Charmes employés spécialement par les hommes.

Agasongero (flèche de hutte). Lorsqu’un mari a vu sa femme le quitter pour aller s’installer auprès d’un autre homme, s’il désire qu’elle revienne chez lui, il prend deux tisons, l’un allumé et l’autre éteint, et se rend de nuit à la hutte du séducteur. Il enlève la pointe agasongero de sa hutte et la dépose entre les piliers d’entrée de la hutte ; de ce fait le séducteur deviendra idiot ; il y dépose également les deux tisons afin que, pris de peur de voir son habitation incendiée, le propriétaire en expulse sa maîtresse.

A kabaru k’ubwato (fragment d’une pirogue fabriquée en bois d’umusumba : qui surpasse tout). Ce charme est introduit dans la houppe avant des cheveux en prononçant ce vœu : « Celui-ci est l’ umusumba, que je sois toujours favorisé par mon patron vacher et par mes connaissances ».

Ibanguza.

Il s’agit d’un arbuste qui pousse souvent dans les marais. Après avoir coupé une touffe d’ibanguza, on l’effeuille et on en brûle les tiges au-dessus d’un feu. Au moment où elles s’enflamment, on les éteint en disant : «Je calme mon ennemi ; il s’adoucira s’il se décide à me faire mal ou à déposer plainte contre moi. Si mon patron vacher veut favoriser mon ennemi, qu’il change d’opinion et remette sa décision à plus tard ».

Igishwi (moineau).

Le port d’un os ou d’une aile d’ igishwi et l’ingestion de la purge magique isubyo sont nécessaires si l’on veut gagner un procès.

Igicumbi (chaise réservée exclusivement dans un ménage à la femme et à son mari). Cette chaise est pourvue d’un charme destiné à éloigner les mauvais sorts et à assurer la fortune de celui qui l’emploie. Si la femme enlevait ce charme, elle serait répudiée d’office. Si c’était un enfant, il serait frappé et son père lui reprendrait le bétail qu’il lui avait accordé.

Ihembe (corne). Afin d’éviter l’exercice sur soi de la vengeance, un criminel se procure un bout de corne d’une vache aveugle ; il y introduit un morceau de peau de léopard et de peau de lion ainsi que l’ongle de l’auriculaire de la victime ; la corne est alors obturée avec le poison ubumara (de kumara : exterminer). La corne est passée au cou par la victime, puis suspendue à un arbre dont elle est retirée vers minuit pour être désormais portée au cou par l’assassin. A l’aube, un exorciseur muni d’une hache coupe des feuilles de bananier. Quelquesunes sont étendues par terre sur lesquelles le criminel se couche; d’autres feuilles sont déposées sur lui et l’exorciseur leur donne un coup de hache qui les sectionne jusqu’à la corne sans toutefois toucher l’homme ; de ce fait l’on croit que la vengeance, pas plus que la hache, ne saura l’atteindre. Imposha (mousse qui pousse dans les abreuvoirs ; de guhosha : faire cesser). On met un peu d’imposha dans un petit vase en terre cuite que l’on obstrue ensuite afin de se mettre à l’abri des attaques des ennemis.

Ingasire (pierre plate servant à moudre le sorgho). Afin de faire bon et fructueux voyage, celui qui se rend chez le mwami ou chez son patron vacher, se fait toucher au front et au cœur par l’ingasire qui est surnommée ikinanira (litt. celle qui résiste, qui surmonte). Il se fait également toucher par la spatule de ménage umwuko surnommée cyokora (de gukokora : éloigner les ennemis).

L’ingasire et l’umwuko sont ensuite placées au seuil

de la hutte et le voyageur les piétine avant de se mettre en route. Le jour du retour, un exorciseur umupfumu lave le voyageur pour éliminer les mauvais sorts qui se seraient attachés à lui pendant son voyage. Si l’umupfumu est absent, le voyageur ne pourra ni rentrer chez lui ni boire ; il devra rester dans les environs jusqu’à ce que l’exorciseur ait pratiqué un culte aux esprits divinisés imandwa.

Incyamuro (herminette, de gucyamura, litt. éloigner). L’on suspend une petite herminette au-dessus de l’entrée de la hutte pour en éloigner les mauvais sorts et les tentatives d’envoûtement. Parmi le trésor royal du mwami du Ruanda, se trouve une herminette remontant à CYILIMA-RUJUGIRA.

Inkoni (bâton). Si un homme désire surprendre sa femme en flagrant délit d’adultère, il prend un bâton qu’il lance dans la direction d’un chien occupé à monter une chienne, puis il suspend ce bâton au-dessus du lit ; lorsque sa femme commettra l’adultère, il la surprendra avec son amant comme ces chiens. Ou bien le mari qui partit en voyage en revient avec la corde qui servit à nouer sa réserve de vivres, la dépose dans la marmite aux aliments. Ayant mangé ceux-ci, sa femme contractera une violente dysenterie si elle l’a trompé durant son absence. Si un mari, en brûlant du bois, n’en obtient pas suffisamment de charbon, il soupçonnera sa femme de l’avoir trompé.

Ubushyirahamwe (rassembler) ;

Kalimi-kamwe (une seule langue) ;

Umukunde (de gukunda : aimer) ;

Umunyu w’ ingezi (sel des rivières) ;

Umubazi (herbe à fleurs blanches).

Les feuilles de ces plantes sont mélangées, pilées,

séchées, réduites en poussière dont on se saupoudre et que l’on avale en disant, avant de se rendre à un procès, « Que j’aie bonne chance avec mon patron, les chefs et mes ennemis ».

Umubwirwa (de kubwirwa : être interpellé). On porte une branche de cet arbuste en guise d’amulette, ou bien ses feuilles sont séchées et réduites en poudre qui est incorporée au beurre de toilette. Cette poudre est préalablement enfermée dans un petit roseau umuseke (de guseka: rire). En portant ce talisman, on est convaincu que l’on recevra du patron vacher des paroles aimables et réconfortantes.

Umugasa. On tire de cette plante une amulette qui est portée afin d’obtenir les faveurs d’un patron vacher.

Umugera (grande aiguille, de umugeruza = faire abandonner une décision). Avant d’aller à un procès, l’on introduit l’umugera dans un feu ; on la retire et on s’en touche les doigts. On est convaincu que la partie adverse demeurera indécise.

Umunanira (de kunanira : surmonter, résister). On en tire une amulette qui est portée par les hommes contre leur postérieur afin de pouvoir résister aux ennemis. On prétend que cette plante résiste même aux éléphants.

Umwanira.

Les voleurs en tirent une amulette qu’ils portent afin de ne pas être découverts.

Urugimbu (graisse d’animal).

Lorsqu’on veut se débarrasser d’un ennemi, on dépose à un carrefour de chemin où il passera, un peu de graisse de divination qui s’est révélée de mauvais augure : urugimbu rwirabuye. On est convaincu que si l’ennemi l’enjambe, il en mourra. On peut utiliser à la même fin des intestins de poussin, de bélier ou de taurillon qui se sont révélés néfastes lors d’une séance d’aruspicine.

 

Charmes utilisés spécialement par les femmes.

 

 

Ihembe (corne). Il s’agit ici de l’antenne d’un insecte vivant dans la bouse de vache et qui s’intitule saruhembe. La femme coupe l’antenne et la place en un endroit où son mari s’assied habituellement ; elle est dès lors persuadée qu’elle ne sera jamais répudiée.

Agahu (toile d’araignée imprégnée de rosée, qui recouvre un trou le matin). La femme prélève cette toile et la mélange à la bière qu’elle donne à boire à son mari en disant : « De même que tu ingurgites cette toile qui obtura un trou, que ton cœur soit désormais fermé à l’égard de toute autre femme que moi ». A gahugura (de guhugura : se souvenir). La femme fait macérer des feuilles de cet arbuste dans la bière de son mari en disant : « Ne pense qu’à moi ».

Agasamunyiga (putois). Comme on le sait, chaque femme d’un polygame possède une hutte distincte où il vient coucher avec elle. Si l’une des femmes veut causer du tort à sa rivale, elle allume dans la hutte de cette dernière une peau de putois en disant : « Mauvaise odeur ! » que tu sentes également mauvais pour notre mari et » pour quiconque pénètre dans cette hutte ; que tous » s’en aillent en disant : ta hutte sent le putois ». Elle enterre ensuite la peau sous le lit afin que le soir venu le mari abandonne sa seconde femme.

Agasaso (paille de couche). Une femme prend un peu d’herbe au lit de sa rivale lorsque celle-ci est momentanément répudiée ; elle jette cette herbe dans un torrent en disant : « Que ma rivale soit emportée comme cette » herbe »; elle croit que son mari l’abandonnera définitivement.

Agati inyoni igurutseho (petite branche sur laquelle un oiseau s’est posé). La femme coupe la branche qu’un oiseau vient de quitter ; elle la dépose dans la hutte de sa rivale en disant : « Que tu t’en ailles d’ici comme l’oiseau s’est envolé ».

Agatoki rwihalira (petite banane poussant isolément). La femme qui désire s’attirer à elle seule toutes les faveurs de son mari, coupe une telle banane, la sèche, la moud et en mélange la poudre au beurre qu’elle emploie pour sa toilette, en disant : «Je suis réellement unique pour mon mari ». Si ce dernier a l’intention de prendre une autre femme, la première déclare « Inutile, je me suis enduite de rwihalira ».

Umuturanyi (litt. voisin, de urukuta = herbe à tresser les petits paniers). Umuravumba (plante guérissant la fièvre, de umucaca = herbe à stolons).

La femme répudiée qui veut à tout prix être reprise par son mari ou en trouver un autre emballe dans une feuille de bananier une branche d’umuturanyi, une autre d’urukuta, quelques feuilles d’umuravumba, une liane d’umucaca, en disant : « Ainsi que j’emballe ces choses, que les nobles Umunyiginya et Umwega recherchent mon amour ; comme cette feuille de bananier se meut à tous les vents, ainsi tous les hommes se troubleront à ma pensée ». Le lendemain, la femme jette ces végétaux au feu en répétant les voeux précités. Certaines femmes les déposent sur une baratte en disant : « Que les Banyiginya et les Bega m’aiment comme ils aiment le lait ».

Akabeshyi (de kubeshya : mentir). La femme d’un polygame prend une branche d’akabeshyi et d’umuhashya (repousser) à l’entrée de la hutte de sa rivale en disant : « Que tu sois considérée comme une menteuse par ton mari et par quiconque te parlera ». Elle est convaincue que sa rivale deviendra menteuse, perdra le contrôle de sa pensée et que dès lors elle sera répudiée.

