2° LE REGNE DE CYILIMA I RUGWE. 9ème Roi, 1345-1378


 

  1. A la recherche du futur successeur

 

  1. A la mort de Ruganzu I Bwimba, sa femme Nyakiyaga épousa en secondes noces le prince Mwendo, frère du monarque défunt. Cyenge était certes Régent du royaume, mais Mwendo supportait cela avec peine. Il aurait voulu succéder à son frère, non pas seulement comme Régent, mais aussi comme monarque du Rwanda. C’est l’intention que lui prêtent les traditions en raison de l’accusation qui pesa sur lui d’avoir voulu empoisonner le jeune Cyilima I Rugwe. Lorsque ce dernier tomba malade, l’accusation d’empoisonnement força Mwendo à s’exiler au Bugesera. A partir de cet incident, il fut décidé que désormais les Reines mères resteraiencélibataires jusqu’à leur mort.

Lorsque Cyilima I Rugwe fut d’âge à gouverner, Cyenge lui remit le pouvoir qu’il avait longtemps exercé. En souvenir de sa fidélité, l’ex-régent obtint pour lui et pour sa postérité la dignité de « Président honoraire » des Abiru(Détenteurs du Code ésotérique) et celle de « Gardien officiel » du Tambour-emblème de la Dynastie.

  1. A cette époque-là, les massifs du Mont Kigali (en la Commune actuelle de Kiyovu) et du Mont Nyamweru (en la Commune actuelle de Shyorongi), appartenaient au royaume du Bugesera, dont le monarque était alors Nsoro I Bihembe. Le représentant de ce dernier dans le commandement du Nyamweru était Nkima, du Clan des’ Abakono dont la Dynastie régnait sur le Bugufi:

Les dispositions du Code ésotérique voulaient alors que la future Reine mère du Rwanda fût une femme du Clan des Abakono et les oracles divinatoires désignèrent Nyanguge, fille de Sagashya, monarque du Bugufi. Lorsque les envoyés du Rwanda se présen-tèrent pour demander sa main, ils trouvèrent qu’elle était déjà fiancée à Nsoro I Bihembe, du Bugesera. Or l’envoyé de Nsoro avait été Nkima, le Chef du Nyamweru, parent de la fiancée.

 

  1. Les traditions portent à l’actif de Cyilima, à l’égal d’un exploit de première importance, les intrigues qu’il déploya pour évincer Nsoro I Bihembe en vue d’épouser Nyanguge. Il aurait amorcé l’affaire en allant construire sa résidence sur le Mont Kigali, situé dans les domaines de Nsoro L Les représentants de ce dernier s’y étant opposés, Cyilima I se serait rendu au Bugesera à la Cour de NsoroI. Il aurait déprécié le mode de Construction en cours au Bugesera et aurait proposé à Nsoro I de lui faire élever une résidence du type rwandais, qui servirait aux fêtes de son mariage avec Nyanguge. En reconnaissance de ce service, Nsoro I aurait non seulement autorisé Cyilima I à se faire élever une résidence sur le Mont Kigali; mais encore lui aurait cédé gracieusement ce massif excentrique et celui du Nyamweru si mal situé en marge du Bug-esera. De la sorte Nkima devenait sujet de Cyilima I.
  2. Le monarque Rwandais et son nouveau sujet conclurent alors un pacte : Nkima s’engageait à donner à son maître les possibilités d’épouser juridiquement Nyanguge, la nuit même des noces à la Cour de Nsoro, de sorte que Nsoro ne la prît qu’en secondes noces. Cyilima I, de son côté, promettait à Nkima la dignité royale et le territoire du Nyamweru comme « royaume », pour lui et Pour sa descendance à perpétuité. Le pacte: fut conclu dans la localité ap-pelée « mu-lya-Macyuliro », -(dénomination uniquement connue en milieu du Code ésotérique).
  3. Comme il avait été convenu entre ÇYilima I et Nsoro I, le monarque Rwandais ‘se rendit à la Cour du Bugesera pour rehausser de sa présence les festivités du mariage. Nkima, naguère délégué pour les fiançailles, et parent de la princesse, n’eut pas de peine: à introduire Cyilima I auprès de cette dernière. Il lui imposa la momordique (qui en faisait juridiquement sa femme), consomma le mariage et se retira. A partir de cet acte, Nyanguge était la femme de Cyi-lima I et Nsoro I ne devint qu’an époux en secondes noces, sans droit sur la progéniture attendue de la femme prise en ces condi-tions.

