Lecture des Poèmes: Le Poème N° 174
11° LE POÈME 174 : Il me vient à l’esprit.
Il me vint à l’esprit une autre parole du Roi, Lui, Source intarissable, fils de la Souveraine, Je me suis rappelé que ce Refuge devait introniser un Roi,
Lequel deviendrait l’objet de mes hommages dès qu’investi.
Il n’y a pas d’époque où le Rwanda n’éprouve des perplexités,
0 Artisan-des-lances, souche du Chef des Armées :
Personne ne jugera à l’encontre de ta décision.
En ce jour-là des préparatifs minutieux,
0 Empoigneur-d’arc, descendance du Svelte,
Ta marche a brûlé les étapes accoutumées.
Un conflit armé dans le palais même s’était declanché,
L’Irréprochable seul luttant en personne,
Nous, hommes, la terre faillit nous engloutir vivants.
Ce fut là, à mes yeux, un exemple quelque peu mystérieux !
Le Pasteur-soigneux, rejeton du Puissant, Déclara :
« Moi seul, je vais en triompher ! »
Je ne saurais désapprouver ta désignation, ô Héritier du Tambour:
Le méchant travaille en vain qui, contre toi, tentera de lutter !
Tu donnes à réfléchir tant à l’étranger qu’à tes adversaires,
0 l’Irréprochable, rejeton de Mutabazi : Devant nos yeux s’étalent tes actions.
RUGANZU I BWINBA
A toi les Vaches ô Bwimba !
Tu as eu la perspicacité alliée à ta promptitude :
Tu fis reculer le Gisaka de Kimenyi,
Une épouse de ta famille ne leur fut pas accordée.
Ce fait t’irrita, ô Ndoba, et tu t’élanças hors de ta demeure !
Lui, Vengeance-perpétuelle, rejeton du Bienfaisant,
Refusa d’être, en cette matière, généreux.
C’est de la sorte que vous chérissez le Tambour,
Vous autres Rois originaires de Gasabo :
C’est d’une façon incompréhensible que vous l’aimez.
Non seulement vous ne consentiriez à prêter le Karinga,
Mais encore, contre un autre, vous ne sauriez l’échanger.
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre :
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés.
CYILIMA I RUGWE ET KIGELI I MUKOBANYA.
A toi les Vaches ô le Redoutable,
Qui par deux fois dissipas le danger mortel du pays !
Toi dont le voyage nous acquit deux épouses :
Elles nous donnèrent un Souverain.
Un adversaire s’étant déclaré dans le Muzi, ( Le nom de « Muzi » signifie « Racine n; d’où le rapprochement que fait ici le compositeur).
De terre, avec ses racines, il l’arracha.
Lui, l’Orné de succès, fils du Voyageur,
Guérit la vieillesse de son père,
Et fit chérir les enfants de leurs parents ;
Ce généreux, fils du Vénérable, leur montra un exemple envié.
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre :
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés.
MIBAMBWE I SEKARONGORO I MUTABAZI I.
A toi les Vaches, ô Visage-ensanglanté !
Tu as creusé des abreuvoirs sur ton front !
Ce Sauveur du Rwanda, descendance du Raconteur,
Entendant que la bataille s’engageait à distance,
Aussitôt à sa rencontre il se porta,
Et à Musave il livra le combat.
Ce Grelot sonore, souche du Bienfaisant,
Ayant défendu le Tambour, reçut en récompense la royauté.
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre :
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés
YUHI II GAHIMA
A toi les Vaches ô Gage d’espérance
Qui fus l’espoir de ce pays,
Sachant que tu en serais Souverain,
Tandis que du foyer paternel tu étais éloigné,
Afin qu’à l’écart tu menasses la vie !
Nous te croyions alors déshérité,
Ignorants que nous étions des agissements de la Cour,
Tandis que ton père avait décidé de te léguer la royauté !
Son Dieu est le même que le tien ô Tonnerre :
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés
NDAHIRO II CYAMATARE.
A toi les Vaches ô Ndahiro !
Des Tambours tu mérites d’avoir été investi
A cause d’eux tu as passé des nuits dans les perplexités !
Ils proposèrent à ton choix la richesse et la vie :
Au Bugamba tu maintins ta première décision.
Tu nous promis alors un sauveur :
Lui non plus ne manqua à aucun de ses engagements :
Dans notre malheur nous le vîmes arriver !
Il fit s’étaler Vaches et Tambours,
Les insoumis furent exterminés,
Cet Archer en faisant un carnage effrayant.
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car tu les as cherchés pour cela.
RUGANZU II NDOLI
A toi les Vaches ô le Très-Rapide
Qui appris les événements et vins au secours du Rwanda.
Tu nous trouvas dans un danger qui nous avait cernés,
0 Juguleur des pays montagneux, souche de l’Appui,
Tu mis ordre à toutes choses à ton arrivée !
