1. Imanga = le Précipice.
  1. L’Armée-Sociale désignée en abrégé sous le vocable Imanga, fut formée à la même époque que les précédentes, à savoir initialement sous CYILIMA II, tandis que les traditions les attribuent à KIGELI III du fait qu’il en a été le commandant suprême, à une époque donnée. Le nom complet de la Milice est Umuriro wotwa imanga= Le Feu-flambant-sur-une-pente-escarpée. Imaginez-vous qne l’adversaire soit de l’herbe sèche située le long d’une forte pente. La Milice deviendrait un feu de brousse qui la consumerait d’un élan irrésistible.
  2. La Milice fut confiée à KAMALI. La succession de ses Chefs s’opéra exactement comme celle des Igicikiza, car les deux furent toujours jumelés. Un flottement se produisit dans les traditions, à partir du moment où KIGELI IV affecta les commandements des Abayango à sa résidence de Gatsibo. Une partie des Imanga, en effet, fut donnée par NZIGIYE au notable NYAGASHI, en même temps que les igicikiza du Buyaga et du Ndorwa montagneux. L’autre partie au contraire, du fait qu’elle se trouvait dans le Mutara, suivit le commandement des Abarota. On peut cependant considérer comme les Imanga officiels la section qui fut concédée à NYAGASHI et léguée à son fils KAGONYERA. Prestations : aucune, pour les mêmes raisons que les Igicikiza. Armée-Bovine correspondante : cfr. celle des Igicikiza.

 

  1. Abarota = les Passionnés (de combats).

 

  1. L’Armée-Sociale Abarota, dont l’appellation compète est Abarotantambara =litt. Ceux qui, dans leur sommeil rêvent que combats, ne fut pas formée initialement au Rwanda. Elle arriva du Gisaka, émigrant avec son Chef NTABARA, fils de MUTABAZI. L’important groupe alla se présenter à KIGELI III, guerroyant alors contre le Ndorwa, ce qu’il fit toute sa vie. Le Chef étranger demanda au Chef KAMALI de le présenter au monarque. Faisant allusion à une émigration semblable qui avait eu lieu peu auparavant, celle des Urwasabahizi (n° 210), NTABARA aurait dit à KIGELI III au cours de la toute première audience : « Twarotereye gusuhuka = Nous avons l’engoûment (ou le rêve d’émigrer». Le monarque aurait alors chargé KAMALI de recevoir NTABARA et ses hommes et de veiller à leur entretien et à leur installation dans ses domaines. Comme il s’agissait d’un groupe encadrant une Compagnie guerrière, il plaça celle-ci sous les ordres du même Chef. KAmali les aurait appelés Abarotantambara, par allusion au verbe dérivé kurotera, dont la forme primaire est kurota, qu’avait employé NTABARA lorsqu’il fut présenté à KIGELI III. KAMALI amplifia rapidement cette Milice de valeur qui ne tarda pas à devenir le plus important des groupes placés sous ses ordres. NTABARA resta cependant le Directeur des combats, et cette fonction passa dans la suite à sa descendance, de père en fils, comme un héritage incontesté. Quiconque était nommé Chef des Abarota ne commandait la Milice que par l’intermédiaire du Chef de Famille des Abadugu, celle à laquelle appartenait NTABARA. Les Abarota prirent une part active à la lutte contre RUBUNDA et finalement à la bataille de Mugongo où le monarque du NDORWA fut tué.
  2. La succession de KAMALI nous est déjà connue (n° 253) sous le commandement de son petit-fils NYIRAMPEKA, les Abarotaétaient représentés par une Compagnie devenue fameuse, qui s’appelait Ingeli = Eau profonde, commandée en second par SHARUBENGA, fils du même NYIRAMPEKA. Le descendant de NTABARA était alors son fils RUGUMYA, auquel succèdera son fils NDABARINZE
  3. Ainsi donc, à partir de la destitution de Nyirampeka, sous MUTARA II, les Chefs des Abarota furent successivement KAMANGU, MURINDWA, RUKUBITA et KANYABUJINJA, comme il a été dit à propos des Igicikiza. Lorsque KIGELI IV dispersa les Commandements traditionnels des Abayango, les Abarota du Ndorwa et du Buyaga passèrent à NZIGIYE, qui les gouverna par l’intermédiaire de NYAGASHI. Quant aux Abarota du Mutara, ils furent donnés à KANYAMURINJA fils de RUGIRA (n° 255) de la famille des Abasyete. Ce fonctionnaire se retira peu après et légua son commandement à son fils RWAKIBIBI.
  4. Ce dernier fut destitué sur intervention de son collègue NZIGIYE, l’un des grands favoris de KIGELI IV. Sur la proposition du même NZIGIYE, les Abarota du Mutara passèrent à KINYAMAKARA, fils de NDENZI, fils, celui-ci, de NYIRAMPEKA, et appartenant donc à la Famille des Abayango. KINYAMAKARA se réfugia au Nkole, en 1894, parce qu’il redoutait que KIGELI IV ne le condamnât à mort. Les Armées du Nkole avaient, en effet, envahi le Rwanda et incendié la résidence de KIGELI IV construite à Rutaraka (non loin du poste actuel de Nyagatare), et KINYAMAKARA avait brillé par son absence au cours de cette invasion. En ce moment KIGELI IV donna le commandement des Abarota à RWATANGABO, fils de NZIGIYE (celui-ci venait de mourir l’année précédente).