Akayihayiho (litt. pitié, compassion). Afin d’être plus aimée par son ami, une femme se fait une incision à la poitrine et y frotte une feuille d’akayihayiho , en disant : « Mon mari éprouvera de la compassion (s.-e. de l’amour) chaque fois qu’il pensera à moi ». Akibagiza (litt. qui fait oublier). La femme presse le suc de cette herbe dans la bière de son mari en disant : « Ceci est l’akibagiza qui te fera oublier ta seconde femme, ta maîtresse ».

Amabuye (pierres). Quand un homme marié veut épouser une seconde femme, la première prend des petits cailloux qu’elle jette, les yeux fermés, le long du chemin parcouru par son époux pour aller chez ses futurs beauxparents. Ouvrant les yeux et ne trouvant plus les cailloux, elle s’imagine que les pourparlers du mariage projeté échoueront comme il lui est impossible de rassembler ces pierres. Ou bien la femme dépose cinq cailloux dans une calebasse qu’elle laisse dégringoler d’une pente de colline en disant : « Mon mari ne pourra s’entendre au sujet de sa fiancée, de même que ces cailloux se sont dispersés ».

Amabyi y’ imvubu (excréments d’hippopotame). Ils sont mélangés secrètement par la femme d’un polygame à la nourriture de sa rivale avec la conviction que celleci deviendra désormais aussi gourmande qu’un hippopotame et que son mari la répudiera pour ce vice.

Amahurunguru y’ ihene (excréments de chèvre). La femme jalouse en grille une certaine quantité dans un tesson de cruche et la mélange à de la poussière, puis elle répand le tout sur le sentier qu’emprunte habituellement son mari pour se rendre chez sa maîtresse : la femme est convaincue que son mari ne trouvera pas sa concubine au rendez-vous.

Amashereka (lait de femme). Une femme jalouse laisse tomber un peu de son lait dans la bière qu’elle donne à boire à son mari en disant : « Aime-moi comme un enfant aime sa mère ». Elle peut encore mélanger son lait à du lait de vache ou, si elle n’en a plus, jeter la bière sur ses seins.

Amacandwe (salive). Ayant préparé la nourriture de son mari, la femme crache dedans en disant : « Je suis ta femme, tu vas avaler ma salive, tu ne pourras plus me commander ; ta parole aura encore de la force à l’égard des autres personnes, mais plus sur moi ». Parfois la femme crache sur ses seins, puis elle enlève sa salive à l’aide d’une écorce de papyrus qu’elle dépose dans la calebasse à bière de son mari en disant : « Tu es désormais comme mon enfant ; je t’ai allaité ».

Amazi (eau). La femme chauffe l’eau jusqu’à ébullition puis la verse dans un tesson de calebasse qu’elle dépose sur le toit, au-dessus du seuil d’entrée de sa hutte, au clair de lune. Elle fixe les étoiles et, en indiquant une du doigt, elle dit : « Voici ma rivale qui me toise ; toi mon eau, reste là et protège-moi contre elle ». Le lendemain à l’aube, la femme scrute le ciel et ne voyant plus les étoiles, elle s’exclame : « Où sont donc mes rivales ? » Elle enlève l’eau en prononçant ces mots : « Viens ma protectrice ». Puis elle jette cette eau dans la hutte de sa rivale avec la conviction que celle-ci ne pourra plus lui nuire.

Après une pluie, la femme récolte parfois l’eau qui stagne sur une feuille de colocase et la donne à boire à son mari en disant : «Je suis pour toi l’eau de la colocase (très belle) ».

Burundu (litt. toujours). La femme presse le suc de cette plante dans la bière de son mari croyant que dès lors il l’aimera toujours, qu’il ne la répudiera pas et n’épousera pas d’autre femme.

Busha (sans considération, sans valeur). La femme coupe cette herbe et en place une poignée sous le lit de sa rivale, en disant : « Aux yeux du roi, du public et de ton mari, tu es devenue busa» (un rien, sans valeur).

Gasurankana (insecte) (litt. qui lâche des pets). La femme jalouse tue cet insecte, le réduit en cendres qu’elle mélange à la bière de sa rivale en disant : « Que tu lâches des pets en présence de ton mari et de tout homme qui te touchera ». Le fait de dégager de mauvais gaz constitue, pour une femme mariée, une cause de répudiation.

Agatumura (champignon se réduisant en poussière). Igihore (sauterelle). La femme dépose l’agatumura et l’igihore dans la hutte occupée par sa rivale, en disant : « Va-t-en, chienne, comme le vent emporte ce champignon et la sauterelle ».

Gihuta (de guhuta : aller vite, herbe maléfique). La femme répudiée qui voudrait réintégrer le toit conjugal ou trouver meilleure fortune ailleurs, s’en va dans la brousse munie de deux épées inkota et de deux tisons incandescents amalumba; elle invoque l’esprit divinisé de RYANGOMBE et, à l’aide des épées, coupe un peu de gihuta qu’elle ramène chez elle. Déposant cette herbe dans du lait, elle la conjure en ces termes : « Présage pour moi, durant la nuit, aurais-je ou non un homme ? » La femme va se coucher et c’est durant son sommeil que l’herbe doit lui présager l’avenir à l’occasion de ses songes ; si elle ne rêve pas, elle n’aura pas de mari.

Gitinywa (arbuste, litt. qui a peur). Lorsque deux femmes d’un mari ne s’entendent pas, l’une des rivales invite l’autre dans sa hutte où elle a déposé, en guise d’amulette, une baguette de gitinyzva. Au cours de la conversation, elle murmure : « Tu n’as donc pas peur de me dire tout cela? » Puis elle invite sa rivale à partir en ces termes : « Pourquoi ne pars-tu pas, alors qu’il se fait tard?». Et quand cette dernière quitte la hutte, elle brandit l’amulette dans sa direction en prononçant l’imprécation suivante : « Voici gitinywa; que désormais tu me craignes ».

Guhugura (plante, litt. qui rafraîchit la mémoire). La femme en réduit les feuilles en poudre qu’elle mélange à son beurre de toilette en disant lorsqu’elle s’en enduit : Que mon mari se souvienne qu’il est toujours à moi ».

Gutwi-kumwe (plante, litt. qui n’a qu’une oreille).

Rulira (de kulira : pleurer).

Ngabitsinze (de gutsinda: vaincre).

A l’aide de feuilles de ces plantes, la femme prépare une infusion qu’elle mélange à la bière de son mari en disant. Ceci est le gutwi-kumwe afin que tu ne prêtes l’oreille qu’à moi seulement ; ceci est le rulira, mais moi je l’appelle rukamwa (celle qui donne du lait) ; ceci est le ngabitsinze (qui remporte la victoire) ; si l’on raconte à mon mari que je suis coureuse, sotte, médisante ou sorcière, il n’en croira rien ».

Ibanguza (de kubangura: couper). La femme jalouse d’un polygame, coupe une branche d’ibanguza qu’elle effeuille et jette ensuite au feu en disant : «Mon mari n’aimera plus sa seconde femme, il ne pensera plus à lui donner une vache ». Quand la branche est calcinée, elle l’enterre sous l’une des pierres du foyer en disant : « Comme je t’enterre, ainsi j’enterre le pouvoir de séduction de ma rivale ». En balayant la hutte, le matin, elle aura soin de mettre les ordures près de cette pierre.

Ibihaha by’inkuba (litt. les poumons du tonnerre, plante rouge comestible qui croît dans les champs abandonnés). Pour conserver l’amour de son mari et jeter un mauvais sort sur sa rivale, la femme mélange des graines d’ibihaha by’inkuba à des semences d’éleusine ; elle les vanne proprement, puis les éparpille dans un terrain vague. Au moyen d’une grande aiguille, elle essaie de retrouver et de piquer l’une de ces graines, mais, n’y parvenant pas, elle dit alors à son mari : « Tu ne trouveras pas la seconde femme que tu cherches ; tu ne pourras entrer en relation avec d’autres femmes qu’en paroles ».

Ibijigo (touffe d’herbe broutée par les vaches). La femme d’un polygame arrache quelques touffes d’ibijigo qu’elle pile en partie et mélange à de l’eau tandis qu’elle dépose le reste sous l’oreiller de sa rivale. L’eau est versée au lait ou à la bière que la seconde femme destinait au mari. L’envoûteuse prononce les imprécations suivantes : « Qu’en se couchant mon mari se batte avec ma rivale, qu’il n’accepte ni le lait ni la bière qu’elle lui destine ».

Ibizinzo (balai de branches feuillues servant à chasser les mouches des vaches). La femme qui recherche l’amour de son mari se flagelle à l’aide d’ibizinzo ayant déjà servi et elle dit : « Que mon mari sente son cœur battre pour moi lorsqu’il se réveille durant la nuit ; qu’il pense toujours à moi seule au cours de ses conversations avec les hommes ».

Ibumba (argile). La femme ramasse un crachat de son mari et l’incorpore dans une petite boule d’argile en disant : « Que la bouche de mon mari ne parle jamais » d’épouser une autre femme, de même qu’il est impossible à sa salive de quitter cette boule ».

Ibibyibushyo (tiques parasites des chiens). Prenant quelques fibres d’urusasanure (écorce de papyrus), la femme les teint de sang d’ibibyubushyo jusqu’à ce qu’elles deviennent noires ; durant cette opération, elle prononce les paroles suivantes : « Que le cœur de mon mari se noircisse (devienne mauvais) à la pensée d’aller coucher avec ma rivale ». Ensuite elle suspend les fibres à l’entrée de la hutte.

Ifundi (bengali). Si la femme d’un polygame trouve un ifundi mort, elle l’emporte, le décharne et en sèche les os qu’elle moud ensuite. La poudre obtenue est mélangée à la bière du mari en disant : « Comme cet oiseau, fais-toi petit devant moi et écoute-moi ». L’ifundi placé sous le lit de la rivale est censé pouvoir provoquer sa fuite, si en l’y mettant, la femme a dit ces mots : « Combats-la pour moi ».

Igihanga cy’umuntu (crâne de squelette humain). La femme enterre un crâne au centre de la hutte. Le soir, après avoir accompli l’acte conjugal avec son mari, elle recueille un peu de sa semence qu’elle dépose sur le crâne, en disant : «Je suis la meilleure des femmes, mon mari ne pourra prendre une seconde femme que le jour où ce crâne reprendra vie ; j’ai recueilli la semence de mon mari, il ne pourra jamais me répudier ».

