LE REGNE DE MUTARA I SEMUGESHI. 15 ème Roi :± de 1543 à 1576.

a) La conquête de la confédération des Abenengwe.

  1. Mutara I Semugeshi, dit Muyenzi, initiale de sa devise guerrière, succéda au grand Ruganzu II Ndoli. Le nouveau monarque porta également les noms de Nsoro II, puis de Bicuba I, et ne devint définitivement Mutara I qu’à la suite de vicissitudes qui seront narrées plus loin.

Quoi qu’il en fut de son premier nom de règne, le nouveau monarque eut toute son attention tournée vers la confédération des Abenengwe. Cette zone comprenait des territoires que les Mémorialistes et les Aèdes nous présentent comme jouissant chacun d’une autonomie complète, mais reconnaissant un monarque supérieur, une espèce de Président d’honneur. Ceci semble normal ; c’était plutôt le système des Banyiginya qui était devenu anormal en nos régions, depuis la centralisation du pouvoir inaugurée par Kigeli I Mukobanya.

Nous savons déjà que Yuhi II Gahima II se serait attaqué à ladite confédération (cfr n° 145). Sous son successeur, Ndahixo II Cyamatare, ce n’était pas le moment de songer aux conquêtes. Son fils Ruganzu II Ndoli revint à la charge, mais il échoua. Cette tradition nous a été conservée par un Récit littéraire, mettant aux prises le grand conquérant et la Reine mère Benginzage (cfr no 145) probablement après la mort de son époux Samukende et durant la minorité de Rubuga. Mais rien de plus précis ne peut être tiré de ce Récit.

  1. Mutara I établit un camp de marches à Rusatira (en la Commune actuelle de même nom en Préfecture de Butare), à la frontière de ladite confédération. La région formant l’ancienne province du Busanza était gouvernée par Nkuba, fils de Bagunama, et celle formant l’ancienne province du Bufundu par Rubuga, fils de Kagogo, celui-ci sous le signe du tambour Kamena-mutwe = le casse-tête. Le monarque supérieur de la confédération était alors Rubuga, fils de Samukende (cfr no 145). Nos Mémorialistes affirment que le déclenchement des hostilités fut décidé à la suite de 1a razzia effectuée par Rubuga, fils de Kagogo, aux dépens du camp rwandais des marches, à Rusatira. Les guerriers rwandais en campement étaient les Abaganda = les Marteleurs (cfr n° 174). Les vaches razziées comptaient particulièrement une de robe blanche : elle était peut-être celle du monarque Rwandais en personne, pour que les traditions l’aient mentionnée spécialement.

Cette tradition est fort ancienne, puisque l’Aède Muguta en parle en son Gisigo n° 10, intitulé Nigire inama nanoga = il faut me résoudre à un parti, je suis à l’extrémité, présenté à Mibambwe II Gisanura, petit-fils de ce Mutare I (cfr La Poésie Dynastique au Rwanda, p. 134).

Une expédition de représailles fut déclenchée par les Rwandais. Mais elle n’eut pas le Bufundu seul pour objectif : toute la confédération des Abenengwe fut attaquée. Peut-être la lutte s’échelon-na-4-elle en plusieurs mouvements. Ceci semblerait plus normal, car une occupation systématique en un seul temps ne se concevait pas. En tous les cas, après la conquête du Busanza (roitelet Nkuba fils de Bagunama) et du Bufundu (roitelet Rubuga fils de Ka.gogo), lorsque le Bungwe fut attaqué, alors le prince Binama, fils de Yuhi II Gahima II, (cfr no 145) alla se faire tuer en Libérateur sur le territoire envahi. Rubuga, fils de Samekende, monarque supérieur de la confédération, fut tué, ainsi que sa mère Benginzage (dite Nyagakecuru), dont la résidence couronnait le mont Nyabanda. Leur tambour-emblème, le Nyamibande = Maitre-des-vallées, fut capturé. Lorsque ce tambour fut trouvé fêlé, les Rwandais qui désiraient le conserver intact, le réparèrent en le pointant de fer, d’où il fut appelé Rwuma = l’enferraillé.

Dans le même poème ci-avant cité, l’Aède Muguta fait clairement allusion à ce tambour en affirmant qu’il arriva au Rwanda dans le nombre du butin. Et, ce qui a son importance, il affirme dans le même passage que Mibambwe II, auquel il présentait le poème, connaissait parfaitement son grand-père Mutara I. Et cette affirmation est faite dans un contexte qui laisse comprendre que l’Aède lui-même l’avait Connu.

b) Le Pacte de non-agression avec le Burundi et les noms du monarque Rwandais.

