1. Abalima =  les  Anéantisseurs.

217. L’Armée-Sociale Abalima fut créée par CYILIMA II qui la plaça  sous le commandement de son fils GIHANA, le grand Libérateur. La signification étymologique de la Milice, du verbe kulima = labourer, ne s’arrête évidemment pas à ce sens primaireet obvie, qui en ferait les Laboureurs ; c’est la signification figurée qui est d’application : bouleverser, anéantir,  à la manière d’un laboureur qui, armé de sa houe, transforme complètement l’aspect d’un terrain donné.

218.Le prince GIHANA fut chargé de garder la frontière actuelle du Mayaga, immédiatement sise au Nord de Gakoma, cette dernière localité étant confiée à l’Armée Ababanda (cfr. n°154). Il faut remarquer qu’a cette époque, les Abalima ne se trouvaient pas en face du Burundi, mais bien du Bugesera ; la zone actuelle de Kirundo-Kanyinya en faisait encore partie. Mais le Bugesera était pratiquement devenu tributaire du Burundi et lui était allié. La section de Bahutu s’appelait Imbambanyi = les Virtuoses de la pique, ou Piquiers redoutables. Ils étaient partie intégrante la Milice et ne furent jamais considérés comme autonomes.

219.GIHANA se livra en Libérateur au Burundi, léguant sa fonction à son fils NYILURUBENGA. Sous le règne de YUHI IV GAHINDIRO, il arriva un petit incident, mais lié à des antécédents qui ne manquaient pas d’importance. La Reine Mère NYIRAYUHI IV NYIRATUNGA, avait été épousée par le Libérateur GIHANA. Ils avaient eu deux enfants, dont un garçon appelé MUNANA, futur ancêtre éponyme de la Famille des Abanana. En attendant cependant, ce MUNANA était un enfant né aveugle et horriblement déformé. Il se faisait donc que NYILURUBENGA était né d’un autre lit et que la rivale de sa mère, une fois veuve, avait eu la chance d’être connue du Roi MIBAMBWE III SENTABYO, au cours d’une partie de chasse que le monarque avait organisée dans la région du Mayaga. Le Roi mort prématurément, ses hommes de confiance s’étaient rappelé que la veuve de GIHANA avait eu de lui un jeune garçon, âgé alors de quelques mois seulement. Ils avaient été les chercher et les avaient intronisés.

  1. NYILURUBENGA vint donc à la Cour. La nouvelle Reine Mère se rappela-t-elle le dédain qu’on témoignait, dans la Famille, à son fils MUNANA ? Toujours est-il qu’elle appela NYILURUBENGA et lui ordonna de manger au même plat que MUNANA. Le dégoût que le Chef en éprouvait fut plus fort que tout : il refusa de manger avec ce déformé. II perdit non seulement ses commandements, mais encore sa propriété privée, la Reine Mère s’étant appliquée avec raffinement à le rendre aussi miséreux qu’être se pouvait.
  2. Le commandement passa à RWAMO, autre fils de GIHANA ; son successeur fut NDENGEYING0MA, qui légua la fonction à MBAGALIYE. Le fils de celui-ci, appelé NDIBYALIYE, BlOunit sous YUHI V MUSINGA, léguant sa fonction à MUNYUZANGABO. A la mort de ce dernier, son fils NIGAMAKWANDI, actuellement encore en vie, lui succéda.
  3. Par décision de CYILIMA II, les Abalima devaient rester,à perpétuité sous les ordres d’un descendant de GIHANA. La Cour respecta scrupuleusement ce décret. On n’osa même pas déroger à l’avènement de YUHI V MUSINGA, alors que NDIBYALIYEavait bataillé avec acharnement à Ructinshu en défendant MIBAMBWE IV RUTARINDWA. Son fils, le bien nommé MURASHI = (le Décocheur des flèches) y avait multiplié ses victimes parmi les partisans de MUSINGA. Il fut arrêté ensuite avec son père, on dut cependant les relâcher, les conseillers du nouveau règne ayant déclaré : « Il s’agit là du sang de GIHANA; si vous le versez; préparez-vous à quelque grave malheur. » Ainsi NDIBYALIYE fut-il laissé en paix et à la tête de l’Armée-Sociale Abalima.

Prestations : aucune, par décision de CYILIMA II. Armée-Bovine correspondante : Nyamumbe n° 67, p. 42).

  1. Intarindwa= les Irrésistibles.

223.L’Armée-Sociale Intarindwa fut créée par CYILIMA II; encore à l’état de Compagnie en formation initiale, la Milice faisait partie du groupe d’Armées placées sous le haut commandement du prince NDABARASA, chargé par son père d’attaquer le Royaume du Ndorwa. A cette époque-là, les massifs de Rutare (cimetière royal) et de Zoko, à la pointe Ouest du lac Muhazi, se trouvaient au Ndorwa. Le prince NDABARASA commença par reconquérir la zone, tellement lambeau du Rwanda primitif que le tombeau de KIGELI I MUKOBANYA se trouvait à Rutare, et par conséquent en pays devenu étranger.

224. Il reconquit ensuite le massif de Giti et y bâtit sa résidence, tandis que sa Milice personnelle, les Ababito, y établissait leur camp des Marches, face au massif de Muhura où l’Armée du Ndorwa avait fixé le sien. Mais la marche de NDABARASA était irrésistible : II reprit aux Armées du Ndorwa le massif de Muhura. En occupant le territoire constituant ainsi la province actuelle du Buganza-Nord, le prince s’était trouvé en face du Gisaka, dans sa zone au Nord du lac Muhazi, tandis que son frère SHARANGABO à la tête des Abakemba bataillait au Sud du même lac. On décida alors de diviser le commandement de NDABARASA. Il était chargé de continuer vers le Nord avec les Milices qu’on lui désignait, tandis que les Intarindwas’occuperaient du Gisaka au Nord du lac.

  1. En ce moment, la Cour nomma MUHUZI, fils de SENDAKIZE, à’la tête des Intarindwa. Il fixa son camp des Marches à Muhura même. La Milice comptait des héros passés à l’Histoire grâce à un très beau poème épique qui a conservé leurs noms et qui célèbre leurs exploits à l’occasion d’une bataille lors d’une attaque contre leur camp de Muhura.
  2. Nous savons que MUHUZI était encore en fonction sous YUHI IV GAHINDIRO (cfr, n°169). Il légua sa fonction à son fils RUSABAGANYA qui, sous le même règne, commanda en même temps l’Armée Ababito (cf n° 246). Pour récompenser les exploits personnels de ce Chef, le monarque lui promit sa fille URUJENI en mariage. Le Roi mourut malheureusement avant la célébration du mariage et la nouvelle Reine Mère, NYIRAMAVUGO NYIRAMONGI, toute à la ligne politique de rehausser la situation des siens, décida que la princesse serait donnée au nommé MPUNGA fils de BYAVU, dont elle était la tante. Mais la princesse s’y refusa, ne voulant pas épouser un homme jusque-là obscur, déclarant que son fiancé RUSABAGANYA serait seul son mari. Pour la forcer à abandonner cette idée, la Reine Mère destitua RUSABANGANYA de tous ses commandements.
  3. Les Intarindwa qui nous intéressent ici passèrent alors à GISHOMA, fils de BIHEZANDE. Il légua son commandement à son fils MYISHYWA, qui en fut destitué par KIGELI IV, probablement en relation avec l’Affaire de ku Mira, et la Milice fut donnée à KANYONYOMBA, fils de NDARWUBATSE. Autour de 1900, KANYONYOMBA ayant été condamné à mort, son commandement fut  donné à BUNYERELI, fils de MUHOZI, qui resta en fonction théoriquement jusqu’en 1931, année où YUHI V MUSINGA fut déposé. Depuis quelques générations cependant, la section des Batutsid’entre les Intarindwaavait disparu, on n’explique pas comment. Il ne restait plus que la section des Bahutu, attachés au service immédiat du régnant, composant principalement sa domesticité cfr. n° 354).

