L’Essor De La Mission Catholique, Protestante Et Adventiste Au Ruanda
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- L’Erection D’Un Vicariat Apostolique Au Ruanda 25 Avril 1922
L’entrée en scène foudroyante de la Belgique catholique avec un appareil de puissance inconnu jusque-là, l’impulsion énergique donnée par- le résident Declercq à la régénération du pays, continuée avec la même intensité par ses successeurs, la sympathie marquée que les représentants officiels de la puissance mandataire, pour la plupart catholiques pratiquants, témoignaient aux missions, l’éclipse Momentanée des églises protestantes, la proclamation retentissante de la liberté de religion par Musinga, la victoire progressive des idées et des moeurs occidentales sur les préjuges ancestraux dans la classe dirigeante, le prosélytisme retrempé des missionnaires blancs, enfin libérés du cauchemar et des entraves de la guerre, des jeunes prêtres noirs, des catéchistes, des néophytes, particulièrement des batutsi, dont le P. Classe pouvait dire qu’à en général, ils sont plus intelligents, plus ardents et plus zélés que les autres à répandre leur foi », tous ces facteurs de vitalité religieuse manifestèrent leur vertu par un relèvement soudain de la courbe des baptêmes. Tandis que le nombre des chrétiens comme il a été dit, était resté stationnaire, pendant deux ou trois ans autour de 13.000, il passa brusquement, entre 1919 et 1924, au chiffre de 26000, augmentant de cent pour cent en un lustre. Aucune station nouvelle ne fut cependant ouverte à l’apostolat pendant ce laps de temps; Muramba dans le Tshyingogo [Cyingogo] ne date que de 1926; Rambura avait même été évacué faute de personnel. Mais les sources de revenus, taries pendant la guerre, recommençaient à donner ;la construction des routes et l’aménagement des pistes autorisaient l’usage de véhicules motorisés, rendant la présence des évangélistes,plus immédiate et plus multipliée. A Murunda, dès 1920, l’essai d’une paroisse administrée uniquement par des prêtres noirs réalisait tous les espoirs qu’on avait fondés sur lui. A Kabgayi, au point culminant de la colline, s’élevait maintenant sur un socle de treize marches le monument le plus imposant qu’eût encore connu le Ruanda, une église à une nef, longue de soixante-dix mètres sur vingt et un de large hors oeuvre et haute de quinze, précédée sur sa façade d’une tour carrée avec porche, sur laquelle s’élèverait sous peu une pyramide lançant sa pointe à 28 mètres. On n’avait jamais rien vu de pareil. « C’est un pays, c’est un Ruanda où il ne pleut pas, s’exclamaient les bonnes gens émerveillés. Vous êtes des hommes, vous, les bazungu, » ajoutaient-ils ébahis.
Cette progression admirable du bercail catholique, qui se chiffrait annuellement par trois mille baptêmes, les adultes étant en majorité parmi eux, reçut une sorte de confirmation officielle par l’érection d’un évêché spécial pour le Ruanda. Le décret de la Propagande qui la réalisa porte la date du 25 avril 1922. Le vicariat du Kivu était ainsi scindé, après dix années de noble existence, en deux moitiés, qui correspondaient chacune à des subdivisions historiques. Ruanda et Urundi, qui ne s’étaient jamais bien accordés ensemble, devenaient par là de grandes communautés spirituelles distinctes. L’Eglise catholique, selon sa tradition constante, moulait ici encore son organisation ecclésiastique dans les cadres politiques préexistants. Désormais les Banyarwanda auraient leur patrie spirituelle bien à eux, coïncidant en ses frontières avec leur patrie temporelle. De plus en plus la religion nouvelle perdait chez eux ses traits empruntés à l’étranger pour prendre, grâce à ses prêtres, frères, soeurs noirs, sa langue, ses cadres territoriaux, un visage vraiment rouan-dieu. Chacun des deux peuples s’attacherait davantage à sa propre Eglise, dès là qu’elle revêtirait à ses yeux des couleurs nationales.
