1. Retrait du droit de vie et de mort

Non seulement cette nouvelle conception de l’organisation administrative mettait le Mwami sous l’autorité des agents de la Belgique, mais encore elle lui faisait perdre certains de ses grands pouvoirs royaux. Aussi, Musinga se vit-il enlever de prime abord son droit de vie et de mort, le Jus gladii, sur ses sujets. Ici, une question à savoir pourquoi le nouveau régime colonial au Rwanda a, dès 1917, retiré au souverain indigène ce qui faisait de lui le maître craint dans le pays, mérite d’être posée. Nous pouvons dire que les Belges voulaient par cette mesure diminuer l’autorité du Musinga et se dresser devant lui comme des seuls vrais maîtres dans son royaume. C’est possible. Mais ce qui est particulier dans cette décision, c’est son caractère qui affecte la vie et l’orientation des relations entre les populations colonisées et le pouvoir colonial. En effet, jusque-là, l’occupation européenne s’était plus montrée en faveur de l’autorité locale, celle du roi et de ses chefs et s’était ouvertement attelée à la renforcer souvent au détriment des masses dominées. Nous assistons, dès l’avènement des Belges au Rwanda, à un changement de cap dans l’attitude de l’administration coloniale à l’endroit du pouvoir indigène et du peuple rwandais.

Alors que l’Allemagne s’était refusée dans l’immédiat à intervenir dans les affaires internes de la société rwandaise, se contentant seulement d’y maintenir l’ordre, la Belgique voulut toucher d’une manière effective les structures administratives, judiciaires et politiques du pays. A son avis, le protectorat allemand tel qu’il fut exercé était synonyme de ‘stagnation” et n’était d’ailleurs qu’un stade qu’il fallait absolument dépasser pour permettre au pays d’avancer. En considérant que le fait d’avoir enlevé au Mwami son jus-gladii favorisait surtout les faibles, nous pouvons nous demander en quoi cette mesure contribuait directement à l’évolution rapide du pays selon les perspectives nouvelles. Étant donné que les dirigeants tutsi en général, le Mwami en particulier, s’étaient toujours opposés à l’implantation de la Civilisation occidentale et qu’ils contraignaient leurs sujets à rester eux aussi à l’écart des Blancs, la perte du droit de juger seuls leurs sujets, surtout la perte du droit et du pouvoir du roi de condamner “sans appel” signifiait sans ambigüité l’amoindrissement de la force des autorités locales, elle signifiait plus ou moins aussi le bris de leur opposition à la Culture occidentale.

D’une façon particulière, cette mesure constituait une attaque contre la résistance qu’avaient jusque-là manifestée les grands du royaume à l’endroit des Missions catholiques car elles s’étaient montrées, non sans difficultés, comme des véritables centres de rayonnement de la civilisation chrétienne occidentale. C’étaient vers elles qu’allaient quelques Hutu et quelques petits Tutsi pour y travailler et y apprendre des nouvelles “choses” venues de l’Europe et en particulier la Religion des Pères Blancs. Souvent leur fréquentation des Missions était perturbée par des menaces de leurs chefs. Avec le retrait du jus gladii et ce qui l’accompagnait, personne n’allait plus être lésée dans ses droits, du moins publiquement, parce qu’elle avait été à l’école des Pères ou parce qu’elle travaillait avec les Blancs car ceux-ci étaient devenus désormais les maîtres incontestés de la justice:

“Présidée par le résident, la cour du roi qui réunit les régents et les grands chefs, connaîtra de toutes les infractions commises par les indigènes et pour lesquelles la loi commine une peine supérieure à cinq années de servitude pénale. La peine de mort cependant ne sera exécutée que de l’assentiment du résident général.”

