“Le roi, père, trayeur, pluviateur n’est pas seulement un chef politique, mais une petite image de l’Imana. Il veille sur le Rwanda, fait reculer les maléfices, pluies abondantes, sécheresses, épidémies, etc. Il chasse les ennemis avides des boeufs et des haricots du bon royaume. Tout ce qui n’est pas de la famille du père est étranger. Le gouvernement intérieur est du reste strictement familial, le roi n’a peur pour sa santé que de ses cousins et de ses demi-frères. Mais il se dit le père du Rwanda, le bienfaiteur de l’humanité et son juge. A la limite, sa personne “est le Rwanda”.

 La tête de l’Etat

“Le premier roi du Rwanda, Nkuba (l’Eclair) vivait au ciel avec sa femme Nyagasani, leurs deux fils Kigwa et Mututsi et leur fille Nyampundu. Un jour les deux garçons et la fille tombèrent du ciel et s’établirent sur une colline du Rwanda. Là, Kigwa épousa sa sœur. Leurs descendants constituèrent le clan des Abanyiginya. Mututsi, le frère de Kigwa, épousa une de ses nièces. Leurs descendants constituèrent les Abega. Les deux clans royaux (habituellement les rois Abanyiginya épousaient des filles Abega) avaient ainsi une origine divine”.

“Le royaume rwanda a été construit par l’ubgenge, comme toutes les bonnes oeuvres de hommes. Ubgenge est autant intelligence que sagesse. Elle doit scruter les desseins d’Imana – suprême intelligence qui a donné le monde aux rois en partage – et suivre les lois de la nature, créée par Imana, et fécondée par lui, grâce au roi, son hypostase”.

On pense habituellement qu’au moment où la royauté tutsi a émergé, elle a intégré, en même temps que la langue bantou, la sacralité, les coutumes, les emblèmes, les rituels et les modes d’organisation des petits royaumes hutu. Des traits typiques tels que la responsabilité royale de la fertilité de la terre, les pouvoirs rituels et les obligations de pureté, l’importance donnée aux tambours, l’association du roi avec la reine-mère, le confinement du souverain, le fait de boucaner son cadavre et de l’enterrer dans une peau de taureau, la création de nécropoles royales, etc… pourraient avoir été autochtones.

Au fil du temps, la cour royale est devenue le point où se sont noués tous les fils d’un pouvoir très centralisé, mais non à l’abri d’une certaine instabilité, principalement lors des fins de règne. Elle est devenue également, ce qui nous intéressera ici, un lieu d’éducation où il s’agissait certes d’imprégner les jeunes destinés à diriger le pays d’une mentalité très spécifique, mais aussi de les soumettre à des entraînements systématiques dont le caractère à ce point formel et technique ne se retrouvait guère ailleurs. On a pu parler d’une véritable “école” des “pages” ou des “cadets”.

Le mwami était présenté à la population comme un personnage hautement sacralisé, inviolable, maître absolu et arbitre suprême, garant de l’ordre cosmique et social, à qui appartenait la terre et tout ce qu’elle contient. Il pouvait en disposer comme il l’entendait, les autres n’étant jamais que des gestionnaires à différents niveaux. Il était la seule source de toute autorité, de toute prospérité et de tout bien. “Sa” loi était “la” loi, et sa personne s’identifiait avec l’Etat. D’origine divine, il se plaçait au-dessus des ethnies et des castes. “Le roi n’est pas un homme”, disait-on. Il apparaissait comme un patriarche dont la maison s’est dilatée aux dimensions du pays, voire de l’univers entier. Dans les poèmes dynastiques, il était présenté comme le lieutenant inviolable de Dieu, “l’oeil par lequel Imana contemple le Rwanda”, la face visible du Divin, Imana lui-même, incapable de mal faire ou d’ordonner le mal. Ceux qui partageaient son pouvoir aux divers degrés pouvaient être faillibles, injustes et cruels, mais non lui. Si le roi était un usurpateur, s’il a été mal intronisé, ou s’il était trop vieux et affaibli, il n’était pas en mesure de communiquer les énergies vivifiantes venues d’en-haut et le pays en souffrait inévitablement. Au besoin, il fallait qu’il “boive” (sous-entendu : le poison).

