I. Culte quotidien rendu aux mânes familiaux.
Dans les manifestations extérieures du culte des bazimu (prières, voeux, offrandes, etc), les Banyarwanda tiennent toujours compte du sexe, de l’âge et de la condition de chaque défunt. La raison en est que, selon leurs croyances, toutes les habitudes bonnes ou mauvaises, toutes les manies, tous les penchants qui caractérisent chacun d’eux de son vivant subsistent sans changement dans son muzimu.
C’est pourquoi ils présentent au muzimu :
– d’un homme, un siège, une serpette, une lance, etc.
– d’une femme, un collier de perles, une marmite, du bois de chauffage, etc.
– d’un jeune homme, une épouse, etc.
– d’une jeune fille, un bracelet, une natte, etc.
Il en est de même en ce qui concerne les offrandes de boissons, d’aliments ou de bêtes. Ainsi, on n’offre pas, sauf exception, de la viande de mouton au muzimu d’un Mututsi ou d’un Muhutu parce que, en règle générale, les Batwa sont les seuls à en manger ; ni de la viande de chèvre au muzimu d’une femme ou d’une jeune fille puisqu’en principe elle leur est interdite. Quant au muzimu d’un enfant, on tiendra compte de l’âge qu’il aurait atteint s’il avait survécu, car il est censé grandir.
D’ailleurs, par la bouche du devin ordinairement consulté, le muzimu lui-même manifeste ses désirs ; le muzimu d’une mère demandera à son mari de lui montrer ses enfants ; celui du propriétaire d’un troupeau voudra voir ses vaches et son fils amènera les bêtes devant son édicule en ayant soin de mettre en avant la plus belle génisse : « Voici les vaches qui t’appartiennent toujours ; considère le soin que j’en ai pris ; aucune n’est morte par ma faute ; vois au contraire le nombre des veaux qu’elles ont mis bas. Fais qu’elles soient saines et fécondes »… Une supplique accompagne généralement toutes ces manifestations : « Rends la santé à ma femme ». Pour finir, il trait une vache, verse un peu de lait dans un récipient hors d’usage et le dépose dans l’indaro.
Sur recommandation du mupfumu, un chef de famille en difficulté avec son patron Mututsi fait à son père l’offrande d’une calebasse remplie de bière et lui tient ce langage : « Souris, père, à l’orphelin que tu as laissé ; accepte cette bière de prix et daigne conduire mes pas. Si tu m’accordes les faveurs de mon maître (Databuja) que tu connais d’ailleurs, je te comblerai d’honneur et de présents… ».
Un malade dont le frère aîné, mort récemment, a été désigné par le devin comme responsable de sa maladie, s’assied devant l’édicule du mort et lui présente la chèvre prescrite par le mupfumu avec promesse de la lui immoler s’il guérit :
« Seka, mwana wa mama, twaravukanye ariko ninjye gusa usigaye ».
» Ris, enfant de ma mère ; tandis que tous deux nous sommes nés d’elle, moi seul je survis ».
«Unyumvire ; nunyica, uzaterekerwa n’ande ?
» Écoute-moi ; si tu me tues, qui donc te fera des offrandes » ? « Gatindi, unyishe, uzajya ku makoma nk’inyoni :(Gatindi, litt. petit malheureux, petit misérable). Malheureux, en me tuant, tu en seras réduit à t’isoler comme l’oiseau sur les feuilles du bananier ».
“Genda kwa kanaka ; mbese ugira ngo azaguhe indi ? Va donc chez un tel ; vraiment crois-tu qu’il t’en donnera une autre » ? (c. à d. une chèvre comme celle que voici).
Mais ici il faut faire une remarque très importante. Toujours il y a une distinction très nette entre ce que les Banyarwanda présentent aux bazimu et ce qu’ensuite ils leurs laissent en fait. Ce qu’ils leurs offrent est en effet toujours présentable, mais ce qu’ils déposent ensuite dans leurs édicules est toujours insignifiant.
Ainsi, ils leurs font l’offrande d’un beau siège, d’une belle natte, d’une cruche, sinon neuve au moins intacte, etc, offrandes toujours accompagnées de paroles pleines de bienveillance et de piété filiale ; après quoi, ils abandonnent dans l’indaro un bloc de bois informe (siège), un lambeau de vieille natte, une poterie fêlée, voire même un tesson, un bâtonnet (lance), un bracelet rongé par la rouille et dont personne ne voudrait plus.