Dans le cadre de l’évangélisation du Rwanda, cette décision favorisait, par le fait qu’elle réduisait le pouvoir judiciaire et punitif des dirigeants autochtones sur leurs sujets et donnait à ceux-ci une certaine liberté de mouvement, l’action des Pères Blancs et de leurs adeptes. En même temps, elle assurait à l’administration coloniale une garantie d’avoir plus tard des hommes prêts à travailler avec le Blanc. En effet, le pouvoir colonial trouverait parmi les chrétiens (les travailleurs, les élèves, les catéchistes, les prêtres indigènes, etc.) des personnes acquises à l'”œuvre civilisatrice” de l’Europe et des auxiliaires dévoués, sinon dociles.

Compte tenu des conséquences qui découlèrent de la perte du pouvoir absolu du roi de tuer sans se référer à personne et prises en considération les relations tendues qui étaient entre les Pères et la Cour royale depuis 1900, n’y a-t-il pas lieu pour nous de nous demander si la décision du gouvernement belge de retirer au Mwami son Jus gladii n’aurait pas été inspirée par les missionnaires catholiques? Aucun document officiel du côté de l’administration belge comme de celui de l’Eglise catholique ne mentionne le rôle que les Pères Blancs auraient joué dans la détermination du gouvernement colonial de dépouiller le Mwami de ses pouvoirs. Toutefois, nous pouvons formuler cette hypothèse que les missionnaires ont été des instigateurs de la décision du gouvernement colonial belge. Pour nous, les Belges qui venaient à peine d’inaugurer leur administration au Rwanda et qui s’étaient surtout occupés de la guerre en 1916, de réparer les plaies de la famine en 1917-1918, nous paraissent peu préparés à décider que telle ou telle autre attribution, tel droit ou tel pouvoir du Mwami était nuisible à l'”œuvre coloniale” européenne. Cela leur était difficile d’autant plus que le Mwami et sa Cour se montraient toujours accueillants à l’égard des nouveaux conquérants.

Aussi, l’attitude des autorités rwandaises aurait-elle pu illusionner les fonctionnaires coloniaux belges s’il n’y avait pas eu sans doute des informateurs qui connaissaient bien le pays et le comportement de ses habitants et qui avaient beaucoup d’audience auprès des Belges. Ces informateurs ne seraient autres que les Pères Blancs. En effet, ils étaient au Rwanda depuis 1900, ils avaient eu le temps d’étudier le “Royaume hamite”, sa population et ses autorités; ils savaient, mieux que tout autre Européen, ce qu’il fallait faire pour le “triomphe” de la Civilisation occidentale dansce pays. En cette qualité d'”experts” du Rwanda, les missionnaires retinrent l’attention des nouveaux colonisateurs et furent même associés à leur action. De là, pouvons-nous comprendre que l’intervention des Pères Blancs dans le retrait du Jus gladii ne serait pas étrange d’autant plus que les documents officiels belges attestent la collaboration étroite entre les fonctionnaires belges et les missionnaires au Rwanda. Cette entraide remonte déjà à 1917, pendant la période où les militaires combattaient la famine qui s’était abattue sur le pays après la première guerre mondiale:

“Mon Révérend Père, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance que Monsieur le Commissaire Royal (le Général Malfeyt) dans les territoires de l’Est Africain Allemand occupés par La Belgique, a bien voulu, par le télégramme du 11 octobre 1917, marquer toute sa satisfaction pour les résultats déjà obtenus au Bugoyé dans notre lutte contre la disette, et me charge de remercier la mission de Nyundo, du précieux concours qu’elle nous apporte. (…) Je suis heureux, pour ma part, de constater une fois de plus à cette occasion, que tous les efforts se rencontrent, se coalisent chaque fois qu’il s’agit des intérêts primordiaux de la civilisation de l’humanité. Veuillez agréer, je vous prie…

Le Commandant Supérieur: G. Stevens (17).”

