province du Bumbogo.
Armée-sociale correspondante : Abanyantagengerwa (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Gishubi, dans la province du Rukoma.
Prestations traditionnelles : 1laitière permanente à la Cour ;
1 taureau de boucherie pour les fêtes des Prémices à la Cour.

16. Inziza = Les belles.

40. L’armée-bovine Inziza fut créée par YUHI III également en faveur de son fils MUREGANSHURO. Il légua ce commandement-ci à son fils BUMBOGO, dont le petit-fils SEEMIHARE en fut dépossédé sous KIGELI IV RWABUGILI. Le Roi en investit alors le nommé KARONKANO, fils de SEMBOGO, de la famille des Abagagi. Le nouveau fonctionnaire tomba ensuite en disgrâce et son commandement passa à RUTISHEREKA, fils de SENTAMA, que nous avons déjà rencontré. Lors de l’affaire de ku Mira, RUTISHEREKA perdit son fief en faveur de RUHINAJORO, en même temps que les armées-bovines déjà citées (11. et 13). Notons cependant que les Inziza qui nous intéressent ici ont dans la suite fusionné avec une autre formation bovine de loin plus importante, à savoir Uruta-mbazi (A.-B. 75).

Armée-sociale correspondante : Abanyanziza (uniquemen pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Kabare, près Kinyambi, dans province du Rukoma.
Prestations traditionnelles : sous le couvert des Uruhita- mbazi (n° 75).

17. Nyahenga = Expectation ?

41. L’armée-bovine Nyahenga remonte également au règne de YUHI III. La signification étymologique de ce nom nous est douteuse, dès qu’on tient compte de sa tonalité. Le Roi la créa en faveur du nommé RUCUZI, auquel succéda son fils KADUNGU, ancétre éponyme de la famille des Abadungu. C’est la lignée dont le chef patriarcal était préposé à la tannerie de la Cour. Lorsque mourut MUSHOZA, petit-fils de KADUNGU, sous MUTARA II RWOGERA, ce monarque confia l’intendance de ces bovidés au nommé SERUTEGANYA, fils de KIVURA, neveu maternel du fonctionnaire défunt.

42. On sait comment ce SERUTEGANYA, SOUS KIGELI IV provoqua un conflit violent entre le Roi et la Reine-Mère, et comment celle-ci périt à Mbilima avec ce fonctionnaire et ses fils à lui. KIGELI IV donna alors les Nyahenga à KAZANENDA, fils de MUSHOZA, qui reprenait le fief de son père. C’était aux environs de 1861. Depuis lors, le commandement en resta aux descendants de KAZANENDA. Le plus en vue d’entre eux est son petit-fils Aug. SINDAMBIWE, fils de MPYISI, naguère sous-chef dans la province du Ndiza.
Armée-sociale correspondante: Abanyanyahenga (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Kibulire près de Nkingo, dans la province du Rukoma.
Prestations traditionnelles : aucune, l’intendant général étant en service permanent à la Cour, en sa qualité de préposé à la Tannerie.

18. Imizi = Les racines.

43. L’armée-bovine Imizi fut créée par YUHI III en faveur dE fils de RUHEREKEZA, de la famille des Abenegitore. Le commandement en resta aux descendants de ZUBA, jusqu’au règne de KIGELI IV, qui en déposséda le dernier détenteur appelé KAJUGA. Le Roi confia ces bovidés à un Muhutu, appelé MUCIKE. Lors de l’affaire de Ku Mira, MUCUKE perdit son fief qui passa à SHABIKOBE, fils de SEBITOBYI, de la famille des Abanana. Le
chef patriarcal de cette famille réussit dans la suite à faire jumeler ce commandement avec celui de sa propre armée-bovine appelée Uruyenzi (A.-B. 91). Ceci fut possible, du fait que SHABIKOBE était de la famille des Abanana lui-même et que ses bovidés antérieurs au fief des Imizi relevaient de l’armée-bovine Uruyenzi. Les Imizi étaient initialement tenues à l’élevage de nyambo.
Armée-sociale correspondante : Aanyamizi (pasteurs seulement).
Pâturages patriarcaux : Nyakabuye dans la province du Nyantango.
Prestations traditionnelles : 1laitière permanente à la Cour.

