{:fr}Menstruation (Conceptions indigènes) et cérémonies relatives à la puberté chez la jeune fille

La première menstruation est dite « dangereuse pour… les vaches » = ukuzira inka. Celles-ci avorteraient ou périraient à la suite d’accidents. La menstruation qui suit le mariage est le signe d’un changement de condition ou impindure. Lorsqu’elle se produit, le mari est appelé d’urgence, où qu’il se trouve, car il doit obligatoirement avoir un rapprochement avec sa jeune femme. Cela s’appelle kubonera urugo, c’est-à-dire faire connaissance avec l’enclos ou prendre soin de l’habitation conjugale. Cette coutume est très rigoureusement observée, et jadis, même en temps de guerre, l’époux ne s’éloignait pas.

Dès que les règles apparaissent après un accouchement, elles sont appelées ubukurire ou croissance. A cette occasion, la femme prévient son mari pour le rapport obligatoire, sous peine de se voir affligée de stérilité = ukuziba inda. S’il est absent, l’épouse boira un peu de bière à l’aide d’un chalumeau familial, acte qu’accomplira l’époux à sa rentrée de voyage : la liaison sera ainsi obtenue. Sans cette précaution, la femme risquerait encore la stérilité, cette fois, d’après les uns, parce que son frère aurait eu entre-temps un rapprochement avec son épouse ; d’après les autres, pour éviter l’affliction, la stérilité ayant des conséquences graves dans le mariage.

En cas de divorce, la mère ira retrouver le père de l’enfant, même si elle cohabite avec un autre homme ; le père ne pourra refuser de s’exécuter sans méconnaître ses droits paternels. Pour parer à cette éventualité, un de ses frères peut le remplacer, en sorte que l’enfant puisse rester dans la famille.

La menstruation survenant après la mort d’un enfant est dite amabi ou sang maléfique. Ce phénomène physiologique est alors envisagé comme étant fortement entaché de souillure. Les époux observent la continence la plus complète jusqu’à ce qu’un nouveau flux menstruel soit venu lever l’interdit. En est-il toujours ainsi ? Il faut croire que non, car il n’est pas défendu de boire et de s’enivrer. Un enfant conçu dans ces conditions ne saurait être qu’un porte-malheur, et il n ’est pas exagéré de dire qu’autrefois on le faisait disparaître à tout jamais en l’abandonnant dans un marais ; l’avortement était aussi provoqué.

Pendant ses jours impurs, la femme ne peut évidemment vivre en communauté ; ce n’est plus elle qui prépare les repas et distribue la nourriture. Ses mets sont déposés à part, sur une feuille de bananier étendue à même le sol et qu’on appelle umutoga parce qu’on peut se dispenser de laver cette assiette improvisée. Pendant cette période contaminée, la femme évitera de se servir du chalumeau familial ou de l’écuelle commune; les réunions avec les voisins lui sont interdites.

Voici quelques euphémismes employés par la femme pour désigner ses menstrues : Ndi mu mugongo, je suis dans le dos ; ndi mu birenge, je suis dans les pieds ; ndi mu mirimo y’abakobwa, je suis dans les affaires de jeunes filles.

Si la menstruation survient avant l’âge habituel de la puberté, la précocité est attribuée à l’action néfaste d’un mauvais esprit que la consultation de l’oracle fera connaître (flamme de boulettes de graisse et osselets divinatoires) et auquel un bovin sera sacrifié. Il en est de même si les règles sont tardives : on consultera le praticien qui, en plus de la consultation des oracles, essaiera ses drogues.

Dans le premier cas, on dit que la jeune fille a le dos tendre ; dans le second, qu’elle a le dos dur. L’aménorrhée la fait qualifier du terme impa ; la malchanceuse n’a dès lors plus à espérer connaître le bonheur tant convoité par ses soeurs : être l’objet d’une demande en mariage. Et pourtant, cette demande est adressée aux parents sans que ceux-ci consultent leur fille sur ses sentiments à l’égard de son prétendant. Bien que ce célibat soit admis comme un dogme, nous avons cependant rencontré quelques cas où l’époux s’est montré patient pendant un certain temps avant de renvoyer sa femme, qu’il avait du reste épousée sans connaître son état.