Igihondohondo (agave). La femme prélève un morceau de tige d’agave et une branche de l’arbuste icyegera (de kwegera : s’approcher), et elle les attache au pilier de la hutte jouxtant le lit. Après avoir accompli l’acte conjugal, elle dépose un peu de semence de son mari sur ce talisman, en disant : « Tu t’es attaché corps et âme à ton épouse comme j’ai attaché ta semence à cette amulette ». Chaque fois que mari et femme accomplissent l’acte conjugal, la femme répète le même manège.

Igihubahuba (litt. priver quelqu’un de raison). La femme d’un polygame dépose une branche d’igihubahuba, autrement dit mutima hubu, sous le lit de sa rivale, en disant : « Mon mari ne demeurera pas longtemps chez ma rivale ; son cœur est toujours attaché à moi, pas à toi ».

Igihunyira (hibou). L’os d’un hibou constitue un charme dénommé igihuguhugu (litt. idiot) que la femme d’un polygame dépose dans la hutte de sa rivale en lui souhaitant de devenir idiote.

Igikenyeri (tige sèche de sorgho). Une espèce de rat de champs (inkezi) ressemblant à un cobaye a l’habitude de confectionner son nid à l’aide de tiges de sorgho ; cependant il n’y couche pas. La femme d’un polygame, trouvant semblable nid, l’emporte et le dépose dans la hutte de sa rivale en disant : « Comme l’inkezi ne dort pas dans son nid, que tu ne passes plus une seule nuit dans cette hutte ».

Igikuli (litt. nain). La femme réduit en poussière une branche d’igikuli dont elle mélange la poudre à la bière de son mari en disant : « Tu ne te fâcheras plus sur moi ; tu ne me frapperas plus, tu te comporteras toujours comme un nain à mon égard ».

Igisabo (baratte). La femme s’assied et dépose la baratte sur son giron en disant : « Que toute la maison m’aime et m’estime comme elle apprécie cette baratte ».

Igishikashike (de gushika : attirer, hypnotiser). Afin de trouver un nouveau mari, une veuve ou une femme répudiée constitue un paquet igishikashike de feuilles de ficus, d’untuyobora et de tabac qu’elle fait brûler en disant : « Que les nobles Banyiginya et Bega me demandent en mariage ».

Igishorobwa (larve de coléoptère). La femme réduit cette larve en cendres qu’elle mélange à la bière de son mari en disant : « On l’appelle igishorobwa, mais moi je l’appelle igikobwa (jeune fille) ; lorsque vous vous trouverez chez votre seconde femme, vous deviendrez impuissant, mais revenu chez moi vous reprendrez vos forces viriles, dès lors ma rivale s’apercevra que vous vous en désintéressez et elle vous quittera ».

Igitaka (terre). Il convient de noter que la femme indigène, lors du coït, urine à la satisfaction de son mari. La femme jalouse ramasse une poignée de terre sur laquelle sa rivale a uriné et la place sur un tesson de cruche qu’elle chauffe, tout en tenant en main deux fers pointus dirigés vers le sol, en disant :

« Comme ces fers pointus sont renversés, ainsi le cœur de mon mari se détournera de toi ; et comme cette terre et ce tesson sont secs, tu ne sauras plus uriner en accomplissant l’acte conjugal et dès lors mon mari ne couchera plus avec toi, car il ne jouira plus avec toi ».

 Igisura (ortie). La femme jalouse dépose des orties dans le lit de sa rivale afin qu’elle se sente piquée avec l’époux durant la nuit, que la mésentente en résulte et que le mari s’en aille. Ou bien la femme cueille les orties fleuries isura et l’ifurwe (plante piquante), puis elle se procure de la boue des sabots d’un taurillon, et dépose le tout dans le lit de sa rivale, en disant : « Que ce lit soit toujours aussi piquant que l’isusa et l’ifurwe; que les punaises se mettent dedans et ne le quittent jamais, à tel point que, las d’être piqué, le mari ne se rende plus dans cette couche.

Igitagangurirwa (araignée). Afin d’envoûter l’enfant de sa rivale, la femme dépose dans ses aliments des poils de chien et une araignée pilée, afin que désormais il rôde comme un chien et vagabonde comme une araignée et qu’il soit détesté de son père.

 Igikoba cy’ingwe, n’icyimpongo ou umulindangwe (lanière de peau de léopard et d’antilope pongo qui craint le léopard). La femme suspend la lanière de peau de léopard au seuil de sa hutte et celle d’antilope à la demeure de sa rivale, en disant à son adresse : « Qu’elle soit en » mésentente constante avec mon mari comme l’antilope a peur du léopard ; comme ces bêtes s’entre-déchirent, que ma rivale se batte également avec mon mari ».

 Igicumucumu (plante piquante). Une femme fréquemment malmenée par son mari, dépose, sur soi, une feuille ou un morceau de tige d’igicucumucumu en disant : « Quand même serais-je en tort, je ne serais plus » battue ni insultée par mon mari ».

Igicunshu (plante employée contre les maux de ventre). La femme dépose sur le foyer des branches d’igicunshu, d’idoma et d’inyabarasanya ; lorsque la hutte est imprégnée de leur fumée, elle est convaincue que son mari lui accordera tout ce qu’elle lui demandera.

Ihonge (guhonga : s’apaiser après une querelle). Le matin en se levant, la femme se frotte à l’aide de feuilles d’ihonge en disant : « Tout homme me craindra : mon mari, le Muhutu et le Mututsi ». Ihuri (œuf gâté). La femme d’un polygame place un œuf avarié sous le lit de sa rivale ; lorsqu’il se brisera en tombant, la rivale devra abandonner sa hutte.

Ihwa ry’igitovu (épine de chardon). La femme du polygame place cette épine près du lit de sa rivale en disant : « Si notre mari essaie de pénétrer dans cette hutte, il se sentira piqué au cœur et se retirera ».

Ikijigo cy’inyaga (molaire d’un fourmilier). Est portée par la femme d’un polygame en prononçant ces mots : « Ceci est un fourmilier ; que mon mari haïsse sa seconde femme et qu’il m’apporte toute sa richesse ».

Ikimasa (taurillon). La femme qui cherche à reconquérir l’amour de son mari attache un taurillon à la laisse à une herbe rampante umushishiro (de gushishira : se tenir lié par le secret). Ensuite elle prend dans chaque main un tison éteint et une aiguille ; à droite, ces instruments pointent en l’air, tandis qu’à gauche ils sont dirigés vers le sol. Elle allume les deux tisons en disant : « Que le cœur de mon mari batte toujours pour moi », puis elle les éteint en énonçant : « La mésentente s’est éteinte entre mon mari et moi !» A ce moment, elle bat le taurillon qui effrayé s’enfuit en déracinant l’umushishiro. La femme en prend une racine qu’elle met sécher chez elle, ensuite elle en applique une partie à la baratte, à la porte de la hutte conjugale, et dans ses bracelets en guise d’amulette. Celle-ci est censée provenir de Dieu IMANA, car au Ruanda le taurillon symbolise IMANA.

Ikinyamushongo (limaçon). Lorsqu’une femme de polygame désire faire avorter sa rivale, elle prend un limaçon qu’elle amène dans la hutte occupée par cette femme. Elle touche du doigt les cornes du limaçon qui les rétracte aussitôt ; elle est convaincue dès lors que sa rivale ne saura pas enfanter et qu’elle mourra en couches.

Ikinyamunjonjorerwa (limaçon). Une femme de polygame place cet animal sous la chaise de son mari, convaincue que désormais il ne se rendra plus chez ses autres femmes.

Ikinyugunyugu (papillon). Une femme de polygame qui désire faire du mal à sa rivale, prend un papillon, une tige de sorgho penchée vers un sentier (agakongorwa), ainsi qu’une baguette nyiragatinda. Elle brûle le tout, puis en mélange la cendre à la boisson et à la nourriture de sa rivale en disant : « Tes aliments contiennent l’ikinyugunyugu, l’agakongorwa et la nyiragatanda, afin que tes jambes soient désormais ouvertes à n’importe qui ; de ce fait tu seras haïe de notre mari et il n’aimera plus que moi ». Au cas où la femme envoûtée serait mère d’une fille nubile, celle-ci subirait le même mauvais sort et deviendrait fille-mère : elle serait alors détestée de son père.

Ikura (arbuste poussant sur les bords d’un torrent). La femme qui désire que sa rivale soit répudiée, et veut être aimée seule de son mari, porte une amulette d’ikura.

Iribata (arbuste, de kubata : coller à).

Agahuza (arbuste, de guhuza : faire rencontrer). La femme qui désire recouvrer l’amour de son mari prend des feuilles de ces arbustes et un œuf de l’oiseau inkurakura. Cet œuf est brisé et son contenu est frotté à l’aide des feuilles précitées, sur des incisions que la femme s’est faites à la main, au genou et au pied droits, à la poitrine et au front.

Imbwakazi (chienne). La femme jalouse prélève les organes sexuels d’une chienne crevée, les sèche, les moud, et en mélange la poudre obtenue à la bière qu’elle offre à sa rivale en disant d’une voix imperceptible : « Telle qu’un chien ne peut passer auprès d’une chienne en chaleur sans la monter, ainsi tu ne sauras t’empêcher de coucher avec n’importe quel homme, et dès lors tu seras répudiée ». Ou bien la femme jalouse prend un bâton qui servit à séparer un chien et une chienne au moment de se monter ; elle brûle ce bâton et en mélange la cendre à la bière, au tabac ou à la nourriture de sa rivale, en disant : «Je vous donne à manger le bâton qui empêcha une chienne d’être montée ; de même qu’elle a souffert de cette séparation, vous éprouverez désormais des difficultés à vous habiller, car chaque fois vous serez tentée de commettre l’adultère avec n’importe qui ».

Impereryi (daman). Du fait que cet animal est dépourvu de queue, la femme mariée en porte un morceau de peau à la jambe droite en disant : « Que je ne sois jamais victime de l’infidélité ». Elle espère ainsi que son mari n’épousera jamais une autre femme.

Impagarika biganza (arbuste, litt. qui étend les mains). La femme se pratique une incision à la poitrine et y applique des feuilles de l’arbuste précité en disant : « Ceci est l’impagarikabiganza et moi, je m’appelle ingarukira (litt. reviens à moi) ; mon mari sera désormais entièrement à moi ; il se ralliera toujours à mes idées ».

Indibu (fruit du bananier sauvage employé en vertu de la loi de similitude, fruit dur, à couleur foncée). Charme de fécondité porté au cou par les femmes.