Nous te présentâmes nos acclamations dont tu étais la source :
Les veaux beuglèrent et les bébés vagirent,
Et les hommes en furent saisis d’admiration.
Les Rois vous aimez à être serviteurs du Tambour,
Et devenez des Dieux pour nous créer :
Ce fut là le prodige que tu opéras.
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre:
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés
MUTARA I NSORO II SEMUGESHI.
A toi les Vaches ô Roi des succès,
Qui fus heureux parmi les Bovidés hérités de ton père :
Tu dépossédas les deux Rubuga
Et conquis le royaume du Bungwe.
Écoute cet Insurpassable appelé Mutara comme toi :
Sa bravoure est hors de pair !
Puisses-tu, comme lui, triompher de l’ennemi !
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre :
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés.
KIGELI II NYAMUHESHERA
A toi les Vaches ô l’Exalté
Dont le pays ne dit que louanges !
Tu razzias les Bovidés du Gishali
Et conquis la race de cette région :
Jamais de ton corps la peur ne s’approcha ;
Sans retard ton butin nous fut amené.
Tu tuas également Barishaka, dit le Sans-parents : (Ce Barishaka n’est pas historiquement appelé le Sans-parents : il est dit tel dans un dicton populaire auquel l’Aède fait allusion. Le nom de Barishaka signifie à peu près : « L’attelé à sa propre recherche » (lorsqu’il est égaré, ou qu’on ignore où il se trouve). Or, un dicton conseille ceci: Nyakamwe arazimira akishaka : c.-à-d. « Celui qui n’a pas de parents (l’unique) lorsqu’il est égaré doit aller à sa propre recherche I » Et le sens en est : « Sachons nous tirer d’affaires, par nos propres moyens, lorsque personne ne s’intéresse à nous! » Voilà le dédale de raisonnements que nous devons faire pour expliquer l’allusion du Poète qui n’a rien de compliquer cependant dans le texte original).
De l’Itabire cet homme ne reçut pas de secours.
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre :
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin :
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés.
MIBAMBWE II SEKARONGORO II GISANURA
A toi les Vaches, ô Échelle-des-puits,
Qui donnas un vigoureux coup de bâton au dos du Lion
Lequel, dans le Bwanamukali, se roula sur le sol,
Tandis que les Barundi poussaient haut les cris
Avouant qu’il y avait rencontré un bon lutteur.
C’est de la sorte que vous donnez le succès au Rwanda,
Vous, les descendants de Mutabazi, souche du Vacher,
Qui, pour nous, résidez dans le palais.
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre :
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin 1
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés.
YUHI III MAZIMPAKA.
A toi les Vaches ô Déclameur des hauts faits,
Qui, aux compositeurs, léguas tes Poèmes Dynastiques,
Voulant qu’ils se perpétuassent dans le pays.
Pour tuer Ntare tu te levas de bon matin :
Prenant tes flèches, tu le visas en plein dans le cou !
Le Rwanda ne manquera jamais de succès !
Le Karinga, -je le jure, -ne sera jamais mécontent de vous.
Son Dieu est le même que le tien ô Tonnerre :
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés
CYILIMA II RUJUGIRA.
A toi les Vaches ô le Très-Hardi
Qui fus acclamé revenant du Burundi,
Où tu avais été provoqué le combat !
Tu étais irrité de ce qu’ils avaient tué des tiens
Et que tu avais tué des leurs.
« Ils m’ont offensé, disais-tu, je les massacrerai à l’extermination ! »
Tu conquis Nkanda et imposa le veuvage au Kalyenda.
Aux temps anciens les arcs vous rendaient redoutables !
A supposer que les guerriers fussent à armes égales,
A Kanyarwanda nous aurions déjà donné un empire
Dont les limites atteindraient la patrie des Européens !
Mais de là un plus fort nous est arrivé !
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés.
KIGELI II NDABARASA.
A toi les Vaches ô le Sagittaire
Qui, de bon matin, traversait les marais,
Te pressant d’aller livrer combat.
Le Ndorwa, tu l’as subjugué :
Lorsqu’on te vit venir batailler,
Les plus avisés te livrèrent leurs milliers de Bovidés
Et tu leur laissas la vie.
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre :
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés.
MIBAMBWE III MUTABAZI II SENTABYO.
A toi les Vaches ô Propriétaire des Bovidés que voici !
Tu nous as protégés d’un bouclier aussi solide qu’un rocher,
0 le Virtuose des armes, souche de Mutabazi, tu te livras pour nous !
Tu dis adieu à ceux qui vivaient avec toi !
«Je refuse la voie à l’épidémie, leur déclaras-tu,
Moi l’espérance je m’en vais,
Pour racheter la vie de mon pays ! »
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés
YUHI IV GAHINDIRO.