Lorsqu’une jeune fille devient nubile, plusieurs rites spéciaux sont accomplis. La mère, pour éviter à sa fille la honte de la conception avant le mariage, prélèvera, à l’aide d’une petite baguette d’un arbuste umurembe (substantif du verbe kuremba : être épuisé, à bout de forces), un peu de son premier sang menstruel qu’elle gardera dans une courgette ubunure en compagnie d’autres reliques et talismans, qu’elle porte à sa ceinture. Au mariage de sa fille, elle ira enfouir ce sang desséché au pied de l’arbre gardien des traditions umurinzi qui est l’érythrine corail aux fleurs rouges.

Naguère, une jeune fille trouvée en état de grossesse subissait généralement un sort tragique. On la transférait sur un îlot du lac Kivu, où, désespérée, elle se jetait dans les flots, à moins qu’elle ne succombât à une longue agonie. Toutefois, certaines eurent la chance de héler une pirogue étrangère qui vint à passer par là, et elles eurent la vie sauve. Suivant d’autres traditions aussi,

on allait perdre la fautive au loin, dans la forêt de la crête Congo-Nil, ou dans une caverne profonde ubuvumo de la plaine de lave, pour l’y étrangler si elle se refusait au plaisir de ses bourreaux. L’accomplissement de cette horrible besogne était confié aux cruels Pygmées Abatwa, que rien ne rebute du moment que leur goinfrerie est satisfaite.

Dans la région des volcans, on faisait glisser la pécheresse sur un rocher escarpé au cours d’un rassemblement présidé par le sorcier qui la faisait culbuter d’un geste brusque ; elle allait s’écraser au fond du précipice. Relatons un fait.

La soeur du chef B., de la région du Bwishaza, se trouvait dans cette condition. La grossesse devenue apparente, le chef décida de faire disparaître sa soeur, afin de parer, selon la croyance d’alors, aux grands malheurs qui n’auraient pas manqué de s’abattre sur le pays tout entier. De plus, ne pas agir, c’était braver le courroux du Prince régnant qui aurait sévi contre la famille de la coupable. On fit donc venir les Pygmées porteurs habituels de hamacs et hommes à tout faire.

La jeune femme prit place dans un hamac et le cortège se mit en route comme pour un voyage ordinaire, zigzaguant vers la colline Gitega, où l’intéressée devait attendre sa délivrance. Mais, oh ! stupeur, on passa outre, les Pygmées ne lui ménageant pas leurs sarcasmes, insensibles aux pleurs et aux supplications de l’infortunée qui s’apercevait, hélas trop tard, de la supercherie.

Déjà, on descendait vers le bord du lac. A Kibuye, elle fut déposée dans une pirogue pour voguer en direction de l’îlot Kabakobwa, battu des vagues, dont le nom rappelle bien l’usage qu’on en faisait : l’îlot aux jeunes filles ou abakobwa. L’abandonnant à son triste sort, les Pygmées s’en retournèrent rapporter à leur maître les malédictions proférées par sa soeur contre lui. Et c’est ainsi qu’après deux jours d’angoisse et de souffrances, la malheureuse vit s’approcher une pirogue, croyant sans doute qu’elle venait en libératrice ; mais vaine espérance, car c’était pour hâter sa fin.

Ajoutons que le droit pénal coutumier prévoyait l’exercice de la vengeance contre le séducteur ou, à son défaut, sur sa soeur ou l’enfant de celle-ci.

Mais revenons aux précautions prescrites pour la menstruation. La mère fera toucher à sa fille deux soliveaux de la hutte, pour qu’elle ne soit menstruée que deux jours seulement. Elle la touchera elle-même avec une baguette de l’arbuste umurembe dont nous avons déjà parlé, afin de lui éviter de trop grandes souffrances lors de ses périodes : contraria contrariis curantur.

Si elle éprouve de trop fortes douleurs, on lui donnera à boire du jus de souci umusununu, le rouge devant agir sur le rouge ; on lui en versera également sur la tête et sur le ventre. Enfin, la mère relâchera sa ceinture pour rendre les douleurs, de sa fille, supportables. S’il y a des phénomènes nerveux, la cause en sera attribuée à un envoûtement ou à l’intervention de mânes irrités.