L’Eglise de l’Urundi, qui avait son cachet particulier et dont la soudure avec celle du Ruanda, dix ans auparavant, n’avait eu qu’un caractère temporaire et quasi artificiel, reçut avec faveur sa charte d’autonomie. Son nouveau chef, Mgr Gorju, auparavant missionnaire dans l’Uganda, fixa son siège à la station de Mugera. Ses clercspoursuivirent provisoirement leur formation au grand et au petit séminaire de Kabgayi.
- Le Premier Titulaire Du Vicariat : Mgr Léon Classe
Ce ne fut pas le pontife du précédent vicariat qui présida aux destinées du nouveau. Le vieil athlète, dont l’âge trahissait les forces et qui était menacé de perdre complètement la vue, avait résolu dès 1920 de passer la houlette à des mains plus jeunes et aussi expertes. Sa démission avait été agrééepar Rome au déclin de cette même année : en attendant la nomination de son successeur il poursuivrait ses hautes fonctions en qualité d’Administrateur apostolique. Le suprême désir du fondateur de l’Eglise du Ruanda était de consommer sa carrière au milieu des jeunes clercs dont il avait suscité la vocation. Le Ciel ne lui refusa pas cette dernière grâce.
S’il eût été invité à désigner son successeur, on ne peut mettre en doute qu’il eût porté son choix sur le délégué institué par lui, quinze ans auparavant, pour le district du Ruanda et avec lequel depuis il n’avait jamais cessé de conjuguer son action directrice. Le R. P. Classe, dont le nom est revenu à mainte reprise au cours de ce récit, était Lorrain. Né à Metz le 28 juin 1874, il était arrivé tout, enfant à Paris. Il avait puisé l’enseignement des humanités à ces sources réputées de Saint-Nicolas-du-Chardonnet et du Petit Séminaire de Versailles. Puis il avait bénéficié de la grâce de Saint-Sulpice au grand séminaire d’Issy. A l’été de 1896 le cardinal Richard lui avait délivré son exeat en bénissant sa vocation missionnaire. Il n’avait pas connu personnellement le cardinal Lavigerie, mort quatre ans auparavant, mais il pouvait toujours s’édifier à sa flamme pieusement entretenue par son successeur, l’apostolique Mgr Livinhac.Après quatre années d’ascèse physique et morale, il était ordonné prêtre à la cathédrale de Carthage, l 31 mars 1900.
Le Supérieur Général de la Société des Missionnaires d’Afrique l’attacha pendant six mois à sa personne, comme s’il eût voulu l’initier au maniement des rouages administratifs et le préparer ainsi au gouvernement d’une grande communauté ecclésiastique, puis il l’envoya à Mgr Hirth comme un collaborateur de choix. Le jeune P. Classe atteignit le Bukumbi au début de 1901, et alla rejoindre peu après les pionniers d’Isavi et de Zaza, arrivés au Ruanda une année tout au plus avant lui. Nous l’avons vu débutant à Nyundo, fondant dès 1903 la station de Rwaza dans une contrée en effervescence, prenant trois ans plus tard la direction de l’église-mère d’Isavi et celle de l’école des cadets à Nyanza. C’est là que l’atteignit en juillet 1907 le titre de pro-vicaire, qui faisait de lui à 33 ans le chef régional de l’Eglise naissante. Il se fixa dès lors à Kabgayi, au centre du pays, d’où, pendant un tiers de siècle, son action prépondérante ne cessera de se faire sentir jusqu’à la périphérie.
Il n’est point de parage qu’il n’ait visité, point de haut personnage européen et indigène qu’il n’ait connu et fréquenté, point d’événement d’importance, civil ou religieux, auquel il n’ait été mêlé, point de détour de linguistique, d’ethnologie, de folklore et d’histoire qu’il n’ait exploré. Nul ne s’est plus diligemment informé des choses du Ruanda, encore que ses fonctions absorbantes lui aient laissé peu de loisirs pour livrer au public savant le fruit de ses études.