Pour imposer au peuple l’image “mystique” d’un être différent des autres par nature, il fallait l’entourer des signes, habituels dans les royautés sacrées africaines, qui le mettaient à part : il ne pouvait ni manger ni boire en public ; il était interdit de le regarder de face ou de voir son lit, car celui-ci était associé à son pouvoir de fécondité ; ses pieds ne devaient pas toucher le sol ; la force du pays étant contenue métonymiquement dans ses jambes, il ne devait pas fléchir les genoux pour ne pas diminuer la vitalité de la nation ; il avait seul droit aux peaux de léopard ; sa fonction était symbolisée par un taureau, des tambours sacrés et un feu perpétuel étaient entretenus dans une urne spéciale et dédiés au premier ancêtre Gihanga : son extinction aurait causé de grands malheurs.

Le tambour sacré Kalinga, simple tronc d’arbre évidé recouvert d’une peau de bovin, jamais battu, et trois autres tambours sacrés en forme de poitrines féminines, recevaient les mêmes hommages que le roi lui-même et étaient les emblèmes majeurs de sa fonction. En un sens ils dépassaient même le roi, qui n’était que leur serviteur : le pouvoir et donc le pays appartenaient à ceux qui, fussent-ils ennemis ou rebelles, parvenaient à s’en emparer. Ils étaient aspergés du sang des taurillons sacrifiés lors des consultations de devins et ornés des parties génitales des rois vaincus, suspendues dans des sachets. Ils ne pouvaient toucher terre, et par crainte du mauvais oeil, ils étaient toujours recouverts. En de grandes occasions, des Twa les portaient processionnellement sur des litières. Les nombreux tributs à payer venaient opportunément rappeler le caractère absolu du pouvoir royal. Le décès du mwami ne pouvait être annoncé qu’en termes cryptés comme : “les choses sont ce qu’elles sont depuis toujours”, “il a bu” (s’il a pris le poison) ou “il a donné” (son commandement à son fils). Il aurait été indécent et imprudent de parler de “mort” à son sujet.

Le monarque partageait les prérogatives royales avec la reine-mère (sa vraie mère ou, en l’absence de celle-ci, une femme désignée pour remplir cette fonction). Elle n’avait pas d’attributions particulières, mais, si sa personnalité s’y prêtait, elle pouvait exercer une influence considérable, même prédominante. On disait : “les rois”, et c’est en deux personnes que se réalisait la royauté. Celle-ci présentait une double face:

Les cérémonies d’intronisation du mwami au Burundi comme au Rwanda soulignaient la même ambiguïté d’un souverain promu tout-puissant, garant de la fécondité des hommes et de la fertilité des champs, tout en étant le jouet de forces obscures que les sacrifices s’employaient à neutraliser et à amadouer. Il apparaissait à la fois comme un héros civilisateur qui garantissait et harmonisait périodiquement les activités productives et la vie sociale du pays, notamment à l’occasion des fêtes des semailles ou des prémices, et comme un bouc émissaire voué à attirer sur lui les forces dangereuses de la nature sauvage“.

La dynastie régnante s’appuyait sur une véritable idéologie habilement orchestrée : le roi est intouchable, car divin ; il est le taureau qui saillit le Rwanda et en assure la fécondité ; il réussit en tout ce qu’il entreprend et est vainqueur en toutes ses conquêtes, ce qui oblige à travestir tout revers en succès; sa fonction est d’étendre le pays et de faire disparaître les dynasties rivales ; il descend en ligne directe de Gihanga, ce qui là encore oblige à cacher les accrocs à la continuité dynastique ; par les rites qu’il accomplit il assure paix et prospérité au monde entier. Alors qu’il était choisi par son père et ses conseillers, on faisait croire au peuple qu’il était désigné par le destin du fait qu’en signe d’élection divine il naissait tenant dans sa main les quatre graines les plus anciennement cultivées.

