LA DISSOLUTION DU MARIAGE.

  1. La mort.

Deux jours après le décès, tout le clan arrive pour assister la veuve et les orphelins dans leur deuil. La mère et ses enfants se rasent les cheveux, enlèvent leurs bracelets et s’abstiennent de laver leurs vêtements (kwirabura : litt. : devenir noir). Un des frères du défunt allume un feu qui brûle dans le rugo sans arrêt pendant deux jours (igicaniro). Quand il est éteint, les enfants et leur oncle prennent de la cendre et vont en cachette la verser dans un marais. Le deuil dure deux mois, pendant lesquels les fils mariés ne peuvent avoir de rapports avec leurs femmes.

Le premier jour du troisième mois, les membres de la famille reviennent. Le soir, ils s’assemblent tous, ingurgitent force rasades de bière et chantent joyeusement (kwera : litt. : devenir blanc). Celui des frères du défunt qui a procédé à l’igicaniro, ou, à son défaut, un autre frère doit partager la couche de la veuve(kweza). Les fils mariés font, par ordre de naissance, le simulacre de l’acte sexuel avec leurs femmes.

Le lendemain, la veuve ainsi que les femmes des fils mariés mettent du lait dans les barattes et font le beurre (Pendant le deuil, elles ne pouvaient plus toucher les barattes. C’était un étranger à la famille du défunt qui venait faire le beurre). Puis tous les membres de la famille s’enduisent de craie, mettant des vêtements blancs et se rendent à l’abreuvoir. Un frère du défunt descend dans le puits creusé non loin de là, y puise de l’eau avec un pot et la vide dans l’abreuvoir. Puis il passe le pot aux enfants mâles en commençant par l’aîné, et chacun d’eux imite son geste. Le soir, les gardiens traient les vaches, puis, après que la mère, aidée de l’oncle paternel, a retiré le bourre de sa baratte à elle (gucyura igisabo):litt. : faire rentrer les barattes), les fils mariés et leurs femmes font de même avec les leurs.

Les fils donnent alors une génisse à l’oncle et un taurillon à celle de leurs soeurs qui a enlevé la bouse (gukuka) dans le kraal.

La nuit se passe à boire et le lendemain l’oncle procède au choix du nouveau chef de famille, si le père ne l’avait désigné avant de mourir.

Si la femme n’a pas eu d’enfants ou si le mariage a été de peu de durée, sa mort ne donne lieu à aucune cérémonie et le mari ne porte le deuil que huit jours seulement.

  1. La séparation et le divorce

 Il arrive que les caractères des époux ne s’harmonisent pas, que la femme se plaigne de la ladrerie de son mari ou que celui-ci trouve que son épouse est capricieuse ou désobéissante. Dans l’un de ces cas, les conjoints peuvent se séparer pour quelque temps (kwahukana). Mais cette séparation les fait souvent réfléchir; le mari fait amende honorable et vient rechercher sa femme chez ses parents en donnant des cadeaux à ceux-ci et à son épouse (bière, étoffe, ou chèvres); ou bien, se rendant compte qu’elle a eu tort de quitter le foyer conjugal, la femme y retourne.

Pendant le temps de la séparation, les enfants, sauf les nourrissons, restent chez le mari. Si l’entente est définitivement impossible, le divorce (kwahukana rwose : litt. : se séparer définitivement) peut être demandé par l’un des époux.

Les causes du divorce au profit du mari (répudiation) sont : l’adultère répété, la malpropreté, la négligence dans les soins du ménage ou la surveillance des serviteurs, le mauvais oeil qui provoque une maladie du mari ou du bétail el surtout la désobéissance obstinée. La stérilité peut être une cause de divorce, mais si le mari est content de sa femme, il la gardera et se contentera d’en prendre une autre qui pourra lui donner des enfants.

La maladie, même prolongée, n’est pas une cause de divorce. Si le mariage a été fécond, le mari ne peut reprendre la dot, mais conserve l’indongoranyo qu’il a reçue de son beau-père.

S’il n’y a pas d’enfant, le mari qui a reçu l’indongoranyo n’est pas autorisé à réclamer l’inkwano. Il le peut dans le cas contraire, mais les parents de la femme, pour éviter cette obligation, lui donnent une autre de leurs filles. Si la dot a été intégralement payée, les enfants restent chez leur père, sauf ceux qui ne sont pas sevrés.

La femme peut demander le divorce si le mari ne paie pas la dot, s’il ne lui fournit pas d’étoffes ou de parures, s’il ne cesse de la maltraiter, si les enfants mourant l’un après l’autre lui font croire à une influence maléfique de son mari.

S’il y a des enfants, le mari peut conserver l’indongoranyo. Dans le cas contraire, il reprend la dot, à moins qu’il n’ait reçu l’indongoranyo. Les enfants, après sevrage, retournent chez leur père, sauf si la dot n’a pas été entièrement versée.