 

  1. Dans le commandement subalterne relevant de la Famille des Abadugu, à NDABARINZE que nous connaissons du temps du Chef NYIRAMPEKA, succéda son fils RWAMWAGA, qui mourut SousYUHI V MUSINGA. Son successeur fut RUTUHA ; il se suicida en 1916, parce que, arrêté, puis relâché par les troupes Anglaises de l’Uganda, il estimait que YUHI V MUSINGA le condamnerait à mort, sous l’inculpation d’avoir parlé aux ennemis des Allemands, dont il était, lui Roi du Rwanda, l’allié. Le fonctionnaire jugea qu’il valait mieux disparaître sans condamnation, car celle-ci s’accompagnerait de la destitution. En se suicidant il assurait au moins à ses enfants la possession de leurs biens. Son successeur fut SAKULI, auquel succéda en 1927 son filsMUSHURU.

264. Revenons aux Chefs titulaires de la Milice. RWATANGABO mourut autour de 1906. Il était très mal vu de la Cour, NYIRAYURI V, la Reine Mère, avait été en graves difficultés avec NZIGIYE. Le commandement fut donné à MPETAMACUMU, fils de KARURANGA. Il mourut en mars 1922. Son fils MULIGO lui succéda, sans aucune difficulté. Mais se sachant en disgràçe à la Cour, il s’exila en Uganda, en décembre 1923. Son commandement fut alors donné à RUKARAKAMBA, fils de RUSEKAMPUNZI. Il sera destitué par les Autorités belges en 1929 et son frère LYUMUGABElui succédera. Il était encore en fonction en 1959. Prestations : aucune, parce que la Milice était en service actif permanent. Armée-Bovine correspondante : Initialement =Ilyishe Rubunda (la Javeline qui a tué Rubunda) ; disparue depuis, en tant que structure classique.

  1. Abashubije = Ceux qui rallument (les combats).

265.L’Armée-Sociale Abashubije = Ceux  qui rallument les combats (alors que l’adversaire croyait qu’il allait enfin souffler), fut créée sous KIGELI III et confiée à son fils KIMANUKA. Ce  prince en légua le commandement à son fils MABANO, auquel  succéda RUHEZAMIHIGO. Celui-ci eut pour successeur son petit fils KABERA, qu’il désigna lui-même, en enlevant la dignité à son propre fils RUGAGAZA, père de ce KABERA. Le successeur de ce dernier fut son fils RUTAMU, qui est encore en vie.

266.Cette Milice fut dès le début jumelée avec les Abashumba (voir le paragraphe suivant), qui furent constitués en dernier lieumais devinrent tout de suite plus importants. Les Abashubije ont pratiquement concentré tous leurs effectifs sur le territoire auquel les A bashumba ont donné leur nom, à la frontière Sud pays. Prestations : aucune, car la Milice était en service actif permanent. Armée-Bovine correspondante cfr. celle de la Milice A bashumba (cfr. n°267).

  1. Abashumba = les Pasteurs.

 

267.L’Armée-Sociale Abashumba fut créée par KIGELI III NDABARASA., pour récompenser son fils KIMANUKA, qui venait de tuer RUYUNDO, fils de RUKONGI et petit-fils de RUBUNDA (cfr. n°252). Ce prince du Ndorwa s’était mis en tête de venger la mort de son grand-père en versant le sang d’un prince Rwandais. Il fit demander en conséquence à KIGELI III de lui envoyer l’un de ses fils, afin qu’il lui donnât sa fille en mariage. Mais son idée était que, durant les fêtes du mariage, le prince Rwandais serait massacré avec ses compagnons. Le plan était trop clair et les fils de KIGELI III se récusèrent : on ne se présente pas ainsi chez un ennemi pour une cérémonie au cours de laquelle, suivant les prescriptions de la Coutume, le gendre et ses compagnons doivent livrer leurs armes à la famille de la fiancée.

