1) L’Enseignement Primaire et Secondaire 

830.Le Ministère de l’Education Nationale est dirigé par Son Exc. M. G. Harelimana. Notre plan a prévu que ce Département clôturerait l’énumération de tous les autres. La raison en est qu’en ses activités réside la solution ultime du Développement National. Le Sous-développement dans toutes ses dimensions, en effet, politique, économique, social, culturel, etc., trouve son explication causale dans le sous-développement intellectuel de telle société concernée. Ce serait un truisme de ma part d’en appeler au fait que ceux qui, dans tous les secteurs, s’attèlent à la tâche de relever le Rwanda de sa stagnation atavique de tout ordre, doivent leurs capacités techniques à la bonne chance d’avoir fait leurs études et d’avoir été initiés aux principes qui leur permettent actuellement d’orchestrer les moyens les plus appropriés au relèvement de leur Pays.

Dès le recouvrement de l’Indépendance, le Gouvernement du Rwanda ne disposait d’à peu près aucun point de départ sur le plan de l’organisation en la matière. La direction de l’enseignement se trouvant concentrée à Bujumbura, aucun Service pré-statal n’avait été implanté au Rwanda. On peut dire donc, en toute vérité, que les structures de l’enseignement furent créées en primeur au Rwanda par son Gouvernement. Et ce fut à ses yeux une tâche primordiale, devant être favorisée entre toutes. Citons ici Rwanda Carrefour d’Afrique : « L’ampleur de ces tâches se mesure à l’importance du budget accordé au Ministère de l’Education Nationale ; pour l’exercice 1972 ce Ministère a reçu 27% du budget national, se situant ainsi au premier rang de tous les Départements ministériels. En dix ans (1962-1972), le budget du Ministère de l’Education Nationale a passé de 168.204.000 à 563.194.000, soit une augmentation de 23,4%. En dix années, le nombre des élèves incorporés est passé de 261.306 à 425.000, ce qui constitue un accroissement de 63 % et, actuellement, les filles représentent 45, de l’effectif scolarisé, contre 29% seulement en 1962 ». (cfr n° 115- 116, juin-juillet 1972, p. 7).

  1. Il est vrai cependant que ces résultats furent atteints grâce au régime de la double vacation imposée aux 4 premières, et ultérieurement aux 3 premières années du primaire. Il n’en pouvait être autrement, du moment qu’on avait décidé d’atteindre le plus d’enfants possible. Le Rwanda étant le plus densément peuplé de tous les pays de l’Afrique (133 h. au km2) et les moins de 18 ans composant les 50% de la population, il est impossible, encore maintenant, que les bâtiments scolaires soient à la portée de tous les enfants scolarisables, et de disposer d’enseignants en nombre suffisants. Il n’y a que 2003 écoles totalisant 10.767 salles de classes, avec 7.328 maîtres. L’enseignement post-primaire organisé en faveur de jeunes filles n’atteint que 4.226 élèves disposant de 75 sections familiales (ibd. p. 7). — L’enseignement Secondaire, de son côté, totalise quelques 10.578 élèves et 816 Professeurs. Il s’est accru de 23 établissements nouveaux depuis le recouvrement de l’Indépendance. L’enseignement y est dispensé en 3 cycles et en 2 sections spécialisées : Cycle d’orientation, Secondaire Moyen et Secondaire classique ; puis Enseignement Technique et Enseignement Normal. (ibd. p. 8).

2) Enseignement Supérieur et Universitaire

  1. Quant à l’enseignement Supérieur, il est représenté par 5 établissements : le Grand-Séminaire de Nyundo et le Grand-Séminaire de Nyakibanda, l’Institut Pédagogique National (I.P.N.), l’Ecole Supérieure des Sciences Infirmières et au sommet l’Université Nationale du Rwanda. Les deux Grands Séminaires cependant, tout en dispensant un enseignement qui concourt puissamment au développement du Pays, obéissent en tant que tels à un statut particulier et ne dépendent en rien du Ministère de l’Education Nationale.