Au retour de cette. « expédition » magiquement importante, Cyilima I Rugwe intronisa Nkima sous le signe du Tambour Nkuru-Nziza (la Mine-Nouvelle), dont les titulaires se succéderaient sous les’ noms dynastiques de Nkima, Cyabakanga et Butare. Le Mont Nyamweru devint institutionnellement une enclave- fouissant de

l’autonomie « interne dans le royaume des Banyiginya, le monarque Rwandais n’y intervenant d’aucune façon.

 

  1. Les traditions nous détaillent ensuite comment Nsoro I Bihembe parvint à apprendre que Cyilima I Rugwe l’avait joué. Se sentant en disgrâce, Nyanguge quitta nuitamment la Cour du – Bugesera, guidée par les émissaires de Cyilima I et passa la Kagera .a l’attendait le nommé Hozi, passeur en chef du gué.

Nyanguge avait pris avec elle une jeune fille appelée Mageni, fille de Gikali, celui-ci fils de Nsoro I. La jeune fille résidait chez Nyanguge et voulut l’accompagner. Elle devait être la grand-mère maternelle de Mibambwe I, ce qui fera dire aux Bardes que l’heureux voyage de Cynima I au Bugesera avait mérité au royaume deux Reines-Mères.

 

  1. A son arrivée au Rwanda, Nyanguge était enceinte. Elle donna le jour à son fils aîné, dans le Nyakabanda, vallée située entre le Mont Kigali et Kigali-ville, la capitale, (celle-ci en réalité située à Nyarugenge). La Cour entretenait à perpétuité une résidence dans le Nyakabanda pour y vénérer l’esprit de Kigeli I Mukobanya, cet aîné de Nyanguge.

Cyilima I Rugwe reconnut l’enfant en envoyant une peau de brebis, qui lui servirait de berceau, et en procédant au cérémonial de l’imposition du nom. Il serait superflu de discuter sur la paternité naturelle de Mukobanya : son père naturel est Nsoro. Mais l’imposition de la momordique ayant ceinsacré initialement Nyanguge à Cyilima I, Mukobanya était fils légitime de ce dernier, qui avait juridiquement épousé sa mère. La Coutume Rwandaise est très claire : même une veuve qui se méconduit dans sa maison continue à donner des enfants à son mati ‘défunt, sans que leurs pères naturels respectifs songent à réclamer.

 

  1. b) Les exploits du prince Mukobanya et la monarchie absolue

 

  1. Les traditions donnent à Cyilima I Rugwe un règne exceptionnellement long. Mais les Récits des temps initiaux n’ont pas été abondamment transmis jusqu’à nous. Ceux qui nous sont parvenus supposent que le prince Mukobanya était déjà en âge de diriger les expéditions. Ce dernier est davantage exalté pour les gestes ac-complies sous le règne de son père que pour ceux de son propre règne.

Les Mémorialistes nous démontrent clairement, sans en saisir eux-mêmes la signification, que le Rwanda d’alors était une confédération. Le monarque était, d’une manière particulière, Roi pour son domaine propre, dont la capitale connue est Nkuzuzu. Mais

il était en même temps souverain de territoires gouvernés par des roitelets, jouissant du droit de « tambours-emblèmes » ; ce n’était donc pas une innovation lorsque Nkima reçut un « tambour-emblème » (le Nkuru-Nziza) et le minuscule royaume du Nyamweru. Ceci venait s’encadrer dans un système reconnu et accepté dans le pays (cfr le n° 62 et 102).

 

  1. Mais il faut penser à la Régence de Cyenge, et supposer tout naturellement que lesdits roitelets en avaient profité pour s’émanciper quelque peu et s’octroyer une plus grande liberté vis-à-vis de la Cour. Cyilima I dut s’y résigner. Mais dès que son. fils Mukoba-nya fut en âge de s’occuPer des affaires et de seconder son père, il-eut la prétention de faire reconnaître l’autorité de la lignée régnante.

