59.  Abatsinzi = les Triomphateurs.

 276. L’Armée-Sociale Abatsinzi était la Garde de MIBAMBWE III. Les traditions affirment que ce monarque célébra seulement cinq fois la fête annuelle des Prémices, ce qui revient à dire qu’il aurait régné à peine autant d’années. Sa Milice n’eut donc pas le temps de briller et de s’amplifier normalement. Sa toute première Compagnie cependant, celle qui s’appelait justement Abatsinzi put s’illustrer suffisamment que pour passer à avec des noms de ses membres, grâce surtout à son Chant intitulé Uli ijuru lyirabye lyose = Tu es un firmament entièrement teint de blanc. C’est dans les couplets de ce Chant que les noms des plus importants ont été conservés.

277.Sous MIBAMBWE III et son successeur YUHI IV GAHINDIRO, la Milice était commandée par VUNINGOMA, fils de RWASA, celui-ci ancêtre éponyme des Abasa. Il fixa le camp des marches à Gati près Nyawera, dans la Préfecture actuelle de Kibungo face au Mubali et à la province du Migongo, celle-ci appartenant alors au Royaume du GISAKA. Il légua son commandement à son fils BAKIMBAGIRA, qui vivait sous MUTARA II et mourut sousKIGELI IV RWABUGILI. Le fonctionnaire légua le fief à son fils NGABO. Tandis que le monarque se trouvait à RWAMAGANA,un proche parent de NGABO frappa le prince CYITATIRE, filsde KIGELI IV, d’un coup de lance qui lui déchira le ventre. Toute la Famille fut exterminée ; le coupable entendait bien assassiner le prince, afin de provoquer ce malheur contre sa Famille dont il avait à se plaindre. Le prince n’en mourut cependant pas.

  1. Ajoutons, en guise de parenthèse, que le nominé SEMARAMBA, fils de SHUMBUSHO, celui-ci fils de VUNINGOMA, intenta plus tard un procès devant KIGELI IV contre le nommé RWABUGILI l’accusant d’avoir tué des gens en vue de venger son fils vivant. Aucune coutume ne reconnaissait la vendetta en pareil cas. KIGELI IV, ainsi que les Chefs appelés à siéger, donnèrent tort au nommé RWABUGILI, qui fut condamné à payer des indemnités en vaches et à donner sa fille, la soeur du prince CYITATIRE, en mariage au plaignant. Ce qui fut fait.
  2. Au moment où Ngabo disparaissait, son commandement fut donné au prince SHARANGABO, fils de KIGELI IV, dont la mère, la reine NYIRANDABARUTA, résidait justement à Rwamagana. Ce prince mourut intestat en 1926. Le commandement fut provisoirement exercé par son fils NTWAZA, en attendant que la Cour désignât le successeur du défunt. En 1928, YUHIV MUSINGA désigna SENYAMISANGE comme Chef de la Maison de Sharangabo. SENYAMISANGE mourut en 1931, laissant ses commandements à MBANDA, alors jeune enfant. Son tuteur fut son oncle BITUKWIHENE. Pendant que nous écrivons ces lignes, MBANDA est en prison, à la suite des troubles de novembre 1959. Prestations : aucune, vu que la Milice était en service actif permanent. Armée-Bovine correspondante : Umunigo, qui devint propriété privée dès l’entrée en charge du prince SHARANGABO. Ces bovidés ne furent pas recensés dans l’H.A.B
  1. Abagina = les Roussatres . 280. L’Armée-Sociale Abagina fut créée par MIBAMEWE III en même temps que les Abatsinzi, dont elle constituait la section des Bahutu. Les deux furent cependant séparées dès le début, les Abagina étant confiés à BIHEZANDE, fils de MUTURUZA. Il légua ce commandement à son fils GISHOMA, qui vécut sous YUHI IV, dont il était le compagnon inséparable dans les déplacements privés. Le monarque l’estimait beaucoup à cause de sa virtuosité dans le maniement de l’arc. GISHOMA légua son commandement à son fils NDANGALI. Sous KIGELI IV RWABUGILI, ce fonctionnaire tomba en disgrâce et fut destitué. Les Abagina furent alors donnés à MUBUMBYI, fils de KARAMBI, président des Forgerons de la Cour.

MUBUMBYI fut tué à Rucunshu, en défendant MIBAMBWE IV RUTARINDWA, en 1896. Son commandement passa à MPAMARUGAMBA, fils de MUTIJIMA (fils, celui-ci, de YUHI IV), à l’exception de la section des Forgerons appelée Abanya-kambere, qui fut donnée à RUSANGIZA, fils de RWAMADIMBA, nommé président des Forgerons de la Cour. MPAMARUGAMBA légua son fief à son fils SEMUGAZA, qui, en 1960, était encore en vie.