  1. A partir du moment où le Bungwe était annexé au Rwanda, notre pays entrait en contact plus direct avec le royaume du Burundi, où régnait alors Mutaga II Nyamubi. On laisse supposer que ce dernier pays avait déjà une tranche de frontière avec le Rwanda, du côté de Ngozi, face à notre Nyaruteja. Le Burundi avait conquis cette zone sur le Bugesera. Le Burundi n’ignorait pas la force du Rwanda, puisque sous le règne précédent les deux pays s’étaient combattus (cfr n° 177). Mais le monarque Rwandais avait une raison impérieuse de ne pas être en mauvais termes avec celui du Burundi : le Code ésotérique du Burundi comportait un poème concernant les vaches ; il fallait en recevoir communication. Des délégations échangées de part et d’autre préparèrent la rencontre des deux monarques : celle-ci eut lieu sur le territoire du Rwanda, à Nyaruteja, au lieu dit depuis uTwicara-bami = Sièges-des-Pois. Ils y accomplirent le pacte du sang, et, corollaire qui allait de soi, y conclurent le pacte perpétuel de non-agression = imimaro, entre leurs lignées. Ainsi, lorsque le Rwanda attaquerait un pays, le Burundi ne porterait pas secours à ce dernier et réciproquement. On peut penser que la leçon du règne de Ruganzu II, mettant le Burundi en échec au Bugesera, n’avait pas été oubliée. Par ce pacte, d’autre part, le Bugesera était laissé à ses propres moyens face au Burundi plus puissant, qui finira par l’absorber.
  1. Le Rwanda recevrait, en retour, la connaissance du Poème dit la Voie des Abreuvoirs qui lui tenait tellement à coeur. Un Détenteur du Code ésotérique du Burundi, appelé Nyamwonda, fils de Burenge, fut cédé à la Cour du Rwanda, pour enseigner à ses homologues le texte du poème et pour faire procéder à sa première célébration. Une fois le poème parfaitement enseigné et retenu, après eut été adapté aux traditions de la lignée rwandaise, en y intercalant les noms de localités appropriées pour remplacer celles du Burundi, la célébration commença, Les traditions du Code ésotérique rwandais nous renseignent sans ambiguïté : les Abreuvoirs furent préparés en la vallée de la Nyabarongo, côté Ouest, face au gué dit mu-Mutobo.
  1. Une fois les cérémonies terminées, Nyamwonda conduisit la Cour à Mwaka, en la Commune actuelle de Mushubati, Préfecture de Gitarama. Au cours de la cérémonie, le monarque rwandais reçut le nom dynastique de Bicuba : Bicuba I Le nom « Bi-cuba » signifie : Jarres en bois (destiné soit à contenir une grande quantité de lait, soit à puiser de l’eau aux puits pour abreuver les vaches). Le symbolisme recherché était clair : on ne pouvait mieux nommer un monarque titulaire des Vaches.

Mais Nyamwonda ne fut pas favorisé par les circonstances : après l’achèvement du cérémonial, l’un des yeux du monarque se mit à gonfler démesurément. Cette maladie fut aussitôt considérée comme la suite du cérémonial récent. Un messager se rendit au Burundi pour adresser des reproches à Mutaga II: n’avait-il pas trompé un ami auquel il était lié par le pacte du sang ? Le monarque du Burundi se hâta d’envoyer un nouveau Détenteur du Code ésotérique appelé Kiniga, fils de Rumanura. Enquêta-t-il sur la façon dont la célébration s’était déroulée ? En tous cas, il jugea qu’il y avait eu quelque chose d’anormal, car il décida de recommencer le cérémonial.

  1. Au point de départ il fit séjourner le monarque à Nyundo près Bunyogombe, en la Commune actuelle de Tambwe, Préfecture de Gitarama. Là il renouvela les tambours-emblèmes. Il fit puiser nuitamment de l’eau du puits Rweza-ngoro Purification de la demeure royale dans la forêt du Muhima, au pied du Nyarugenge (ville-capitale actuelle de Kigali). Le même « vol » avait été sans aucun doute effectué sous les ordres de Nyamwonda. L’eau du Rwezangoro fut versée dans le puits du Kabyaza .= le Faisant-vêler, à l’Est de la Nyabarongo, au pied du mont Nyamweru. Là se déroulèrent les cérémonies, après lesquelles le monarque fut installé à Musumba = Elévation, en la Commune actuelle de Nyamabuye, Préfecture de Gitarama. Mais au cours de la cérémonie, l’ancien Bicuba I s’était vu imposer le nom dynastique de Mutara : Mutara I Semugeshi. Le symbolisme de ce nom est explicitement mis en relations avec la région du Mutara, qui n’était cependant pas encore province du Rwanda, mais considéré comme pays des vaches par excellence.