 

  1. Nomination des chefs et des sous-chefs

Dans les nouvelles perspectives de développement du pays, une autre mesure dut être prise: le gouvernement colonial belge se décida d’intervenir dans la nomination et la révocation des chefs des provinces et des sous-chefs des collines. Cette nouvelle mesure visait non seulement à diminuer encore davantage le pouvoir du Mwami mais à permettre aussi à la nouvelle administration européenne d’amener les dirigeants à exécuter et à faire exécuter ses directives. Cette décision s’avérait être un prérequis à une quelconque collaboration entre les Belges et les autorités coutumières rwandaises car elle donnait la preuve de la capacité de ceux-là de nommeret même de révoquer celles-ci dans le cas où elles témoigneraient d’une réticence ou d’une désobéissance à l’endroit des ordres reçus.

D’une façon particulière, cette mesure des Belges contraignait le Mwami à abandonner son pouvoir suprême de se désigner les agents de son administration et de les démettre de leurs fonctions selon son bon vouloir.

En fait, cela revenait à dire que le gouvernement colonial belge s’arrogeait le pouvoir suprême dans les affaires administratives et exerçait le contrôle ainsi que la supervision de l’exécutif indigène. Théoriquement, le Mwami garda encore le droit et le pouvoir de nommer et de déposer les batware – Chefs et sous-chefs. Pratiquement ces attributions lui furent enlevées et sa décision dans la matière ne fut plus que symbolique comme lui-même ne devint qu’un simple instrument de la volonté du Résident belge. En effet, la liste des batware était établie par l’administration coloniale, puis soumise au Mwami qui devait seulement investir les candidats ou révoquer ceux qui avaient été jugés incapables de diriger selon les plans du colonisateur.

Cette importante décision dans l’histoire de l’administration traditionnelle rwandaise eut pour première conséquence d’obliger Musinga à “travailler” avec les nouveaux colonisateurs ou du moins à se montrer bienveillant à l’égard des Européens, de leur entreprise dans le pays et de leurs agents rwandais. Les Pères Blancs qui, depuis 1900, avaient suivi l’attitude de la Cour et des grands à l’endroit de la Civilisation européenne en général, vis-à-vis de l’œuvre missionnaire en particulier, remarquèrent qu’après 1917, la situation commença à prendre d’autres formes, que les Tutsi s’ouvrirent peu à peu aux Blancs:

“La situation politique du Rwanda a plus changé en cette année écoulée (1917-1918) que dans les dix-sept années passées. Nyinauyhi (Nyirayuhi), la mère de Musinga, est bien restée la puissante dirigeante du pays, mais elle n’est plus la puissance cachée faisant sourdement échec à tout ce qui de près ou de loin touchait à l’Européen. Elle se montre aux Européens, les affaires se traitent directement avec elle. (…) Chose plus grave, Musinga n’hésite plus dans les grandes circonstances à boire avec les Européens ! Qui eût dit, l’an passé, que Musinga allait prendre la coutume de recevoir voyageurs, officiers et missionnaires, en leur offrant cigarettes et rafraichissements: C’est l’effet d’une année de bonne politique du Gouvernement d’occupation.”

A cette fin, l’avènement de la Belgique coloniale se présente comme déjà une victoire du “modernisme” sur le “traditionalisme”, mais surtout il a sonné l’épanouissement de l’œuvre missionnaire au Rwanda. En effet, en tolérant l’action des Européens dans le royaume, la Cour donnait libre cours également à l’entreprise des Pères Blancs de prêcher l’Évangile, de créer des Missions, de recruter des adeptes, d’avoir des écoles, etc. Comme les Missions catholiques avaient été jusque-là les “véritables instigatrices” de l’œuvre civilisatrice” dans le pays, elles furent les plus bénéficiaires de la nouvelle position de la Cour face aux apports de l’Occident.

