Vie et œuvre de Richard Kandt

 Richard Kandt est né le 17 Décembre 1867 à Posnan. Après son école secondaire, il entreprit des études de médecine. Il fréquenta plusieurs universités, notamment celle de Leipzig. Il devint médecin-assistant des maladies mentales à Bayreuth (Saxe). Puis, il travailla pour son propre compte jusqu’en 1896.

En cette année, il entra en contact avec l’écrivain romancier Richard Voss dont il devint secrétaire. Dès 1896, il entreprit l’apprentissage du Kiswahili à l’Université de Berlin.

Attiré par les problèmes des explorations, Richard Kandt s’affilia à la Société de Géographie que présidait le duc de Mecklembourg. En Juin 1897 il partit d’Europe vers l’Afrique où il devait découvrir les sources du Nil.

En 1902, il publia une carte du lac Kivu accompagnée du commentaire de H. von Bockeimann dans la revue Beïträge zur Kolonialpolitik und Kolonialwirtschaft, 1901-1902, III, p. 357. En 1904 il publia le Caput Nili. Eine empfindsame Reise zu den Quellen des Nils. Berlin, XXIV-513 p. Ce livre eut un grand retentissement. Il lui valut l’appui de l’impératrice Augusta, du duc de Mecklembourg et de Franz Stuhlmann, conseiller du comté von Gôtzen, Gouverneur de l’Afrique Orientale Allemande (avec comme chef lieu Dar-es-Salaam). Le 4 Novembre 1904, Franz Stuhlmann demanda à von Gôtzen et au gouvervenement de Berlin de confier au Docteur Kandt des fonctions politiques. C’est ainsi qu’en 1907, il fut nommé premier Résident du Rwanda avec comme siège Kigali.

En arrivant au Rwanda comme Résident, le Docteur Kandt traça un programme d’action qui prévoyait une première période d’études et d’installation d’une durée de 10 ans : protégé par des postes militaires, le service civil devait dresser la crte du Rwanda, étudier scientifiquement le pays, ses coutumes et ses mœurs. Il devait introduire « la civilisation », encourager l’œuvre missionnaire et l’expansion commerciale.

Il devait jeter les bases de l’organisation administrative du pays en effectuant les premières expériences de recensement e t de levée d’impôt et en organisant la police. A l’issue de cette phase de prise de contact, l’administration européenne devait alors s’implanter effectivement.

La gestion du résident Kandt fut marquée par un perpétuel tiraillement avec les autorités militaires. Celles-ci préconisaient remploi des moyens énergiques de pénétration et d’administration, alors que Kandt entendait fait triompher ses théories humanitaires et pacifiques, conformes d’ailleurs à l’esprit anticolonial de l’Allemagne à cette époque mais il ne put pas réaliser son plan à cause de la première guerre mondiale.

Celle-ci le surprit en Allemagne où il était en congé. Il s’engagea dans le service militaire et pendant trois ans et demi, il participa au front de l’est. Mais il fut atteint d’une infection qui mit fin à ses jours. Il mourut à Nuremberg le 29 Avril 1918.

Richard Kandt fut non seulement médecin, explorateur, administrateur, mais aussi écrivain et poète. Malheureusement, plusieurs de ses papiers ont disparu pendant la première guerre mondiale. Un recueil de quelques-uns de ses poèmes fut publié après sa mort sous le titre de : Meine Seele Klingt. Berlin, 1918, 71 p.

 Le docteur Richard Kandi, explorateur au Rwanda

Médecin spécialiste des maladies mentales, Richard Kandt était très attiré par les questions géographiques et il avait éprouvé un grand intérêt à lire les récits de voyages de Speke, Stanley, Baumann, Von Gôtzen en Afrique équatoriale où ils recherchaient les sources du Nil. A son tour, Kandt se proposa de tenter l’aventure, espérant contribuer lui aussi à percer un coin du mystère de ce passionnant problème.