Prestations : Initialement aucune, parce que la Milice était affectée au service guerrier permanent; Dans la suite, se relayer au service intérieur de la Cour, dont celui des cuisines. Armée-Bovine correspondante : elle dut exister au début, mais ensuite les éleveurs ayant disparu, il n’en fut question.

  1. Ibenga = la Nappe d’eau profonde.

228.La Milice Ibenga fut créée par CYILIMA II. On notera que celle-ci et la précédente ont repris les dénominations de Compagnies existantes à l’époque au Burundi (dr. N°183). Il est bien possible que CYILIMA II ait voulu reprendre les deux noms en fonction d’un symbolisme magique. On ne sait pas le nom de celui qui en fut investi au début. Nous trouvons la Milice, sous KIGELI III NDABARASA, sous le commandement du prince SEDINDILI, fils de ce dernier. Il tenait son camp des Marches à Nyabigega près Rubona (dit de Nzoga) dans le Buganza-Rweya, face au Mubali.

229.Sous YUHI IV GAHINDIRO, le prince SEDINDILI, grand ami de son frère SEMUGAZA, fut compromis avec celui-ci. Ils décidèrent de quitter le pays en même temps. SEDINDILI nevoulut cependant pas se joindre à SEMUGAZA, car il entendait émigrer à son compte personnel et non sous le couvert d’un plus puissant que lui qui en retirerait tous les honneurs. Il dut  s’en repentir : lorsqu’il essaya de se mettre en marche, les lbenga furent bloqués par l’Armée Abalima (cfr. n°217) qui, à cet effet, avait établi son camp des Marches à Nyamiyaga près Juru. SEDINDILI fut battu et ses Compagnies dispersées. Il dut son salut à la fuite et se réfugia moins spectaculairement au Karagwe.

230.La Milice Ibenga fut alors placée sous le commandement de MAPFUNDA, fils de RUGEGE, de la Famille des Abenegatambira.Il légua sa fonction à son fils RUBIMBURA, auquel succéda SERUTAMU, qui vivait Sous YUHI V MUSINGA. La Milice était devenue définitivement faible, on ne sait à la suite de quelles circonstances. Prestations : Construction, à la Cour, de cases en un style spécial appelé ibihome = entretoises serrées.

Armée-bovine correspondante : inconnue dans les traditions recueillies ; elle a dû cependant exister, vu la classe de la Milice qui était capable de tenir un camp des Marches.

  1. Inzirwa = les Mortifères.
  2. 231. L’Armée-Sociale Inzirwa, dont la signification étymologique est plus exactement : Ceux a qui s’opposer est mortel, fut créée sous CYILIMA II, son Chef d’alors, qui semble l’avoir formée initialement à partir de ses propres serviteurs, était RUYUMBU, ancêtre éponyme de la Famille des Abayumbu. Il légua sa fonction à son fils VUNINGOMA, celui-ci –ci eut pour successeur son fils NGIRUMWAMI, plus connu sous le nom de BIHEMBE. Ce dernier en légua le commandement à son fils RUSIZI qui vivait sous MUTARA II. Son fils et successeur SAHARA mourut sous YUHI V MUSINGA, en léguant sa fonction à son fils RWANYABUGIGIRA, auquel a succédé MUNYERAGWE actuellement en vie.

 

  1. Les Inzirwa avaient deux camps des Marches, l’un à Gakuta (dit justement Gakuta des Inzirwa) face au royaume du Mubali, et l’autre au Busozo, face au Burundi du côté de la Rusizi. Sous KIGELI IV, la Milice fut scindée en deux :

1)Ses membres vivant à l’Est de la Nyabarongo furent maintenus sous le commandement de SAHARA ;

2)Ceux au contraire qui se trouvaient à l’Ouest de la même rivière, spécialement au Busozo, furent placés sous celui de KAMAKA.

 

  1. Cette dernière section, à la mort de KAMAKA, fut successivement commandée par les fonctionnaires qui vinrent après, lui, comme il a été indiqué à propos de la Milice Ababanda (n°157). Prestations : La milice en tant que telle, aucune, parce qu’affectée au service guerrier permanent. En raison cependant de fief annexe :

1)100 cruches de miel, provenant du Busozo, une fois par an ;

2)Un nombre indéterminé de barattes (fruits ultra-géants d’un genre de cucubirbitacés propres à certaines régions du pays). Armée-Bovine correspondante : elle dut exister, mais je n’en ai pas trouvé trace dans les informations recueillies.

 

  1. AbabIto = ?

 

  1. L’Armée-Sociale Ababito ne trouve pas dans notre langue une explication de son sens étymologique. Ce nom est celui de la Famille Dynastique du Bunyoro, royaume formant actuellement, une province de l’Uganda. On se rappelle que ce pays, du temps où il était encore puissant et plus étendu que de nos jours, envahit le Rwanda sous KIGELI I et sous MIBAMBWE I (cfr. n° 62 et143). La Compagnie initiale de ladite Milice aura été ainsi désignée par un vocable emprunté aux récits de nos Bardes. On a de nombreux exemples de Compagnies ayant porté des noms empruntés de la sorte aux pays étrangers.
  2. Cette Milice est attribuée par nos Bardes au règne de KIGELI III et nous nous conformons ici à la tradition. Nous savons cependant que le prince NDABARASA en commanda les premières Compagnies sous le règne de son père ; il en était lui-même membre et à son avènement il en fit sa Garde ou noyau de son Armée personnelle. A la tête de cette Milice il avait déjà conquis le Royaume du Ndorwa sous CYILIMA II; après son avènement, la même Armée conquit le Royaume du Mubali. La Compagnie qu’il dirigeait personnellement, et dont il confia plus tard le commandement en second à son fils BUTWATWA, s’appelait Urukatsa = le Concasseur. Le prince BUTWATWA mourut de tuberculose ; son commandement passa au prince SEMUGAZA. Plusieurs héros de cette Compagnie ont passé à l’Histoire, grâce aux Poèmes épiques qui narrent leurs exploits, aussi bien collectifs que personnels.
  3. A la mort de KIGELI III, le prince SEMUGAZA devint le Chef titulaire des Ababito ; le commandement en second des Urukatsa fut donné à son fils RUYENZI. Sous MIBAMBWE III SENTABYO, le prince SEMUGAZA, incontestablement le plus puissant guerrier à l’époque, n’était pas son partisan. Il ne soutenait pas non plus le prétendant GATARABUHURA, réfugié alors au Gisaka. II temporisait pour ne se déclarer ouvertement qu’au moment jugé favorable. Il avait en effet, en face de lui, deux Chefs très puissants, le prince KIMANUKA, frère aîné de MIBAMBWE et VUNINGOMA, fils de NYARWAYA-KARURETWA (n° 77). Ils étaient ouvertement du côté du nouveau monarque ; si puissant qu’il fût SEMUGAZA ne pouvait s’estimer plus fort que les deux ensembles.
  4. Lorsque la petite vérole emporta prématurément en même temps MIBAMBWR III et son frère KIMANUKA, alors SEMUGAZA se déclara pour le prétendant GATARABUILURA, qui rentra triomphalement du Gisaka. Les partisans de MIBAMBWE III, dont les principaux étaient le prince BALYINYONZA, son demi-frère, et le Chef NKEBYA, descendant de GAHINDIRO, fils MIBAMBWE II GISARURA, intronisèrent en hâte le jeune YUHI IV GAHINDIRO, âgé seulement de quelques mois. Le fils aîné de MIBAMBWE III, appelé NKENZABO, avait été emporté par la petite vérole en même temps que son père. Le prétendant GATARABUHURApassa à l’Ouest de la Nyabarongo et vint attaquer YUHI IV dans le centre du pays. Il fixa sa résidence provisoire àMayunzwe, dans la province actuelle du Nduga, tandis que YUHI IV et sa mère NYIRAYUHI IV NYIRATUNGA se trouvaient alors à Butare, localité marquée actuellement par un dispensaire sur la route principale Nyanza-Gitarama.
  5. Une circonstance, dont on ne tenait pas alors compte, devait jouer un rôle déterminant, le jour de la bataille finale. A savoir que la Reine Mère, NYIRATUNGA, était fille de RUTABANA, et que sa grande soeur MANDWA, était la mère du prince