Ingaru (litt. qui revient, il s’agit de provisions de route qu’une personne ramène de voyage sans les avoir utilisées). La femme en donne à manger à son mari en disant : « Ceci est l’ingaru, que mon mari revienne toujours vers moi ». Ingasire (pierre plate servant à moudre le sorgho). Lorsqu’une invitée pose ses pieds sur l’ingasire, l’hôtesse dit : « Vous résistez à vos ennemis et aux sorciers, mais » non à votre mari ni à la richesse ».

Ingata (coussinet que les porteurs de charges se posent sur la tête). Afin de conserver pour elle seule l’amour de son époux, la femme, après avoir eu des rapports sexuels, prélève de la semence de son mari et la dépose sur l’ingata afin que son époux soit « noué » à elle. Par après, elle effectue ses besoins sur le coussinet et va l’enterrer au coin droit de l’enclos en disant : « Mon mari ne cessera de m’aimer. J’ai enterré ces choses par amour pour mon époux et son cœur ne se détachera de moi qu’au moment où elles auront été déterrées ».

Ingohe z’imbwa (cils de chien). Ils sont portés en guise d’amulette au cou ou à la ceinture des femmes jalouses, en disant au moment de les mettre : « Que mon mari pense à moi de jour et de nuit et qu’il n’en dorme pas ». Ou bien elle les applique sur une baguette qu’elle approche de son mari en disant : « Que vous vous disputiez, toi et ta seconde femme, comme des chiens ».

Inkaka y’ihene (verge de bouc). Une femme de mari polygame prend une verge de bouc, la dessèche, la moud et en mélange la poudre aux aliments de sa rivale en disant : « Que ton comportement sexuel soit comme celui du bouc »: elle est convaincue que la rivale deviendra coureuse à tel point que son mari se verra dans l’obligation de la répudier.

 Inkengeri (tiges de sorgho servant à construire la hutte et l’enclos). La femme mariée fait le tour de l’enclos en coupant des bouts d’inkengeri et en formulant l’imprécation suivante à l’adresse de son mari : « Tu n’auras plus de toit le jour où tu me chasseras ».

Inkomanizo z’umuryango (chambranle de porte de hutte : litt. celle qui empêche de pénétrer). La femme mariée en prélève un mince fragment qu’elle jette dans la nourriture de son époux en disant : « Ceci est l’inkomanizo qui t’empêchera désormais de pénétrer dans la hutte de ma rivale ».

Inkomo (bois que l’on attache à la laisse d’un chien). La femme détache un fragment d’inkomo qu’elle dépose dans le lit conjugal ; après avoir eu des rapports avec son mari, elle l’enduit de sperme en disant : «Je t’ai attaché à moi comme le chien est attaché à son maître ». Ou bien la femme jette un morceau d’inkomo dans la nourriture de son mari en prononçant ces mots : « Comme l’inkomo empêche le chien de vagabonder, que tu restes fidèlement attaché à moi ».

Inkurakura (vanneau). La femme prélève un os de cet oiseau et le brise en deux, puis elle réduit l’un des morceaux en poudre qu’elle mélange à la bière de son mari, en disant : « Comme l’inkurakura ne quitte jamais son nid, que toi non plus tu ne m’abandonnes jamais ». Si au cours d’une querelle, le mari quitte brusquement sa hutte, la femme prend le fragment d’os qui lui reste et le lui montre en disant : « As-tu jamais vu que l’inkurakura abandonnait les siens ? », et là-dessus le mari réintégrera la hutte. L’œuf de cet oiseau sert de philtre ; à cette fin, après s’être fait une entaille au jarret, la femme y écrase l’œuf en disant à l’adresse de son mari : « Tu m’aimeras comme l’inkurakura aime ses petits ; j’ai fait le pacte de sang avec mon époux, il ne pourra plus jamais me quitter ». Bien souvent les femmes portent sur elles, en guise d’amulettes, des restes d’inkurakura.

Inopfu y’umugano (bourgeon stérile de bambou). Il est placé dans la bière qu’une femme fait boire à sa rivale afin de provoquer sa stérilité et, par là, sa répudiation.

Insya (poils). Tandis que son mari est endormi, la femme lui arrache quelques poils du pubis, de la tête et de la nuque ; elle les porte ensuite sur elle afin d’empêcher son époux d’avoir des maîtresses. Parfois elle place ces poils dans un coussinet qu’elle enterre au centre de la hutte en disant : « Mon mari ne pensera plus jamais à d’autres femmes que moi ». A partir de ce moment, il est « noué » et ne parviendra plus à se fiancer.

Insiliri (arbuste). Après s’être pratiqué une incision au-dessus du sein, la femme y frotte une branche d’insiUri en disant : « J’aurai la chance de posséder des biens ».

Intayega (insecte, litt. immuable). La femme dépose cet insecte sous l’oreiller de son mari en disant : « Ceci est l’ntayega que je place ici afin que mon mari ne me quitte pas pour aller ailleurs ».

Intorezo (hache). La femme, certaine de ne pas être vue dans son enclos, frappe le sol de la hache en disant : « J’ai vaincu toute jalousie ; mon mari ne prendra aucune autre femme ».

Inyabarasanya (plante : bidens pilosa).

Umusororo (idem : cucumis).

La femme qui apprend que son mari va se fiancer mélange à son insu le suc de ces plantes à la bière qui sert aux négociations de mariage ; une fois bue par les parents de la fiancée, les pourparlers échoueront. Si la femme d’un polygame apprend que sa rivale brasse de la bière de sorgho, elle prend de rinyabarasanya, du chardon igitovu et un fragment du pilier de la hutte inkingi. Elle les met au contact de la bière et dit : « Voici l’inyabarasanya et l’igitovu qui te vaudront des disputes avec ton mari, et ceci est le pilier inkingi qui te mettra en désaccord continuel avec lui, comme ce pilier demeure inexorablement debout dans la hutte ». Ainsi croit-elle. Lorsque le mari boira de la bière préparée par la rivale, il s’enivrera et la battra.

Inyernera (antilope toi, litt. qui a confiance). La femme qui désire conserver la confiance et la fidélité de son mari porte sur elle une lanière de peau d’inyemera en guise d’amulette.

Inyereri (luciole). La femme s’assied sur le giron d’une amie de manière à ce que ses pieds ne touchent pas le sol ; l’amie lui fait une incision au front sur laquelle elle applique l’inyereri, tandis que la patiente dit : « Oue jour et nuit, je sois à mon mari et que ma rivale ne le détourne pas de moi ».

Inzuzi (pépins de courge). Afin de faire échouer les nouvelles fiançailles de son mari, la femme plante des graines de courge en des endroits éloignés, notamment séparés par une rivière, en disant : « Comme ces courges ne pourront jamais entrecroiser leurs tiges, mon mari ne trouvera pas d’autre femme ». Ou bien, après les avoir grillées, elle les dépose à la croisée de deux sentiers en disant : « Comme ces graines sont opposées les unes aux autres, qu’ainsi tu sois opposé à ta fiancée».

Irarire (plante, de kurarira : veiller à la tranquillité de). Une femme de mari polygame qui désire que ce dernier n’aille plus chez sa rivale, chauffe des feuilles d’irarire et les lui applique le soir, au lit, en lui conseillant de demeurer avec elle ; elle croit que son époux ne pensera plus à aller chez sa seconde femme.

Ishaka (graine de sorgho, symbole de fécondité et d’abondance). Le fait de porter une graine ishaka dans la petite calebasse ubunure que la femme suspend à sa ceinture, constitue un porte-bonheur.

Isheshe (herbe). La femme jalouse en coupe un brin à l’aide d’une lance, puis la dépose secrètement dans la bière que sa rivale prépare pour son mari, en disant : « J’ai arraché cette herbe avec une lance ; qu’en buvant cette bière, mon mari batte ma rivale ».

Ishikashike (plante). Pour empêcher son mari de retourner chez sa rivale, la femme coupe de l’ishikashike qu’elle passe au feu et qu’elle attache ensuite à l’un des piliers de la hutte, voisin du foyer, en disant : « Reste à moi ; ne retourne plus chez nia rivale ».

Isimbi (coquillage blanc). Lorsqu’une femme désire que sa rivale ne mette au monde que des filles, elle laisse un isimbi dans un mortier durant une nuit, puis elle le pilonne et en mélange la poudre à la bière qui sera bue par cette rivale, en disant : « Tu n’enfanteras plus jamais de garçons ».

Feuilles d’isogi (épinard), d’umwishywa (momordica foetida) et graines de courges amères ibamba peintes au lait de kaolin blanc. La femme en compose un talisman qu’elle dépose sous l’oreiller de son mari en disant : « Nous ne sommes qu’un ; nous n’aurons jamais de dispute ; je suis ton seul objet de plaisir ». lia bi (tabac). La femme fait macérer une feuille de tabac dans de l’eau dont elle asperge ensuite les parois de la hutte en disant : « Que mon mari m’aime comme son tabac».

Itoma (arbuste, litt. s’attacher par amour).

Umushyikirwa (arbuste, litt. s’approcher de). La femme se pratique une incision à la poitrine et y applique une branche des arbustes précités en disant : «Je suis la seule femme à laquelle mon mari s’attache ».

Icyari (nid). La femme s’empare d’un nid d’oiseau et le brûle dans la hutte de sa rivale en disant : « Tu demeureras ici aussi peu de temps que l’oiseau resta dans ce nid ».

Icyunamyi (plante). La femme enfouit des fruits d’icyunamyi et un limaçon dans un trou qu’elle creuse au centre de la hutte conjugale, et elle arrose le tout de lait frais, en disant : « Mon mari ne pourra jamais prendre de femme ailleurs ; il n’est en bons termes qu’avec son patron vacher et ses amis ; il dit toujours que je suis sa seule et unique femme et je ne me donne jamais à aucun autre homme ».

Ivu (cendre). Pour faire répudier sa rivale, une femme de polygame se rend chez cette rivale, tandis qu’elle fait du feu. Secrètement la femme jalouse s’en porte des cendres au front. Lorsque la rivale le lui fait remarquer, elle répond qu’elle n’en savait rien; elle s’essuie le front en disant à voix basse : «Je serai toujours plus aimée que toi par notre mari ».

Karigata (arbuste, litt. qui lèche). Pour se faire aimer de son mari, la femme prend un morceau de karigata qu’elle mâche avec du sel en prononçant ces mots : « Que mon mari m’estime aussi bonne que je te trouve ».

Karabukirwa (arbuste, de kurabukirwa : recevoir un tribut d’hommage). La femme pile des feuilles de karabukirwa qu’elle applique ensuite sur une incision pratiquée sur son corps en disant : « Que je sois aimée de mon mari et estimée de tout le monde ». Elle portera ensuite ces feuilles au cou en guise d’amulette.