  1. Prestations :

1) Deux cruches géantes d’hydromel, appelées respectivement Rugina = le gros-roussâtre et Bulimobwose = tout le miel est dedans, de la capacité chacune de 4 cruches portables.

2) Puis 60 cruches de cidre de sorgho et 60 de cidre de bananes.

3)La caravane était précédée par une cruche d’hydromel, destinées à « annoncer » l’arrivée des redevances ; elle s’appelait Imbikira-barenzi = Celui qui procure le sommeil aux grands nobles. Le responsable (commandant en second) de ces prestations était RUJENJERA, fils de HINDA, qui habitait à Mihwa dans la province du Nyantango.

4) Construction et entretien de la case de la Cour appelée Ihangiro.

Année-Bovine correspondante : elle n’a jamais existé, la Milice ayant été formée sans que des éleveurs y fussent inclus.

 

  1. Abatabashwa = les imbouscudables.

 

  1. L’Armée-Sociale Abatabashwa fut créée sous MIBAMBWE III, ou du moins fait-elle son apparition sous son règne car rien ne peut, dans les traditions, donner la certitude à l’une ou à l’autre supposition. Sous ce monarque, les Abatabashwa étaient commandés par NJONGO, fils de GAPFIZI, fils, celui-ci de YUHI III MAZIMPKA. Il légua sa fonction à son fils NTABANA, qui vivait sous MUTARA II RWOGERA. Le commandement fut ensuite exercé par NDABUKIYE et GASHONGA, respectivement fils et petit-fils du précédent. GASHONGA légua la fonction son fils NYAGATOMA. Celui-ci, Sous YUHI V MUSINGA, tomba en disgrâce et fut livré au bourreau en 1905. Son commandement fut alors donné à RUKEMAMPUNZI, fils de GACINYA. Son successeur fut son fils MASINZO, qui, ces dernières années, était en vie.
  2. Prestations :

1) 4 cruches d’hydromel, dont le dernier responsable, sous YUHI V MUSINGA, était MBONYUMUKIZA, fils de MUNIHUZI, fils, celui-ci, de NTABA, lequel était fils de NYAKAJUNGA, l’ancêtre éponyme des Abajunga. Ils se sont succédé dans cet ordre, de père en fils.

2)4 cruches de cidre de bananes, dont le dernier responsable fut NZABAHAMBYA, fils de RUNNYANNYAGA, fils, celui-ci, de NDERWANIMANA.

3)Réalisation artistique des entretoises à l’intérieur des cases à la Cour ; des spécialistes de la Milice se transmettaient cet art d’une génération à l’autre. Armée-Bovine correspondante : Inconnue dans les traditions: recueillies.

 

  1. Abiyahuzi = Ceux qui foncent tête baissée. 284.La Milice Abiyahuzi fut créée sous MIBAMBWE III, par le notable NYAKAMBALI, fils de KIVUNANGOMA, de la Famille des Abakongoli, devins attitrés à la Cour. La Milice avait son camp des Marches à Juru, dans leRukalyi, face à la province du Mirenge (Gisaka). NYAKAMBALI légua son commandement à son fils MURAMA, sous YUHI IV GAHINDIRO. Sous ce même règne, ledit fonctonnaire se plaça, on ne sait pourquoi, sous la tutelle du grand favori RUGAJU, fils de MUTIMBO. Ce dernier serra si fort les liens en ce domaine, qu’à sa chute, sous MUTARA II RWOGERA, MURAMA ne put s’en dégager : sa Milice était devenue définitivement un satellite des Uruyange.A partir donc de RWAKAGARA (n°303), tous les Chefs des Uruyange devinrent les hauts commandants des Abiyahuzi,tandis que la Famille des Abakongoli commandait en second.

 

  1. Dans son commandement subalterne, qui fut rigoureusement héréditaire, MURAMA légua sa dignité à YOBOKA, auquel succéda RUBANZA. Ce dernier fut destitué en 1894 et livré au bourreau, tandis que KIGELI IV était en route pour l’expédition du Nkole, la dernière de son règne. RUBANZA avait été dénoncé par KABARE, son supérieur guerrier, en sa qualité de Chef des Uruyange .Il faut ajouter qu’une section des Abiyahuzi,sous les ordres de la Maison de KAGORO, fils de LYEZEMBERE, fils de MURAMA, habitait le Bugesera et y tenait un camp des Marches à Gashora près Mwendo.