Ceci supposait; évidemment, que son père l’introduisait dans ses conseils, où l’on déplorait la déchéance    «actuelle» de -l’autorité. Ceci est tout à fait naturel, quel que soit le genre de ces conseils. La Cour disposait selon les traditions, de deux Milices : les- Ababarabili (signification actuellement inconnue) du même âge que Cyilima I, et les ibidafungura= les Buvant-sec, (ceux dont la boisson n’est pas coupée d’eau) de l’âge du prince Mukobanya. Celui-ci se mit à leur tête et s’attaqua tout d’abord à Nkuba, fils dé Nyabakonjo, de la dynastie Subalterne des Abongera. Son territoire était à cheval sur la Nyabugogo, comprenant une partie de «l’ancienne province du Bwânacyambwe et celle du Buriza-Sud. Ce roitelet régnait sous le signe du «tambour-emblème » le Kamuhagama. Le prince Mukobanya l’ayant vaincu, le roitelet se réfugia au Bugufi. 

  1. Le prince s’attaqua encore à Mugina qui régnait sur le Buriza-Nord et dont le tambour était Bushizimbeho. Sa résidence ‘était Située à Nyamitanga, pointe Nord du Mont Jali (en la Commune actuelle de, Rutongo, Préfecture de Kigali). Il en triompha sans aucune peine, et le roitelet fut tué. Il s’attaqua enfin à Sambwe, fils de Cyabugimbu, dont le territoire; uBusarasi, se limitait probablement à l’ancienne province du Bumbogo, moins le Mont Nyamweru (qui y fut adjoint par l’Administration coloniale) et moins les localités de Shyorongi-Kanyinya, qui appartenaient certainement à la dynastie de Mugina (puisque ses descendants, dans la suite reconnus comme formant une dynastie traditionnelle aux ordres du Code ésotérique, habitaient justement à Shyorongi, leur capitale). Sambwe périt dans cette lutte et son successeur fut le prince Karimbi, demi-frère du prince Mukobanya.

 

  1. A partir de cette époque était déjà amorcée la centralisation administrative du pays : à chaque roitelet évincé la Cour donnait comme successeur un Chef ayant des pouvoirs limités. On ne voulait phis de dynasties jouissant de l’autonomie interne, capables de recommencer les mêmes prétentions à l’autonomie exagérée, vis-à-vis de la Cour. Ainsi le Roi prenait-il en mains l’administration directe du pays, aux dépens des roitelets. Quant aux Chefs administratifs, le monarque pouvait les déposer à son gré.

 

  1. c) Les conquètes à l’Ouest de la Nyabarougo

 

  1. Les traditions nous apprennent que, une fois le Rwanda primitif ainsi centralisé, le prince Mukobanya songea à conquérir les royaumes autochtones situés à l’Ouest de la Nyabarongo. Au moment où le prince Mukobanya entraînait son père à la conquête de ces régions, il était déjà un homme fait : il avait épousé Nyabadaha, fille de Ngoga, celui-ci fils de Gihinira. Ce serait chez ce dernier que Cyilima logeait, dans le Mwitankeli près Mageregere, en se rendant au Bugesera à la conquête de Nyanguge. La mère de Nyabadaha était justement Mageni, fille de Gikali (cfr no 103) que Nyanguge avait amenée du Bugesera. A l’époque de ces guerres, le prince Mukobanya avait déjà un fils, appelé Sekarongoro, qui était d’âge à s’intéresser aux affaires du royaume.

110.Les principautés convoitées par les Banyiginya répondaient à des dénominations archaïques, dont la plupart ont disparues de la langue actuelle ; tels uBushegeshi (uRuyenzi), uBunyagitunda (appelé dans la suite iGishubi) ; uBusekera (les massifs actuels Cyeza, Rutobwe, Gaseke, Gitima) ; uBunyatwa (Burembo) et uBuramba (le Burembo Sud-Ouest, entre le Ndiza et le Muhanga) ; le versant occidental du Ndiza en comprenait trois dont les noms sont encore en usage : aMashango, Ivunja, uBuyaza, depuis le confluent Nyabarongo-Mukungwa jusqu’à Mushishiro. Il est évident que toutes ces régions ne furent pas conquises en une seule expédition, ni peut-être du vivant d’un seul monarque. Les Mémorialistes nous apprennent, par exemple, que le prince Mukobanya atteignit une fois la haute Nyabarongo, au pied du Mushishiro (en la Commune actuelle de Buringa) et qu’il y tua un buffle fameux appelé Giheka. Pareille randonnée ne pouvait s’effectuer que dans le cadre d’une expédition en règle. Ainsi devons-nous supposer qu’il y en eut plusieurs autres non mentionnées, et qu’il se passa beaucoup de temps met que les nouvelles conquêtes ne fussent rattachées réellement au Rwanda.