Karemba (plante, de kuremba : être à l’agonie). La femme cueille des feuilles de karemba, les sèche, les pile, et en mélange la poudre à la bière qu’elle donne à boire à son mari en disant : « N’aie pas envie d’une autre femme que moi ; plie-toi à toutes mes propositions ».

Maguru (arbuste qui change de couleur, de kugaruka : retourner). La jeune fille qui voudrait être demandée en mariage se met à la recherche d’un ma guru et, l’ayant rencontré, elle s’exclame : « Dites-moi, Ma guru, si je trouverai un mari. Quand je reviendrai auprès de vous, si vous êtes noir, c’est que je ne me marierai pas, par contre si vous êtes rouge, je serai demandée ». La jeune fille revient ensuite voir la couleur prémonitoire du ma guru.

Magata (plante servant à confectionner les coussinets ingata sur lequel on dépose les cruches de bière). En confectionnant le coussinet, la femme dit : « Que mon mari demeure fidèle comme ce coussinet est immuable » (c’est celui qui demeure dans la hutte et qui reçoit les cruches de bière qu’on y boit).

Umunyege ou umunyegenyege (acacia, de kunyega : blâmer, mépriser, déconsidérer).

Afin de nuire à sa rivale, une femme de polygame prend des feuilles de cet arbre, les sèche, les pilonne et les mélange à la bière qu’elle lui donne à boire en disant : « Que tu sois toujours mal considérée par ton mari, tes sujets abagaragu et par tout le monde ».

Mutaranuka (arbuste, litt. il sent mauvais). Seule la femme enceinte prélève une amulette sur cet arbuste, de peur d’avorter ; elle part la chercher nue et invoque l’esprit divinisé de RYANGOMBE. Pour en faire un charme offensif contre sa rivale, elle doit le traîner dans la hutte de cette dernière en disant : «Il sent mauvais ici », de telle manière que, repoussé par cette odeur, le mari ne pénétrera plus dans cette hutte. Ou bien elle en touche les excréments de sa rivale puis la brûle et en dépose les cendres dans la pipe du mari, en disant : « Elle sent mauvais » (s.-e. la rivale).

Mut’untore (plante, litt. laisse-la, prends-moi). Le port d’une amulette provenant de ce végétal assure la fidélité du mari.

Mvugira (plante, litt. prédis-moi). La femme dépose cette plante dans de l’eau qui bout et invite son mari à faire de la pâte avec cette dernière, ce qui est évidemment impossible, le mari répond alors : « Fais-la toimême », et ainsi la femme gagne tout pouvoir sur son époux.

 Ngarukira (plante, litt. reviens à moi). La femme jalouse d’un polygame porte au cou un morceau de ngarukira en disant : « Ceci est le ngarukira ; lorsque mon mari se trouvera chez ma rivale, il ne sera pas content et reviendra vers moi ».

Ngingw’ijana (plante, litt. cent nœuds). Cette plante porte également le nom de ngom’ijana : les cent tambours (insigne de la possession d’un royaume). La femme en porte un morceau en guise d’amulette, en disant : « Mon mari ne me délaissera qu’après avoir occupé cent royaumes ».

Nkulimwonga (plante, lit t. sortir de la vallée).

Umuhe (idem, litt. donne-lui, s.-e. le bonheur).

Umubirizi (idem, arbre odoriférant).

La femme presse le suc de ces plantes dans la bière de son mari en disant : « Là où je tombe, mon mari me relève, car le sorcier et mes ennemis n’ont aucune prise sur moi ; l’inzigo (le non-initié au culte de RYANGOMBE) et l’étranger ne détiennent aucune parcelle de mon amour ».

Nyagashekenyuka (insecte) ou Nyagashekembuzi (plante). En allant couper cette plante pour en faire une amulette, la femme ne porte sur elle:qu’une peau pour tout vêtement : elle frappe d’abord la plante à l’aide de cette peau en disant : «De même que je ne te cache rien de ma nudité, toi tu ne me cacheras rien de mon avenir » ; dès lors, elle porte cette amulette surson bracelet igitare et la consulte à tous besoins.

Nyakaregeshzem (plante, litt. qui radote).

Umuyogera (arbuste dont les fruits résonnent, une fois secs).

La femme place deux amulettes provenant de ces plantes sous l’oreiller de son mari afin qu’il n’ait plus aucun secret pour elle.

Nyamatuli (insecte). La femme prend cet insecte et le jette par-dessus son mari en disant : « Ceci est nyamatuli, mais moi je l’appelle malin : kazubgenge ; que tu ne découvres jamais ma malice », puis elle porte le nyamatuli sur elle en guise d’amulette.

Nyamwihina (insecte, de kwihina : se plier). Afin que son mari ne soit pas prodigue, la femme se fait une incision à la main droite dans laquelle elle dépose un nyamwihina qu’elle a préalablement tué. Lorsque le mari demandera à sa femme de donner quelque chose, la femme fermera sa main droite en disant : « Tu ne pourras céder cette chose que lorsque nyamwihina aura quitté ma main ».

Nyerekera (plante, litt. tourne-toi vers moi). La femme se pratique une incision à la poitrine sur laquelle elle dépose cette plante en disant : « Celui-ci est le nyerekera, que je sois laide ou pauvre, tout le monde se tournera vers moi et m’aimera ».

Nzirikana (plante, litt. songe à moi). La femme réduit cette plante en poudre et l’applique sur une incision qu’elle se pratique à la poitrine en disant : « Que mon mari pense toujours à moi, même lorsqu’il est chez ma rivale ». Elle dépose un peu de cette poudre dans la bière de son époux en prononçant ces mots: «Que tu sois chez le mwami ou ailleurs, songe à moi ; un autre à qui tu dois penser également est ton patron vacher ».

Ruhebeba (plante, de guhebeba : beugler). La femme dépose le suc des feuilles de ruhebeba dans la bière de son mari afin d’être aimée. Le nom ruhebeba est également donné à la verge du bouc (inkaka y’ihene). Après avoir réduit cet organe en poudre, la femme mélange celle-ci à la bière qu’elle offre à son mari en disant :

« Comme le bouc aime la chèvre, tu m’aimeras également ». Des poils de la barbe du bouc sont parfois mêlés au premier beurre qui apparaît lors du barattage (irorarimwe) ; la femme utilise ce beurre pour sa toilette afin que, si elle éprouvait l’envie de divorcer, son mari coure après elle et la ramène à la hutte conjugale.

Rujijibura (plante croissant sur d’anciennes tombes). L’épouse en tire une amulette qu’elle porte au cou afin d’éloigner de son mari tout désir d’avoir des rapports avec d’autres femmes.

Rulira (plante à suc laiteux, de kulira : pleurer). La branche de cette plante est employée comme philtre d’amour ; l’épouse s’en signe en se touchant au front, à la poitrine, entre les seins et au dos, en disant : « Comme cette plante coupée laisse couler sa sève, qu’ainsi mon mari pleure toujours pour moi ». Au Ruanda-Urundi, les larmes symbolisent l’amour.

Rwirahira (arbuste, litt. égoïste). L’épouse porte un morceau de rwirahira à. sa ceinture et, attendu que celle-ci fait partie de sa personnalité et ne peut être prêtée, ainsi croit-elle, son mari sera toujours à elle seule.

Cyoroshya (plante à fleurs blanches qui amollit les mains, de kworoshya : adoucir). Le soir, avant d’aller se coucher, la femme se lave les mains avec du cyoroshya, afin que le cœur de son mari s’adoucisse à son contact.

Ubwato (pirogue). Afin de se rendre désirable aux yeux de son mari, l’épouse porte au cou un fragment de pirogue en guise d’amulette, ceci du fait que la pirogue est fabriquée en bois d’umusumba : qui surpasse tout.

Ubwoya (poils). (Pour sertir certaines flèches, on place des poils dans leur bois avant d’y introduire la soie du fer).

La femme jalouse ajuste le fer d’une flèche sur son bois à l’aide de poils d’un chien noir ; elle dirige cette flèche vers son mari polygame lorsqu’il se rend à la hutte de sa seconde femme, en disant : « Tu n’emportes que la hargne d’un chien noir ; va te battre avec ton autre femme ».

Ubwunyu bwa kanyamanza (herbe, litt. sel de bergeronnette). La femme mâche une petite quantité de cette herbe, puis s’en frotte le corps en disant : «Je goûte le sel pour mon mari », puis elle s’en enduit le front et la poitrine en murmurant ces mots : « Mon mari ne s’occupe que de moi : yarampugukiye ».

Ubukurugutwa bw’impfizi (cérumen de taureau). La femme s’en frotte le corps pour s’attirer l’amour de son mari.

Uburyohera mpfizi (herbe préférée du taureau, litt. qui plaît au palais). Cette herbe est pilée, imprégnée de sel, puis introduite dans le beurre de toilette de la femme. Le soir, avant de se coucher, l’épouse s’applique ce beurre à l’organe sexuel en disant : « Mon mari n’aura jamais assez de mon corps, car je goûte le sel ».

Ubuliri (litt. couchette). (Dans la croyance populaire, les singes se construisent des nids dans lesquels ils ne dorment jamais). La femme qui souhaite que son mari n’aille plus coucher chez sa rivale, dépose dans le lit de celle-ci quelques herbes provenant du nid d’un singe.

Umubazi (herbe à fleurs blanches poussant sur les termitières ainsi que sur certains arbres, employée lors du mariage et pour nettoyer les cruches de bière). Les femmes la recherchent pour mettre un frein aux querelles conjugales. Seule une fille vierge peut la déraciner ; à ce moment elle doit lui porter un coup de pied et la frapper ensuite sur la termitière en disant : « Bats-toi, nous sommes vus ». A la hutte, la femme dépose cette herbe sous la baratte durant la nuit, puis la porte au cou en guise d’amulette. Au cours d’une dispute avec son époux, la femme lui montrera l’herbe en disant : « Bats-toi, nous sommes vus »; la colère de l’homme s’apaisera instantanément.

Umubwirwa (herbe, litt. celle qui écoute). Après s’être fait des incisions aux seins, la femme y applique des feuilles d’umubwirwa en prononçant ces mots : « Lorsque l’on incitera mon mari à me répudier, il refusera en disant : c’est la seule femme qui me plaît parce qu’elle m’écoute ». Puis elle ajoute : « Que mon mari m’écoute et m’obéisse comme l’enfant obéit à sa mère ».

Umubuza (arbuste, litt. celui qui empêche, qui éloigne) La femme place un morceau d’umubuza sur le lit de la seconde épouse de son mari à l’endroit où ce dernier se couche, en disant : « Ceci est l’umubuza qui éloignera mon époux de ma rivale ».