  1. Le prince KIMANUKA dont la témérité est passée en légende, ne se trouvait pas à la Cour lorsque les messagers du RUYUNDO y apportèrent la proposition de leur maître. L’ayant appris, il accourut de chez lui (il résidait alors à Ikome, un contre-fort du massif de Muhura) et déclara à son père qu’il acceptait d’aller épouser la princesse du Ndorwa. Il avait son plan à lui aussi. Lorsqu’il arriva chez RUYUNDO, lui et ses compagnons livrèrent les armes, comme le veut la Coutume quand le mariage se célèbre chez les parents de la fiancée. (Dans le cas contraire, — c.à.d. les cérémonies étant célébrées chez les parents du jeune homme, — ce sont les compagnons de la fiancée qui livrent leurs armes). Mais les Rwandais avaient pris la précaution de s’armer aussi de glaives qui de leur cou, pendaient au dos. Lorsqu’on leur ndemanda ces armes également, ils firent remarquer que le glaive n’est pas une arme, mais un habit ; quelque chose dont personne ne se sépare jamais dans aucune circonstance. Pour ne pas éveiller quelque soupçon, les familiers de RUYUNDO qui croyaient en secrets, n’insistèrent pas.
  2. Il paraît qu’au moment d’accomplir le geste qui consacre à l’époux la fiancée comme son épouse (imposition de la momordique nuptiale), la princesse aurait soufflé à KIMANUKA : « Faites attention ! On veut vous tuer ». Mais KIMANUKA la tranquillisa. On passa la nuit à s’observer dans l’intérieur de la case des fêtes. RUYUNDO attendait le jourcar il serait plus facile de faire son coup en plein air, sans danger des glaives. Mais au lever du jour, KIMANUKA et ses compagnons passèrent les premiers à l’attaque, en égorgeant les notables dans la case des fêtes, sans excepter RUYUNDO lui-même. Le signal avait été donné, lorsqu’ils venaient d’apprendre que les guerriers Rwandais, qui avaient été acheminés à cet effet, et qui avaient couvert la dernière étape au cours de la nuit, venaient d’arriver dans les environs. Ce fut ainsi que KIMANUKA rentra au Rwandaavec un riche butin et avec sa nouvelle épouse, qui lui avait prouvé qu’elle l’aimait, malgré qu’elle ne l’avait jamais connu auparavant.
  3. KIGELI III demanda alors à son fils quel genre de récompense il désirait recevoir de lui. KIMANURA lui dit : « Donnez-moi toutes les vaches qui, d’ici chez moi, se trouveront en pâturages en bas de mon chemin. Le Roi accorda la faveur qui lui était demandée. Il paraît que pour rentrer chez lui, le prince fit de longs zigzags, ayant pris par surcroît la précaution d’envoyer devant lui des gens chargés de faire placer les troupeaux en bas du chemin, sur tout le parcours qu’il avait décidé de faire. Tous les propriétaires des bovidés ainsi acquis, à quelques supérieurs guerriers ou vachers qu’ils appartinssent, devenaient,immédiatement sujets du prince. De là vint l’appellation de Abashumba = les Pasteurs, qui fut imposée à l’important fief, immédiatement constitué en Armée-Sociale.
  4. Lorsque le prince KIMANUKA mourut de petite vérole en même temps que son frère puîné MIBAMBWE III SENTABYO, les Abashumba passèrent à son fils MABANO. Nous savons déjà que, de l’émigration du prince SEMUGAZA, sous YUHI IV GAHINDIRO, cette Milice, campant avec les Abashubije sous les ordres BINAMA, lieutenant de Mabano, (cfr. n°245) n’intervint pas dans la lutte pour laquelle elle avait été cantonnée dans ces parages. Ce fut probablement sous MIBAMBWE III ou au début du règne de YUHI IV GAHINDIRO, que les Abashumba furent appelés à la frontière du Sud et placés entre les Nyakare et Nyaruguru, pour défendre la zone à laquelle ils ont donné leur nom en la Préfecture actuelle d’Astrida. Ils fixèrent leur camp des marches à Mwoya, dans la province dite du Bashumba. Mais les effectifs restés dans la région du Mutara occupèrent constarmmant; sous un commandement subalterne, le camp des Marches deGrabiro, face au Ndorwa.