Nyamwonda ne reparaît plus dans les traditions. Quant à Kiniga, il ne rentra plus au Burundi, le monarque Rwandais se l’étant intimement attaché. Il reçut le commandement de la localité appelée Gikoro près Maza, en la Commune actuelle de Rusatira, Préfecture de Butare. Il y fit souche et l’un de ses fils, Nkuna, devint l’ancêtre éponyme de la Famille des Abakurta, dont la fonction principale à la Cour était la garde des ceintures ayant appartenu aux anciennes Reines mères.

  1. Nous pouvons ici nous poser une question : ces traditions qui relèvent toutes du Code ésotérique, et par conséquent de la catégorie de celles que nous appelons « vitales », nous présentent le successeur de Ruganzu II sous différents noms dynastiques successifs. Etant donné que celui de Bicuba est lié à l’intervention de Nyamwonda, et celui de Mutara à celle de Kiniga, sous quel nom ce monarque régna-t-il tout d’abord avant qu’il ne songeât à devenir, titulaire des Vaches ?

Si nous considérons l’ordre des noms dynastiques, tels que les portèrent ses ancêtres, il aurait dû s’appeler Cyilima. Mais les récits des Mémorialistes, sans rien préciser sur le rôle de ce nom, nous ont transmis qu’il portait le nom de Nsoro. Serait-ce celui sous lequel il aurait régné tout d’abord ? Le Code ésotérique ne s’en occupa que pour décréter sa suppression, tout juste au moment où le monarque venait d’assumer sa fonction de « Roi des Vaches ».

  1. En ce moment, en effet, Mutara I et ses Détenteurs du Code prirent une décision importante : ils supprimèrent le nom de Ndahiro d’entre les appellations dynastiques, parce que son dernier titulaire s’était vu arracher le tambour-emblème (cfr n° 156-158): ce n’était plus dès lors un nom auquel on pouvait confier le sort du Ils en firent de même pour celui de Ruganzu, parce que ces deux titulaires avaient été tués par l’ennemi : le nom s’avérait vulnérable. Ils en firent de même, enfin, pour celui de Nsoro motif retenu dans les traditions: du Code ésotérique : il était porté au Bugesera, royaume puissant à l’époque : le Rwanda devait avoir ses propres noms dynastiques aux attributions symboliques déterminées.

La triple suppression intervenue, il ne restait plus que 4 noms traditionnels : Cyilima, Kigeli, Mibambwe et Yuhi, auxquels venait s’ajouter celui de Mutara. Ces cinq noms devaient être portés dans un cycle da 4 générations : 4 générations, peut-être à l’imitation de ceux du Burundi, propriétaires initiaux du poème « Voie des Abreuvoirs », chez qui cependant les 4 noms correspondaient à un cycle de 4 générations.

Les 5 noms dans un cycle de 4 générations posaient un problème, à première vue difficile ; il fut résolu comme suit :

1 – Mutera         5 – Cyilima            9 – Mutera          13 – Cyilima

2 – Kigeli           6 – Kigeli              10 – Kigeli            14 – Kigeli

3-Mibambwe    7 – Mibambwe    11 – Mibambwe   15 – Mibambwe

4-Yuhi               8 – Yuhi                12 – Yuhi               16 – Yuhi

17 – Mutara etc.

En d’autres mots, Mutara et Cyilima seraient portés chacun une fois toutes les 8 générations ; ou encore : le ler Yuhi aurait Cyilinta pour successeur, et le 2ème Yuhi serait suivi de Mutarà, et ainsi de suite en altérnant.

c) Les fonctions symboliques des 5 noms dynastiques et le culte rendu aux « Rois des Vaches ».

  1. Il fut décidé qu’avec Mutara, Cyilima serait également titulaire des vaches : c’est-à-dire qu’ils accompliraient les cérémonies destinées à faire prospérer le bovidé (Poème de la Voie des Abreuvoirs).