Il en va de même quand il s’agit de l’offrande de boissons ou de vivres. Ils présentent un grand panier rempli de petits pois, de haricots, etc ; puis, après les avoir cuits pour le repas familial (communion rituelle), ils n’en déposent qu’une poignée, plus souvent une pincée, dans l’édicule en se servant pour cela d’un ustensile souvent hors d’usage. De la bière ou du lait, ils n’en laissent parfois tomber que quelques gouttes sur une feuille ou dans le feu qu’ils allument toujours dans l’indaro à l’occasion du guterekera. Quant au sorgho ou à l’éleusine, ils se contentent le plus souvent d’en jeter quelques grains dans ce feu. Il en va de même des offrandes de bêtes. Ils présentent la plus belle génisse du troupeau ou une chèvre féconde ; puis, après avoir obtenu la faveur sollicitée, ils immoleront, non pas cette bête de choix, mais un petit taurillon, un petit bouc, ou une femelle usée par l’âge ou la maladie.
Et de cette bête, le muzimu ne recevra que quelques menus morceaux, car elle sera consommée en fait par la famille du donataire et, parfois, quelques invités (communion rituelle). Et même, surtout si c’est un bovin, une partie de la viande sera vendue.
Il est des auteurs qui n’ont vu dans cette manière de faire qu’impertinence et désinvolture.

A notre avis, ce que les Banyarwanda déposent dans les édicules a la valeur d’un symbole. Ce qui importe, ce sont les sentiments qui animent celui qui fait l’offrande et qu’il exprime par la présentation d’un objet de prix et par les paroles qui l’accompagnent. Ces sentiments une fois exprimés, il suffit de laisser un petit rien dans l’indaro comme témoignage et souvenir de cette manifestation de piété filiale.
Quand les Européens déposent une gerbe de fleurs sur les tombes de nos chers disparus, nous savons bien aussi que ce bouquet ne leur sera d’aucun profit. Dans ces fleurs, il faut voir autre chose, je veux dire ce qu’elles symbolisent : l’affection et le souvenir que nous gardons de ces êtres aimés. L’auteur croit qu’il en est un peu de même pour les Banyarwanda.
D’autres rient et se moquent d’entendre les indigènes dire qu’ils donnent à manger et à boire à leurs bazimu. Ils le disent, en effet ; de même que les devins prétendent que les bazimu réclament eux-mêmes nourriture et boisson. Mais on ne doit pas prendre ce langage à la lettre, car les Banyarwanda savent très bien qu’un muzimu ne mange pas, ni ne boit.
Lorsqu’ils constatent le matin qu’il n’y a plus trace dans les édicules des aliments qu’ils y ont déposés la veille, ils diront que les bazimu ont été très satisfaits puisqu’ils n’ont rien laissé, bien qu’ils n’ignorent nullement que ce sont les rats ou les fourmis qui s’en sont régalés, et ils en conviennent sans qu’il soit besoin de beaucoup insister.

II. Les Parentales
(C’est dans le nord du Rwanda, au Bugoyi, Mulera, Bushiru et Buhoma, régions où l’organisation tribale et la propriété collective se sont les mieux conservées, que la célébration de ces parentales est restée le plus longtemps en honneur. Dans les régions hamitisées de longue date, il semble qu’elle n’est plus pratiquée. C’est sans doute pour cette raison que le P. DUFAYS écrit : Il n’existe pas au Rwanda de culte organisé par un clan ou une famille pour ses ancêtres plus illustres ». En tout cas, on ne peut pas mettre en doute les détails et les précisions que nous donne à ce sujet le P. PAGES).

A) Les parentales annuelles de famille et de clan chez les Bahutu.