Il quitta l’Europe en Juin 1897 avec l’objectif de parcourir l’ouest du Tanganyika, le Burundi et le Rwanda autant que possible par des itinéraires différents de ses prédécesseurs. Il débarqua à Bagamoyo qu’il quitta le 4 Août 1897 pour se diriger vers l’intérieur. Aux premiers jours d’Octobre 1897, il était à Tabora. La première partie de son voyage avait pour objectif l’Ugalla-Sindi qu’il suivit jusqu’à son confluent avec la Malagarasi, tributaire du Tanganyika. L’entreprise était difficile car la région, couverte d’une végétation luxuriante, était très peu peuplée. Il revint à Tabora à la mi-janvier 1898.

Quatorze jours plus tard, il repartit à la recherche des sources du Nil, avec comme objectif le confluent Ruvuvu-Kagera. Suivant le plateau de Karagwe il arriva au confluent Ruvuvu:Kagera. Alors que Baumann avait considéré la Ruvuvu (dont il avait découvert la source en 1892) comme étant la source principale du Nil, Kandt opina en faveur de la Kagera. Il remonta cette rivière jusqu’au confluent Akaryaru-Nyarabarongo (entre 20 et 1/2° de latitude sud). Il constata que si les profondeurs étaient à peu près les mêmes, par contre la Nyabarongo remportait sur l’Akanyaru par sa largeur double et la vitesse de son courant. Il en conclut que la Nyabarongo était la branche maîtresse de la Kagera. En conséquence, il remonta le cours de la Nyabarongo, après six jours de marche, il rencontra son plus grand affluent, la Mukungwa, en un lieu appelé Ngaru, à quelques kilomètres en aval de l’itinéraire de von Gifitzen.

Apprenant que la source de la Mukungwa était dans le voisinage des volcans, il se dirigea vers la région des Birunga ; mais sans séjourner longtemps dans cette région, il dut revenir en arrière pour explorer davantage l’Akanyaru. A quelques kilomètres au sud du confluent de cette rivière avec la Nyabarongo, il rencontra l’extrémité occidentale du lac Cyohoha qui se déverse par un bras dans l’Akanyaru. De là, il revint vers le confluent Nyabarongo-Mukungwa, poursuivit la Nyabarongo en amont et après quelques jours de marche, il constata qu’elle se divise en deux branches : la Mwago et la Rukarara. Il remonta cette rivière vers le S.0 et atteignit une altitude de 2.100 à 2.200 m vers la mi-Juillet 1898. Au prix des grandes difficultés (la rivière passe dans un défilé étroit obstrué par la végétation de la forêt naturelle de Nyungwe), il atteignit la source de la rivière. Il retourna au confluent Rukarara-Mwogo afin de suivre cette fois la Mwago qu’il remonta jusqu’à sa source. Il descendit vers le sud-Ouest, traversa l’Akanyaru et arriva à Bujumbura le 6 Septembre 1898.

De Bujumbura, il forma une nouvelle caravane de 26 hommes. Le 20 Décembre 1898, il se dirigea vers le lac Kivu en suivant la vallée de la Ruzizi dont il releva le cours, puis, longeant la rive occidentale du lac Kivu, il se dirigea vers le nord et pénétra en pleine forêt vierge. Il aborda ensuite une contrée volcanique et descendit dans un vaste champ de lave au S.O. des lacs Albert et Edouard. De là, allant vers le S.E., il traversa la Rutshuru et arriva à la rive orientale du lac Kivu. Le 27 Mars 1899 il atteignait l’endroit où il avait passé la Ruzizi dans le voisinage de sa sortie du lac Kivu, au sud ouest du Rwanda, non loin de l’actuelle préfecture de Cyangugu.

Fatigué, il se décida de se reposer et installa sur une crête une station qu’il dénomma « Bergfrieden ». Après quelques mois de séjour dans cette localité à partir de laquelle il explora les bords du lac Kivu et ldjwi, il rentra en Europe en 1900. Il venait de contribuer à connaissance géographique de la région où se trouvent les sources du Nil.