Chargé spécialement par Mgr Hirth des relations administratives avec les autorités tant indigènes que coloniales, très en crédit auprès de Musinga et de sa mère comme auprès d’un Grawert, d’un Wintgens, d’un Declercq, animateur et organisateur des nouvelles stations, architecte et maitre d’oeuvre de presque tous les monuments ecclésiastiques du pays, apôtre itinérant et, tout à la fois, homme de pensée, de prière et de plume, doyen d’ancienneté sinon d’âge des prêtres missionnaires à peu d’exceptions près, nul n’était plus qualifié que lui, nouvel Elisée, pour recevoir de Mgr Hirth le manteau d’Elie.
La double nouvelle de l’érection du vicariat et de sa propre élection, décrétées à un jour d’intervalle les 25 et 26 avril 1922, l’atteignit à Anvers, où il résidait, nous savons pourquoi. Il n’était plus un inconnu en Belgique depuis que le roi Albert l’avait reçu en audience privée et l’avait décoré de l’Ordre Royal du Lion, que le ministère des Colonies avait fait appel à ses lumières sur l’affaire du Kisaka, que le lieutenant Gillain, l’avait prié de parler à l’Union coloniale de Bruxelles sur le Ruanda. Aussi sa nomination fût-elle accueillie avec une faveur marquée par le gouvernement et par l’opinion, encore qu’elle ne portât point pas plus que celle de Mgr Gorju pour l’Urundi, sur un sujet de nationalité belge. Il voulut recevoir Fonction épiscopale des mains de l’illustre primat de Belgigue, le cardinal Mercier. La cérémonie du sacre but pour témoin, à Anvers le 28 mai, la chapelle des Adoratrices du Saint-Sacrément, amies de la Mission, en présence du Directeur Général au Ministère des Colonies, baron Kervyn de Lettenhove, qui prononça un toast au banquet, et de M. De Jonghe.
Le premier dignitaire en titre du vicariat apostolique du Ruanda, regagnant aussitôt son bercail, fit son entrée dans le territoire au début de septembre après deux années d’absence. A la frontière, la Kanyaru franchie, il fut salué par deux grands batutsi, députés à sa rencontre par Musinga. Les chrétiens, venus au devant de lui, nevoulurent pas laisser à d’autres l’honneur de porter sa filanzane. Ils s’y relayèrent jalousement d’étape en étape sans permettre jamais au prélat de mettre pied à terre. Aux divers gîtes, à Nyaruhengeri, à Isavi, à Nyanza, la foule, se renouvelant, grossit, toute profession, toute confession confondues. A Nyanza, Musinga et sa Cour, se portant au-devant de lui, se déclarèrent tout aise du retour d’un Munyarwanda d’adoption, honoré par son Eglise d’une dignité princière; A Kabgayi, le 6 septembre, le fils reçut les embrassements du père avec les derniers signes d’un pouvoir abdiqué. La procathédrale, conçue par lui, qu’il avait à peine vu monter de ses fondations, s’ouvrait maintenant presque achevée pour recevoir son siège et ses armes.
Le 8 avril suivant, anniversaire du roi Albert, eut lieu la bénédiction solennelle du monument, symbole de l’unité et de la vie nouvelle de l’Eglise ruandaise. Mgr. Hirth donna l’aspersion et le nouveau pontife officia. L’autorité civile s’était mise en branle pour rehausser de sa présence l’éclat de cette significative cérémonie : le Résident, M. Mortehart, venu de Kigali avec plusieurs de ses collaborateurs européens, le géant Musinga, vêtu de son frac brodé, sans chaussures, aucune n’ayant été trouvée à la mesure de son pied, escorté de ses fils aînés, de ses grands féodaux, de ses pages et danseurs. La foule innombrable, massée à l’intérieur et à l’extérieur du temple, frappait des mains en hommage à son mwami, tandis que trompettes et tambours à la tribune scandaient l’entrée dans le sanctuaire des deux pasteurs mitrés, entourés de vingt missionnaires blancs et d’autant de clercs noirs, prodiguant sur la masse des fronts inclinés l’authentique bénédiction d’Imana.