  5. Le successeur de MABANO fut son fils RUHEZAMIHIGO, vivait sous MUTARA II RWOGERA ; le camp des Marches placé à Gabiro était alors dirigé par son frère MPORERA ; celui-ci fut destitué et ce commandement subalterne passa à son neveu RUGANGAZI, fils de RWANYABIGUMA, fils, celui-ci, du prince KIMANUKA. RUHEZAMIHIGO légua son fief d’abord à son fils RUGAGAZA qui, sous KiGELI IV RWABUGILI, tomba en disgrâce et se réfugia au Burundi, du vivant de son père. Son commandement passa à NKOMATI, de la Famille des Abenegitore. Cette mesure n’affectait que les Abashumba du Sud, de l’actuelle Préfecture d’Astrida. Ceux du Nord (autour du camp des Marches de Gabiro) restant à la Famille, sous le commandement subalterne de SAHARA, fils de RUGANGAZI, qui avait ainsi succédé à son père.
  6. Ce fut à la même époque que KIGELI IV, en ce qui concerne les Abashumba du Nord, partagea les vaches à longues cornes(inyambo) de l’Armée–Bovine Umuliro (H,A.B. n° 103) entre les Chefs MUSHYO et BICUNDAMABANO. RUHEZAMIHIGO, alors vénérable vieillard, reprit par faveur la dignité dont il avait démissionné peu auparavant. Son fils RUGAGAZA revint du Burundi peu après. Mais son père lui enleva la dignité naguère conférée et la donna àKABERA fils du même RUGAGAZA. Entre temps les Abashumba du Sud furent enlevés à NKOMATI par le prince MUHIGIRWA, qui commandait les Nyaruguru. Le même prince s’était emparé, de la même manière, de tous les commandement relevant de son territoire administratif, car il avait cumulé son commandement guerrier avec celui du Sol.KABERA détenait donc en réalité le pouvoir sur les Abashumadu Nord. Mais lorsque le prince MUDIGIRWA se révolta contre YUHIV MUSINGA et fut tué à Nkima, dans les premiers mois de 1896, les Abashumba du Sud furent de nouveau rendus à la  Famille.
  7. Le dernier exploit des Abashumba fut la bataille livrée à Rwata prés Gahabo, dans le Mutara, en 1905, contre les Chefs SEBUHURARA et CYAKA. Ces deux Chefs, disgrâciés sous YUHI V MUSINGA, tentèrent de renouveler les hauts faits de SEMUGAZA en passant la frontière en force. Ils avaient déjà gagné des batailles, car ils étaient escortés par des troupes d’élite. Au lieu deprofiter des premières victoires pour s’en aller en vitesse, ils s’attardèrent à festoyer avant de livrer la dernière bataille. Mais les Abashumba encore à cette époque, cantonnés à Gabiro, sous le commandement de RWAGAJU, fils de SAHAHA, descendirent à la rencontre des fugitifs. Il faut reconnaître qu’ils ne furent pas seuls à gagner la bataille, puisque les Armées battues les journées précédentes s’étaient reformées et s’étaient donné le rendez-vous au dernier campement des deux Chefs, à Rwata. Mais on reconnaît que l’intervention des Abashumba fut décisive. Leur commandant RWAGAJU se distingua personnellement et rentra de la bataille avec un bouclier devenu désormais inutilisable, à cause des coups dont il avait été criblé. Et dire que les Chefs et leurs hommes furent anéantis, alors qu’un Officier Allemand se trouvait à quelques 25 km de là, un peu plus au Nord. Si au lieu de passer la nuit à Rwata, ils avaient quitté les lieux au cours de la nuit, évitant de ce fait les Abashumba campés dans la direction Nord-Est, ils étaient sauvés. Leurs blessés des batailles précédentes avaient été envoyés en avant et ce furent  eux qui arrivèrent au camp Allemand. Lorsque l’Officier arriva sur les lieux avec ses soldats, tout était fini. Notons que les A bushumba du Nord ne comportaient aucune section des Abashubije ; cette dernière Milice n’était mêlée qu’aux Abashumba de la frontière Sud. Les Abashumba furent donc commandés par KABERA. Aux environs de 1929, il passa le commandement à son RUTAMU, qui l’exerça longtemps du vivant de son père. RUTAMU est encore en vie. Prestations : aucune, vu que la Milice était en service actif permanent. Armée-Bobine correspondante : Umuliro I (cfr. H.A.B. n° 103- p. 62-63).