Environ une fois l’an, de préférence à l’époque où la bière est abondante (C’est-é-dire à l’époque de la récolte du sorgho qui, au Rukiga, région de haute altitude, n’a lieu qu’une fois l’an) le chef de la lignée célèbre en l’honneur de l’aïeul de la famille (umuryango) et parfois de l’ancêtre du clan (Ubwoko), une fête à laquelle il convoque les membres les plus en vue de l’umuryango ou de l’ubwoko. Il n’y a pas que les descendants restés au pays natal qui prennent part aux agapes ; même ceux qui, pour une raison ou une autre, sont allés s’établir en d’autres régions, y délèguent leurs représentants et y envoient leurs offrandes : bières, vivres (sorgho, haricots, etc.), chèvres, parfois même un taurillon, plus rarement un mouton.
Présidée par le patriarche de la lignée, la réunion a lieu devant l’édicule, ou chapelle domestique, dédié à l’Aïeul vénéré. Cet édicule se dresse parfois au pied d’un grand arbre, un ficus (umuvumu) ou un Erythrina (umuko) qui fut planté, jadis, par l’ancêtre à l’entrée de son habitation (Quand les Banyarwanda construisent une habitation sur un nouvel emplacement, ils ne manqueront jamais d’y planter d’abord ces deux arbres sacrés. L’un des descendants reste et habite la hutte de l’ancêtre qui de temps à autre doit être reconstruite. En règle générale, les Banyarwanda reconstruisent leur hutte tous les huit ou neuf ans environ).
Les réjouissances peuvent durer plusieurs jours. Elles débutent par la présentation des offrandes à l’ancêtre auquel de nombreuses et filiales requêtes et supplications sont adressées. Puis on sacrifie la bête, une chèvre ordinairement, quelques lambeaux de chair, grillés sur le petit feu qu’on allume toujours en cette circonstance, sont déposés dans l’édicule tandis que d’autres sont mangés en communion rituelle par l’assistance. Des quartiers de viande sont remis parfois aux délégués pour les frères absents qui n’ont pu répondre à la convocation. Ce qui reste de l’animal est cuit ainsi que d’autres aliments (pâte de sorgho, haricots, etc.) dont quelques bouchées sont aussi abandonnées dans l’indaro (La viande se mange habituellement avec de la pâte de sorgho). On aura soin également d’y laisser tomber quelques gouttes de bière pour étancher la soif du muzimu ! Et la beuverie commence au milieu de la joie générale et se continue parfois jusqu’au matin entremêlée de chants et de danses.
Ce culte rendu aux mânes des aïeux, fondateurs du clan ou de la famille, ne se substitue nullement à celui des mânes domestiques, c’est-à-dire des bazimu de la parenté immédiate que chaque foyer entoure d’hommages privés et quasi-quotidiens. Le clan ou la famille y trouve un aliment et une force supplémentaire apte à maintenir la cohésion du groupe et la solidarité entre ses membres.
Concernant ce qu’on vient de dire, le P. PAGÉS donne des faits précis que l’on se contentera de résumer dans les lignes suivantes.
1° Les Bashobyo se cotisent à l’avance pour pouvoir offrir aux mânes de leurs ancêtres une chèvre et de nombreuses cruches de bière qui doivent être dégustées en leur honneur. On convoque les membres du clan qui, au jour fixé, quittent leurs villages respectifs et se réunissent à Nyundo, au Bugoyi, l’apanage le plus important du clan.
Le sacrificateur fait couler le sang de la bête dans un vase en bois (imbehe : écuelle) nettoyé avec le plus grand soin.
Leur idole, une corne d’antilope, est plongée dans ce bain fumant pour lui permettre de s’y laver et de s’y désaltérer ! On fait couler goutte à goutte le liquide rouge dans la petite ouverture du fétiche ; il faut le rassasier.
On enlève ensuite à l’animal chacun de ses organes internes : coeur, foie, poumons, reins, rate, intestins, etc ; on en détache de petits morceaux (intonorano , du verbe gutonora : éplucher, écosser) qui sont rôtis sur un feu allumé dans l’édicule et distribués ensuite aux assistants. Chacun mange le sien ; c’est un repas rituel.
Le reste de la chèvre est débité en parts raisonnables qui sont remises aux principaux représentants des groupes familiaux. On peut emporter cette viande chez soi. La peau devient la propriété du sacrificateur de circonstance. A lui revient aussi la première gorgée de bière. Puis, le chalumeau circule aux mains des invités qui, l’un après l’autre, boivent à longs traits le précieux liquide. L’instrument est alors rendu à l’intermédiaire des vivants et des morts du clan. Il interpelle les ancêtres par leur nom et implore leur aide et protection pour chacun des assistants : « Si vous nous aidez à échapper à la vendetta, si vous nous donnez la victoire sur nos ennemis, si nous gagnons tel procès…, si notre voyage à la capitale se fait sans difficulté, etc., nous reviendrons vous remercier et vous offrir un nouveau cadeau… ».