Deux ans après, le 19 avril 1925,l’Eglise du Ruanda célébrait dans le même temple avec une pompe accrue, le jubilé de sa fondation et les noces d’argent sacerdotales de son évêque. Une armée de quarante mille néophytes et catéchumènes, nobles et roturiers, répartis entre toutes les provinces du pays, fruit des labeurs apostoliques d’un quart de siècle, faisait une couronne étincelante au nouvel envoyé de saint Pierre. Ce soir-là, pour la première fois depuis trente ans presque sur les lieux de la sinistre intronisation de Ruchunchu, Musinga, pour l’amour des Bapadri, dérogea au protocole et ne rentra pas à son gîte habituel, pour y reposer sous l’aile maternelle. Après l’office et les divertissements indigènes qui le suivirent, il établit son quartier dans les bâtiments de la Mission et ne regagna son palais que le lendemain, 0 tempora, o mores! se seraient écriés les Biru, s’ils avaient eu l’heur d’étudier Cicéron à l’école des Pères.
- Missions Protestantes Et Adventistes
Les quatre stations luthériennes de Bétheler restèrent veuves de leurs ministres pendant trois ans. Les Belges victorieux n’autorisèrent pas leurs fondateurs à en reprendre possession après la paix. Mais ils étaient disposés à y accueillir des missionnaires de confession Parente, conformément à l’article 438 du Traité de Versailles, qui prévoit « la remise des postes de missions, antérieurement dirigés par des sujets ennemis, à des organismes similaires obéissant aux mêmes tendances et poursuivant le même but ».
La Mission protestante américaine des Adventistes s’étant présentée la première, ils l’y établirent dès 1919 par provision seulement et jusqu’à plus ample informé. Aussi, lorsque la Société belge des Missions protestantes du Congo, constituée dans la métropole, fut prête à entrer en exercice, c’est elle qui reçut la dévolution définitive des stations allemandes. Kirinda fut occupé par elle dès cette même année, Iremera et Zinga en 1922, Rubengera en 1923. Zinga passa à la condition de simple école dirigée par un moniteur noir, Rubengera, jusqu’à la reconstruction de ses bâtiments en 1927, à celle «d’annexe dépendant d’Iremera ». Kirinda, qui avait le moins souffert de l’abandon pendant la guerre, fut agrandi et doté en 1926 d’un temple, « le premier qui ait été édifié par des protestants belges dans un territoire d’outre-mer soumis à l’administration belge ».
La Société déclare dans son acte de constitution que « son but essentiel est la propagande de l’Évangile Par la création de Missions, par la traduction et la diffusion des Saintes Écritures», et pour fin secondaire « l’œuvre nationale de civilisation » à réaliser par l’école, les hôpitaux et dispensaires, les œuvres artisanales et agricoles, Encore que confessionnelle ment fidèle à la tradition calviniste, » la Société veut travailler en complète harmonie et dans une vraie unité d’esprit avec les sociétés évangéliques déjà à l’œuvre dans la colonie… Elle désire vivre en paix avec les missions chrétiennes non protestantes et fera tout ce qui dépend d’elle pour conserver vis-à-vis de ces missions les règles de l’équité et de la tolérance, mais en réservant toute sa liberté dans les moyens de propagande spirituelle ».
A la fin de 1925, chacun des trois postes : Kirinda, Iremera et Rubengera, était administré par un pasteur et sa femme, « dame missionnaire ». En outre une infirmière européenne se consacrait à l’assistance médicale. La communauté héritée de Bétheler ne se montait pas tout à fait à cent baptisés, mais le nombre des catéchumènes était cinq fois supérieur. Les écoles créées dans les trois postes et dans huit succursales instruisaient un millier d’enfants des deux sexes.
La Mission Adventiste, évincée des établissements allemands, fonda vers 1923 trois stations, la première dans le centre à Gitwe au Kabagari, la seconde, qui ne subsista pas, à Kawangire dans le Buganza et la dernière dans le nord à Gitwa, alias Rwankeri, au Buhoma.