Umugenge (arbuste, litt. celui qui commande). La femme se pratique une incision sur le corps et y frotte un fragment d’umugenge en disant : «Je suis la seule maîtresse de ce foyer ; mon mari n’aura jamais d’épouse meilleure que moi ».

Umugera (grande aiguille, de kugera : atteindre). De temps en temps, la femme présente l’aiguille au feu en disant : « Ma rivale ne possédera jamais ni les vaches ni les clients vachers de mon mari ». Elle peut également insérer cette aiguille dans une lanière de peau de lion qu’elle attache à l’un des piliers de la hutte : chaque fois qu’une querelle s’élèvera entre elle et son époux, elle frappera des doigts le pilier en question en disant : « Tais-toi, tu n’es tout de même pas plus fort qu’un lion ; celui-ci rugit, mais se calme par après ».

Umugunga (arbre de kwigungira : garder jalousement pour soi). La femme attache un lambeau d’écorce d’umugunga au pilier de la hutte intitulé « du chagrin » (inkingi y’umurambizo), situé près du lit, et auquel la femme s’accroche pour pleurer lorsqu’elle se dispute avec son mari. La nuit, après l’acte sexuel, la femme enduit le pilier en question d’un peu de sperme de son époux, en disant : « Tu n’es qu’à moi qui suis fille d’umugunga ».

Umuhanurankuba (plante, litt. qui fait tomber la foudre). La femme répudiée ou divorcée et la jeune fille qui désirent se marier, recourent à l’oracle suivant : elles pilonnent des feuilles d’umuhanurankuba et y mélangent du petit lait, puis elles jettent le tout en l’air en disant : « Qu’ils viennent me chercher ».

La réponse favorable leur sera donnée par le vol de deux oiseaux : si un corbeau passe, le prétendant sera Muhutu ; si c’est un milan, il sera Mututsi. Si ni l’un ni l’autre ne se présentent, la femme devra aller chercher un mari à l’étranger.

Umuhengeri (arbuste à graines rouges comestibles). La femme porte sur elle un fragment d’umuhengeri afin que son mari pense toujours à elle.

Umuhezayo (arbre, de guhera : partir sans esprit de retour). Afin d’empêcher son mari d’aller ailleurs que chez des amies ou son patron vacher, la femme dépose sous son oreiller un fragment d’umuhezayo, perche ayant servi de brancard pour le transport d’un mort.

Umuhira (plante, litt. lachance). La femme réduit en poudre des feuilles d’umuhira qu’elle mélange ensuite à son beurre de toilette dont elle s’enduit, en disant : «J’incarne la chance pour mon mari, mes beaux-parents et mes amis ».

Umuhoko (arbuste abortif). La femme extrait le suc des feuilles de cette plante qu’elle jette ensuite au feu en disant : « Ma rivale ne pourra jamais me nuire ».

Umuhugwe (plante, de guhugwa : délaisser, oublier). La femme place une branche d’umuhugwe dans les excréments de sa rivale, puis dans la nourriture de son époux, afin qu’il oublie sa seconde femme. Umuhuna (plante, de guhunika : endormir, abêtir). La femme jalouse qui désire faire oublier à son mari sa seconde épouse, place un morceau d’umuhuna dans son lit.

Umukaka (assonance : bruit effectué par la maison ou par l’arbre qui s’écroulent, et qui par conséquent met en fuite. Fruit rouge). Herbe que les femmes portent sur la tête pour éloigner les mauvais esprits lorsqu’elles se livrent aux cultures.

Umukubitabagenzi (plante dont les graines piquantes s’accrochent aux vêtements des passants). La femme jalouse d’un polygame incinère l’umukubitabagenzi et en mélange les cendres à la nourriture et à la bière de sa rivale, en disant : « Que ton mari, dans vos entretiens intimes, lors de vos repas et au lit, te batte sans motif, ainsi que cette plante malmène sans raison les voyageurs ».

Umukunde (pois cajan, litt. amoureux). Cette plante constitue par excellence l’amulette d’amour. Les femmes en portent bien souvent au cou un fragment entouré de perles, et certaines la réduisent en poudre qu’elles mélangent à leur beurre de toilette dont elles s’enduisent le matin, avant de quitter le lit, en disant : « Que mon mari, mes beaux-parents et nos amis m’aiment sans détours ».

Une jeune fille, pour trouver un prétendant, se rend auprès d’une vache que l’on abat et la touche avec une branche d’umukunde en disant : « Que tout le monde m’aime ».

Umukungeli (plante). La femme en porte un fragment au cou en guise d’amulette en disant : « On te nomme umukungeli, mais moi je t’appelle rukungagiza amakungu (celle qui présage les malheurs) afin que ma rivale soit répudiée ».

Umukuzanyana (plante, litt. celle qui fait grandir les veaux). En l’arrachant, la femme jalouse lui donne d’abord un violent coup de pied et la porte ensuite à l’enclos où elle lui fait passer une nuit dans la fosse aux immondices, une autre nuit à l’entrée de l’enclos, et la troisième sur le toit de la hutte ; enfin elle prélève un fragment qu’elle porte en guise d’amulette en disant : « Bats-toi contre nia rivale ».

Umurengarutare (cryptogame poussant sur les rochers). Étymologie : qui franchit le rocher (s.-e. le cœur du jeune homme). Ses fruits constituent des amulettes pour trouver un fiancé.

Umunanira (plante, litt. celle qui résiste). La femme prélève une branche d’umunanira dont elle tire deux amulettes : l’une d’elles est placée au-dessus du lit en disant : « Aucune autre femme que moi ne couchera dans ce lit »; l’autre est portée par la femme entre ses seins ; lors d’une dispute avec son mari, elle touchera cette amulette en disant à propos de son époux : « Je t’ai eu à moi seule et personne d’autre ne t’accaparera ». Si la femme se querelle avec une autre épouse de son mari, elle dira : «Je te résiste et tu ne pourras jamais rien contre moi ».

Umunyuwintama (herbe, litt. sel de mouton). La femme se constitue un charme avec cette herbe en la pilant avec du sel et en la mélangeant à son beurre de toilette dont elle s’enduit, en pensant à son mari et en disant : « J’ai été pour lui aussi attirante que le sel ; qu’il soit doux envers moi comme un mouton ».

Umunywamazi (herbe noir-tacheté, litt. celui qui boit l’eau). Celle qui désire en prélever une amulette invoque d’abord l’esprit divinisé de RYANGOMBE, puis en coupe une branche à l’aide d’un glaive (inkota) et la ramène chez elle dans un petit panier. Elle verse d’abord sur cette branche de l’eau de pluie et ensuite de l’eau de source, puis elle porte ce charme sur elle en disant : « Toi qui bois l’eau d’en haut et l’eau d’en bas, absorbe également la jalousie de mes rivales ».

Umuravumba ou umuvumburampfizi (herbe, litt. celle qui réveille la virilité du taureau). Cette herbe est utilisée en qualité de charme par les femmes et les jeunes filles à la recherche d’un mari. Préalablement à son usage, la femme l’arrose de sa première urine du matin (amararanda : urine qui a passé la nuit dans le corps), puis elle jette Fumuravumba par-dessus les bois imyugariro fermant l’entrée de l’enclos en disant : « On t’appelle umuravumba, mais moi je te nomme réveille-taureau ; que le noble Munyiginya ou Mwega s’éveillent pour venir me demander en mariage ; et ceci est l’urine amararanda qui a passé la nuit dans mon sein ; que, comme elle, le Munyiginya et le Mzvega me fassent passer la nuit dans leurs bras ».

Umulehe (ficus). La femme coupe une branche de ficus, l’enduit du sperme de son mari, sèche le tout qu’elle moud ensuite. Elle place la poudre ainsi obtenue dans une incision qu’elle se pratique à la cuisse droite en disant : « De même que mon mari ne peut s’abstenir de jouir lorsque nous avons des rapports conjugaux, qu’ainsi il ne se retienne plus de me choyer et de me prodiguer des biens ».

Umuhengeri (arbre). La femme coupe une branche d’umuhengeri et la réduit en poudre qu’elle dépose dans une incision qu’elle se pratique à la poitrine en disant « Que tous les hommes me viennent en aide : mon mari, le Mututsi et le Muhutu ».

Umusagarayamunda (de gusagarara : avoir une nombreuse famille, munda : dans le ventre). Pour devenir enceinte, la femme porte un fragment de ce végétal. Umusambi (natte). Une femme de polygame porte sur elle de la paille provenant d’une natte ayant servi à sa rivale en disant : « Ma concurrente ne pensera à porter des charmes contre moi qu’en songe seulement ; pour le reste, que son enclos demeure inaccessible à notre mari ».

Umusasa (plante). La femme réduit l’umusasa en poudre qu’elle mélange à son beurre de toilette dont elle s’enduit le soir avant de se mettre au lit, pour se faire désirer par son époux. Lorsque son mari l’appelle en rentrant, elle ne répond d’abord pas ; mais à la seconde interpellation, elle dit : « Faut-il être fou de m’appeler ainsi ! ».

Umusemburo (levain). Afin d’empêcher sa rivale de brasser de la bonne bière et d’être ainsi estimée de son mari, la femme jalouse lui demande un peu de levain qu’elle jette ensuite dans un lieu d’aisance en disant : « Que ta bière ait le goût d’excrément (amabyi) ».

Umushishiro (arbuste, de gushishira : tenir le secret). La femme se rend à la recherche de l’umushishiro porteuse d’un tison et d’une grande aiguille qu’elle tient d’une main levés vers le ciel, et les mêmes instruments dirigés vers le sol de l’autre main ; de plus, elle emporte un pot à lait dans lequel elle dépose de la pâte de sorgho et enfin un petit panier (icyibo) contenant du lait. La grande aiguille et le tison inversés signifient que la femme veut par là renverser le cœur de sa rivale. Elle s’approche de l’umushishiro sur lequel elle renverse le lait et la pâte de sorgho en disant : « Voilà bien des choses étranges : le tison inversé s’éteint ; l’aiguille est également mise à l’envers ; le lait se trouvait dans un panier et la pâte de sorgho dans un pot à lait ! Je ne comprends plus ce que fait ma rivale ; sans doute est-elle devenue folle. » Elle emporte ensuite un fragment de l’umushishiro chez sa rivale en disant : « Ceci est rushishimurana (celui qui déchire) ; que mon mari se brouille avec ma rivale, car elle est devenue folle ».