Un proverbe rwandais dit: Umwera uvuye ibukuru ukwira hase – Toute initiative, bonne ou mauvaise, qui émane d’en haut se répand sur l’ensemble du pays. Dans tout le royaume, les représentants du Mwami durent suivre son sillage soit dans leur comportement à l’égard des Blancs, soit dans leur attitude à l’endroit des Rwandais qui travaillaient avec les Européens. Ils furent également obligés de se conformer désormais aux ordres issus du pouvoir colonial. Mais cette situation, ayant été en réalité arrachée à coup de force car le Mwami et ses batware n’ont pas eu à l’accepter librement ni à opter sciemment vers la nouvelle orientation du pays, resta pratiquement apparente. Ce qui importait dans de telles circonstances était de se mettre à l’abri du “mauvais œil” de l’administrateur belge en affichant “toutes les bonnes volontés” de se plier devant ses ordres et de lui témoigner une grande obéissance. En vérité, Musinga, sa Cour et tous les grands du royaume détestaient encore leurs conquérants. Le Mwami ne les tolérait que malgré lui car il était quand même conscient qu’ils sapaient progressivement mais décidément son autorité. Aussi, lui et son équipe marquèrent-ils, malgré les apparences du bon vouloir, une réticence dans la collaboration avec les Belges.

Cette réticence peut effectivement s’expliquer par la décision délibérée de la Cour et des batware. Mais nous pensons aussi, qu’elle avait pour origine l’incompétence des dirigeants. S’étant toujours tenues à l’abri de l’action européenne, surtout celle des Pères Blancs, l’ayant toujours refusée et ayant à maintes reprises tenté de la vouer â l’échec, les autorités coutumières rwandaises n’étaient pas du tout préparées à exécuter ou à faire exécuter les ordres des Belges. Elles nous paraissent réellement incapables de dire â leurs sujets: tracer la route de cette façon et suivant tel plan, planter les arbres, les caféiers à lignes, etc. car elles n’avaient jamais été initiées à ce genre de choses. En outre, nous croyons que l’absence d’une collaboration effective entre le colonisateur et l’autorité indigène a été le résultat du manque d’attrait de la part de cette dernière aux différents projets des Belges. Le Mwami et ses collaborateurs n’y voyaient pas d’intérêt; au contraire, ils pensaient que c’était une façon des Blancs de s’établir dans leur royaume pour le plus “manger”.

La réaction de l’autorité belge devant 1″attitude négative” du Mwami et de son équipe, attitude qui ne saurait pas suffisamment trouver explication dans les termes de réticence et d’opposition, fut d’essayer d’écarter des postes administratifs des chefferies et des sous-chefferies quelques batwarepour les remplacer par ceux qui étaient jugés plus “dociles” et plus “ouverts” à la Civilisation occidentale. Dans cette entreprise, les autorités belges eurent recours aux Pères Blancs pour choisir parmi leurs chrétiens quelques élèves, quelques catéchistes, quelques moniteurs d’école, les hommes capables de prendre la relève “des chefs incapables, qui n’auront jamais d’autorité ou ne sauront faire usage de celle qu’ils ont: instruments sans valeur pour les services que l’on attend d’eux : Rapport présenté par le Gouvernement belge au Conseil de la Société des Nations au sujet de l’Administration du Ruanda-Urundi pendant l’année 1925, Bruxelles, F. Van Gompel, 1926.”

À ce moment-là, les Rwandais qui avaient fréquenté l’école de la Missionétaient pour la plupart, sinon tous, des Hutu. Réclamer des missionnaires des auxiliaires dans l’administration publique coloniale revenait à demander aux Hutu d’occuper certains postes politico-administratifs qui leur étaient interdits de naissance. C’était donner à certains roturiers une promotion spectaculaire: Même si séculairement les Tutsi occupaient la tête de la politique et de l’administration rwandaises, le choix de quelques Hutu pour diriger quelques provinces ou collines paraissait judicieux aux yeux des Belges qui considéraient que normalement la majorité devait gouverner la minorité. Mises à part l’incompétence des chefs tutsis et la réticence à l’endroit des Européens, la décision de démettre quelques dirigeants coutumiers pour les remplacer par les personnes issues du groupe des Hutu se justifiait d’elle-même devant l’opinion occidentale.