Le premier sang menstruel est employé en guise de produit dépilatoire ; la jeune fille s’en frotte les aisselles ; elle frotte aussi les aisselles de son frère cadet, voire son menton s’il déplait à ce dernier de devenir barbu, mais on dit qu’il doit souvent se résoudre à s’en approprier par ruse.

La première menstruation est un grand événement familial. On désire connaître au plus tôt l’important pronostic qui influencera la vie entière de la jeune fille.Aura-t-elle un « bon dos » ou un « mauvais dos » ? Autrement dit, sera-t-elle inoffensive lors de ses périodes ou,devra-t-on, au contraire la craindre à l’égal d’une jeteuse de sorts, d’une envoûteuse, d’un mauvais oeil ? La mère s’empresse de lui faire subir discrètement quelques épreuves. Elle l’emmène d’abord dans un champ de courges dont la variété choisie est une des quatre plantes principales du pays = inzuzi z’inzungwane.

On observera si les feuilles qui ont été touchées gardent leur aspect normal, ou si elles se fanent et meurent. Elle passe ensuite entre les plants de tabac, touchant une ou deux feuilles qui seront, le lendemain ou le surlen demain, examinées avec soin : on redoutera d’y découvrir des insectes, indice certain de mauvais dos. En leur saison, les ignames et les haricots servent également de témoins.

Sur l’ordre de sa mère, la jeune fille prépare un coin de terre et y repique des boutures de patates douces : elles peuvent ne pas reprendre ou ne produire que des tubercules sans valeur nutritive ou remplis de vers.

On lui confiera le soin de baratter ; il arrive qu’elle ne parvienne pas à obtenir du beurre ou que la grosse courge qui sert de baratte se brise net, véritable malheur que seul le spécialiste umuhannyi a le pouvoir de conjurer = guhana.

Un peu de miel liquide lui sera offert, qu’elle sucera au moyen d’un chalumeau à soutirer la bière : la ruche se remplira ou restera improductive cette année-là, ou bien encore les vers s’y installeront.

Si ces différents tests ont été favorables, on s’en tient là, sinon on passe au suivant, le plus important. Dans un petit récipient, on apporte du lait frais d’une vache dite isugi, attendu que cette bête n’a jamais perdu de veau ; l’intéressée consomme aussitôt le précieux liquide. Le pronostic de la traite suivante sera définitif, la première émission de lait contient ou non des grumeaux de sang.

Voilà la jeune fille dûment classée à présent. On affirme qu’au Ruanda, celle au « mauvais dos » ou umugongo mubi, gardera ses imperfections toute son existence. La mère d’une telle jeune fille lui enseignera dès lors une grande réserve dans toute sa conduite et l’observance stricte de plusieurs interdictions.

La plus grande prudence lui est recommandée lors de ses règles, surtout dans ses rapports avec ses voisins. Chez elle, qu’elle ne s’approche pas trop du bétail et ne s’avise pas de commander les bouviers. L’heure de la traite étant venue, elle ne peut plus toucher au pot à lait.

Elle ne pourra baratter, ni boire de lait ces jours-là ; elle fera mieux de ne pas passer devant les ruches et de ne pas s’occuper de la fabrication de la bière. Qu’elle s’abstienne aussi d’aller elle-même prélever des céréales dans les paniers-greniers.

Au dehors, il est inutile qu’elle repique des boutures de patates douces, attendu qu’il n ’y aurait qu’une récolte sans valeur. En un mot, qu’elle n’aille pas aux champs, car les haricots, courges, ignames, maïs, sorgho, éleusine, etc. pourraient sécher sur pied et le tabac se couvrir d’insectes.

Si l’on désire saigner une vache, elle devra s’éloigner, car sa présence aurait pour conséquence d’empêcher le sang de couler. De plus, défense lui est faite de consommer ce sang : la bête saignée en deviendrait malade peu après.

Là où l’on procède au ventousage d’un malade (ventouse scarifiée toujours), son approche provoquerait la formation de caillots obturateurs, et l’opération affaiblirait le patient sans le soulager : elle serait dès lors accusée de jeter un mauvais sort.