Umuserebanya (lézard). Après avoir tué un lézard, la femme le transperce avec une aiguille depuis le dos jusqu’à la poitrine ; elle lui coupe ensuite la langue qu’elle sèche et réduit en poudre qu’elle introduit dans la bière de son mari en disant : « Ce n’est que le jour où ta poitrine atteindra ton dos, comme ce lézard, que tu songeras à prendre une seconde femme ».

Umushubi (arbre épineux). Une femme de polygame place une branche d’umushubi dans la hutte de sa rivale afin d’occasionner des mésententes entre elle et son mari, en disant : « Ceci est Fumushubi, mais moi je l’intitule bashushubikanya (qui chassent) ; désormais quand ma rivale aura des entrevues avec mon mari, il se fâchera et la répudiera définitivement ». Ou bien la femme se procure un glaive (inkota) avec lequel elle taille une petite massue en bois, après quoi elle recherche un bout de papyrus (urusasanure) auquel elle lie la massue à l’aide d’un nerf de vache ; ensuite elle s’assied dos à dos avec un enfant qui possède encore ses parents en vie, qui n’a jamais été malade du pian et qui lui fait porter les deux objets sans la regarder, tout en disant : « Ceci est l’impana mugongo (litt. le dos à dos) que je vous ai remis sans vous voir en sorte que vous n’aurez jamais de rivale et que vous serez toujours aimée de votre mari ». La femme en portant ces amulettes se nommera Gashubi, c’est-à-dire : « Rien ne me détachera de mon mari ». Bien souvent elle les dépose dans un pli de sa jupe en peau de vache inkanda, en disant : « Ce charme s’intitule rwamururamakungu rwa bikungera: celui qui chasse les malheurs ».

Umusumba (arbuste, litt. qui surpasse tout). La femme cueille des feuilles d’umusumba, les réduit en poudre qu’elle mélange à son beurre de toilette dont elle s’enduit la figure le matin, en disant : « Ceci est l’umusumba ; je suis au-dessus de toutes les femmes ».

Umutanga (cucurbitacée non comestible). La femme tend une liane d’umutanga à l’entrée de l’enclos de telle manière que son mari l’enjambe en rentrant au domicile conjugal ; ensuite elle prélève un morceau de cette liane et la porte au cou en guise de charme, en disant à l’adresse de sa rivale : « J’ai eu mon mari avant toi ». Elle croit que son époux chassera sa seconde femme dans les deux jours.

Umutinskyi (plante également intitulée rutsimburamakungu, litt. qui chasse les malheurs). La femme en porte un fragment sous ses vêtements, en disant : « Que mon mari ne prenne pas une seconde femme, sinon que je sois au-dessus d’elle ».

Umutobotobo (solanée à épines et à fruits jaunes). Après l’avoir déterrée à l’aide d’un bâton à bout ferré (igihosho) et d’une grande aiguille renversée (uruhindu), la femme lie la racine de l’umutobotobo à son gros orteil et la ramène chez elle. Arrivée au milieu de la hutte, elle l’enlève, la lance en l’air et la saisit au bond, puis elle en prélève un fragment qu’elle revêt en disant : « On appelle ceci umutobotobo, mais moi je l’intitule umunaniranzovu (celle qui résiste à l’éléphant) ; ma rivale ne pourra plus rien contre moi et mon mari ne me quittera plus pour la rejoindre, car je l’ai rendue idiote ».

Umucaca (herbe rampante à stolons). La femme lie cette herbe à une feuille d’isinde (parapluie indigène) et dépose ce charme à l’endroit où se couche son mari, en disant : «C’est ici le seul asile de mon époux ; si je partais, il courrait à ma recherche ».

Umucucu (solanée). La femme prend des feuilles d’umucucu qu’elle réduit en poudre qui sera mélangée au beurre de toilette dont elle s’enduit ainsi que son mari, afin d’apaiser la colère de l’époux. Umucucure (solanée). La femme jalouse dépose une feuille d’umucucure sous l’oreiller de sa rivale afin qu’elle soit répudiée.

Umutsina (herbe). Une femme de polygame déracine cette herbe et la place sous le lit de son mari, en disant : « Ceci est I.’ umutsina qui empêchera mon mari d’aller coucher chez son autre femme ».

Umuturirwa (plante à fibre) ou umucundura. Ayant réduit en poudre une branche de ce végétal, la femme se l’applique sur une incision qu’elle s’est pratiquée à la poitrine, en disant : « Que je sois toujours aimée plus que ma rivale, de mon mari et de tout le monde ».

Umuvumovumo (plante). La femme revêt un fragment de cette plante en disant : « Que mon mari m’aime comme la vache aime son veau ».

Umuzirarondwe (plante). La femme dépose le suc des feuilles d’umuzirarondwe dans la bière de son mari, en disant : « Oue tu sois toujours en désaccord avec ta seconde femme ».

Umwange (arbre, de kwanga : haïr). En allant couper une branche d’umwange qu’une femme ne peut normalement jamais toucher, la femme procède à l’opération en se couvrant les mains de feuilles. Elle dépose la branche dans la cruche de cuisine de sa rivale en disant : « Ceci est l’umwange ; j’oppose ma concurrente à mon mari, à ses beaux-parents ; qu’elle soit haïe des clients vachers de mon mari, de ses enfants et de tous ».

Il arrive que la femme dépose cette branche sous la chaise de son mari polygame, dans la hutte de sa rivale, en disant : «Je t’oppose à ta seconde femme ; c’est moi seule que tu aimeras désormais ». Les jeunes filles ne peuvent toucher l’umwange sous peine de ne pas trouver de mari.

Umwanzuranya (plante, litt. celle qui soulève des disputes). A l’aide de branches d’umwanzuranya, la femme confectionne un balai avec lequel elle fouette l’entrée de l’enclos, en disant : «Je ne puis vivre avec l’autre épouse de mon mari ». Elle entre ensuite dans sa hutte et balaie le foyer en disant au sujet de son mari : « Je t’oppose pour toujours à ta seconde femme ».

Umweko : ceinture en écorce de ficus à l’aide de laquelle la femme soutient sa jupe ; au noeud de cette ceinture l’on trouve fréquemment attachée une petite calebasse ubunure ornée parfois de perles. Cette courgette contient de nombreux charmes qui sont intitulés impumbya z’umugabo (talismans du mari) et qui sont constitués notamment par :

Deux graines de courge, quelques grains d’éleusine, de sorgho et une graine d’umukunde pour se faire aimer de son mari et être féconde ;

Une graine d’umushubi ayant la propriété de faire déguerpir la seconde femme du mari ;

Une bille du jeu igisoro qui a été gagnante, afin d’être aimée comme ce jeu, et d’être maîtresse de sa maison ; Une aile de moineau (igishwi, litt. qui a peur) afin d’effrayer sa rivale ;

Une aile de pique-bœuf ishwima afin que, même si elle adresse des paroles désinvoltes à son mari, ce dernier ne se montre pas rancunier ;

Une aile de merle, afin de conserver son autorité sur la maison ;

Un brin d’herbe umulibata (litt. qui écrase) pour éviter les marques de jalousie de sa rivale et de ses ennemis ;

Un œil de lion (celui-ci étant intitulé gitinywa : celui qu’on craint), afin d’être redoutée des autres femmes ;

Une branche d’umugenge (de kwigenga : se libérer), afin d’avoir toute liberté dans sa maison ;

Une graine d’umwishywa (que l’on intitule cyasamirabusha : qui prononce toujours des mots insignifiants), afin que son mari ne prête aucune attention à ce que lui raconte sa seconde femme ; Un brin d’herbe inzingarulimi (celle qui empêche de parler) nommée également inshabugufi (celle qui abaisse, qui rend petit), afin que la seconde femme du mari soit moins bien considérée que celle qui porte le charme ;

Un brin d’herbe kalimi-kamwe (qui possède une seule langue), afin que son mari ne parle qu’avec elle et n’adresse pas la parole à sa rivale ; Un morceau d’étoffe rouge ryoha (de kuryoha : goûter), afin de plaire à son mari ;

Un morceau de placenta de mouton, afin que son mari l’aime comme le mouton affectionne ses agneaux et qu’aucune mésentente ne s’élève entre eux ;

Un morceau de placenta de chien (intabonwa, de gutabona : être invisible), afin que son mari ne trouve aucune femme qui lui fût semblable ; Une graine d’umutobotobo appelé également umunaniranzovu (qui résiste à l’éléphant), afin que sa rivale n’ait jamais de jalousie contre elle ;

Une calebasse de même nature et de même grandeur intitulée mpfumbatwa (de gupfumbatwa : embrasser), afin que son mari reste toujours auprès d’elle et n’éprouve pas le désir d’aller chez sa rivale ; Un os d’épervier icyanira (de kwanira : crier), afin que sa rivale s’effraie et crie chaque fois pour des riens ;

Un brin d’herbe ngamba (de kugamba : parler), afin que si son mari adresse la parole à sa rivale, celle-ci lui réponde trois fois et qu’elle ne lui obéisse pas ;

Un brin d’herbe umunuza (de kubuza : empêcher), afin que son mari ne songe qu’à elle, et non à sa rivale ;

Une reine d’abeilles et quelques poils qui poussent sur le pis d’une vache qui vient de mettre bas, afin d’être aimée de son mari comme les abeilles aiment leur reine et comme les hommes apprécient une vache qui vient de vêler, en sorte que sa rivale ne la surpasse jamais ; Un brin d’herbe ikimamfu (litt. qui ne vaut rien) afin que son mari considère sa rivale comme une non-valeur ; Un brin d’herbe urucubyo (de gucubya : apaiser) afin que son mari soit toujours bon envers elle. Notons que lorsqu’une femme meurt en ayant une belle-fille, elle laisse à celle-ci sa ceinture en héritage.

Umwenya (arbuste). La femme se munit de deux cordes, de deux tisons et de deux fers pointus ; l’un des tisons et l’un des fers sont tenus inversés par rapport aux autres. Elle dégage la racine de l’umwenya à laquelle elle attache une corde qu’elle lie à une vache et à un mouton. Elle pousse ces bêtes qui provoquent le déracinement complet de la plante, en s’écriant joyeusement : « Deux dieux (amamana abili) me donnent une amulette ». Arrivée à son domicile, elle prélève un fragment d’umwenya et le porte en guise de charme, en disant : « Voici l’impunga (celui qui fait), qui fera s’enfuir ma rivale ; ceci est un charme qui m’a été donné par Dieu ; rien ne prévaudra contre moi ».

Umwifuzo (plante, litt. celle qui est désirée). Le charme retiré de l’umwifuzo aurait pour effet de faire aimer la femme par son mari.

