10° LE POÈME 173
Puisque tu t’es rappelé des tiens.

Puisque tu t’es rappelé des tiens,
Pense également à moi, ô le Prévenant de tes fidèles,
Descendance de Ruganzu, souche de Mutabazi,
Tu es notre prestige, tes oeuvres sont éclatantes !
Tu es digne du Tambour de ton père,
Tu en as été investi dans un moment critique
Je déclare, en ta faveur, qu’il te va à merveille !
Vis longtemps parmi nos bovins, à l’exemple de Rugwe,
Imite la longévité de Rujugira, descendance de Mutabazi.
0 Pasteur, le tour de régner est tellement à toi,
Que tu nous parais comme les Rois, tes pères anciens
Les Souverains, nos ascendants, je parlerai d’eux :
Je les connais bien, ces preux dignes de Kigeli.
Il me faut t’exalter tant que je suis encore là,
Tu n’es pas à passer sous silence.
Tu t’es trouvé alors présent au moment critique,
Tu y fus notre Bouclier et nous tiras du danger mortel ;
Notre consternation était bien grande,
Le nom de Roi étant en danger d’être supprimé.
Ton tambour retentit et dissipa notre stupeur !
Eh bien, les Tambours et les Vaches de ta Maison
Qu’ils t’appartiennent longtemps, tu les as reçus sans contredit !
Possède-les, ô Propriétaire, descendance du Riche Souverain !
Il me faut t’exalter tant que je suis encore là,
Tu n’es pas à passer sous silence :
Tu as alors sauvé notre nom,
Au jour où le malheur était tombé sur nous.
Tandis que le Pays allait flamber,
Nous vîmes le Roi, semblable au Roi,
Faire retentir les Tambours.
En ce jour, tu nous prouvas que tu es Roi,
Faisant revenir à toi le Rwanda de tes pères.
Alors les hommes vous acclamèrent,
Ainsi que les Rois qui régnèrent à Mwulire,
Tandis que ceux de Gutamba envoyaient te saluer.
Il me faut t’exalter tant que je suis encore là ;
Tu n’es pas à passer sous silence.
Dès toujours je fus l’organe laudatif des Rois,
Je fus le penseur attitré
De ces Solidités-inébranlables-là de ta race ;
Leur qualité de tonnerre, je la trouve en toi ;
Leur grandeur, tu la possèdes également !
Ce n’est pas là ressemblance, vous nous déconcertez :
Vous n’êtes qu’un seul homme.
Il me faut t’exalter tant que je suis encore là ;
Tu n’es pas à passer sous silence.
Tu nous fis alors sortir de l’étourdissement,
Tandis que nos oreilles avaient été abasourdies,
Et que le Pays était couvert de gémissements.
Le Peuple du Rwanda n’avions plus de cils,
Nous essuyant tous d’abondantes larmes.
Le brisement nous ayant concassés,
Tu te pressas de venir nous refaire.
Il me faut t’exalter tant que je suis encore là
Tu n’es pas à passer sous silence.
En ce jour, tu as accompli un acte inoubliable,
Comparable à celui accompli à Musave
Lorsque le Gauché par une grande multitude avait été attaqué ! (Le Gauché : Mfbàmbwe I Mutabàzi, au sujet duquel la tradition affirme qu’il décochait les traits du bras gauche).
O Mutara, tu t’es comporté comme Mutabazi !
Tu es le seul à combler les voeux du Pays comme le Chercheur,
Qui chercha les Vaches et les Tambours que vous détenez.
Ce Voyageur heureux qui se mit en route
Et multiplia nos bénédictions !
Ce Refuge qui conserva le Feu de notre pays,
Ce Roi qui nous amena et nous fit traire les bovins !
Il me faut t’exalter tant que je suis encore là, Tu n’es pas à passer sous silence.
Je t’exalterai auprès des Rois qui résidaient dans le Rweya,
200)
Ainsi qu’auprès de ceux qui habitaient Rwanda de Binaga : (Rwanda près Binaga: deux localités actuellement perdues au fond du Parc National de la Kagera, et où les premiers arrivants de la présente Dynastie avaient fixé leur campement. Comme le fait a été détaillé ailleurs (cfr Inganji Karinga, I, p. 72-79), le nom de Rwanda » était à l’origine un héritage, presque un talisman, de la Maison des Banyiginya. Ils se déplaçaient avec ce nom et prenaient soin de l’imposer aux localités qui devenaient leur centre important. Ce nom s’étendit dans la suite à toutes leurs acquisitions territoriales et désigna le vaste Rwanda que nous habitons).
Ceux du Buriza sont également contents de toi !
Ceux qui régnaient au Buganza et à Kigali te félicitent ;
Ceux de Muganza près Kigali, depuis qu’ils règnent
Nul d’entre eux n’a été incapable de sauver le Rwanda.
Ils te félicitent les Rois, qui régnaient dans le Nduga
0 Héritage vivace, descendance de Gahima,
Reprends leurs capitales, te disent-ils !
Nyanza de déclarer : « Dans le Nduga, je suis en avant !
Mon importance est double :
J’ai hébergé des Rois, donné le jour à des Rois,
Et solennisé l’intronisation d’un Roi !
J’ai bataillé plusieurs fois en des temps troublés,
Et, grâce à moi, le Rwanda fut affermi ! »
Et voici que le Rubali s’anime
Il souligne son mérite et déclare :
« Puisque je suis l’habitation de ce Tonnerre des mêlées,
Puisqu’il lui a plu de me favoriser,
Et que le Tambour réside chez moi
C’est mon tour d’être le Foyer du Rwnda ! »
0 l’Infatigable, tous les Rois te félicitent :
Ceux qui habitèrent à Tanda et à Mutambiko, (Mutambiko : localité dans la province du Buganza Nord, au Territoire de Kigali ; c’est une dépendance du Mont Rutare, cimetière des Rois).
Tous te souhaitent de durer comme eux.
Applique ton coeur et attends, Dieu seul le sait !
Ton Créateur a les yeux sur toi !… (203)
Tous les Souverains te félicitent,
Ceux de Kàrângo et du Murama.
Grâce à ton avènement, notre Pays n’a pas été humilié.
Le KàrInga te félicite ainsi qu’un autre Tambour-Emblème, Et le Kfilgutse de Kigcli.
Avec l’autre Tambour Souverain de ta Maison ; Les Tambours sont devenus l’apanage de ta famille.
Tu les as défendus, tandis qu’ils te choisissaient déjà : Tu t’es comporté en leur Souverain.
Tu fus également leur héros ; tu es irréprochable : Je jure qu’aucun étranger ne te surpassera.