Plus grave et plus dangereux serait sa venue auprès du lit d’une femme en travail. La tête du foetus est-elle apparente, aussitôt on constate qu’elle rentre précipitamment. Et pour obtenir la fin de l’accouchement, on devra éloigner rapidement l’importune. S’amène-t-elle en ce lieu après la délivrance, il se peut qu’elle provoque l’hémorragie.

Enfin, le nouveau-né sera infailliblement influencé par la femme au « mauvais dos ». S’il a été touché par elle, le pauvret sera bientôt couvert d’un exanthème prurigineux ibyinjire (de kwinjira : entrer), qui se reproduira périodiquement. Une amie ou toute femme intelligente qui aurait oublié son état maléfique aura le courage de l’avouer, puis elle saisira une cordelette aussi ténue que possible (une herbe souple suffit) et en entourera le poignet du nouveau-né, conjurant par ce geste le mal.

Actuellement, les femmes possèdent de petits miroirs que l’on trouve dans le commerce ; l’altération du tain n’aurait, d’après elles, d’autre cause que le reflet du visage d’une femme affligée d’un « mauvais dos ». Disons encore qu’une telle femme ne peut s’aventurer sur l’emplacement d’une hutte en construction.

On a vu que gens, bêtes, récoltes, etc., sont grandement exposés aux atteintes de 1’« empoisonneuse » ; que son affliction peut devenir une vraie source de malheurs ; aussi a-t-on pensé à se prémunir contre ses néfastes effets. C’est ce que nous allons essayer d ’exposer.

Procédé de protection et de conjuration ou ugutsikika.

 Dans les provinces du Bwanamukari et du Busanza, on place en terre, entre les pieux de la barrière du kraal, deux branches, l’une de la plante umwisheke, espèce de Çhenopodium au feuillages et fleurs rougeâtres et à forte odeur ; l’autre de l’euphorbiacée umukoni,encore appelée rutinya ou la crainte, à cause de son suc vénéneux. Les passantes sont donc averties clairement qu’en cette demeure se prépare un événement heureux ou qu’il a eu lieu récemment. Une femme se trouvant dans les conditions décrites plus haut battra en retraite, car le fait de passer par-dessus ces branches lui vaudrait une perte de sang considérable.

Cependant, le désir de nuire existe et il peut être le plus fort. Que la femme malveillante entre et qu’elle prenne ou non le nouveau-né, son influence pernicieuse n’en est pas moins communiquée au bébé et dès lors il sera la proie de l’éruption consistant en de minuscules pustules rougeâtres provoquant de fortes démangeaisons. Les parents ne tarderont pas à s’en apercevoir et, connaissant le caractère chronique et périodique de l’affection, ils essaieront de conjurer le mal. On s’en ira à la recherche d’une espèce de colocase sauvage = itekery’amase, et d’une igname, sauvage également = itugu ry’imbwa, mais dont seul le tubercule aérien sera employé. Des morceaux suffisent. Durant deux jours environ on en garnit le cou de l’enfant, après quoi il sera porté au bord d’un ruisseau torrentueux, lavé, baigné, et les amulettes seront précipitées dans le courant rapide. La scène se passera en grand secret et sans témoins, car il va en résulter des conséquences redoutables pour la fautrice. En effet, la croyance veut que cette dernière soit désormais affligée de menstruations prolongées, multipliées et très affaiblissantes, ménorragie et métrorragie. Toutefois, certains parents moins rancuniers se contenteront de laisser la garniture magique au cou de l’enfant jusqu’à la guérison, mais celle-ci est rarement obtenue de cette façon, nous a-t-on assuré.

Voici un autre procédé. Des feuilles rougeâtres du Chenopodium = umwishéké sont froissées et écrasées; d’autre part on aura moulu finement des pierrettes rouges de limonite ou inkurwe. Le tout est mélangé, dûment ficelé dans une feuille sèche et jeté dans les remous après le bain de l’enfant au ruisseau. D’aucuns disent cependant que la coupable pourra obtenir une amélioration à son sort, en consultant un magicien compétent.