19. Agafubira = Le rafraîchissement.

44. Il semble que l’armée-bovine Agafubira remonte au règne de YUHI III; aucune indication précise ne nous a été donnée, permettant d’affirmer que son intendant général à l’époque fut le nommé MUTURUZA. Son fils BIHEZANDE exerce cette fonction sous MIBAMBWE III SENTABYO ; il légua son commandement à son fils GISHOMA qui vivait sous YUHI IV et sous MUTARA II. Le nommé NDANGALI, fils de GISHOMA én fut dépossédé par KIGELI IV RWABUGILI, et le fief fut donné au chef RUHARARAMANZI, fils de SHUMBUSHO, dans les mêmes circonstances que l’armée-bovine Inshya II (A.-B. 46), vers 1893. A RUHARARAMANZI succéda son fils SENDASHONGA, qui légua ses commandements à Thomas KALYABWITE, chef de la province du Buberuka..
Armée-sociale correspondante : Abanyagafubira (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : Mutakara dans la province du Nduga. Prestations traditionnelles : sous le couvert de Inshya (A.-B. 46).

20. Ibinda I = Les refoulantes.

45. L’armée-bovine Ibinda fut créée par YUHI III pour perpétuer le souvenir de la retraite inespérée et de la mort inopinée de NTARE III KIVIMIRA, Roi du Burundi, qui venait d’envahir le Rwanda. Le monarque du Sud avait avancé irrésistiblement et était venu fixer son camp à Kami, dans la province actuelle du Bufundu. Une colonne de ses armées qui s’était avancée le long du lac Kivu, razzia un troupeau royal du Rwanda qui pacageait à Mpembe, non loin du poste missionnaire de Mubuga. Ce troupeau portait sans doute une autre appellation. Il comportait une belle vache de robe blanche, passée dans l’histoire sous le nom Gitare cy’i Mpembe (la Blanche de Mpembe). NTARE III tint à boire de son lait pour célébrer le succès de campagne victorieuse, car il avait appris que YUHI III, son rival aimait beaucoup cette vache.

46. Le vainqueur du jour tomba bientôt malade et son armée dut battre en retraite pour reconduire leur Souverain en son pays. Mais il décéda en cours de route, dans la localité de Nyaruhengeri; honorée actuellement du poste missionnaire de Kansi. Cette mort fut attribuée par YUHI III à la vertu envoûtante de cette vache dont le conquérant redouté avait bu le lait. YUHI III décida la création de cette corporation bovine, dont l’appellation rapporte à l’événement du jour : les Barundi vainqueurs venaient d’être refoulés.

47. Il n’a pas été possible de connaître les premiers fonctionnaies auxquels l’armée-bovine Ibinda fut confiée, sous YUHI III et sous son successeur CYILIMA II RUJUGIRA. L’histoire ne la reprend que sous KIGELI III NDABARASA, qui les donna à SEMAKAMBA, fils de BUSYETE ; ce dernier était un Mutwa de Cour anobli par CYILIMA II, sous le règne précédent. SEMAKAMBA légua son commandement à son fils RUGIRA, auquel succéda son fils KATABIRORA. Le fils de ce dernier, appelé RUTEBUKA, en fut destitué par KIGELI IV RWABUGILI, lors de l’affaire de Ku Mira, en faveur de son frère RWAMUHUNGA. Le fief ne sortait donc pas de la famille. RWAMUHUNGA les légua à son fils BIGANDA. Ses commandements furent dispersés, à la suite d’intrigues politiques, sous le régime européen ; il n’est plus possible d’identifier le bénéficiaire actuel susceptible d’être considéré comme intendant général du type traditionnel.
Armée-sociale correspondante : Abazira-kubingwa.
Pâturages patriarcaux : Ruramba, dans la province du Rukoma.
Prestations traditionnelles : 2 laitières permanentes à la Cour.