Dans le passé, les appellations Ndahiro et Ruganzu, désormais supprimées, étaient titulaires des conquêtes, en parallèle avec Kigeli et Mibambwe.

Désormais le nom Kigeli cumulerait les attributions de Ndahiro et de Ruganzu : en d’autres mots, Kigeli devenait l’homonyme des deux, tandis que Mibambwe conservait ses attributions, sans aucun cumul. Seuls Kigeli et Mibambvve pouvaient circuler où leur plaisait, y compris les pays étrangers.

L’appellation Yuhi enfin restait, comme par le passé, le Roi du Feu, directement titulaire de la pérennité de la lignée (le Feu symbolisant en culture rwandaise la durée illimitée de la descendance), et indirectement titulaire des Vache, en raison du Foyer pastoral = igicaniro. Seul Nsoro (que portait auparavant Mutara I), n’a pas laissé une trace de symbolisme qui nous soit expliqué par le Code ésotérique. 

  1. Aux deux appellations Mutara et Cyilima, en plus; fut attachée une fonction de grande importance : à savoir l’établissement du testament de succession au trône du Rwanda. A l’époque où devait intervenir la célébration de la Voie des Abreuvoirs, le régnant (par exemple Mutara) déterminait les Clans dans lesquels -seraient choisies les Reines mères de Kigeli et de Mibambwe, et la Famille du Clan des Abega où serait choisie la mère du futur Cyilima (pour ce dernier le Clan des Abega était d’office désigné). Le Code attribue à ce dernier Clan là mère aussi de Ceci doit avoir été décidé par Cyilima II Rujugira, car avant lui la mère de Yuhi III Mazimpaka était du clan des Abakono.

Dès que Mutara avait ainsi décidé l’ordre des Clans, on attendait le règne de Cyilima  qui, en agissait de même, en attendant le règne du Mutara suivant. Le Mwiru-roi du Nyamweru (cfr. N°.99- 102) était le Gardien officiel de ce testament de succession au trône du Rwanda.

  1. Enfin, le même acte détermina le cérémonial suivant lequel devaient être traitées les momies de Mutara et de Cyilima. On ne peut pas croire que les momies royales étaient traitées différemment auparavant. A la mort du monarque, son cadavre était soumis .à un traitement de momification qui l’empêchait de se décomposer dans l’immédiat. On le conservait durant quatre mois et on l’enterrait : définitivement durant la nuit où son successeur, était couronné. On peut penser qu’il en était ainsi dé tout temps.

Mais en relation avec le cérémonial de la Voie des Abreuvoirs, il était prévu que, disons Mutara  devait mourir à l’Est de la Nyabarongo. Les quatre mois avant le couronnement de son successeur, la momie était conservée à Joma (en la Commune actuelle de Rushashi, ancienne province du Bumbogo, en Préfecture de Kigali). Arrivait le jour où son successeur Kigeli traversait la Nyabarongo, vers l’Ouest de la rivière. La nuit de ce même jour la momie de Mutara passait à. l’Ouest de la rivière et était vénérée à Gaseke (en la Commune actuelle de Rutobwe, ancienne province du Rukoma, en Préfecture de Gitarama). La momie y restait durant les règnes de Kigeli, Mibambwe et Yuhi. Une fois intronisé Cyilima à l’Ouest de la Nyabarongo, (car son père Yuhi restait perpétuellement dans la boucle de la Nyabarongo-Kanyaru, (cfr n° 143-144) il restait dans le Nduga jusqu’au moment où il célébrait la Voie des Abreuvoirs. En ce moment il traversait la Nyabarongo vers l’Est, sans possibilité de revenir jamais à l’Ouest de la rivière. La nuit qui suivait le jour de la traversée, la momie qui était déplacée de Gaseke, passait à l’Est de la rivière. Le Monarque accomplissait ledit cérémonial et était astreint à résider dans l’ancienne pro-vince du Bwanacyambwe (Préfecture de Kigali). Après la cérémonie, la momie de Mutara était transférée à Rutare, (cimetière des Mu-tara, .Kigeli et Cyilima), et y restait jusqu’à la mort de ce Cyili-ma. Le cadavre de ce dernier était à son tour transféré à. borna, ‘et y restait quatre mois. Dans la nuit du Couronnement de .son successeur, on enterrait à Rutare la momie de Mutara. Dès que le nouveau monarque Kigeli traversait la Nyabarongo-vers le Nduga (à l’Ouest de la rivière, la nuit suivante la momie de Cyilima était transférée de borna à Gaseke, où elle était vénérée durant les 3 règnes suivants.