111. La première campagne était dirigée contre Murinda, dont le territoire était limité à l’Est par la Nyabarongo, face au domaine des Murinda infligea une cuisante défaite aux envahisseurs, qui n’avaient plus même la possibilité de repasser la rivière sans s’exposer à l’extermination. Pour leur permettre de regagner la rive orientale, le vainqueur imposa à Cyilima I Rugwe trois conditions :

1) la main de la princesse Nyabarondo, soeur de Mukobanya ;

2) lui remettre le taureau dynastique appelé Munono ;

3) et enfin le tambour-emblème de la dynastie des Abongera, le Kamuhagama, que Cyilima I avait enlevé à Nkuba, fils de Nyabakonjo.

Cette dernière condition montre que Murinda était l’allié de Nkuba et qu’il entendait lui restituer l’insigne de sa dignité, car, — comme nous allons le voir, — Nimba était en route pour le Rwanda, avec l’intention de reconquérir son domaine, durant l’absence de ses vainqueurs.

Les traditions nous apprennent que Cyilima I Rugwe accepta les conditions imposées par Murinda, mais que Mukobanya se refusa à la livraison du tambour : Kamuhagama. « Quoique ce tambour ne soit pas de notre lignée, aurait-il dit, il n’empêche qu’il symbolise la royauté ; nous en dessaisir, c’est symboliquement abdiquer de la, royauté.

  1. La nuit où le camp des vainqueurs s’attendait à recevoir la princesse Nyabarondo, le prince Mukobanya attaqua à l’improviste, contre l’avis de son père. La bataille se déroula dans les localités appelées Kabare et Bwiyando près Kinyambi (en la Commune actuelle de Runda„ Préfecture de Gitarama), à l’Est de l’actuel poste de Kamonyi. La lutte se termina par le triomphe de Mukobanya, et Murinda fut tué au Bwiyando. La défaite de Murinda assurait, au Rwanda l’acquisition des régions du Bushegeshi et du Bunyagitunda. Quoique les limites de ces régions antiques ne puissent pas être déterminées avec exactitude, on peut dire qn.’èlles seraient en gros constituées par les Communes actuelles de Runda et de Taba, avec des parties importantes des Communes Kayenzi et Musambira. Tandis que tes guerriers victorieux » défilaient sur le sommet du Mont Kamonyi, Cyilima I Rugwe proclama Mukobanya co-régnant, sous le nom de Kigeli I, en récompense de ses exploits.

 

  1. Or, profitant de cette expédition, Nkuba fils de Nyabakonjo, qui devait avoir ses partisans et informateurs dans le pays, quitta le Bugufi Où ‘il s’était réfugié et rentra chez lui. Tl allait sonlever la population de son ancien domaine, lorsque Sekarengoro resté à Nkuzuzu, apprit la nouvelle de ce retour inquiétant. Nkuba se trouvait à Jabana (en la Commune actuelle de Rutongo). Sekarongoro mobilisa en hâte la masse du peuple à Nkuzuzu et surprit Nkuba en sa résidence provisoire : le roitelet fut tué.
  1. Le prince Sekarongoro se mit en route, après Cet exploit, pour rejoindre la Cour en expédition à l’Ouest de la Nyabarongo et faire .défiler ses• guerriers devant le monarque. Les guerriers de Mukobanya aperçurent de loin cette foule qui s’avançait vers eux et crurent à une attaque. Les traditions, confirmées par le Code ésotérique, disent que les Guerriers de Mukobanya vinrent se ranger sur le versant oriental de la localité Gihinga; surplombant le ruisseau Rwabashyashya. Ils interpellèrent les nouveaux arrivants, qui atteignaient la pointe Nord de la localité Runda. « Qui êtes-vous »? « Nous sommes la masse du peuple de Nkuzuzu, répondirent-ils ; nous avons tué Nkuba fils de Nyabakonjo et nous venons défiler devant le Roi ». « Nous aussi nous sommes la masse du peuple de Cyilima nous avons tué Murinda et nous avons défilé devant le Roi », auraient répliqué ceux de Mukobanya. Alors Mukobanya se détacha de ses guerriers et descendit vers le ruisseau. Son fils en fit autant et alla à sa rencontre. Ils s’embrassèrent dans le gué qui, depuis lors, fut appelé « le Gué de la félicité » •Icyambu cy’ishya. Une catégorie d’ Abiru fut installée à Gihinga, et fut chargée de faire abreuver des vaches chaque jour, à perpétuité, 41;us le « Gué de la félicité ». Cette pratique ne fut abandonnée que sous Yuhi V Musinga.