Les Adventistes tirent leur nom de leur foi confiante, ressuscitée des anciens millénaristes et illuminés montanistes, en l’imminence du second «avènement» du Christ, annoncé par les Ecritures. Leur prophète et fondateur, le Révérend William Miller, pasteur aux Massachussets, vaticina le retour en gloire et puissance du Sauveur pour l’année 1843. Le démenti des faits ne découragea point ses disciples, qui se constituèrent en Eglise séparée, mais se fractionnèrent par la suite en plusieurs sectes. L’une de celles-ci, qui se dénomme « Adventistes du Septième jour », met dans l’observation du sabbat juif un des moyens les plus efficaces pour se préparer au grand événement attendu. C’est celle qui est en activité au Ruanda, comme dans de vastes régions de l’Afrique Australe. Dogme, morale et culte sont à peu près ceux de l’Eglise baptiste : les baptêmes d’adultes se célèbrent par immersion dans les ruisseaux et rivières, succédanés du Jourdain. La Société exige de ses adhérents l’abstinence totale des spiritueux et du tabac. Largement subventionnée par les fidèles des Etats-Unis d’Amérique, elle se livre à une propagande intense, dont les gains dépassent largement ceux des églises protestantes proprement dites. Au 31 décembre 1925 les deux stations du Ruanda étaient desservies chacune par un pasteur et sa femme, plus une infirmière. Ils étaient assistés par une douzaine de catéchistes répartis entre diverses succursales. Ils déclaraient aux enquêteurs gouvernementaux un total de deux centaines de néophytes et catéchumènes ; leurs écoles étaient fréquentées par un millier d’enfants.
La Church Missionnary Society, créée au sein de l’Eglise Etablie d’Angleterre et se rattachant au mouvement de la Basse Eglise, très prospère dans l’Uganda, avait profité de la remise du Territoire du Kisaka à la Grande-Bretagne en 1922 pour y prendre pied. Elle y avait fondé cinq chapelles-écoles, qui continuèrent à fonctionner quand la zone fit retour à la Belgique. En 1925 elle obtint une concession de terre dans le territoire de Gatsibo, où elle Créa une station, celle de Gahini au centre de ses succursales. L’année suivante elle pouvait recenser deux missionnaires résidents, trois catéchistes indigènes et 62 adhérents catéchumènes. Musinga, qui voyait dans la présence de ces Anglais une menace pour l’intégrité de son royaume ; instruit qu’il était par une récente expérience, souhaitait une multiplication des postes catholiques, qui pût faire échec à l’expansion britannique. D’où la curieuse lettre suivante qu’il adressa à ses subordonnés du Buganza et du Kisaka.
Nyanza, le 18 avril 1924.
A mes chefs (suivent quatre noms), salut beaucoup.
Par la présente je vous annonce que les Bapadri sont mes amis, actuellement comme ils l’ont toujours été. Donc, s’ils veulent installer des écoles pour instruire les Banyarwanda; donnez-leur du terrain et aidez-les. Je suis heureux sous le régime de Bula Matari (le gouvernement belge) et pour cette raison, j’aime que dans mon royaume il n’y ait pas d’européens d’autres nationalités.
Et vous aussi, dites à vos sous-chefs ce que je viens de vous dire.
C’est moi, le mwami du Ruanda.
Signé : Yuhi Musinga.
Les deux dernières sectes développent chez leurs adeptes l’esprit de controverse. A l’inverse de la première leur prosélytisme tourne volontiers à la polémique anticatholique. Elles font place dans leur liturgie aux phénomènes d’exaltation religieuse. L’agitation sociale à laquelle inclineraient les Adventistes les rendent suspects à la classe dirigeante.
Tout compte fait, les trois Eglises non catholiques du Ruanda totalisaient au 31 décembre 1925, après, pour la plus ancienne, dix-huit années d’existence, une demi-douzaine de stations avec un nombre égal de missionnaires hommes et une ou deux centaines de baptisés. A la même époque, lors de son vingt-cinquième anniversaire, l’Eglise catholique dénombrait 48 Pères Blancs, 7 prêtres noirs, 24 Soeurs Blanches, 12 Soeurs noires, 304 catéchistes, 30.000 baptisés, 10.000 catéchumènes, pour 12 stations et 136 chapelles-écoles ; outre le grand et le petit séminaire, 253 écoles instruisaient 17.000 enfants des deux sexes ; les établissements de charité étaient représentés par 14 orphelinats, 5 hôpitaux et 14 dispensaires.
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