Le 27 octobre 1946, des fêtes grandioses se déroulèrent à Nyanza, capitale du Ruanda : le Mwami (roi), Charles Mutara Rudahigwa, consacrait solennellement son royaume au Christ-Roi. Acte important s’il en fut ! Date à jamais mémorable dans les annales de l’histoire religieuse du Ruanda.

Il n’y avait cependant pas encore cinquante années que l’ardent évêque missionnaire que fut Mgr Hirth entrait pour la première fois et le premier parmi les missionnaires en cette localité de Nyanza, au cœur du Ruanda, à la cour du roi Musinga, père de Charles Mutara Rudahigwa, le roi actuel. La réception d’alors, pour correcte qu’elle fût, ne permettait certes pas d’augurer les résultats rapides et consolants que les missionnaires ont le bonheur de constater aujourd’hui. Il n’y a qu’à lire la formule de la consécration du Ruanda au Christ-Roi pour voir combien la mentalité chrétienne a pénétré le monarque et son peuple : « Seigneur, faites que les hommes du Ruanda aiment leur pays ; qu’ils s’appliquent à le faire progresser et y fassent régner cette paix que vous avez apportée au monde ; qu’ils rejettent loin d’eux les erreurs et les vices du paganisme pour suivre facilement votre voie… Que tous les chefs gouvernent le pays dans la justice ; que tous leurs jugements soient impartiaux… Qu’ils abandonnent toute tromperie, toute rancune et toute haine…»

Il semble bien que l’Eglise du Ruanda s’édifie sur des fondements sérieux. Après les difficultés et les lenteurs inévitables des débuts, les missionnaires ont aujourd’hui la consolation de voir le nombre de leurs chrétiens s’accroître à un rythme régulier, qu’à dessein ils ne voudraient pas trop rapide. Les statistiques de juin 1949 accusaient 344.609 chrétiens et un nombre imposant de postulants et de catéchumènes. Catéchistes, Instituteurs, Religieux et Religieuses indigènes travaillent à l’envi à l’instruction, à l’éducation chrétienne des petits et des grands ; ils secondent merveilleusement l’action des missionnaires. Nos Séminaires, petit et grand, sont peuplés de jeunes gens qui se préparent à exercer le saint ministère auprès de leurs frères Banyarwanda. Le Clergé indigène du Ruanda ne compte pas moins de 85 Prêtres ; les uns font partie de communautés de Pères Blancs et ont, comme ceux-ci, toute la responsabilité de l’administration de la mission ou paroisse qui leur a été confiée par le Vicaire Apostolique. En ce moment, sur 40 postes de mission établis dans le Vicariat du Ruanda, sans parler des séminaires, noviciats et écoles normales, 16 stations sont confiées à nos prêtres indigènes. Et le jour n’est peut-être plus éloigné où Rome leur attribuera une partie du territoire et créera un Vicariat indigène ; c’est l’aboutissement normal de l’apostolat missionnaire.