21.Amarebe I = Les blanches-nuées I.

48. L’armée-bovine Amarebe I (voir Amarebe II, A.-B. 51.), fut créée par YUHI III MAZIMPAKA, qui en apanagea son fils MUKUNGU. Il en légua le commandement à son fils RWASAMANZI, ancêtre éponyme de la famille des Abasamanzi. Il n’y eut aucune interruption dans ce commandement, depuis YUHI III jusqu’à KIGELI IV RWABUGILI. Ce fut ce dernier monarque qui destitua le titulaire d’alors appelé RUKUNGIRA, auquel succéda le grand chantre guerrier appelé RUHINGIKA, fils de KANYANKORE (descendant de CYILIMA II). Quelques années plus tard, RUHINGIKA démissionna, à la suite d’une maladie qui l’éloignait définitivement de tout commandement. Il eut pour successeur BIZIGAMPUNZI, fils de MARARA. Il tomba en disgrâce et fut déposé. KIGELI IV lui donna pour successeur un Muhutu, le fameux BIKOTWA (de son vrai nom MBANZABUGABO), fils de RWAMIHETO. Il tomba en disgrâce sous YUHI V MUSINGA et fut exécuté en 1900. Son successeur appelé KANINGU subit le même sort en 1905 et son commandement passa à RWASAMANZI, fils de NTIZIMIRA (Celui-ci déjà rencontré, A.-B. 12 et 14). RWASAMANZI légua son commandement à son neveu BUCYANAYANDI, sous MUTARA III. Lorsque BUCYANAYANDI fut transféré au Gishali, MUTARA III lui donna pour successeur J. GASHUGI, naguère chef de la province du Buhanga-Ndara.
Armée-sociale correspondante : Indara.
Pâturages patriarcaux : Gisagara, dans la province du Ndara.
Prestations traditionnelles : aucune, parce que relevant d’une milice des marches, ces bovidés sont dispensés de redevances de ce genre.

22. Izikwiye-Yuhi = Les Dignes-de-Yuhi.

49. L’armée-bovine Izikwiye-Yuhi fut créée sous YUHI III et le Roi en confia le commandement au nommé KIBYIBUSHYE de la famille des Abatsobe, mais qui devint lui-même l’ancêtre éponyme de la famille des Ababyibusbye. Il légua son commandement à son fils SEMPABWA, qui s’illustra sous CYILIMA II. A la mort de ce dernier monarque, sa momie fut placée à Gaseke, dans la province actuelle du Rukoma, pour y recevoir le culte destiné à faire prospérer la Vache au Rwanda. Le chef SEMPABWA fut désigné comme gardien en titre de ladite momie. Il ne pouvait de ce fait, se rendre à la Cour ni même rencontrer le régnant; car le contact de momie royale s’y opposait. C’est pourquoi SEMPABWA passa à son fils NIBAHEBE le commandement des Izikwiye-Yuhi. C’est-à-dire que NIBAHEBE représentait à la Cour les intérêts familiaux et ne pouvait pas entrer en contact avec la momie que gardait son père.

50. Le commandement de ces bovidés resta dans la maison de NIBAHEBE, jusqu’au règne de KIGELI IV RWABUGILI, qui en destitua le nommé RUBANZABIGWI, petit-fils de celui-là. Le fiel passa au parent du destitué, appelé SENYAMISANGE, petit-fils de SEMPABWA. Comme ce SENYAMISANGE avait été désigné en qualité de gardien en titre de la même momie, fonction qui l’éloignait à jamais de la Cour, — il confia ce fief à son fils MINEGA. Ce dernier légua ce commandement à son fils KIMONYO, habitant actuellement à Gisozi, dans la province du Bwanacyambwe, en territoire de Kigali.
Armée-soriale correspondante : Abanyazikwiye (uniquement pasteurs).
Pâturages patriarcaux : dans la province du Buberuka, en territoire de Byumba.
Prestations traditionnelles: 1 laitière permanente à la Cour.