L’Institut Pédagogique National a été fondé en 1966, à la suite d’un contrat entre le Rwanda et le PNUD-UNESCO, pour une première phase de 7 ans. Il est gouverné par un Directeur National, assisté d’un Conseiller Technique Principal nommé par l’UNESCO. Il comprend 5 Sections : Lettres Modernes, Sciences Humaines, Sciences Exactes, Sciences Naturelles et Sciences Pédagogiques. Au bout de trois années d’études les Diplômés de l’I.P.N. enseignent au 1er cycle du Secondaire. Jusqu’ici cette Ecole a donné au Rwanda 85 diplômés (25 en 1970, 35 en 1971, 25 en juillet 1972), et elle a obtenu l’équivalence de ses diplômes avec ceux d’Etudes Universitaires en Lettres ou d’Etudes Universitaires en Sciences délivrés par les Universités Françaises. Sur les 42 membres du Corps Professoral, 14 sont Rwandais. Il est à noter qu’un Arrêté Présidentiel récent a autorisé l’I.P.N. à organiser un enseignement de 5 ans aboutissant à la Licence en Science Pédagogiques. Ces renseignements ont été fournis par le Directeur National a.i., M. Maurice Ntahobari. (Il remplaçait M. Cyprien Rugamba, Directeur National, alors malade). En l’exposé de clôture de l’Année Académique, le 15-7-1972, il s’exprime ainsi :

« L’I.P.N. procède de la volonté du Président de la République, Dr Grégoire KAYIBANDA, Chef du Gouvernement, Président et Fondateur du Parti M.D.R. Parmehutu, de doter le Pays d’un établissement d’enseignement Supérieur capable, à plus ou moins brève échéance, de lui fournir des professeurs nationaux pour l’enseignement secondaire. C’est donc dire que l’I.P.N. résulte de la détermination du Chef de l’Etat de voir un jour le Rwanda se suffire dans un secteur aussi capital pour le développement et l’indépendance de la nation qu’est l’Education ».

  1. L’Université Nationale du Rwanda tenait tellement à coeur le Gouvernement du Rwanda, que les premières démarches pour sa fondation furent entreprises déjà en 1961, soit une année avant le recouvrement de l’Indépendance. A cette époque-là, les Autorités Rwandaises s’en ouvrirent à la Province Canadienne de l’Ordre des Dominicains, sollicités pour une aussi capitale entreprise. Le choix du Canada fut guidé, à n’en pas douter, par le fait que ce pays n’avait non seulement pas eu une colonie, mais encore avait été colonisé jusqu’à une époque récente. Une convention fut signée à cet effet le 9 mai 1963 entre le Gouvernement du Rwanda et l’Ordre des Dominicains, et le 3 novembre de la même année l’Université Nationale du Rwanda était inaugurée. Nous avons vu plus haut (cfr no 805) que l’Assemblée Nationale, le 6 mai 1964, dotait l’Université de sa Charte, détaillant son organisation interne.

Dans l’état actuel, l’Université Nationale du Rwanda comprend la Faculté des Lettres, la Faculté des Sciences Economiques et Sociales, la Faculté des Sciences, la Faculté de Médecine et l’Ecole Pratique des Langues Modernes. L’Ecole Supérieure des Sciences Infirmières, confiée aux Soeurs Dominicaines du Canada, lui est, à la suite d’un Accord conclu entre l’Université Nationale du Rwanda et l’Université de Gand, celle-ci a assumé le parrainage de la Faculté de Médecine de Butare.

« L’année académique 1965-1966 fut marquée par un effort intense de recherche et de réflexion en vue d’élaborer un plan quinquennal de développement pour l’Université. Grâce à la générosité du Gouvernement du Canada, l’Université Nationale du Rwanda a pu se procurer l’équipement de base et les premiers immeubles nécessaires à son fonctionnement : un bâtiment central abritant les locaux administratifs et la bibliothèque centrale, des résidences pour les étudiants, un restaurant universitaire, des maisons d’habitation pour le personnel. Un Accord de coopération technique entre le Gouvernement de la République Rwandaise et le Gouvernement du Canada, signé le 13 juillet 1967, garantit à l’Université l’essentiel des moyens financiers nécessaires La réalisation de son plan quinquennal, et une grande partie de son personnel académique.

…En outre le Gouvernement Belge a signé avec le Gouvernement de la République Rwandaise une convention particulière qui assortit cet accord de coopération scientifique (avec l’Université de Gand) d’une assistance financière, à laquelle s’ajoute une •aide en personnel scientifique et technique au profit des autres Facultés. Le Gouvernement Britannique et Américain de leur côté, ont contribué à l’équipement des laboratoires. Le Gouvernement du Québec, pour sa part, a procuré une aide substantielle à la bibliothèque centrale de l’Université. Plusieurs autres pays représentés au Rwanda apportent leur concours au développement de l’Université en lui fournissant du personnel et de l’équipement. En particulier, depuis l’année académique 1970- 1971, le Gouvernement Français accorde les services d’un nombre de Professeurs à la Faculté des Lettres, et le Gouvernement Britannique fournit le personnel enseignant de l’Ecole Pratique des Langues Modernes ». (cfr Annuaire de l’U.N.R. 1971-1972, P.1).