 

  1. Abanyoro.

 

  1. L’Armée-Sociale Abanyoro fut créée par le grand favori RUKALI, fils de MUHABURA, sous KIGELI III. Leur appellation est celle du peuple tant de fois cité (cfr. n°63, 144, 234), qui envahit jadis le Rwanda. A la mort de RUKALI,MIBAMBWE III donna la

Milice à RUGIRA, fils de SEMAKAMBA, celui-ci fils de BUSYETE, le Mutwa ennobli par CYILIMA II (n°62, 164). RUGIRA  légua son fief à son fils RUTIMBO, auquel succéda son fils RUGAGA Ce dernier légua la fonction à son fils RUBABAZA. Pretations : un nombre indéterminé de poussins et de taurillons, en vue des consultations divinatoires à la Cour. Armée-Bovine correspondante : inconnue.

  1. Imanga = le Précipice.

 

  1. L’Armée-Sociale désignée en abrégé sous le vocable Imanga, fut formée à la même époque que les précédentes, à savoir initialement sous CYILIMA II, tandis que les traditions les attribuent à KIGELI III du fait qu’il en a été le commandant suprême, à une époque donnée. Le nom complet de la Milice est Umuriro wotwa imanga= Le Feu-flambant-sur-une-pente-escarpée. Imaginez-vous qne l’adversaire soit de l’herbe sèche située le long d’une forte pente. La Milice deviendrait un feu de brousse qui la consummerait d’un élan irrésistible.
  2. La Milice fut confiée à KAMALI. La succession de ses Chefs s’opéra exactement comme celle des Igicikiza, car les deux furent toujours jumelés. Un flottement se produisit dans les traditions, à partir du moment où KIGELI IV affecta les commandements des Abayango à sa résidence de Gatsibo. Une partie des Imanga, en effet, fut donnée par NZIGIYE au notable NYAGASHI, en même temps que les igicikiza du Buyaga et du Ndorwa montagneux. L’autre partie au contraire, du fait qu’elle se trouvait dans le Mutara, suivit le commandement desAbarota. On peut cependant considérer comme lesImanga officiels la section qui fut concédée à NYAGASHI et léguée à son fils KAGONYERA. Prestations : aucune, pour les mêmes raisons que les Igicikiza. Armée-Bovine correspondante : cfr. celle des Igicikiza.

 

  1. Abarota = les Passionnés (de combats).

 

  1. L’Armée-Sociale Abarota, dont l’appellation compète est Abarotantambara =litt. Ceux qui, dans leur sommei rêvent que combats, ne fut pas formée initialement au Rwanda. Elle arriva du Gisaka, émigrant avec son Chef NTABARA, fils de MUTABAZI. L’important groupe alla se présenter à KIGELI III, guerroyant alors contre le Ndorwa, ce qu’il fit toute sa vie. Le Chef étranger demanda au Chef KAMALI de le présenter au monarque. Faisant allusion à une émigration semblable qui avait eu lieu peu auparavant, celle des Urwasabahizi (n° 210), NTABARA aurait dit à KIGELI III au cours de la toute première audience : « Twarotereye gusuhuka = Nous avons l’engoûment (ou le rêve d’émigrer». Le monarque aurait alors chargé KAMALI de recevoir NTABARA et ses hommes et de veiller à leur entretien et à leur installation dans ses domaines. Comme il s’agissait d’un groupe encadrant une Compagnie guerrière, il plaça celle-ci sous les ordres du même Chef. KAmali les aurait appelés Abarotantambara, par allusion au verbe dérivé kurotera, dont la forme primaire est kurota, qu’avait employé NTABARA lorsqu’il fut présenté à KIGELI III. KAMALI amplifia rapidement cette Milice de valeur qui ne tarda pas à devenir le plus important des groupes placés sous ses ordres. NTABARA resta cependant le Directeur des combats, et cette fonction passa dans la suite à sa descendance, de père en fils, comme un héritage incontesté. Quiconque était nommé Chef des Abarota ne commandait la Milice que par l’intermédiaire du Chef de Famille des Abadugu, celle à laquelle appartenait NTABARA. Les Abarota prirent une part active à la lutte contre RUBUNDA et finalement à la bataille de Mugongo où lemonarque du NDORWA fut tué.
  2. La succession de KAMALI nous est déjà connue (n° 253) sous le commandement de son petit-fils NYIRAMPEKA, les Abarota étaient représentés par une Compagnie devenue fameuse, qui s’appelait Ingeli = Eau profonde, commandée en second par SHARUBENGA, fils du même NYIRAMPEKA. Le descendant de NTABARA était alors son fils RUGUMYA, auquel succèdera son fils NDABARINZE
  3. Ainsi donc, à partir de la destitution de Nyirampeka, sous MUTARA II, les Chefs des Abarota furent successivement KAMANGU, MURINDWA, RUKUBITA et KANYABUJINJA, comme il a été dit à propos des Igicikiza. Lorsque KIGELI IV dispersa leS Commandements traditionnels des Abayango, les Abarota du Ndorwa et du Buyaga passèrent à NZIGIYE, qui les gouvernapar l’intermédiaire de NYAGASHI. Quant aux Abarota du Mutara, ils furent donnés à KANYAMURINJA fils de RUGIRA (n° 255) de la famille des Abasyete. Ce fonctionnaire se retira peu après et légua son commandement à son fils RWAKIBIBI.
  4. Ce dernier fut destitué sur intervention de son collègue NZIGIYE, l’un des grands favoris de KIGELI IV. Sur la proposition du même NZIGIYE, les Abarota du Mutara passèrent à KINYAMAKARA, fils de NDENZI, fils, celui-ci, de NYIRAMPEKA, et appartenant donc à la Famille des Abayango. KINYAMAKARA se réfugia au Nkole, en 1894, parce qu’il redoutait que KIGELI IV ne le condamnât à mort. Les Armées du Nkole avaient, en effet, envahi le Rwanda et incendié la résidence de KIGELI IV construite à Rutaraka (non loin du poste actuel de Nyagatare), et KINYAMAKARA avait brillé par son absence au cours de cette invasion. En ce moment KIGELI IV donna le commandement des Abarota à RWATANGABO, fils de NZIGIYE (celui-ci venait de mourir l’année précédente).