23. Itiro = Sommeil profond.

51. L’armée-bovine Itiro fut créée sous YUHI III MAZIMPAKA. Nous la trouvons mentionnée dans le morceau de cithare Ibirahu, parmi celles dont le Roi est censé indiquer les pâturages et les puits pastoraux. Certains mémorialistes, tout en admettant ce fait, nous assure que ce serait le monarque suivant qui l’aurait amplifiée et élevée au rang d’armée-bovine. Elle n’aurait, en ce cas, existé sous YUHI III qu’à l’état inchoatif, comme un ensemble de troupeaux personnels non encore soumis à des redevances vis-à-vis de la Cour. Ceci n’est cependant qu’une opinion sans importance, puisque le noyau initial de ces bovidés existait sous YUHI III.

52. Il est bien possible que sous YUHI III la Cour ne saisissait pas exactement la portée de la dénomination Itiro, dont voici l’origine: Il existait alors un homme de fortune moyenne, appelé MUZIGURA, qui habitait à Rubona dit de Base, dans la province Kabagali. Il possédait un troupeau d’environ 30 vaches, toutes de robe isine = brun sur fond noir. Cette particularité en faisait une petite merveille dans la région. Or, notre vacher habitait dans le voisinage d’un homme de Cour, appelé MURENZI, fils de RUHURURA, devenu depuis l’ancêtre éponyme de l’actuelle famille des Aberenzi. Cet important personnage convoitait le magnifique troupeau de MUZIGURA et il imagina le moyen de s’en emparer. Il s’en ouvrit à son ami, le prince RUJUGIRA (qui allait succéder au régnant d’alors). Les deux larrons se concertèrent sur les moyens propres à réaliser le noir dessein de MURENZI. Ils confièrent à leurs serviteurs intimes un beau taureau choisi parmi les troupeaux de MURENZI et les complices pénétrèrent la nuit dans la résidence de MUZIGURA. Arrivés dans l’une des cours intérieures, ils y tuèrent le taureau de MURENZI, l’égorgèrent, introduisirent les morceaux de viande dans la cuisine et se retirèrent.

53. La résidence de MUZIGURA fut de bon matin assaillie par des serviteurs et amis de MURENZI, qui feignirent de suivre la foulée du taureau volé au cours de la nuit. La perquisition fut évidemment couronnée de succès, car on ne tarda pas à découvrir le corps du délit. MUZIGURA fut arrêté comme voleur de vache et conduit à la Cour. La beauté du taureau égorgé et le rang de coupable ne laissaient aucun doute sur l’issue de l’affaire : ce dernier devait être empalé. Mais MURENZI se montra bon prince il obtint sans peine que le coupable eût la vie sauve et se rachetât. Ce fut ainsi qu’il se fit octroyer, par sentence royale, le magnifique
troupeau convoité. Il imposa à ces vaches l’appellation de: Sommeil profond du soit disant coupable, durant lequel les émissaires de MURENZI avait opéré tranquillement à l’intérieur de la résidence de MUZIGURA. – Lorsque CYILIMA II RUJUGIRA fut intronisé, il dut sans doute amplifier cette armée comme le disent nos mémorialistes de tantôt, car il avait toutes les raisons pour s’y intéresser.

54. MURENZI légua son commandement à son fils NYANGEZI ; celui-ci le laissa à son propre fils RWAKUNDA, gendre de YUHI IV GAHINDIRO. A RWAKUNDWA succéda son fils GAKWENE. Ce demier fut destitué par KIGELI IV RWABUGLLI, lors de l’affaire ku Mira et la corporation bovine échut à MUGUGU, fils de SHUMBUSHO. A partir de ce chef, la succession des intendants généraux s’opéra comme indiqué plus haut sous l’A.-B. 12, jusqu’à NYAGASAZA le titulaire actuel.
Armée correspondante : Abanyetiro (uniquement pasteurs)
Pâturages patriarcaux : Rubona près Base, dans la province de Kabagali.
Prestations traditionnelles :
a) Élevage de nyambo de robe noire ;
b) 4 laitières permanentes à la Cour ;
c) 4 jarres quotidiennes.