  1. Le Fondateur de l’Université Nationale du Rwanda, l’Homme auquel l’Ordre des Dominicains réserva le privilège de lier son nom à une pareille oeuvre, fut le R.P. Georges-Henri Lévesque, qui, entre autres réalisations du genre, avait fondé la Faculté des Sciences Economiques et Sociales de l’Université Laval à Québec.

« Cette réalisation le rendit omniprésent dans l’évolution sociale et politique du Québec et du Canada. Il sera pendant de nombreuse années le maître à penser le plus suivi, l’animateur le plus dynamique et parfois le chef de file le plus attaqué du Canada français. Il fera pendant ces années une page de l’Histoire du Canada. Il gagnera le respect et l’admiration de milieux autant politiques que scientifiques, sociaux et artistiques. Cette estime et cette renommée lui seront indispensables pour la seconde page d’histoire, appelé à faire, en acceptant en 1963, à la demande du Président de la République Rwandaise, de devenir le Recteur fondateur de l’Université Nationale. Le défi était de taille. II fallait trouver un homme qui possédait autant 1e dynamisme et l’énergie acharnée d’un bâtisseur, que l’idéalisme et la fantaisie d’un artiste. Un de ses collaborateurs assidus dira de lui : « Le Père Lévesque, c’est un homme doué d’une imagination insoupçonnable qui réalise toujours, à notre grande stupéfaction, ses rêves même les plus colorés ». (cfrL’Informateur de l’U.N.R. VI, no 1, 1971, p. 5).

Cette brève présentation ne peut que laisser entrevoir les réalités complexes que l’on a pu admirer à jet continu en cet homme déconcertant. Bonhomie inaltérable, regard quelque peu malicieux et physionomie constamment épanouie, abord facile et ouverture de coeur tout de simplicité, et bien d’autres qualités de ce genre difficiles à démêler, le R.P. Lévesque s’en sert à son insu comme d’un camouflage pour voiler, aux yeux du profane, sa puissance souple et irrésistible.

 

  1. «On verra ça d’ici quelques 5 ans » ! disait un représentant d’une Université étrangère à l’inauguration de l’U.N.R., avec un petit sourire de connaisseur qui voulait insinuer que le Fondateur démarrait perdant. J’eusse souhaité le revoir en ce 17 octobre 1971, mais son Université y avait délégué un autre. Il eût pu constater combien le R.P. Lévesque avait pleinement réussi et doublement : tout d’abord son Université était solidement constituée ; elle comptait alors 471 Etudiants, et 250 diplômés, dont 18 Docteurs en Médecine. Il eût pu apprendre que la Faculté des Sciences Economiques et Sociales venait d’entreprendre un 2èmecycle de Licence en Sciences Administratives et que la Faculté des Lettres s’apprêtait déjà à commencer le 2èmecycle de Licence. Ensuite, la plus grande réussite, sans avoir été sollicité, sans aucun effort, tout naturellement, comme le doit faire un représentant d’un pays naguère colonisé qui abhorre toute adaptation de colonialisme, il faisait au Rwanda le don d’un successeur Rwandais, Son Exc. M. Sylvestre Nsanzimana, précédemment Ministre de la Coopération Internationale. Il venait d’être nommé par l’Arrêté Présidentiel no 186103 du 15-9-1971 et était installé dans ses fonctions ce 17 octobre suivant. Du discours prononcé à cette occasion par Son Exc. M. le Président de la République, extrayons ces passages :

« Cette journée, ainsi que les solennités qui la marquent, exprime l’avancement de notre pays vers le Développement. La République avance dans son économie, dans sa vie sociale, dans sa structure politique et administrative. Elle avance également dans son effort d’éducation tant générale que spécialisée. Notre Université Nationale est la preuve, dans sa croissance et dans sa solidité, dans son africanisation comme dans la multiplication de ses Facultés, de l’avancement du Rwanda dans son effort d’éducation… J’évoquerai aujourd’hui un des éléments de cet avancement, de cette réussite d’une oeuvre si grande et si nécessaire au Développement national démocratique, voulu par notre Pays. Il s’agit, vous l’avez deviné, du fait qu’aujourd’hui, après huit ans d’effort rationnel, le Révérend Père G.H. LEVESQUE 0.P., peut passer à un enfant du Rwanda, le Dr Sylvestre NSA-NZIMANA, dans les conditions très bonnes, les charges de rectorat de l’Université Nationale, que Mon Gouvernement lui avait demandé d’assumer en 1963.