SEMUGAZA. Celui-ci assista à la bataille sans intervenir tout d’abord. Lorsqu’il constata que les défenseurs de YUHIIV GAHINDIROse débandaient et que son maître GATARABUEURA l’emportait, le prince changea immédiatement de camp : les Urukatsa écrasèrent les Armées de GATARABUHURA et offrirent le cadeau de la victoire au fils de MIBAMBWE III. Apprenant la défaite de ses Armées, GATARABUHURA tenta de repasser à l’Est de la Nyabarongo, mais il fut trahi par son échanson qui l’arrêta à Kinyambi, dans la province du Rukoma. Notons, en passant, que le traître fut condamné à la peine de mort en même temps que son son maître. On reprocha à l’échanson infidèle d’avoir trahi son bienfaiteur ; qui pourrait désormais avoir confiance en lui ? Et puis, n’avait-il pas été parmi les principaux adversaires de YUHI IV? Il n’avait qu’a accompagner son maître à l’étranger, comme précédemment, au lieu de l’arrêter et de le livrer àceuxqui n’avaient pas sollicité ses services.

 

  1. Le prince SEMUGAZA, comme il fallait s’y attendre, futcomblé d’honneurs par sa tante et ensuite par YUHI IV fut en âge de le faire. Les fidèles de la première heure, BALYINYONZA et NKEBYA (Le Chef NKEBYA mourut foudroyé; on considéra cette fin comme une punition du« Roi-d’en-haut » (la Foudre) contre le crime que fut l’exil et la mort du prince SEMUGAZA à l’étranger), ne se résignèrent pas à passer indéfiniment au second plan. N’osant pas s’attaquer de front au puissant prince, ils s’en prirent à son protégé, KABANO, fils de KAZEGA, (fils, celui-ci, de  KIGELI III). Les machinations furent si efficacesque la Reine Mère finit par tomber dans le piège et admit la culpabilité de KABANO, représenté comme un empoisonneur, utilisantpour ce faire, des étrangers du Bujinja. Son co-accusé, le prince RUBAKA, fils de KIGELI III, fut livré au bourreau.

240. Or, KABANO avait été élevé chez SEMUGAZA et il vivait dans toujours dans la maison du prince. Par égards pour le prince, la  Reine Mère n’osa pas arrêter le « coupable », mais elle appela SEMUGAZA et lui demanda de se séparer de ce jeune malfaiteur. Elle dit au prince que, en raison de ses relations avec le jeune homme, celui-ci ne serait pas jugé, mais qu’on l’exilerait du Pays. Le prince se fâcha : « S’il est empoisonneur, il ne peut l’avoir appris que de moi, car il ne fut jamais éduqué par un autre que moi ! » La Cour se trouvait alors à Gihara, dans le Rukoma.Le prince la quitta ostensiblement, en prétextant qu’il allait exécuter des cérémonies avec sacrifice chez lui à Nyakayaga, dans le Buganza-Rweya actuel. A son départ de Gihara, tandis  qu’il venait de traverser la Nyabarongo, il vit sa résidence de Cour en flammes. Ses ennemis venaient de l’incendier, afin de le pousserà la révolte ouverte et de s’en débarrasser ainsi définitivement. Il envoya immédiatement un messager à la Cour disant : « Je veux ici même mon fils RUYENZI que je venais de laisser auprès de vous ; s’il ne vient pas, je viens moi-même le prendre !»  C’était la révolte que recherchaient ses ennemis, RUYENZI fut immédiatement envoyé à son père, car on redoutait son retour en révolté vu qu’on ne s’y était pas préparé.

241. SEMUGAZApassa plus d’une année à Nyakayaga. La Cour fit installer des camps des Marches entre Nyakayaga et la fron-tière, afin que si SEMUGAZA tentait de s’exiler à l’étranger, on lui barrât  passage en lui livrant bataille. L’Armée destinée à jouer plus grand rôle en cette affaire était les Ababanda. Elle avait une Compagnie fameuse, renommée à l’époque, du fait que tous ses membres étaient des virtuoses du bouclier. Elle s’appelait Abakotanyi = les Lutteurs acharnés, mais elle répondait au surnom de Amashashi,(yabuze cyimya) = les Génisses (que jamais taureau ne fut trouvé digne de saillir), expression qui signifie : les Indomptables. Elle était commandée par SEMUJYENDE, le propre fils de VUNINGOMA, Chef de la Milice Ababanda.