 

Pour ce qui est des champs, on croit qu’il est également possible de les préserver. Il suffit de les asperger de sang de taurillon, et même d’y écraser de-ci de-là des tiques gavées du sang de cet animal. On plante au milieu du champ une colocase, ou bien encore une igname sauvage. Là où l’on a repiqué des boutures de patates douces, une branche de l’euphorbe umukoni au suc vénéneux fiché en terre et quelques herbes de Sporobolus pyramidalis = umutsina, suffisent à leur protection.

On regardera d’un mauvais oeil celle qui aura nui volontairement à une vache laitière en consommant son lait sans tenir compte de l’interdiction. On s’en vengera par un procédé du genre de ceux que nous citons plus haut, et qui donnera le même résultat. Si le bruit a été répandu d’avoir à se méfier de telle ou telle femme, il faut agir en conséquence :

1) L’écarter résolument d’un malade à ventouser ; celui-ci évitera en conséquence de lui parler ;

2) Ne pas lui permettre de s’approcher d’une vache qu’on va saigner ou traire

3) L’éloigner de l’emplacement d’une hutte en construction,

4) En tout état de cause, lui interdire l’entrée de la demeure, pendant la période des couches ;

5) Enfin, ne pas lui parler le matin, quand on est encore à jeun, car elle pourrait vous lancer un coup du mauvais oeil = gutera umwâku, et la malchance vous poursuivrait.

Les gens du Ruanda n’apprécient pas la variété de colocases dite iteke ry’imbwa, son rhizome tubéreux étant capable d’empêcher la conception ; mais il peut être consommé par les femmes qui ont passé l’âge de la ménopause.

Préparation au mariage.

Cette initiation à la vie matrimoniale s’appelle ugukuna et par euphémisme ukwisura, c’est-à-dire se visiter ou se découvrir sans réticence.

L’acte consiste à s’étirer les petites lèvres vulvaires jusqu’à ce qu’elles atteignent trois ou quatre centimètres de longueur. On débute avec le port du petit vêtement de peau, donc au moment des premières manifestations de la puberté.

La pratique se fait entre amies, en allant, par exemple, couper de l’herbe sur la colline ou des roseaux dans le marais pour différents usages, mais on dit à cette occasion que l’on va guca ikôri, ce qui signifie couper des herbes douces au toucher qu’on emploie comme essuie-mains.

Le soir, l’exercice intime n’est pas interdit ; toutefois, la pudeur n’admet pas que des jeunes filles d’une même famille s’exercent en présence l’une de l’autre. Les nobles se font traiter par leurs servantes.

On se sert, comme lubrifiant, d’une pommade composée de beurre rance et de poudre d’ailes de chauvesouris carbonisées, de jus d’une plante entière ou de racines de Gloriosa superba = umukonora, de jus de feuilles dumushyigura, d ’umuretezo, d’une solanée arbustive umutobotobo w’ umurembe, « ngo atobore rembo » = afin qu’elle trouve un mari, de ricin ikibonobono, de fleurs de souci umusununu.

Les jeunes filles dont les petites lèvres vulvaires ne se sont pas développées sont en butte aux moqueries de leurs compagnes ; on les dit peu aptes au mariage et, dans ce cas, les aînées procèdent à une vérification préalable. Plus tard, les femmes qui seront chargées d’accoucher une insuffisante devront se frotter les mains avec de la cendre de bois avant d’opérer : il serait dangereux de le négliger, le malheur pouvant s’ensuivre. L’insuffisance est même une cause de divorce, le mari craignant pour sa vie.

D’autre part, les lèvres vulvaires qui ont pris des proportions exagérées sont qualifiées d’un terme ironique ; on les protège du lieu secret au moyen d’un tesson de pot en céramique.

La forme de la poitrine ne laisse pas non plus la jeune fille indifférente. Pour que ses seins poussent bien droits et soient réguliers, elle y appliquera un couvercle de corbeille en vannerie en formulant le voeu :

Que mes seins soient semblables à ce couvercle ! et elle se réjouit de n ’être pas une fille sans gorge ou impenebere, impropre au mariage, ce qui viendrait assombrir son existence.

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