Chacun peut exprimer à haute voix l’objet de ses voeux et de ses désirs : Donnez la fécondité à nos familles et à nos troupeaux ; guérissez-nous de nos maladies ; délivrez-nous de tous nos maux ; etc. Suivent les chants et les danses.

2° Les membres de la tribu des Bakora, fraction du clan des Balihira, originaire de Gikore dans le Ndorwa, avaient, eux aussi, l’habitude de se réunir à Muti près du cratère de Bunyogwa dans le Bugoyi. Ils se cotisaient pour l’achat de plusieurs chèvres destinées au sacrifice des grands ancêtres du clan et de la famille (Les Bakora se subdivisent en deux groupes, celui des Abenga et celui des Abahene. Pour honorer les ancêtres de leur groupe respectif, les premiers se réunissaient au pied d’un arbre situé à Rwenga dans la plaine de Kanama et les seconds sous un ficus de la colline de Rumbati).
3° Les Basindi du Bugoyi dont les aïeux quittèrent le Bumbogo il y a environ 150 ans faisaient de même (Le Bumbogo est une province qui est encadrée par celles du Rukiga et du Buliza ainsi que par les rivières Nyabarongo et Base). Quand un Musindi du Bugoyi est là de passage, il est sûr d’être bien accueilli par ses compatriotes. Cependant, pour s’assurer qu’il n’est pas un étranger, ils l’engagent à s’accroupir un instant à côté du tambour clanique qui y est conservé dans l’édicule consacré aux ancêtres du clan. S’il accepte et ne manifeste aucune émotion à ce contact présumé avec les ancêtres, il est reconnu membre authentique de la famille et traité comme tel.

4° Les représentants de quatre groupes d’Abungura, originaires du Bwito (Nord -Ouest du Kivu), se rencontraient une fois l’an sur la colline de Nyakiliba ou s’élevait l’indaro (l’édicule) dédié à Gase, fils de Shabunyeri, considéré comme le fondateur du clan à cause du rôle important qu’il joua. Chacun des groupes offrait deux cruches de bière. L’arrière-petit-fils qui faisait fonction de sacrificateur se couvrait la tête d’une peau de civette (impimbi).
Un bélier était immolé parce que l’ancêtre avait, de son vivant, une préférence pour la chair de cet animal. Rendez-vous était ensuite donné à Rukondo près du lac Kivu sur la tombe de Shabunyeri.

5° Les Basinga se rattachent à la grande famille des Abanyiginya (Les Abasinga sont apparentés aux Basindi et comme eux appartiennent au clan des Abanyiginya, dont les uns sont Batutsi et les autres Bahutu. Il en est ainsi pour la plupart des clans du Rwanda qui comptent même dans leurs rangs des Pygmées (Abatwa).
Certains de ceux qui sont installés au Bugoyi et qui tirent leur origine immédiate des Basinga du Bugarura au Mulera se fixèrent dans la suite à Rwanyakayaga situé au Rwerere, puis à Bisizi ou ils se multiplièrent peu à peu. Ils se réunissaient à Bisizi pour sacrifier une chèvre et offrir une cruche de bière à leurs ancêtres. Ils députaient ensuite quelques-uns des leurs au village de Rwanyakayaga pour y participer à un sacrifice semblable. Puis, les ambassadeurs des deux groupes se rendaient à Bugarura au Mulera, en poussant devant eux trois taurillons achetés en commun. L’un était abattu devant l’édicule des ancêtres, les deux autres étaient offerts en hommage aux Basinga du Mulera qui en disposaient à leur guise.
6° A l’occasion d’un malheur, une famine, une maladie contagieuse, etc, ou pour solliciter une faveur spéciale, la réussite d’un procès, un voyage heureux à la capitale, les Bahigo, originaire du Bwito, se rassemblaient, à un jour fixé d’avance, autour de la hutte de l’un de leurs aïeux, un certain Nyakirima (Mihigo, fondateur du clan des Abahigo, avait pour ascendants dans le Gishari : Mungungu, Mishungwe et Nyakirima). Cette hutte, comme c’est souvent le cas, est habitée par l’un de ses descendants. De nombreuses cruches de bière sont apportées et rangées près de la case pour être offertes avant d’être bues par les convives. Une chèvre, don de la communauté, y est sacrifiée. La viande de la bête est ensuite partagée entre les trois groupes qui composent le clan des Bahigo : les Abagenda, Mvuninka et Nyamudigi. Suivent alors les réjouissances habituelles. Quand les faveurs désirées ont été obtenues, les membres du clan immolent une autre chèvre et offrent de nouvelles bières.