  1. Le prince SEMUGAZA avait décidé de s’exiler au Ndorwa et il reçut un jour la visite de SEMUJYENDE; celui-ci voulut savoir quelle époque il comptait quitter le Rwanda, puisque tout le monde lui prêtait ces intentions. SEMUGAZA répliqua en niant le fait, car son visiteur était chargé de lui barrer passage. Mais, RUYENZI qui assistait à l’entretien lui répondit : «  SEMUGAZA vous trompe ; nous partirons tel jour ! Ne vous en inquiétez pas du reste, car je vous donnerai le signal du départ en battant le tambour. Car voyez-vous, nous avons jusqu’ici connu les Amashashi dans le même camp que les Urakatsa et on n’a jamais pu savoir lesquels étaient les plus forts. Je brûle de la curiosité de ne plus avoir un doute à ce sujet ! » SEMUGAZA fut atterré par les propos de son fils et SEMUJYENDE rapporta la nouvelle à son camp. Il en avertit également les autres Milices campant dans la région.
  2. Au jour dit, RUYENZI battit le tambour un peu avant le jour et fit porter son père en hamac, le faisant escorter par les Abashahuzi(une Compagnie d’entre les Ababito qu’il ne faut pas confondre avec la Milice du même nom, n°148). La rencontre entre les deux fameuses Compagnies se termina par la destruction des Abakotanyi et la mort de leur Capitaine SEMUJYENDE. On assure que l’Armée Ababanda ne se releva jamais de ce désastre et qu’à partir de cette bataille, elle déchut de sa puissance d’antan, descendant progressivement à l’état de milice secondaire qui était le sien vers la fin des institutions anciennes.
  3. De son côté, la Compagnie A bashahuzi qui escortait SEMUGAZA remporta une victoire complète sur un Chef appelé BUSASA ; celui-ci commandait la Compagnie Abacumita =les Perforateurs. Elle était sans doute le noyau d’une nouvelle Milice ; mais elle fut anéantie et on n’en parla plus ; son chef BUSASA fut tué par le héros RUGAMBAGE, fils de NTARE, des Urukatsa qui escortaitSEMUGAZA, parce que, relevant de lamaladie du pian, il ne pouvait prendre part à la lutte contre les Abakotanyi. La rencontre avec les Abacumita eut lieu au ruisseau appelé Munyururu, à l’endroit qui porta depuis lors le nom deIngarnba-myambi = Où-la-parole-est-auxflèches.
  4. Les Urukatsa mirent également en fuite la Compagnie Abahura-mbuga= les Manieurs du javelot, de l’Armée Intaganzwa (n° 315), dont le Directeur des combats était NYAGATANDA. Quant aux Armées Abashubije et Abashmba qui campaient à Gabiro sous le commandement de BINAMA, fils de KIMANUKA, elles ne bougèrent pas de leur camp. Elles virent passer le convoi des émigrants redoutables, tandis que BINAMA disait : « Mon oncle SEMUGAZA peut s’en aller en paix ; à défaut de lui faire l’escorte d’honneur, je n’aurais jamais l’idée, de le combattre ». Cette passivité de BINAMA, chose étonnante, ne lui fut pas reprochée, tout au contraire. Il reçut en effet le commandement sur les Ababito demeurés dans le pays, et devint ainsi le successeur de SEMUGAZA. Il faut supposer, si on songe au sort réservé au Chef Muyango (n° 253), que BINAMA devait avoir reçu des ordres précis de la Cour, à la suite de consultations divinatoires ayant abouti à la non-intervention des A bashubije- Abashumba.
  5. BINAMA fut destitué cependant sous le même règne. Motif : sa Milice étant engagée dans une bataille contre des guerriers du Burundi, elle avait été battue et dispersée. BINAMA s’était caché dans la forêt en compagnie de son subalterne appelé RUGEMA, fils de RUGANGAZI, de la Famille des Abaganzu. Au moment qu’ils jugèrent favorable pour sortir de la cachette et rentrer, BINAMA aperçut un groupe de huit guerriers du Burundi qui venaient en sens inverse à leur rencontre. BINAMA s’arrêta etdit trois fois de suite : « Ces Barundi-là sont huit !» ExcédéRUGEMA répondit en colère : « Va les rejoindre pour être le neuvième, afin que je puisse vous prélever les trophées à tous les neuf ensemble !» Ce qu’ayant déclaré, RUGEMA mit les huit Barundi en fuite, en leur faisant croire qu’ils tombaient dans une  embuscade : la scène se passait en forêt. Ces faits et gestes ayant été rapportés à la Cour, BINAMA perdit son commandement, qui fut donné au notable RUGEMA, ainsi récompensé. Il fut tué au Burundi, lors du désastre de ku Muharuro. YUHI IV lui donna comme successeur le héros RUSABAGANYA, fils de MUHUZI, déjà Chef des Intarindwa. Lorsqu’il en fut dépossédé sous MUTARA II RWOGERA, les Abatito passèrent à RUGAMBWA, fils de MUNANA. Il1e légua à son fils NYANKIKO, dont le successeur fut son fils IYAMBAYUMUYOBE, mais qui ne fit pas long feu :KIGELI IV RWABUGILI le destitua en faveur de REMERA, fils de VUNINGOMA, déjà Chef des Ababanda. C’était du vivant de la Reine Mère. A la mort de cette dernière à cause de cela, REMERAfut destitué et livré au bourreau, autour de 1869.

247.Les Ababito rentrèrent alors dans la Maison de Semugaza., confiés à son petit-fils MITIMA, fils de RUYENZI. Il légua sa fonction à son fils RWAMITWE. Ce dernier, lors de l’Affaire de ku Mira, fut destitué et son successeur fut MUGUGU, -fils de SHUMBUSHO. Dans les premiers mois de l’éphémère MIBAMBWE IV RUTARINDWA, MUGUGU fut condamné à mort et son commandement passa à RUTISHEREKA, fils de SENTAMA. Ce fonctionnaire tomba en disgrâce et fut livré au bourreau en 1899 sous YUHI V MUSINGA. Son commandement fut donné à KAVUNVULI, fils de RWARINDA, de la Famille des Abahindiro. Il 1e légua à son fils NYAGASAZA, qui, lors des troubles de novembre 1959, était encore en vie. Prestations : la Milice en tant que telle, aucune, parce qu’affectée initialement au service guerrier permanent. Armée-Bovine correspondante : Inkungu (cfr. H.A.B. n° 116- 117, p. 68-69).

 

  1. Abatanguha = les Fidèles-à-leurs-engagements.

248. Comme la précédente, l’Armée-Sociale Abatanguha fut pratiquement formée sous le règne précédent. En tant que Compagnie initiale, elle était commandée par KAMALI, fils de GAHULIRO. Nous nous en tenons cependant à la tradition qui veut qu’elle fût créée en tant qu’Armée, du moins officiellement déclarée telle, sous KIGELI III NDABARASA, qui, prince encore, en était le commandant suprême. Les Abatanguha faisaient, en effet, partie du groupe d’Armées que CYILIMA II avaient placées sous  les ordres de son fils, dans la lutte contre le Ndorwa. Lorsque sous le règne de KIGELI III, le Chef KAMALI reçut d’autres commandements, les Abatanguha passèrent à RUKALI, fils de MUHABURA, grand favori du monarque. Le Campa des Marches des Abatanguha était à Nyabwunyu, dans la province actuelle du Mutara, face au Ndorwa.

249.A l’avènement de MIBAMBWE III, alors qu’il séjournait à Gasange, dans le Buganza sur la rive Nord du lac Muhazi. RUKALI fut destitué et condamné à mort par noyade dans le lac même, pour avoir soutenu le prétendant GATARABUHURA. On l’accusait même d’avoir été à l’origine de cette lutte de compétition au trône ; il aurait laissé croire au prince que KIGALI III lui en avait confié le secret. Les Abatanguka furent alors donnés au prince NYEMINA, demi-frère du nouveau monarque. Il légua sa fonction à MAKOMBE, auquel succéda RUBAMBO. Celui-ci fut tué au Burundi lors du désastre de ku Muharuro sousIV YUHI IVGAHINDIRO. Son successeur fut son frère BITEBERA qui légua le commandement à son fils RUTUGANCURO ; il Virait sous MUTARA II RWOGERA. Son fils SEMANYONGA fut destitué par KIGELI IV RWABUGILI. Tandis que le monarque accordait l’Armée-Bovine Mpahwe à KABARE,fils de RWAKAGARA, il donna la Milice Abatanguha à SEMULIMA, fils de SAYINZOGA, de la Famille des Abarenzi. SEMULIMAr légua sa fonction à son fils ZIMURINDA. Celui-ci mourut sous YUHI V MUSINGA en léguant sa dignité à son fils RWABUKWISI, Ce dernier mourut il y a quelque 10 ans. Prestations : aucune, la Milice étant dès le début affectée au service actif permanent. Armée-Bovine correspondante Mpahwe (H.A B. n° 124-127, 25. 72-73).

  1. Ibisiga = les Oiseaux de proie.

250. L’Armée-Sociale Ibisiga fut créée sous KIGELI III par son fils KIMANUKA. La Milice fut assez importante à l’époque, puisqu’elle tenait un camp des Marches dans le Bugesera, face au Burundi. KIMANUKA en légua le commandement à son fils BASOTA. Ce fonctionnaire vivait certainement sous MUTARA II, car il joua un rôle dans la condamnation de KABINDI, fils du Chef NYARWAYA-NYAMUTEZI, qu’il avait arrêté au Bugesera et livré à la cour qui le recherchait (cfr. 326). BASOTA légua sa fonction à son fils MUREGO. Sous KIGELI IV RWABUGILI, ce fonctionnaire fut destitué et son commandement passa à SEMULIMA, fils de SAYINZOGA. A partir de SEMULIMA, la ‘succession des Chefs s’opéra comme indiqué à propos de la itfilice précédente.

Prestations aucune, pour les mêmes raisons. Armée-Bovine correspondante : je n’ai obtenu aucune information à ce sujet ; c’était en toute hypothèse la corporation bovine que le prince KIMANUKA légua à BASOTA, mais dont j’ignore le nom et le sort.