La cour était le lieu de fêtes fastueuses à portée nationale, telle celle des prémices du sorgho et de l’éleusine. Les graminées destinées au rite étaient cultivées dans un champ spécial avec des instruments archaïques. A la récolte, on en portait une corbeille en grande pompe à la cour, puis on en confectionnait un pain que le roi goûtait. Des réjouissances publiques s’en suivaient. Chaque chef de famille était tenu d’accomplir le même rite à son niveau, accompagné d’un acte sexuel, en signe d’ouverture de la moisson.

Les troupeaux de vaches inyambo aux longues cornes, au corps svelte, aux jambes élancées, au poil luisant et de couleur uniforme, à la queue longue et touffue, à la démarche lente et dandinante, étaient un privilège royal. Aux grandes occasions on les faisait défiler en rangs, côte à côte : les plus belles marchaient en avant, la tête haute, l’oreille à l’écoute des déclamations exaltées qu’on leur adressait, le front et le cou garnis de broderies de perles et de cornes d’antilopes bourrées de produits magiques. Par leurs meuglements elles s’associaient aux chants et aux danses.

Le roi faisait fonction de juge suprême, dont les sentences étaient sans appel. Tout Rwandais avait le droit de recourir directement à son jugement et à son autorité : c’était là une manière de contrôler les chefs. Théoriquement son pouvoir était sans limites et il n’avait de comptes à rendre à personne. En réalité il était pris dans le corset de la coutume et devait prendre en considération l’avis des grands lignages.

Les anciens auteurs ont décrit le cynisme, la dissolution des moeurs, la suspicion, la cruauté, la morgue et la corruption qui régnaient au sommet de l’Etat. On était sans cesse en train de scruter les expressions du visage royal : le moindre sourire ou la moindre lueur de colère pouvaient avoir des conséquences imprévisibles. A l’époque où il cherchait à se débarrasser du mwami Musinga, le vicaire apostolique Mgr Léon Classe n’hésitait pas à parler du milieu de la cour comme du “plus ordurier que l’on puisse imaginer”, et il accusait le roi lui-même d’inceste et de pédérastie dont les jeunes pages auraient été victimes. Quant à L. de Lacger il écrivait :

La cour offrait le spectacle de la pire corruption. C’était un foyer de délations et d’intrigues, une officine équivoque d’aruspicine frauduleuse, de philtres et poisons, de conjurations de maléfices, un mauvais lieu et un coupe-gorge. On y vivait sous le signe de la peur” (p. 146).

A la manière de la France naissante au temps des Mérovingiens, le Rwanda avait une capitale itinérante, qui se fixait en plusieurs lieux au cours d’un même règne, comme pour faciliter la fécondation du pays par le taureau royal. Le souvenir de ces résidences demeurait vivace dans tout le pays. Leur implantation pouvait s’étendre sur plusieurs collines et était soumise à de longs rituels préalables. Le roi lui-même séjournait dans un très vaste enclos, long de quelques 200 mètres, véritable labyrinthe, dont l’unique ouverture donnait sur une vaste esplanade, lieu des réceptions, des veillées, des jugements et des conseils. Ses épouses avaient leurs résidences à l’extérieur. Les Twa, maîtres de danse, policiers et bourreaux, occupaient aussi vingt à trente huttes hors de l’enceinte. Les nombreux personnages qui devaient se rendre périodiquement à la cour arrivaient avec leur suite, leurs concubines et leurs propres vaches et s’installaient dans les environs. Il en était de même des jeunes pages.