B) Les parentales dynastiques à la Cour du Mwami (Roi) hamite.

Chaque année deux grandes solennités (ibirori : réjouissances) avaient lieu à la capitale du royaume. Les grands chefs devaient y figurer entourés de leurs principaux vassaux.
La première était célébrée le dernier jour d’un deuil annuel de quinze jours que devait observer le roi et sa cour en l’honneur d’on ne sait trop quel ancêtre. Selon les uns, ce deuil était celui de tous les mânes royaux ; selon d’autres, c’était le deuil d’une reine dont on a perdu le nom ; mais la croyance la plus répandue est qu’il est observé en souvenir de Ndahiro (Ndahiro-Cyamatare, successeur de Yuhi I, donna naissance au célèbre Ruganzu. Son règne ne fut pas heureux. Son royaume subit les fléaux de la famine et de l’invasion).
La seconde solennité avait lieu à l’occasion de la présentation au roi régnant des prémices des récoltes. Selon la légende, elle avait pour but de commémorer l’introduction au Rwanda par Ruganzu II, le victorieux, du sorgho, de l’éleusine (Une famille était chargée, sous la haute surveillance d’un dignitaire de la cour, de cultiver dans la province sacrée du Bumbogo ce sorgho et cette éleusine) et de l’isogi.
Ces fêtes consistaient en une exhibition des inyambo et du trésor des reliques royales.
1° Les inyambo sont des troupeaux de vaches sélectionnées. Les plus belles (inyamibwa ou indatwa) étaient au premier rang, les cornes, le front et le cou ornés de perles et de l’umwishywa. Des danses étaient exécutées par les vachers à la grande satisfaction des spectateurs.
2° Le trésor des reliques royales, ce sont des perles, de petits osselets ouvragés, des colliers, des bracelets, des étoffes, des peaux de colobus, des armes, etc, ayant appartenu aux rois défunts. Tous ces objets étaient confiés à des gardiens attitrés, gens de confiance, qui devaient veiller à leur entretien dans la case où ils étaient remisés. On les appelait Abanyabyuma (Abanyabyuma = Les préposés à la garde des objets en fer (ibyuma). Par ce terme les Banyarwanda désignent tout ce qui est en fer : couteaux, serpettes haches, bracelets, houes, etc). Qu’on se garde bien de croire à un simple étalage de richesses. Sans doute le monarque ne restait pas insensible à ces vaniteuses exhibitions, mais elles avaient une autre raison d’être, celle de se concilier les bonnes grâces des mânes royaux. C’est pourquoi on revêtait de ces objets quelques individus qui dansaient en l’honneur des rois défunts. Tout en évoluant, ils répétaient en choeur : Elles sont bien à vous ces perles ; ces armes, ces peaux, etc, c’est en votre nom que nous avons organisé ces réjouissances ; nous restons toujours vos serviteurs et vos sujets… ».
La fête terminée, les gardiens du trésor remisaient tous ces objets jusqu’à la fête suivante.
Mais au cours de ces réjouissances on faisait habituellement des offrandes ; réelles ou fictives, comme aussi des sacrifices de bêtes à cornes.