  1. Abalima = les Anéantisseurs.

217.L’Armée-Sociale Abalima fut créée par CYILINIA II qui la plaça  sous le commandement de son fils GIHANA, le grand Libérateur. La signification étymologique de la Milice, du verbe kulima = labourer, ne s’arrête évidemment pas à ce sens primaire et obvie, qui en ferait les Laboureurs ; c’est la signification figurée qui est d’application : bouleverser, anéantir,  à la manière d’un laboureur qui, armé de sa houe, transforme complètement l’aspect d’un terrain donné.

218.Le prince GIHANA fut chargé de garder la frontière actuelle du Mayaga, immédiatement sise au Nord de Gakoma, cette dernière localité étant confiée à l’Armée Ababanda (cfr. n°154). Il faut remarquer qu’a cette époque, les Abalima ne se trouvaient pas en face du Burundi, mais bien du Bugesera ; la zone actuelle de Kirundo-Kanyinya en faisait encore partie. Mais le Bugesera était pratiquement devenu tributaire du Burundi et lui était allié. La section de Bahutu s’appelait Imbambanyi = les Virtuoses de la pique, ou Piquiers redoutables. Ils étaient partie intégrante la Milice et ne furent jamais considérés comme autonomes.

219.GIHANA se livra en Libérateur au Burundi, léguant sa fonction à son fils NYILURUBENGA. Sous le règne de YUHI IV GAHINDIRO, il arriva un petit incident, mais lié à des antécédents qui ne manquaient pas d’importance. La Reine Mère NYIRAYUHI IV NYIRATUNGA, avait été épousée par le Libérateur GIHANA. Ils avaient eu deux enfants, dont un garçon appelé MUNANA, futur ancêtre éponyme de la Famille des Abanana. En attendant cependant, ce MUNANA était un enfant né aveugle et horriblement déformé. Il se faisait donc que NYILURUBENGA était né d’un autre lit et que la rivale de sa mère, une fois veuve, avait eu la chance d’être connue du Roi MIBAMBWE III SENTABYO, au cours d’une partie de chasse que le monarque avait organisée dans la région du Mayaga. Le Roi mort prématurément, ses hommes de confiance s’étaient rappelé que la veuve de GIHANA avait eu de lui un jeune garçon, âgé alors de quelques mois seulement. Ils avaient été les chercher et les avaient intronisés.

  1. NYILURUBENGA vint donc à la Cour. La nouvelle Reine Mère se rappela-t-elle le dédain qu’on témoignait, dans la Famille, à son fils MUNANA ? Toujours est-il qu’elle appela NYILURUBENGA et lui ordonna de manger au même plat que MUNANA. Le dégoût que le Chef en éprouvait fut plus fort que tout : il refusa de manger avec ce déformé. II perdit non seulement ses commandements, mais encore sa propriété privée, la Reine Mère s’étant appliquée avec raffinement à le rendre aussi miséreux qu’être se pouvait.
  2. Le commandement passa à RWAMO, autre fils de GIHANA ; son successeur fut NDENGEYING0MA, qui légua la fonction à MBAGALIYE. Le fils de celui-ci, appelé NDIBYALIYE, BlOunit sous YUHI V MUSINGA, léguant sa fonction à MUNYUZANGABO. A la mort de ce dernier, son fils NIGAMAKWANDI, actuellement encore en vie, lui succéda.
  3. Par décision de CYILIMA II, les Abalima devaient rester,à perpétuité sous les ordres d’un descendant de GIHANA. La Cour respecta scrupuleusement ce décret. On n’osa même pas déroger à l’avènement de YUHI V MUSINGA, alors que NDIBYALIYE avait bataillé avec acharnement à Ructinshu en défendant MIBAMBWE IV RUTARINDWA. Son fils, le bien nommé MURASHI = (le Décocheur des flèches) y avait multiplié ses victimes parmi les partisans de MUSINGA. Il fut arrêté ensuite avec son père, on dut cependant les relâcher, les conseillers du nouveau règne ayant déclaré : « Il s’agit là du sang de GIHANA; si vous le versez; préparez-vous à quelque grave malheur. » Ainsi NDIBYALIYE fut-il laissé en paix et à la tête de l’Armée-Sociale Abalima. Prestations : aucune, par décision de CYILIMA II. Armée-Bovine correspondante : Nyamumbe n° 67, p. 42).

 

  1. Intarindwa= les Irrésistibles.

223.L’Armée-Sociale Intarindwafut créée par CYILIMA II; encore à l’état de Compagnie en formation initiale, la Milice faisait partie du groupe d’Armées placées sous le haut commandement du prince NDABARASA, chargé par son père d’attaquer le Royaume du Ndorwa. A cette époque-là, les massifs de Rutare (cimetière royal) et de Zoko, à la pointe Ouest du lac Muhazi, se trouvaient au Ndorwa. Le prince NDABARASA commença par reconquérir la zone, tellement lambeau du Rwanda primitif que le tombeau de KIGELI I MUKOBANYA se trouvait à Rutare, et par conséquent en pays devenu étranger.

224.Il reconquit ensuite le massif de Giti et y bâtit sa résidence, tandis que sa Milice personnelle, les Ababito, y établissait leur camp des Marches, face au massif de Muhura où l’Armée du Ndorwa avait fixé le sien. Mais la marche de NDABARASA était irrésistible : II reprit aux Armées du Ndorwa le massif de Muhura. En occupant le territoire constituant ainsi la province actuelle du Buganza-Nord, le prince s’était trouvé en face du Gisaka, dans sa zone au Nord du lac Muhazi, tandis que son frère SHARANGABO à la tête des Abakemba bataillait au Sud du même lac. On décida alors de diviser le commandement de NDABARASA. Il était chargé de continuer vers le Nord avec les Milices qu’on lui désignait, tandis que les Intarindwas’occuperaient du Gisaka au Nord du lac.

  1. En ce moment, la Cour nomma MUHUZI, fils de SENDAKIZE, à’la tête des Intarindwa. Il fixa son camp des Marches à Muhura même. La Milice comptait des héros passés à l’Histoire grâce à un très beau poème épique qui a conservé leurs noms et qui célèbre leurs exploits à l’occasion d’une bataille lors d’une attaque contre leur camp de Muhura.
  2. Nous savons que MUHUZI était encore en fonction sous YUHI IV GAHINDIRO (cfr, n°169). Il légua sa fonction à son fils RUSABAGANYA qui, sous le même règne, commanda en même temps l’Armée Ababito (cf n° 246). Pour récompenser les exploits personnels de ce Chef, le monarque lui promit sa fille URUJENI en mariage. Le Roi mourut malheureusement avant la célébration du mariage et la nouvelle Reine Mère, NYIRAMAVUGO NYIRAMONGI, toute à la ligne politique de rehausser la situation des siens, décida que la princesse serait donnée au nommé MPUNGA fils de BYAVU, dont elle était la tante. Mais la princesse s’y refusa, ne voulant pas épouser un homme jusque-là obscur, déclarant que son fiancé RUSABAGANYA serait seul son mari. Pour la forcer à abandonner cette idée, la Reine Mère destitua RUSABANGANYA de tous ses commandements.
  3. Les Intarindwa qui nous intéressent ici passèrent alors à GISHOMA, fils de BIHEZANDE. Il légua son commandement à son fils MYISHYWA, qui en fut destitué par KIGELI IV, probablement en relation avec l’Affaire de ku Mira, et la Milice fut donnée à KANYONYOMBA, fils de NDARWUBATSE. Autour de 1900, KANYONYOMBA ayant été condamné à mort, son commandement fut  donné à BUNYERELI, fils de MUHOZI, qui resta en fonction théoriquement jusqu’en 1931, année où YUHI V MUSINGA fut déposé. Depuis quelques générations cependant, la section des Batutsid’entre les Intarindwaavait disparu, on n’explique pas comment. Il ne restait plus que la section des Bahutu, attachés au service immédiat du régnant, composant principalement sa domesticité cfr. n° 354). Prestations : Initialement aucune, parce que la Milice était affectée au service guerrier permanent; Dans la suite, se relayer au service intérieur de la Cour, dont celui des cuisines. Armée-Bovine correspondante : elle dut exister au début, mais ensuite les éleveurs ayant disparu, il n’en fut question.