  1. Seulement, à l’époque où Mutara I Semugeshi célébra ledit cérémonial, le Bwanacyambwe était encore une province du Gisaka ( cfr n°137). La Voie des Abreuvoirs fut alors célébrée dans les puits appelés Kabyaza, au pied du mont Nyamweru : mais on y avait versé une certaine quantité d’eau. volée nuitamment dans le puits appelé Rwezangoro, situé dans la forêt du Muhima. Le poème des Abreuvoirs situait la cérémonie autour dudit puits, qui était dans le Bwanacyambwe, au Gisaka à cette époque. Il n’y eut que Cyilima. II Rujugira à célébrer le cérémonial tel que détaillé dans le poème et à résider effectivement dans le Bwanacyambwe, revenu au Rwanda sous Kigeli Nyamuheshera, successeur de Mutara I. On peut donc se demander si la résidence obligatoire au Bwanacyambwe était dès le début imposée dans le poème, ou si peut-être elle n’y fut introduite qu’ultérieurement sous Cyilima II. Mais le puits du Rwezangoro y était dès le début mentionné.

Si Ruganzu II fut illustre par le nombre de ses conquêtes et dans les circonstances où elles furent accomplies, son fils est considéré « ésotériquement » comme plus illustre que son père, en raison de ces dispositions réformatrices ayant profondément marqué le Code ésotérique.

  1. La Secte des Imandwa — La fin du règne.
  1. Les traditions rapportent que la secte religieuse des Imandwa fut effectivement imposée au Rwanda sous Mutara I. Il y aurait eu une grande épidémie, que les devins attribuèrent au sang de Lyangombe qu’avait bu la terre rwandaise. Remarquons qu’aucune tradition ne précise si le fondateur de la secte et ses compagnons moururent (cfr n° 178) sous Ruganzu II ou sous son successeur.

Les oracles divinatoires auraient alors indiqué, pour triompher de l’épidémie, que le peuple devait s’initier à ladite secte des Abacwezi, lesquels ne s’attaqueraient plus à ceux qui seraient devenus les leurs. L’initiation générale aurait été édictée par la Cour. Toutefois, comme il était tabou que le monarque se mette à genoux devant qui que ce soit, et que dans le culte de la secte on doit faire ce geste devant le célébrant jouant le rôle de Lyangombe, la Cour décréta qu’un fonctionnaire appelé « Roi des Imandwa », suppléerait le monarque et accomplirait ledit geste en son nom. Ladite fonction fut conservée à la Cour jusqu’à notre époque, où elle était devenue héréditaire dans la Famille des Abayumbu. En ce qui concerne les subalternes de ce fonctionnaire, cfr subsidiairement Les Milices n° 171-128.

  1. Mutara I mourut à Gisozi, c.à.d., lieu d’un décès royal, près Musumba (Commune actuelle de Nyamabuye, Préfecture de Gitarama). Sa momie fut la première à être conservée à Gaseke elle n’avait pas reposé provisoirement à Joma (n° 194), la résidence préalable au Bwanacyambwe n’étant pas réalisable à l’époque. L’enterrement définitif eût lieu sous Cyilima II Rujugira, à Rutare, sur le contrefort appelé ku- Rurembo (c.à.d. à la Cour), situé au-dessus de Nyansenge (cfr n° 125). Son  tambour des-audiences s’appelait Mpagazamahanga-hejuru .. (contraction de mpagaze-amahanga hejuru) Je-me-tiens-debout sur les paysétrangers (Je piétine les pays étrangers).

Comme le démontre la nature même des informations ci-avant résumées, le règne de Mutara I nous est connu, d’une manière prévalente, par une série de traditions « vitale ». Il serait en conséquence superflu d’y revenir en cette conclusion.

Rappelons du moins que la Famille des Abaganzu (efr n° 182,1) descend de son fils Nzuki, et que ce monarque créa la corporation qui devait  plus tard donner origine à la Milice Impara (cfr Les Milices n° 117-128).

Quant  aux Abaganda, sa Garde personnelle, (ibidem,. 97-98, 116); ils furent plus tard jumelés avec les Ibisumizi et les Abaruhije (n° 182, 2-3) gardiens des touilles royales du mont Rutare.