Il aurait été intéressant de connaître le nombre exact d’Hutu qui ont été promus au rang de chefs ou de sous-chefs. Pour le moment, les données pertinentes nous font défaut. Nous savons tout simplement qu’un appel de la part de l’administration coloniale belge a été lancé vers les missionnaires leur demandant de fournir des gens capables de bien lire, écrire, parler le swahili et un peu le français. Nous savons que ces hommes ont été effectivement présentés aux fonctionnaires belges et qu’il amême été impossible de satisfaire à la demande. La difficulté de préciser le nombre d’ “élus” nous vient du fait que dans la formule de recrutement, il n’était pas tenu compta du nombre de postes à combler ni du type d’emplois disponibles. Il était uniquement question de “clercs”. Et à l’instar de l’administration publique, “plusieurs administrations commerciales” réclamèrent des “clercs”.

Les Hutu qui avaient fréquenté l’école de la Mission se sont sentis sans doute comme récompensés parce qu’ils avaient étudié chez les Pères Blancs. Les autres qui étaient en cours de formation ont été encouragés. Mais l’effet remarquable de ce recrutement fut enregistré dans le mouvement de conversion des Rwandais au catholicisme. En réaction de la décision prise par la puissance mandataire de remplacer un certain nombre de chefs tutsi par des Hutu chrétiens et “instruits”, les Tutsi firent “honneur à leur sens politique” et à leur esprit opportuniste et comprirent qu’il leur était désormais nécessaire de s’adapter aux nouvelles circonstances s’ils voulaient encore sauvegarder leurs privilèges.

Les nouvelles générations tutsi réalisèrent rapidement que les jeunes générations hutu étaient en train de prendre de l’avance sur elles parce qu’elles commençaient à jouer le rôle d’intermédiaire direct entre la masse des producteurs et la nouvelle puissance gouvernante alors que traditionnellement cette fonction était réservée aux “bien-nés”, les Tutsi de la haute classe surtout. Ces jeunes générations tutsi se rendaient visiblement compte que pour avoir accès à l’administration coloniale, que pour gagner la confiance des nouveaux vrais dirigeants du pays, les Belges, il fallait passer par la Mission car les Pères Blancs se posaient désormais comme des véritables détenteurs de la clé ouvrant la porte de l’entrée en contact “confiant” avec le colonisateur. Pour ce faire, les Tutsi qui avaient attentivement suivi le glissement du pouvoir de Nyanza à la Résidence de Kigali et qui étaient conscients du rôle important joué par les missionnaires catholiques dans cette nouvelle conjoncture, se décidèrent de gagner l’école de la Mission et des salles de catéchuménat pour s’y faire instruire avec les Hutu.

S’instruire à l’école des Pères Blancs, fréquenter l’école-chapelle des succursales ou aller dans les salles de catéchuménat signifiait, sans aucune ambiguïté, se convertir à la Religion Chrétienne, adhérer au catholicisme. De la; nous comprenons encore une fois l’importance des décisions du gouvernement colonial belge à l’égard de l’autorité indigène rwandaise dans le mouvement de conversion de la population au catholicisme. Nous assistons ici à un éclatement lent mais décidé de la coquille qui séparait les Tutsi de l’œuvre missionnaire. Mais, pour que cette marche de la classe dirigeante vers les Missions fût effective, il a fallu que, sous l’influence du pouvoir colonial belge, le Mwami se déclarât ouvertement, si peu convaincu fut-il, pour l’instruction de ses sujets. C’est à partir de ce moment que nous pouvons dater l’adhésion manifeste des Tutsi au catholicisme• Sans l’assentiment extérieur et officiel de Musinga, il nous serait impossible de parler de conversion ouverte des nobles, car n’oublions pas que malgré les manœuvres des Belges de diminuer les pouvoirs du Mwami, nous nous trouvons toujours en présence d’une autocratie dont l’autorité est à la fois politique et religieuse et qui seule détient, aux yeux de l’opinion de l’élite traditionnelle et de la majorité de la population, droit de propriété au Rwanda.