 

  1. Dans le commandement subalterne relevant de la Famille des Abadugu, à NDABARINZE que nous connaissons du temps du Chef NYIRAMPEKA, succéda son fils RWAMWAGA, qui mourut SousYUHI V MUSINGA. Son successeur fut RUTUHA ; il se suicida en 1916, parce que, arrêté, puis relâché par les troupes Anglaises de l’Uganda, il estimait que YUHI V MUSINGA le condamnerait à mort, sous l’inculpation d’avoir parlé aux ennemis des Allemands, dont il était, lui Roi du Rwanda, l’allié. Le fonctionnaire jugea qu’il valait mieux disparaître sans condamnation, car celle-ci s’accompagnerait de la destitution. En se suicidant il assurait au moins à ses enfants la possession de leurs biens. Son successeur fut SAKULI, auquel succéda en 1927 son filsMUSHURU.

264.Revenons aux Chefs titulaires de la Milice. RWATANGABO mourut autour de 1906. Il était très mal vu de la Cour, NYIRAYURI V, la Reine Mère, avait été en graves difficultés avec NZIGIYE. Le commandement fut donné à MPETAMACUMU, fils de KARURANGA. Il mourut en mars 1922. Son fils MULIGO lui succéda, sans aucune difficulté. Mais se sachant en disgràçe à la Cour, il s’exila en Uganda, en décembre 1923. Son commandement fut alors donné à RUKARAKAMBA, fils de RUSEKAMPUNZI. Il sera destitué par les Autorités belges en 1929 et son frère LYUMUGABElui succédera. Il était encore en fonction en 1959. Prestations : aucune, parce que la Milice était en service actif permanent. Armée-Bovine correspondante : Initialement =Ilyishe Rubunda (la Javeline qui a tué Rubunda) ; disparue depuis, en tant que structure classique.

 

  1. Abashubije = Ceux qui rallument (les combats).

 

265. L’Armée-Sociale Abashubije = Ceux  qui rallument les combats (alors que l’adversaire croyait qu’il allait enfin souffler), fut créée sous KIGELI III et confiée à son fils KIMANUKA. Ce  prince en légua le commandement à son fils MABANO, auquel  succéda RUHEZAMIHIGO. Celui-ci eut pour successeur son petit fils KABERA, qu’il désigna lui-même, en enlevant la dignité à son propre fils RUGAGAZA, père de ce KABERA. Le successeur de ce dernier fut son fils RUTAMU, qui est encore en vie.

 

266.Cette Milice fut dès le début jumelée avec les Abashumba (voir le paragraphe suivant), qui furent constitués en dernier lieumais devinrent tout de suite plus importants. Les Abashubije ont pratiquement concentré tous leurs effectifs sur le territoire auquel les A bashumba ont donné leur nom, à la frontière Sud pays. Prestations : aucune, car la Milice était en service actif permanent. Armée-Bovine correspondante cfr. celle de la Milice A bashumba (cfr. n°267).

 

  1. Abashumba = les Pasteurs.

 

267.L’Armée-Sociale Abashumba fut créée par KIGELI III NDABARASA., pour récompenser son fils KIMANUKA, qui venait de tuer RUYUNDO, fils de RUKONGI et petit-fils de RUBUNDA (cfr. n°252). Ce prince du Ndorwa s’était mis en tête de venger la mort de son grand-père en versant le sang d’un prince Rwandais. Il fit demander en conséquence à KIGELI III de lui envoyer l’un de ses fils, afin qu’il lui donnât sa fille en mariage. Mais son idée était que, durant les fêtes du mariage, le prince Rwandais serait massacré avec ses compagnons. Le plan était trop clair et les fils de KIGELI III se récusèrent : on ne se présente pas ainsi chez un ennemi pour une cérémonie au cours de laquelle, suivant les prescriptions de la Coutume, le gendre et ses compagnons doivent livrer leurs armes à la famille de la fiancée.