 

  1. Quelque, temps après, Cyilima I Rugwe intronisa Kigeli I Mukobanya à Kigali. Il désigna à la même occasion son petit-fils Sekarongoro, qui devait lui succéder sous le nom de Mibambwe. Il décréta que tout monarque du nom de Cyilima en ferait autant dans la suite, pour commémorer les heureux événements qui avaient consolidé la Dynastie et l’avaient rendue puissante, grâce au prince Mukobanya et à son fils.

116.  A partir de ces événements, plus aucun récit ne se rapporte à Cyilima I Rugwe. Ce que nous avons pu savoir, grâce aux pratiques du Code ésotérique, c’est que ce monarque mourut de Mort violente ; c’est-à-dire ou bien qu’il se serait suicidé, ou bien qu’il serait mort d’une blessure. Nous le savons parce qu’il a été enterré à. Butangampundu (en la Commune actuelle de Mugambazi, Préfecture de Kigali), cimetière destiné aux monarques et aux Reines Mères morts dans ces conditions. Son tambour-des-audiences (Indamutsa), s’appelait lkinani

 

  1. d) Conclusion : Ce qui semble fondé en ces Récits

 

  1. 1) Que les Reines mères aient été astreintes au célibat, ceci est un fait indéniable. Il arriva une fois qu’une Reine mère fut enceinte.(Nyirakigeli II Ncendeli, mère de Kigeli II Nyamuheshera) ; elle dut se suicider. Nyirakigeli IV Murorunkwere, mère de Kigeli IV Rwabugili, fut faussement accusée d’être enceinte et ceci provoqua entre elle et son fils un conflit violent, qui se termina par l’assassinat de la Reine mère à Mbilima. Cet interdit fait aux Reines mères est attribué par le Code ésotérique au règne de Cyilima I Rugwe. Si quelqu’un pouvait émettre un doute à ce sujet, il devrait trouver une autre base à ce fait indéniable.

    2) En ce qui concerne l’enclave autonome de Nyamweru, ceci est aussi un fait indéniable : une dynastie, un tambour-emblème, et le fait qu’aucun monarque Rwandais n’intervenait jamais dans les affaires intérieures de ce territoire. Le Code ésotérique en attribue l’origine au pacte conclu entre Cyilima et Nkima. Encore une fois, pour en douter, il faudrait trouver une explication. Et comme ce fait indéniable est intimement lié au mariage de Nyanguge, nous pouvons estimer que, tout à fait dépouillé des Récits qui l’entourent, il serait difficile de, ne pas admettre qu’il ait eu lieu.

    3) La rencontre de Mukobanya et de son fils dans le « Gué de la félicité », indépendamment des Récits qui l’introduisent, ne peut pas être raisonnablement mis en doute, puisque 1e Code ésotérique l’a pérennisée par une pratique quotidienne, qui s’est poursuivie jusqu’à notre époque.

    4) La décision de Cyilima I d’introniser le co-régnant Kigeli et de désigner le futur Mibambwe, est du même ordre. Cyilima Rujugira l’a mise en pratique en intronisant son co-régnant Kigeli Ndabarasa et en désignant Mutabazi (fils de ce dernier), auquel il imposa le surnom de Sentabyo (le Maigret) pour éviter qu’il ne régnât plus tard sous les deux noms de Mibambwe Mutabazi, qui avaient été portés en même temps par l’un de ses ancêtres. (cfr no 255). Ce sont les points les plus importants qui nous semblent fondés et que personne ne pourrait raisonnablement reléguer, au rang des traditions ordinaires.