Prestations : fourniture de pots à lait, d’écuelles et de peaux de situtunga (antilope des marais), mais en raison de fiefs annexes, la milice en tant que telle étant affectée au service guerrier permanent.

Armée-Bovine correspondante : elle aurait été Igikwiye au début, mais les deux corporations furent ensuite séparées (cfr. H.A.B. no 164, p. 92-93).

 

  1. Abiru = les Dépositaires du Code ésotérique de la Dynastie: 286. L’Armée-Sociale Abiru fut créée sous MIMAMBWE III par NYARINDI, fils de NGARUYINKA, dans les circonstances déjà sommairement signalées (cfr. n°18), à la même époque où RWANTELI, fils de BIRAGARA, formait la Milice Impara(n°124). MIBAMBWE III, tout accaparé par la lutte contre GATARABUHURA et soucieux du malaise que créait ce conflit, recourut à des corporations jusque-là dispensées du service militaire, afin de mettre fin aux incursions des Bashi. NYARINDI fut ainsi chargé de recruter de nouveaux guerriers parmi toutes les corporations Abiru (dépositaires du Code ésotérique de la Dynastie), en ne se limitant pas à ses propres sujets. Si nous avons placé l’origine des Impara à une époque antérieure, le motif fut qu’ils furent recrutés au sein d’une seule corporation déjà existante. Les Abiru sont placés ici, au contraire, parce que le groupe tant que tel n’existait pas auparavant. C’est un point de vue qui semblerait peut-être discutable, mais il nous a paru qu’il postulait un classement différent dans le temps.

 

  1. NYARINDI fit nommer, à la tête de la nouvelle Milice son neveu RUKORO, fils de BILIMA, fils, celui-ci, de NGARIYINKA. Lorsque mourut RUKORO, sous YUHI IV GAHINDIRO, la fonction passa à VUGAYABAGABO, fils de BAKINAHE : le défunt n’avait pas d’enfant mâle. Ce nouveau fonctionnaire, sous MUTARA II RWOGERA, commandera en même temps les Abanyakaringa- Ishyama (cfr. n°19). Au début du règne de KIGELI IV, ce fonctionnaire sera destitué et les Abiru passeront à RUBUNGA, fils de SENYAMISANGE, de la Famille des Ababyibushye. Plus tard le fonctionnaire abandonna sa province, lorsque SEVUMBA, venu du Burundi à la tète d’une bande armée de fusils arabes, envahi le Kinyaga et le ravagea. Au départ de RUBUGA, le nommé MUGENZI, alors Chef administratif du Bugarama voisin, s’empara de son propre mouvement du commandement des Abiru ;cette situation ne fut cependant pas reconnue par la Cour, nomma bientôt, comme successeur de RUHUGA, NYAMUHENDA, fils de KAJEJE, de la Famille des Ababona. C’était au début du règne de YUHI V MUSINGA.

 

  1. NYAMUHENDA démissionna quelques années plus tard, à cause du fait que son commandement comportait des interférences avec les Impara, alors sous les ordres du puissant RWIDEGEMBYA. NYAMUHENDA craignait pour sa vie, s’il continuait à se trouver en conflit avec son collègue, lequel était le neveu de la Reine Mère. La Cour lui donna pour successeur le nommé RUBAGO, du Clan des Abasindi. Il fut destitué à la fin de la première Guerre Mondiale, à la suite des exactions et viols dont ses fils se rendaient impunément coupables dans la région. La « Cour nomma alors BIRASINYELI, fils de SERUTABURA (celui-ci ancien Chef des impara). BIRASINYELI fut destitué par l’Autorité belge, qui nomma BINIGA, fils de RWAMPFIZI, de la Famille des Abahanya.
  2. Prestations :

1) Des tiges de laiton, des inyereli (ou cerceaux faits de poils de la queue de vache sur lesquels court en très serré un fin fil de fer ; ces cerceaux étaient portés par des hommes nobles autour des chevilles) ; des houes et des nattes fines (udusuna).

2) Quelques 200 cruches de miel ; des glaives dont les fourreaux étaient entièrement ornés de fin fil de fer ;

3) Des barattes en courges géantes, spécialité de la zone ;

4) Ubuhivu ou fibres provenant de l’arbre umuhivu ; des charges de ubutega (ou cerceaux faits de certaines tiges d’herbes sur lesquelles court en très serré une écorce fine soit de papyrus, soit d’autres plantes employées en vannerie; ces cerceaux ornaient les jambes des grandes dames, des chevilles aux genoux). Armée-Bovine correspondante : Aucune.