 

  1. Ibenga = la Nappe d’eau profonde.

228.La Milice Ibengafut créée par CYILIMA II. On notera que celle-ci et la précédente ont repris les dénominations de Compagnies existantes à l’époque au Burundi (dr. N°183). Il est bien possible que CYILIMA II ait voulu reprendre les deux noms en fonction d’un symbolisme magique. On ne sait pas le nom de celui qui en fut investi au début. Nous trouvons la Milice, sous KIGELI III NDABARASA, sous le commandement du prince SEDINDILI, fils de ce dernier. Il tenait son camp des Marches à Nyabigega près Rubona (dit de Nzoga) dans le Buganza-Rweya, face au Mubali.

229.Sous YUHI IV GAHINDIRO, le prince SEDINDILI, grand ami de son frère SEMUGAZA, fut compromis avec celui-ci. Ils décidèrent de quitter le pays en même temps. SEDINDILI nevoulut cependant pas se joindre à SEMUGAZA, car il entendait émigrer à son compte personnel et non sous le couvert d’un plus puissant que lui qui en retirerait tous les honneurs. Il dut  s’en repentir : lorsqu’il essaya de se mettre en marche, les lbengafurent bloqués par l’Armée Abalima (cfr. n°217) qui, à cet effet, avait établi son camp des Marches à Nyamiyaga près Juru. SEDINDILI fut battu et ses Compagnies dispersées. Il dut son salut à la fuite et se réfugia moins spectaculairement au Karagwe.

230.La Milice Ibenga fut alors placée sous le commandement de MAPFUNDA, fils de RUGEGE, de la Famille des Abenegatambira.Il légua sa fonction à son fils RUBIMBURA, auquel succéda SERUTAMU, qui vivait Sous YUHI V MUSINGA. La Milice était devenue définitivement faible, on ne sait à la suite de quelles circonstances. Prestations : Construction, à la Cour, de cases en un style spécial appelé ibihome = entretoises serrées.  Armée-bovine correspondante : inconnue dans les traditions recueillies ; elle a dû cependant exister, vu la classe de la Milice qui était capable de tenir un camp des Marches.

  1. Inzirwa = les Mortifères.
  2. 231. L’Armée-Sociale Inzirwa, dont la signification étymologique est plus exactement : Ceux a qui s’opposer est mortel, fut créée sous CYILIMA II, son Chef d’alors, qui semble l’avoir formée initialement à partir de ses propres serviteurs, était RUYUMBU, ancêtre éponyme de la Famille des Abayumbu. Il légua sa fonction à son fils VUNINGOMA, celui-ci –ci eut pour successeur son fils NGIRUMWAMI, plus connu sous le nom de BIHEMBE. Ce dernier en légua le commandement à son fils RUSIZI qui vivait sous MUTARA II. Son fils et succusseur SAHARA mourut sous YUHI V MUSINGA, en léguant sa fonction à son fils RWANYABUGIGIRA, auquel a succédé MUNYERAGWE actuellement en vie.

 

  1. Les Inzirwaavaient deux camps des Marches, l’un à Gakuta (dit justement Gakuta des Inzirwa) face au royaume du Mubali, et l’autre au Busozo, face au Burundi du côté de la Rusizi. Sous KIGELI IV, la Milice fut scindée en deux :

1)Ses membres vivant à l’Est de la Nyabarongo furent maintenus sous le commandement de SAHARA ;

2)Ceux au contraire qui se trouvaient à l’Ouest de la même rivière, spécialement au Busozo, furent placés sous celui de KAMAKA.

 

  1. Cette dernière section, à la mort de KAMAKA, fut successisivement commandée par les fonctionnaires qui vinrent après ,lui, comme il a été indiqué à propos de la Milice Ababanda (n°157).

Prestations : La milice en tant que telle, aucune, parce qu’affectée au service guerrier permanent. En raison cependant de fief annexe :

1)100 cruches de miel, provenant du Busozo, une fois par an ;

2)Un nombre indéterminé de barattes (fruits ultra-géants d’un genre de cucubirbitacés propres à certaines régions du pays).

Armée-Bovine correspondante : elle dut exister, mais je n’en ai pas touvé trace dans les informations recueillies.

 

  1. Ababito = ?

 

  1. L’Armée-Sociale Ababito ne trouve pas dans notre langue une explication de son sens étymologique. Ce nom est celui dela Famille Dynastique du Bunyoro, royaume formant actuellement, une province de l’Uganda. On se rappelle que ce pays, du temps où il était encore puissant et plus étendu que de nos jours, envahit le Rwanda sous KIGELI I et sous MIBAMBWE I (cfr. n° 62 et143). La Compagnie initiale de ladite Milice aura été ainsi désignée par un vocable emprunté aux récits de nos Bardes. On a de nombreux exemples de Compagnies ayant porté des noms empruntés de la sorte aux pays étrangers.

 

  1. Cette Milice est attribuée par nos Bardes au règne de KIGELI III et nous nous conformons ici à la tradition. Nous savons cependant que le prince NDABARASA en commanda les premières Compagnies sous le règne de son père ; il en était lui-même membre et à son avènement il en fit sa Garde ou noyau de son Armée personnelle. A la tête de cette Milice il avait déjà conquis le Royaume du Ndorwa sous CYILIMA II; après son avènement, la même Armée conquit le Royaume du Mubali. La Compagnie qu’il dirigeait personnellement, et dont il confia plus tard le commandement en second à son fils BUTWATWA, s’appelait Urukatsa = le Concasseur. Le prince BUTWATWA mourut de tuberculose ; son commandement passa au prince SEMUGAZA. Plusieurs héros de cette Compagnie ont passé à l’Histoire, grâce aux Poèmes épiques qui narrent leurs exploits, aussi bien collectifs que personnels.

 

  1. A la mort de KIGELI III, le prince SEMUGAZA devint le Chef titulaire des Ababito ; le commandement en second des Urukatsa fut donné à son fils RUYENZI. Sous MIBAMBWE III SENTABYO, le prince SEMUGAZA, incontestablement le plus puissant guerrier à l’époque, n’était pas son partisan. Il ne soutenait pas non plus le prétendant GATARABUHURA, réfugié alors au Gisaka. II temporisait pour ne se déclarer ouvertement qu’au moment jugé favorable. Il avait en effet, en face de lui, deux Chefs très puissants, le prince KIMANUKA, frère aîné de MIBAMBWE et VUNINGOMA, fils de NYARWAYA-KARURETWA (n° 77). Ils étaient ouvertement du côté du nouveau monarque ; si puissant qu’il fût SEMUGAZA ne pouvait s’estimer plus fort que les deux ensembles.

 

  1. Lorsque la petite vérole emporta prématurément en même temps MIBAMBWR III et son frère KIMANUKA, alors SEMUGAZA se déclara pour le prétendant GATARABUILURA, qui rentra triomphalement du Gisaka. Les partisans de MIBAMBWE III, dont les principaux étaient le prince BALYINYONZA, son demi-frère, et le Chef NKEBYA, descendant de GAHINDIRO, fils MIBAMBWE II GISARURA, intronisèrent en hâte le jeune YUHI IV GAHINDIRO, âgé seulement de quelques mois. Le fils aîné de MIBAMBWE III, appelé NKENZABO, avait été emporté par la petite vérole en même temps que son père. Le prétendant GATARABUHURApassa à l’Ouest de la Nyabarongo et vint attaquer YUHI IV dans le centre du pays. Il fixa sa résidence provisoire àMayunzwe, dans la province actuelle du Nduga, tandis que YUHI IV et sa mère NYIRAYUHI IV NYIRATUNGA se trouvaient alors à Butare, localité marquée actuellement par un dispensaire sur la route principale Nyanza-Gitarama.