  1. Le prince KIMANUKA dont la témérité est passée en légende, ne se trouvait pas à la Cour lorsque les messagers du RUYUNDO y apportèrent la proposition de leur maître. L’ayant appris, il accourut de chez lui (il résidait alors à Ikome, un contre-fort du massif de Muhura) et déclara à son père qu’il acceptait d’aller épouser la princesse du Ndorwa. Il avait son plan à lui aussi. Lorsqu’il arriva chez RUYUNDO, lui et ses compagnons livrèrent les armes, comme le veut la Coutume quand le mariage se célèbre chez les parents de la fiancée. (Dans le cas contraire, — c.à.d. les cérémonies étant célébrées chez les parents du jeune homme, — ce sont les compagnons de la fiancée qui livrent leurs armes). Mais les Rwandais avaient pris la précaution de s’armer aussi de glaives qui de leur cou, pendaient au dos. Lorsqu’on leur ndemanda ces armes également, ils firent remarquer que le glaive n’est pas une arme, mais un habit ; quelque chose dont personne ne se sépare jamais dans aucune circonstance. Pour ne pas éveiller quelque soupçon, les familiers de RUYUNDO qui croyaient en secrets, n’insistèrent pas.

 

  1. Il paraît qu’au moment d’accomplir le geste qui consacre à l’époux la fiancée comme son épouse (imposition de la momordique nuptiale), la princesse aurait soufflé à KIMANUKA : « Faites attention ! On veut vous tuer ». Mais KIMANUKA la tranquillisa. On passa la nuit à s’observer dans l’intérieur de la case des fêtes. RUYUNDO attendait le jour car il serait plus facile de faire son coup en plein air, sans danger des glaives. Mais au lever du jour, KIMANUKA et ses compagnons passèrent les premiers à l’attaque, en égorgeant les notables dans la case des fêtes, sans excepter RUYUNDO lui-même.Le signal avait été donné, lorsqu’ils venaient d’apprendre que les guerriers Rwandais, qui avaient été acheminés à cet effet, et qui avaient couvert la dernière étape au cours de la nuit, venaient d’arriver dans les environs. Ce fut ainsi que KIMANUKA rentra au Rwandaavec un riche butin et avec sa nouvelle épouse, qui lui avait prouvé qu’elle l’aimait, malgré qu’elle ne l’avait jamais connu auparavant.
  2. KIGELI III demanda alors à son fils quel genre de récompense il désirait recevoir de lui. KIMANURA lui dit : « Donnez-moi toutes les vaches qui, d’ici chez moi, se trouveront en pâturages en bas de mon chemin. Le Roi accorda la faveur qui lui était demandée. Il paraît que pour rentrer chez lui, le prince fit de longs zigzags, ayant pris par surcroît la précaution d’envoyer devant lui des gens chargés de faire placer les troupeaux en bas du chemin, sur tout le parcours qu’il avait décidé de faire. Tous les propriétaires des bovidés ainsi acquis, à quelques supérieurs guerriers ou vachers qu’ils appartinssent, devenaient,immédiatement sujets du prince. De là vint l’appellation de Abashumba = les Pasteurs, qui fut imposée à l’important fief, immédiatement constitué en Armée-Sociale.
  3. Lorsque le prince KIMANUKA mourut de petite vérole en même temps que son frère puîné MIBAMBWE III SENTABYO, les Abashumba passèrent à son fils MABANO. Nous savons déjà que, de l’émigration du prince SEMUGAZA, sous YUHI IV GAHINDIRO, cette Milice, campant avec les Abashubije sous les ordres BINAMA, lieutenant de Mabano, (cfr. n°245) n’intervint pas dans la lutte pour laquelle elle avait été cantonnée dans ces parages. Ce fut probablement sous MIBAMBWE III ou au début du règne de YUHI IV GAHINDIRO, que les Abashumba furent appelés à la frontière du Sud et placés entre les Nyakare et Nyaruguru, pour défendre la zone à laquelle ils ont donné leur nom en la Préfecture actuelle d’Astrida. Ils fixèrent leur camp des marches à Mwoya, dans la province dite du Bashumba. Mais les effectifs restés dans la région du Mutara occupèrent constarmmant; sous un commandement subalterne, le camp des Marches deGrabiro, face au Ndorwa.