A toi les Vaches ô Roi des abreuvoirs
Qui ne fus pas plus riche que ton favori : (Il s’agit ici du grand favori, Rugaju, fils de Mutimbo. — Toutes les expéditions mentionnées ici étaient punitives et non de conquêtes ; les territoires en question avaient été annexés par ses prédécesseurs respectifs, comme nous l’avons raconté en son temps).
0 le Ravageur, souche du Matineux, vos possessions s’égalaient.
Au Ndorwa, tu razzias des Bovidés,
Ceux du Gishali leur furent ensuite ajoutés
Et tu y joignis les javelines du Bushi
0 Généreux, rejeton du Batailleur, Tu en fis tes sujets.
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre :
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés.
MUTARA II RWOGERA.
A toi les Vaches ô Renommée-précoce
Fils du Refuge, descendance du Pasteur,
Tu étais au courant de ce crime-là !
Aussi tranchas-tu le procès,
En déclarant qu’il est d’usage de venger la mort des siens ! (Ici l’Aède fait allusion à l’exécution du fameux Chef Rugaju, ou mieux à sa condamnation, car il s’empoisonna avant la date fixée pour l’exécution. Ses innombrables ennemis politiques l’avaient accusé d’avoir occasionné la mort de son ami Yuhi IV Gahindiro. — Le Rukurura c.-à-d. le Gisaka aux destinées duquel présida ce Tambour. — Les Bagesera : clan ayant la Bergeronnette pour totem, et auquel appartenait la Lignée des Bazirankende, qui régnaient sur le Gisaka).
Le lendemain nous présentâmes nos remerciements.
Le tambour appela ensuite aux armes
Aux cris de «Je condamne le Rukurura !
Nous nous empressâmes de razzier leurs Vaches,
Et sans résistance les Bagesera acceptèrent ton autorité.
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre :
Il t’a désigné, qu’Il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés.
KIGELI IV RWABUGILI.
A toi les Vaches ô le Passionné des expéditions !
Tu fus renommé au loin et fis la joie de qui te voyait,
Irréprochable que tu étais aux yeux des Tambours et des Armées.
Au Rwanda tu débutas par un règlement de comptes, (Proscription du Parti des Bagereka (du nom de leur Chef politique Rugereka), dont les membres les plus en vue avaient été accusés d’avoir fait empoisonner Mutara II Rwogera, en lui faisant administrer de la tuberculeuse. — « Frapper d’amende : Kigeli IV était tellement passionné d’expéditions, que ses guerriers en arrivaient à refuser de l’y suivre. Les amendes de vaches, appelées « Inka z’imirindi » (vaches payées pour la poltronnerie) ne suffisaient plus : le Roi ordonnait d’incendier leurs habitations).
Puis tu dis : «O Peuple, considérez-moi :
Je vais vous inonder de butin !
Nous nous pressâmes sur les champs de batailles,
Craignant que de tes amendes nous ne fussions frappés,
Et de toi redoutant d’être dépréciés.
Son Dieu est le même que le tien, ô Tonnerre :
Il t’a désigné, qu’il te fasse régner sans fin !
Vis parmi nos Bovidés, ils n’auront pas assez de toi :
Ne t’en désintéresse pas non plus, car pour cela tu les as cherchés.
YUHI V MUSINGA ET MUTARA III RUDAHIGWA.
A toi les Vaches ô le Favorisé !
Tu fus heureux dès le début devenant un Dieu ;
La faveur des Tambours te fait vivre encore maintenant.
0 le Généreux, fils du Vénérable,
Puisses-tu vieillir dans ta royauté ! (C’est à Yuhi V Musinga que s’adresse l’Aède ; c’est que, a ses yeux, la dignité royale est inamissible).
C’est pourquoi tu as engendré un fils irréprochable :
Il est appelé l’Irréfragable, les Tambours lui vont à merveille !
C’est un fils de Yuhi, en face duquel nous sommes charmés.
C’est maintenant le débat engagé entre les résidences royales :
Qu’on ne m’éloigne pas ! elles vont rivaliser de hauts faits !
Le Rukali, résidence du Roi, prend d’abord la parole :
« Puisque le Très-Fort habite chez moi, dit-il,
Il est naturel que Tambours et Armées me soient dévolus !
Je possède aussi un palais aux murs éclatants de blancheur
Il est transparent et son intérieur est radieux !
Je suis l’habitation royale,
On ne fait plus que m’exalter !
Venez me faire votre cours lors des solennités :
Je viens de vous esquisser l’importance de ma situation ! »
A toi succès complet, ainsi qu’à nous sous ton couvert,
ô Souverain ! La preuve que tu es un Roi engendré de Yuhi,
Tes actions sont comparables à ceux de Kigeli !