 

  1. Une circonstance, dont on ne tenait pas alors compte, devait jouer un rôle déterminant, le jour de la bataille finale. A savoir que la Reine Mère, NYIRATUNGA, était fille de RUTABANA, et que sa grande soeur MANDWA, était la mère du prince SEMUGAZA. Celui-ci assista à la bataille sans intervenir tout d’abord. Lorsqu’il constata que les défenseurs de YUHIIV GAHINDIROse débandaient et que son maître GATARABUEURA l’emportait, le prince changea immédiatement de camp : les Urukatsaécrasèrent les Armées de GATARABUHURAet offrirent le cadeau de la victoire au fils de MIBAMBWE III. Apprenant la défaite de ses Armées, GATARABUHURA tenta de repasser à l’Est de la Nyabarongo, mais il fut trahi par son échanson qui l’arrêta à Kinyambi, dans la province du Rukoma. Notons, en passant, que le traître fut condamné à la peine de mort en même temps que son son maître. On reprocha à l’échanson infidèle d’avoir trahi son bienfaiteur ; qui pourrait désormais avoir confiance en lui ? Et puis, n’avait-il pas été parmi les principaux adversaires de YUHI IV? Il n’avait qu’a accompagner son maître à l’étranger, comme précédemment, au lieu de l’arrêter et de le livrer àceuxqui n’avaient pas sollicité ses services.

 

  1. Le prince SEMUGAZA, comme il fallait s’y attendre, futcomblé d’honneurs par sa tante et ensuite par YUHI IV fut en âge de le faire. Les fidèles de la première heure, BALYINYONZA et NKEBYA (Le Chef NKEBYA mourut foudroyé; on considéra cette fin comme une punition du« Roi-d’en-haut » (la Foudre) contre le crime que fut l’exil et la mort du prince SEMUGAZA à l’étranger), ne se résignèrent pas à passer indéfiniment au second plan. N’osant pas s’attaquer de front au puissant prince, ils s’en prirent à son protégé, KABANO, fils de KAZEGA, (fils, celui-ci, de  KIGELI III). Les machinations furent si efficacesque la Reine Mère finit par tomber dans le piège et admit la culpabilité de KABANO, représenté comme un empoisonneur, utilisantpour ce faire, des étrangers du Bujinja. Son co-accusé, le prince RUBAKA, fils de KIGELI III, fut livré au bourreau.

 

240.Or, KABANO avait été élevé chez SEMUGAZA et il vivait dans toujours dans la maison du prince. Par égards pour le prince, la  Reine Mère n’osa pas arrêter le « coupable », mais elle appelaSEMUGAZA et lui demanda de se séparer de ce jeune malfaiteur. Elle dit au prince que, en raison de ses relations avec le jeune homme, celui-ci ne serait pas jugé, mais qu’on l’exilerait du Pays. Le prince se fâcha : « S’il est empoisonneur, il ne peut l’avoir appris que de moi, car il ne fut jamais éduqué par un autre que moi ! » La Cour se trouvait alors à Gihara, dans le Rukoma.Le prince la quitta ostensiblement, en prétextant qu’il allait exécuter des cérémonies avec sacrifice chez lui à Nyakayaga, dans le Buganza-Rweya actuel. A son départ de Gihara, tandis  qu’il venait de traverser la Nyabarongo, il vit sa résidence de Cour en flammes. Ses ennemis venaient de l’incendier, afin de le pousserà la révolte ouverte et de s’en débarrasser ainsi définitivement. Il envoya immédiatement un messager à la Cour disant : « Je veux ici même mon fils RUYENZI que je venais de laisser auprès de vous ; s’il ne vient pas, je viens moi-même le prendre !»  C’était la révolte que recherchaient ses ennemis, RUYENZI fut immédiatement envoyé à son père, car on redoutait son retour en révolté vu qu’on ne s’y était pas préparé.

 

241.SEMUGAZApassa plus d’une année à Nyakayaga. La Cour fit installer des camps des Marches entre Nyakayaga et la fron-tière, afin que si SEMUGAZA tentait de s’exiler à l’étranger, on lui barrât  passage en lui livrant bataille. L’Armée destinée à jouer plus grand rôle en cette affaire était les Ababanda. Elle avait une Compagnie fameuse, renommée à l’époque, du fait que tous sesmembres étaient des virtuoses du bouclier. Elle s’appelait Abakotanyi = les Lutteurs acharnés, mais elle répondait au surnom de Amashashi,(yabuze cyimya) = les Génisses (que jamais taureau ne fut trouvé digne de saillir), expression qui signifie : les Indomptables. Elle était commandée par SEMUJYENDE, le propre fils de VUNINGOMA, Chef de la Milice Ababanda.

 

  1. Le prince SEMUGAZA avait décidé de s’exiler au Ndorwa et il recut un jour la visite de SEMUJYENDE; celui-ci voulut savoir quelle époque il comptait quitter le Rwanda, puisque tout le monde lui prêtait ces intentions. SEMUGAZA répliqua en niant le fait, car son visiteur était chargé de lui barrer passage. Mais,RUYENZI qui assistait à l’entretien lui répondit : «  SEMUGAZA vous trompe ; nous partirons tel jour ! Ne vous en inquiétez pas dureste, car je vous donnerai le signal du départ en battant le tambour. Car voyez-vous, nous avons jusqu’ici connu les Amashashidans le même camp que les Urakatsa et on n’a jamais pu savoir lesquels étaient les plus forts. Je brûle de la curiosité de ne plus avoir un doute à ce sujet ! » SEMUGAZA fut atterré par les propos de son fils et SEMUJYENDE rapporta la nouvelle à son camp. Il en avertit également les autres Milices campant dans la région.

 

  1. Au jour dit, RUYENZI battit le tambour un peu avant le jouret fit porter son père en hamac, le faisant escorter par les Abashahuzi(une Compagnie d’entre les Ababito qu’il ne faut pas confondre avec la Milice du même nom, n°148). La rencontre entre les deux fameuses Compagnies se termina par la destruction des Abakotanyi et la mort de leur Capitaine SEMUJYENDE.

On assure que l’Armée Ababanda ne se releva jamais de ce désastre et qu’à partir de cette bataille, elle déchut de sa puissance d’antan, descendant progressivement à l’état de milice secondaire qui était le sien vers la fin des institutions anciennes.

 

  1. De son côté, la Compagnie A bashahuzi qui escortait SEMUGAZA remporta une victoire complète sur un Chef appelé BUSASA ; celui-ci commandait la Compagnie Abacumita =les Perforateurs. Elle était sans doute le noyau d’une nouvelle Milice ; mais elle fut anéantie et on n’en parla plus ; son chef BUSASA fut tué par le héros RUGAMBAGE, fils de NTARE, des Urukatsa qui escortaitSEMUGAZA, parce que, relevant de lamaladie du pian, il ne pouvait prendre part à la lutte contre les Abakotanyi. La rencontre avec les Abacumita eut lieu au ruisseau appelé Munyururu, à l’endroit qui porta depuis lors le nom deIngarnba-myambi = Où-la-parole-est-auxflèches.