Urubeshya (plante, de kubeshya : mentir). La femme réduit en poudre des feuilles d’urubeshya qu’elle mélange à son beurre de toilette dont elle s’enduit ainsi que son mari, en disant : « Ceci est l’urubeshya et moi je l’intitule kambaratete ka ni baterwe » (être envahi par les ennemis) ; ainsi, croit-elle, son mari n’éprouvera pas le désir d’épouser une seconde femme.

Umuburamajyo (herbe parasite de certains arbres, litt. celle qui est sans toit).

La femme confectionne un coussinet à l’aide d’umuburamajyo et le place sous l’écuelle de son mari, en disant : « Ton unique toit est ici, tu n’iras jamais ailleurs ».

Urufunzo (papyrus). Une souche de papyrus (que l’on surnomme inzovu yo mu Cyanya ntirishe: l’éléphant du Cyanya qui ne broute pas et ne s’abreuve pas), un lézard et une tige de roseau sont placés sous le lit à la place de la femme afin que celle-ci ne soit jamais répudiée.

Urugarura (plante, litt. celle qui ramène). La femme en confectionne un charme qu’elle porte en prononçant ces mots : « Ceci est l’urugarura; si mon mari éprouve l’intention d’épouser une autre femme, il s’en détournera en disant : toutes réflexions faites, je veux rester avec ma première épouse ». Ou bien elle se prépare une infusion d’urugarura et s’en asperge le visage et la poitrine, en disant à l’intention de son mari : «Je l’ai fait mien ; s’il se rend chez ma rivale, qu’il s’y dispute et qu’il revienne à moi ».

Urugore (couronne faite d’une paille de sorgho que portent les femmes et qui est le symbole de la maternité). A l’insu de sa rivale, la femme détache un fragment de son urugore qu’elle jette au feu en citant le nom de sa rivale et en disant : « Chaque fois qu’elle enfantera, ses enfants mourront ; qu’elle n’ait jamais d’enfants pour l’aider ».

Il est à noter qu’il est strictement interdit de brûler l’urugore d’une femme, car ce serait l’exposer à la stérilité ; si elle parvenait à accoucher, ses enfants mourraient. C’est une grave injure que de dire à une mère : « Que brûle votre couronne ».

Urugwantege (plante, litt. celle qui tombe au jarret). La femme se pratique une incision au jarret et y dépose de la poudre d’urugwantege, en disant : « Que j’aille en Urundi ou ailleurs, mon mari est toujours à mes jarrets (s.-e. à me suivre) ».

Urubeza (plante, litt. qui empêche de revenir, de retourner). La femme brûle l’urubeza dans la hutte destinée à la seconde femme de son mari, en disant : « Ceci est l’urubeza; que mon mari n’épouse pas une autre femme ». Ou bien, après avoir réduit des feuilles d’urubeza en poudre, elle dépose celle-ci dans la bière de son mari afin qu’il demeure constamment auprès d’elle et n’aille plus jamais chez sa rivale.

Uruhiza (le toit). La femme recueille une herbe poussant sur le toit de sa hutte, herbe que le vent était sur le point de faire tomber ; elle la brûle et elle en mélange la cendre à la bière de sa rivale en disant : «Je te donne l’herbe du toit de la hutte : comme la porte de celle-ci n’empêche pas les gens d’entrer, qu’il en soit de même pour toi et que tu ne saches pas conserver la bière destinée à notre mari. Ne garde rien convenablement dans ta maison ; comme cette herbe était constamment balancée par le vent, il en sera de même pour toi : tu seras constamment tiraillée par la faim et tu auras toujours l’impression de ventre creux ; je t’ai également donné l’herbe poussant sur le grenier ; comme celui-ci n’a jamais été rempli, tu devrais, pour être rassasiée, avaler le contenu d’un grenier ; lorsque tu seras dans le lit avec ton mari, tu le quitteras pour aller voler ta nourriture ».

Uruhombo (arbre procurant le bois de flèche). La femme se confectionne un arc d’uruhombo et une flèche d’inyabarasanya qu’elle complète par des plumes de pintade inkanga (de gukanga : faire peur ; d’où inkanga kanga banzi : la pintade terrifie les ennemis) ; lorsque son mari se rend chez sa seconde épouse, la femme tire la flèche derrière lui, en disant ces mots : « Que ma rivale s’en aille, et qu’elle se batte avec mon mari ».

Uruho (morceau de calebasse en forme de bol). Très tôt le matin, la femme s’en va recueillir de la rosée dans son uruho, puis la mélange à la bière de sa rivale en disant : « Que tu t’en ailles de cette hutte, comme la rosée s’évapore aux premiers rayons du soleil ».

Uruhu (peau). La femme enterre au centre de la hutte une peau de serval et un intosho (petite pierre ronde servant à piler les médicaments, que l’on surnomme ingorozo : celle qui sert à réparer les houes, de kugorora: lisser, aplanir), en disant : « Ici se trouve la seule demeure de mon mari, ceci est l’intosho et je l’appelle ingorozo; j’ai conquis le cœur de mon époux ».

S’il s’agit d’une peau de taupe, la femme la brûle et en mélange la cendre à son beurre de toilette, en disant : « Mon mari m’aime et me recherche à tout instant)) (allusion à la chasse à la taupe que l’on doit rechercher avec obstination au fin fond de son terrier).

Urujyo (tesson de cruche). Il est de coutume, lors d’un enterrement, de placer un tesson de cruche avec un tison sur le sentier ; ceux qui reviennent de la cérémonie les piétinent. La femme jalouse en ramasse les morceaux et va les enterrer à l’entrée de l’enclos de sa rivale afin que, si celle-ci est répudiée, elle n’y revienne plus jamais. A cette occasion, elle prononce les paroles suivantes : « Ma concurrente ne reviendra que le jour où le mort ressuscitera ».

Urukuro (plante). La femme arrache l’urukuro à l’aide d’un fer de lance, puis, après l’avoir touchée du pied, elle en porte un fragment en guise d’amulette, en prononçant ces mots : « Ce charme a été extrait de l’urukuro de nyamweru (s.-e. il a fallu de la peine pour l’enlever) ; il changera les projets de mon mari qui voudrait prendre une seconde femme ».

Urukwavu (lièvre). La femme enterre un lièvre dans sa hutte à l’endroit ou s’assied habituellement son mari, en disant « C’est ici l’indiri (nid d’animal) habituel de mon époux ; lorsqu’il reviendra d’avoir été chez son patron vacher, il rentrera directement ici ».

Urura (intestin). Ayant trouvé un serpent tué, la femme en prélève l’intestin. Elle fait forger un grelot dépourvu de battant, dans lequel elle place un bracelet, un morceau d’os de pigeon, un fragment d’os de moineau, et l’intestin du serpent. Elle porte ce talisman au bras droit et prend de la main droite une gourde de bière qu’elle présente à son mari. Tandis qu’il la boit, elle dit : «Je suis ton unique épouse comme le serpent ne possède qu’un seul intestin ».

Ururasago (incision). La femme se fait pratiquer par une amie des incisions à la main et au pied droits. Le sang qui s’en écoule est prélevé au moyen d’une écorce de papyrus urutamyi (de gutamura : prendre, morceler ; au figuré : éloigner). La cérémoniaire dit alors : «Je t’éloigne des ennemis et des sorciers, mais je te réserve l’amour de ton époux ».

Ururembe (bracelet en cuivre ; de kuremba : être fatigué, laisser faire). La femme porte ce bracelet accompagné d’une fleur d’isogi, légume à caractère magique, afin que son mari n’ait pas envie d’épouser une seconde femme.

Urusaragiza (plante, de gusara : devenir fou). La femme porte sur elle un fragment d’urusaragiza en guise d’amulette, et chaque fois qu’elle voit passer sa rivale elle proclame : « Tu es folle de jour comme de nuit ». Elle croit que, de ce fait, sa concurrente deviendra vagabonde.

Urutagangurirwa (araignée). La femme brûle une araignée, puis s’en place les cendres sur des incisions qu’elle s’est faites à la poitrine et au dos, tout en disant à l’adresse de son mari : «Je colle à toi comme une araignée ».

Urutakwa (plante). La femme en retire un charme pour être aimée.

Urutamvaho (arbuste, litt. qui ne quitte jamais). La femme, après avoir pilé des feuilles d’urutamvaho, se les applique sur une incision pratiquée au jarret de la jambe droite, en disant à l’adresse de son mari : « Que ton cœur ne me quitte pas ». Ou bien elle les place sous son oreiller dans une même pensée.

Urutega (anneau en fibre de papyrus porté à la jambe). La femme jalouse s’empare d’un urutega de sa rivale et le dépose sur un rat crevé, puis elle attend qu’un rapace emporte le tout ; elle dit alors : « Ma rivale voltige comme un oiseau et elle n’aura plus jamais de demeure fixe ».

Uruteja (tradescantia), herbe surnommée gatesha (qui fait abandonner). La femme jalouse place un brin d’uruteja sous l’oreiller de sa rivale en disant : « Ceci est le gatesha ; que notre mari te répudie et qu’il ne pense plus à toi ».

Urutirwicumu (manche de lance). La femme se procure un manche de lance dont elle détache un fragment en guise d’amulette qu’elle porte, en disant : « On t’appelle uruti, mais moi je t’appelle urukura (celle qui enlève) et mon mari abandonnera ses projets de me mépriser et d’épouser une seconde femme ».

Urunyabutongo (légume spontané). La femme presse le suc de cette plante dans la bière qu’elle donne à son mari, en disant : «Je t’ai choisi parmi tes semblables, les Européens, les chefs et les patrons vachers ; tu es tout à moi ».

Uruyange rw’ amajyeri (fleurs de petits pois). La femme réduit ces fleurs en poudre qu’elle incorpore à son beurre de toilette, en disant : « On t’appelle uruyange, mais moi je t’intitule urwabilizi (celle qui fait beugler) ; tout le monde me recherche, personne ne me hait, et ce, dans le Ruanda entier ».

 

Urwara rw’isha (ongle de gazelle). La femme jalouse dépose dans la hutte de sa rivale un grelot sans battant contenant un ongle de gazelle, en disant : « Comme ce grelot a perdu son battant, ma rivale sera séparée de son mari, et de même que la gazelle n’a pas de nid, elle n’aura plus de demeure ».

Urwondo (boue). La femme d’un polygame fabrique un vase à l’aide de boue et lorsque sa rivale accouche, elle le lui apporte empli d’eau, mais en cours de route, elle le brise contre une pierre en disant : « Ce cadeau de naissance est un signe de mort, et ma rivale perdra son enfant ».