La cour royale rassemblait d’innombrables détenteurs de fonctions, parfois très complexes, touchant tantôt à l’intendance et aux tâches matérielles, tantôt au domaine politique (sécurité, ordre public, espionnage, sauvegarde des traditions et des emblèmes royaux), tantôt au domaine magico-religieux (sacrifices, divination, protections occultes, etc.), tantôt au domaine culturel (instruction, divertissements, beaux-arts). Ces fonctions exigeaient des apprentissages spécialisés très pointus, voire de véritables initiations à ce point exigeantes qu’elles ne pouvaient être envisagées qu’au sein d’une même lignée, par transmission de père à fils et imprégnation permanente.

Ainsi rencontrait-on à la cour, outre les grands du royaume et les chefs de province, des ritualistes, des maîtres de cérémonie, le chef des prémices, des devins, des aruspices, des vaticinateurs, des magiciens, des conjureurs de sorts, des faiseurs de pluie, des sacrificateurs, des musiciens et des chorégraphes, de riches courtisanes utilisées comme espionnes (“les fesses sont plus efficaces que la houe pour gagner sa pitance”, disait-on), des commandants de milices, des médecins et des apothicaires, des bourreaux, des détenteurs de l’histoire dynastique, des chroniqueurs, des poètes, des jurisconsultes, des tambourinaires, des mimes, des bouffons, des gardiens des sanctuaires des ancêtres royaux, des gardiens du singe et du taureau sacrés, des gestionnaires des biens royaux (gardiens du trésor – garde-robe, bijoux -, magasiniers, chargés des greniers, vachers, responsables des champs royaux), des porteurs de palanquin, des réparateurs d’enclos, des cuisiniers, des laitiers, des échansons, des attrapeurs de rats, des ramasseurs de bouse, des artisans divers (forgerons, tailleurs, armuriers, vanniers, potiers, tanneurs, bouchers, parfumeurs, etc.). A quoi il fallait ajouter 300 à 500 pages intore. Les courtisans passaient pour la plupart leur temps dans l’oisiveté, la conversation, le jeu, les beuveries et les intrigues.

Les fonctions touchant à l’approvisionnement de la maison royale et à l’entretien de la personne du mwami étaient particulièrement surveillées par peur du complot et du poison, et par le fait même très dangereuses : équipes envoyées pour réquisitionner le miel de montagne nécessaire à la confection de l’hydromel, boisson royale par excellence ; goûteurs devant tester la qualité des bières reçues ; cuisiniers, serviteurs chargés du service de l’eau (puisée à une source spéciale), du service du lait (en provenance de vaches spécialement sélectionnées), du service du tabac (porteurs de la blague à tabac, allumeurs de pipe), de la propreté, du portage, de l’entretien des feux, veilleurs de nuit, gardes du corps, berceurs du sommeil royal, etc. Une équipe de quatre jeunes filles était chargée de préparer et de réchauffer la couche royale. Tous ces serviteurs étaient avant leur entrée en fonction soumis à une ordalie pour tester par l’absorption de breuvages vireux s’ils étaient dignes de confiance. A part de rares exceptions, les femmes étaient exclues.

La plus importante, la plus prestigieuse et la plus secrète des fonctions était celle des abiru. Ces personnages formaient une haute aristocratie héréditaire issue de quatre grandes familles et représentative des lignées tutsi majeures. Ils jouissaient de nombreux privilèges et d’une totale indépendance envers toutes les autorités autres que le roi. Ils étaient les gardiens de la tradition, les conseillers secrets du monarque, les détenteurs des testaments royaux et du code secret régissant la royauté et ses rites (auquel le roi lui-même n’avait pas entièrement accès), les préposés aux intronisations et au choix des noms dynastiques, les responsables du feu dédié à Gihanga et du taureau emblématique. Ce sont eux qui décidaient de l’éventuelle mort rituelle du roi et déterminaient l’ordre selon lequel les reines devaient être choisies dans les différents lignages royaux. Ils se léguaient de père en fils les grands rituels : d’entretien du feu sacré, d’intronisation, de funérailles, de guerre, de désacralisation du sorgho, ainsi que ceux qu’on mettait en oeuvre en cas de sécheresse ou d’épizootie. Le roi confiait le nom de son successeur à trois “birudu grand secret“. Ils avaient entre leurs mains le sort magico-religieux de l’Etat et exerçaient une influence occulte difficile à apprécier. Toute discussion en conseil royal sur des points traditionnels impliquait la récitation, par un des détenteurs, des poèmes faisant autorité en la matière. On pensait, par cette institution, assurer la continuité de la tradition et freiner les désirs d’innovation, fût-ce ceux du roi lui-même. Le secret était l’instrument majeur de la prééminence royale : il était nécessaire pour préserver la force vitale en son sommet.