  4. Le successeur de MABARD fut son fils RUHEZAMIHIGO, vivait sous MUTARA II RWOGERA ; le camp des Marches placé à Gabiro était alors dirigé par son frère MPORERA ; celui-ci fut destitué et ce commandement subalterne passa à son nevue RUGANGAZI, fils de RWANYABIGUMA, fils, celui-ci, du prince KIMANUKA. RUHEZAMIHIGO légua son fief d’abord à son filsRUGAGAZA qui, sous KiGELI IV RWABUGILI, tomba en disgrâce et se réfugia au Burundi, du vivant de son père. Son commandement passa à NKOMATI, de la Famille des Abenegitore. Cette mesure n’affectait que les Abashumba du Sud, de l’actuelle Préfecture d’Astrida. Ceux du Nord (autour du camp des Marches de Gabiro) restant à la Famille, sous le commandement subalterne de SAHARA, fils de RUGANGAZI, qui avait ainsi succédé à son père.
  5. Ce fut à la même époque que KIGELI IV, en ce qui concerne les Abashumba du Nord, partagea les vaches à longues cornes(inyambo) de l’Armée–Bovine Umuliro (H,A.B. n° 103) entre les Chefs MUSHYO et BICUNDAMABANO. RUHEZAMIHIGO, alors vénérable vieillard, reprit par faveur la dignité dont il avait démissionné peu auparavant. Son fils RUGAGAZA revint du Burundi peu après. Mais son père lui enleva la dignité naguère conférée et la donna àKABERA filsdu même RUGAGAZA. Entre temps les Abashumba du Sud furent enlevés à NKOMATI par le prince MUHIGIRWA, qui commandait les Nyaruguru. Le même prince s’était emparé, de la même manière, de tous les commandement relevant de son territoire administratif, car il avait cumulé son commandement guerrier avec celui du Sol.KABERA détenait donc en réalité le pouvoir sur les Abashumadu Nord. Mais lorsque le prince MUDIGIRWA se révolta contre YUHIV MUSINGA et fut tué à Nkima, dans les premiers mois de 1896, les Abashumba du Sud furent de nouveau rendus à la  Famille.
  6. Le dernier exploit des Abashumba fut la bataille livrée à Rwata prés Gahabo, dans le Mutara, en 1905, contre les Chefs SEBUHURARA et CYAKA. Ces deux Chefs, disgrâciés sous YUHI V MUSINGA, tentèrent de renouveler les hauts faits de SEMUGAZA en passant la frontière en force. Ils avaient déjà gagné des batailles, car ils étaient escortés par des troupes d’élite. Au lieu deprofiter des premières victoires pour s’en aller en vitesse, ils s’attardèrent à festoyer avant de livrer la dernière bataille. Mais les Abashumba encore à cette époque, cantonnés à Gabiro, sous le commandement de RWAGAJU, fils de SAHAHA, descendirent à la rencontre des fugitifs. Il faut reconnaître qu’ils ne furent pas seuls à gagner la bataille, puisque les Armées battues les journées précédentes s’étaient reformées et s’étaient donné le rendez-vous au dernier campement des deux Chefs, à Rwata. Mais on reconnaît que l’intervention des Abashumbafut décisive. Leur commandant RWAGAJU se distingua personnellement et rentra de la bataille avec un bouclier devenu désormais inutilisable, à cause des coups dont il avait été criblé. Et dire que les Chefs et leurs hommes furent anéantis, alors qu’un Officier Allemand se trouvait à quelques 25 km de là, un peu plus au Nord. Si au lieu de passer la nuit à Rwata, ils avaient quitté les lieux au cours de la nuit, évitant de ce fait les Abashumba campés dans la direction Nord-Est, ils étaient sauvés. Leurs blessés des batailles précédentes avaient été envoyés en avant et ce furent  eux qui arrivèrent au camp Allemand. Lorsque l’Officier arrivasur les lieux avec ses soldats, tout était fini. Notons que les A bushumba du Nord ne comportaient aucune section des Abashubije ; cette dernière Milice n’était mêlée qu’auxAbashumba de la frontière Sud. Les Abashumba furent donc commandés par KABERA. Aux environs de 1929, il passa le commandement à son RUTAMU, qui l’exerça longtemps du vivant de son père. RUTAMU est encore en vie. Prestations : aucune, vu que la Milice était en service actif permanent. Armée-Bobine correspondante : Umuliro I (cfr. H.A.B. n° 103- p. 62-63).

 

  1. Abanyoro.

 

  1. L’Armée-Sociale Abanyoro fut créée par le grand favori RUKALI, fils de MUHABURA, sous KIGELI III. Leur appellation est celle du peuple tant de fois cité (cfr. n°63, 144, 234), qui envahit jadis le Rwanda. A la mort de RUKALI,MIBAMBWE III donna la Milice à RUGIRA, fils de SEMAKAMBA, celui-ci fils de BUSYETE, le Mutwa ennobli par CYILIMA II (n°62, 164). RUGIRA  légua son fief à son fils RUTIMBO, auquel succéda son fils RUGAGA Ce dernier légua la fonction à son fils RUBABAZA. Pretations : un nombre indéterminé de poussins et de taurillons, en vue des consultations divinatoires à la Cour. Armée-Bovine correspondante : inconnue.