 

  1. Les Urukatsamirent également en fuite la CompagnieAbahura-mbuga= les Manieurs du javelot, de l’Armée Intaganzwa (n° 315), dont le Directeur des combats était NYAGATANDA. Quant aux Armées Abashubijeet Abashmbaqui campaient à Gabiro sous le commandement de BINAMA, fils de KIMANUKA, elles ne bougèrent pas de leur camp. Elles virent passer le convoi des émigrants redoutables, tandis que BINAMA disait : « Mon oncle SEMUGAZA peut s’en aller en paix ; à défantde lui faire l’escorte d’honneur, je n’aurais jamais l’idée, de le combattre ». Cette passivité de BINAMA, chose étonnante, ne lui fut pas reprochée, tout au contraire. Il reçut en effet le commandement sur les Ababito demeurés dans le pays, et devint ainsi le successeur de SEMUGAZA. Il faut supposer, si on songe au sort réservé au Chef Muyango (n° 253), que BINAMA devait avoir reçu des ordres précis de la Cour, à la suite de consultations divinatoires ayant abouti à la non-intervention des A bashubije- Abashumba.

 

  1. BINAMA fut destitué cependant sous le même règne. Motif : sa Milice étant engagée dans une bataille contre desguerriers du Burundi, elle avait été battue et dispersée. BINAMA s’était caché dans la forêt en compagnie de son subalterne appeléRUGEMA, fils de RUGANGAZI, de la Famille des Abaganzu. Au moment qu’ils jugèrent favorable pour sortir de la cachette et rentrer, BINAMA aperçut un groupe de huit guerriers du Burundi qui venaient en sens inverse à leur rencontre. BINAMA s’arrêta etdit trois fois de suite : « Ces Barundi-là sont huit !» ExcédéRUGEMA répondit en colère : « Va les rejoindre pour être le neuvième, afin que je puisse vous prélever les trophées à tous les neuf ensemble !» Ce qu’ayant déclaré, RUGEMA mit les huit Barundi en fuite, en leur faisant croire qu’ils tombaient dans une  embuscade : la scène se passait en forêt. Ces faits et gestes ayant été rapportés à la Cour, BINAMA perdit son commandement, qui fut donné au notable RUGEMA, ainsi récompensé. Il fut tué au Burundi, lors du désastre de ku Muharuro. YUHI IV lui donna comme successeur le héros RUSABAGANYA, fils de MUHUZI, déjà Chef des Intarindwa. Lorsqu’il en fut dépossédé sous MUTARA II RWOGERA, les Abatito passèrent à RUGAMBWA, fils de MUNANA. Il1e légua à son fils NYANKIKO, dont le successeur fut son fils IYAMBAYUMUYOBE, mais qui ne fit pas long feu :KIGELI IV RWABUGILI le destitua en faveur de REMERA, fils de VUNINGOMA, déjà Chef des Ababanda. C’était du vivant de la Reine Mère. A la mort de cette dernière à cause de cela, REMERAfut destitué et livré au bourreau, autour de 1869.

 

247.LesAbabitorentrèrent alors dans la Maison de Semugaza., confiés à son petit-fils MITIMA, fils de RUYENZI. Il légua sa fonction à son fils RWAMITWE. Ce dernier, lors de l’Affaire de ku Mira, fut destitué et son successeur fut MUGUGU, -fils de SHUMBUSHO. Dans les premiers mois de l’éphémère MIBAMBWE IV RUTARINDWA, MUGUGU fut condamné à mort et son commandement passa à RUTISHEREKA, fils de SENTAMA. Ce fonctionnaire tomba en disgrâce et fut livré au bourreau en 1899 sous YUHI V MUSINGA. Son commandement fut donné à KAVUNVULI, filsde RWARINDA, de la Famille des Abahindiro. Il 1e légua à son fils NYAGASAZA, qui, lors des troubles de novembre 1959, était encore en vie. Prestations : la Milice en tant que telle, aucune, parce qu’affectée initialement au service guerrier permanent. Armée-Bovine correspondante : Inkungu (cfr. H.A.B. n° 116- 117, p. 68-69).

  1. Abatanguha = les Fidèles-à-leurs-engagements.

248.Comme la précédente, l’Armée-Sociale Abatanguha fut pratiquement formée sous le règne précédent. En tant que Compagnie initiale, elle était commandée par KAMALI, fils de GAHULIRO. Nous nous en tenons cependant à la tradition qui veut qu’elle fût créée en tant qu’Armée, du moins officiellement déclarée telle, sous KIGELI III NDABARASA, qui, prince encore, en était le commandant suprême. Les Abatanguha faisaient, en effet, partie du groupe d’Armées que CYILIMA II avaient placées sous  les ordres de son fils, dans la lutte contre le Ndorwa. Lorsque

sous le règne de KIGELI III, le Chef KAMALI reçut d’autrescommandements, les Abatanguha passèrent à RUKALI, fils de MUHABURA, grand favori du monarque. Le Campa des Marches des Abatanguha était à Nyabwunyu, dans la province actuelle du Mutara, face au Ndorwa.

249.A l’avènement de MIBAMBWE III, alors qu’il séjournait à Gasange, dans le Buganza sur la rive Nord du lac Muhazi. RUKALI fut destitué et condamné à mort par noyade dans le lac même, pour avoir soutenu le prétendant GATARABUHURA. On l’accusait même d’avoir été à l’origine de cette lutte de compétition au trône ; il aurait laissé croire au prince que KIGALI III lui en avait confié le secret. Les Abatanguka furent aloRS donnés au prince NYEMINA, demi-frère du nouveau monarque. Il légua sa fonction à MAKOMBE, auquel succéda RUBAMBO. Celui-ci fut tué au Burundi lors du désastre de ku Muharuro sousIV YUHI IVGAHINDIRO. Son successeur fut son frère BITEBERA qui légua le commandement à son fils RUTUGANCURO ; il Virait sous MUTARA II RWOGERA. Son fils SEMANYONGA fut destituépar KIGELI IV RWABUGILI. Tandis que le monarque accordait l’Armée-Bovine Mpahwe à KABARE,fils de RWAKAGARA, il donna la Milice Abatanguha à SEMULIMA, fils deSAYINZOGA, de la Famille des Abarenzi. SEMULIMAr léguasa fonction à son fils ZIMURINDA. Celui-ci mourut sous YUHI V MUSINGA en léguant sa dignité à son fils RWABUKWISI, Ce dernier mourut il y a quelque 10 ans. Prestations : aucune, la Milice étant dès le début affeetée

au service actif permanent. Armée-Bovine correspondante Mpahwe (H.A B. n° 124-127, 25. 72-73).

 

  1. Ibisiga = les Oiseaux de proie.

250.L’Armée-Sociale Ibisiga fut créée sous KIGELI III par son fils KIMANUKA. La Milice fut assez importante à l’époque, puisqu’elle tenait un camp des Marches dans le Bugesera, face au Burundi. KIMANUKA en légua le commandement à son fils BASOTA. Ce fonctionnaire vivait certainement sous MUTARA II, car il joua un rôle dans la condamnation de KABINDI, fils du Chef NYARWAYA-NYAMUTEZI, qu’il avait arrêté au Bugesera et livré à la cour qui le recherchait (cfr. 326). BASOTA légua sa fonction à son fils MUREGO. Sous KIGELI IV RWABUGILI, ce fonctionnaire fut destitué et son commandement passa à SEMULIMA, fils de SAYINZOGA. A partir de SEMULIMA, la ‘succession des Chefs s’opéra comme indiqué à propos de la itfilice précédente. Prestations aucune, pour les mêmes raisons. Armée-Bovine correspondante : je n’ai obtenu aucune information à ce sujet ; c’était en toute hypothèse la corporation bovine que le prince KIMANUKA légua à BASOTA, mais dont j’ignore le nom et le sort.