En effet, le caractère hermétique du code rituel et la parfaite exécution du cérémonial étaient jugés essentiels pour garantir la permanence de la dynastie et la survie du pays. Le Rwanda, disait-on, se rétrécirait comme peau de chagrin si le roi ne faisait que ployer les genoux ! Lors des séances de récitation organisées par la cour, tout défaut de mémoire devait se payer du prix de la vie si le ritualiste défaillant ne pouvait pas présenter un parent plus qualifié pour le remplacer.

Un “conseiller favori” faisait fonction de premier ministre et éventuellement de fusible et de bouc émissaire quand les choses tournaient mal. Puisque le roi ne pouvait être que bon aux yeux de l’opinion, c’est sur le conseiller que retombait toute accusation. Un conseil des grands chefs était réuni pour consultation ; mais il s’agissait plus d’un organe d’enregistrement que de décision, personne n’osant s’opposer aux volontés supérieures. Tout au plus pouvait-on se permettre d’avancer des suggestions.

Comme à la cour on vivait constamment dans la hantise de la trahison, du complot, de l’attentat, de l’ensorcellement et du poison, toute l’organisation était conçue de manière à démultiplier les fonctions de sorte que les uns et les autres, placés en situation de rivalité, se surveillent, s’épient et se dénoncent mutuellement.Le meurtre était “l’instrument politique par excellence” , et au sein même de la classe dominante la violence poussée jusqu’à l’extrême était permanente. Les châtiments étaient terribles : atteintes à l’honneur, fouet, mutilations (on coupait les mains, les nez, les oreilles, on enfonçait les yeux, etc.), empalement ; on coupait la tête des condamnés à mort pour les exposer sur de hautes perches à la vue des leurs. Des groupes entiers, jugés collectivement coupables, pouvaient être éradiqués. Il fallait donc constamment être sur le qui-vive. “Le Rwanda vivait sous le signe de la force. C’est elle qui créait le droit”, écrivait I. Reisdorf ; autrement dit, les principes juridiques n’étaient d’application “que pour celui qui était en mesure de se faire justice à lui-même”.

Une vieille Rwandaise, “née avant les Blancs”, interrogée par C. Vidal, évoquait ainsi les moeurs politiques de la cour :

“J’entendais dire qu’on commettait des meurtres innombrables, qu’on assassinait les gens pour rien. On coupait les têtes, les testicules servaient à orner le tambour royal. Souvent à la Cour, pendant la veillée, quelqu’un prenait une pierre et la jetait contre le tambour qui résonnait. On disait : “Karinga a senti un criminel dans cette assemblée ! On le recherchait et on trouvait celui qui était hai qui était rival d’un grand chef, et on le déclarait coupable, dénoncé par Karinga. Il était immédiatement livré aux bourreaux qui lui coupaient la tête et les testicules. Le roi distribuait tous ses biens à d’autres”.

Le roi demandait régulièrement aux chefs de lui envoyer des jeunes gens et des jeunes filles pour en faire des serviteurs. Les fillettes étaient élevées à la cour de la reine-mère : une fois adultes on recrutait parmi elles des servantes, voire des épouses symboliques offertes aux esprits des rois défunts. Les parents consentaient parfois difficilement à livrer leurs enfants et préféraient payer un certain nombre de vaches à leur place ; d’autres, au contraire, s’empressaient de les envoyer pour gagner les faveurs de la cour.