Si l’un ou l’autre d’entre nous, si l’une ou l’autre des générations qui vont nous suivre, veut écrire l’histoire du Rwanda, il ne pourra pas, s’il est objectif, ne pas consacrer au moins un volume à l’importante action du Père G.H. LEVESQUE, fondateur de notre Université Nationale ».

Comme le précieux témoignage du Chef de l’Etat vaut beaucoup plus qu’un volume d’un Historien privé, — et le R.P. LEVES-QUE sera sûrement de notre avis, — contentons-nous, en cet Abrégé, — de transcrire la suite de ce témoignage de Son Exc. M. le Président de la République :« G.H. Lévesque, continue-t-il, un homme dévoué, doué d’une intelligence exceptionnelle, marqué d’une humanité rarement vue ailleurs, dynamique, organisateur énergique et sage, diplomate achevé, d’un courage merveilleux, d’une délicatesse dépassant toute imagination, d’un sens social cacheté de l’Université dans toutes ses dimensions ! Faut-il rappeler cet homme d’affaire inlassable, ce connaisseur discret de tous les organismes qui peuvent aider son oeuvre ? Il n’est pas mendiant, il s’avance au nom de la Paix vraie, et de l’équilibre entre les riches et les pauvres. La vantardise des riches, les manoeuvres du néocolonialisme, les difficultés du travail quotidien ne l’effraient point. Avec son grand sourire discrètement ouvert, il a toujours devant ses yeux cette maxime si chère à l’un de ses grands frères: « In omnibus respice finem (c.à.d. :en toutes choses regarder la fin) : Il faut que l’Université Nationale du Rwanda naisse bien et se développe dans les meilleurs conditions.

Cher Père LEVESQUE, vous avez réussi, les petits esprits aiment à pointer surtout les petites difficultés ; de ce genre il n’y en a pas dans cette auguste enceinte. Vous avez réussi : Je le “dis non seulement en mon nom personnel, mais aussi au nom de Mon Gouvernement, de tout le peuple rwandais et au nom de tous ceux qui nous ont apporté une contribution pour la réussite de l’oeuvre que vous présentez au Pays aujourd’hui .Le Chef de l’Etat remercie ensuite le R. P. Lévesque d’avoir accepté de rester le Conseiller, le technicien de choix auprès de son successeur ; puis il conclut son discours par ce passage qui burine, pour ainsi dire, dans la pierre le nom du Fondateur de l’U.N.R., auquel le Pays gardera une reconnaissance impérissable :

« Chers amis, Africains, Éuropéens, Canadiens, aidez-moi à ce que, à la fin, la Républiqe Rwandaise décerne simplement au Très Révérend Père G. H. LEVESQUE, O. P., Fondateur de l’Université Nationale du Rwanda, le titre de Pater Patriae»(c.à.d. le Père de la Patrie).” 

  1. M.le Président de la République passa ensuite à la présentation du nouveau Recteur, Son Exc. M. Sylvestre Nsanzimana :

« Aidez-moi également, dit-il, à saluer comme il convient, celui à qui le Gouvernement Rwandais confie la responsabilité et les charges de Rectorat de l’Université Nationale du Rwanda, le Dr Sylvestre NSANZIMANA. Un homme jeune à tout point de vue, doué d’une instruction large, solide et d’une élévation indiscutable ; d’un patriotisme discret et efficace, d’une objectivité sans conteste, se remuant aussi bien parmi les jeunes que parmi les plus âgés avec respect et élégance, préoccupé par le développement scientifique et éthique de la Nation : travailleur inlassable et rationnel dégagé de tous les complexes, bien au fait des diverses organisations scolaires, sachant distinguer l’objectif de ses différents à côté, soucieux d’une discipline mesurée et efficace : le Dr NSANZIMANA nous a semblé l’homme qu’il fallait pour remplacer le Révérend Père LEVESQUE, fondateur de l’Université Nationale du Rwanda et pour assumer les importantes responsabilités que comporte le rôle de Recteur que lui confie le Gouvernement.

Du reste ne l’avons-nous pas déjà vu dans sa vie passée, encore modeste de durée mais riche de renseignements pour une appréciation normale ? Elève studieux, intelligent, d’une indépendance raisonnée et d’une objectivité qui lui permettait de voir où se trouvaient la sagesse et le bien de son pays. Fonctionnaire compétent, correct, appliqué, il a su révéler aux responsables ses compétences, ses capacités, et le sens de sa voie.

Désigné successivement à la tête de deux Ministères, il a servi la Nation à la satisfaction de tous les gens de bonne foi, au courant des difficultés qui peuvent gêner n’importe qui d’autre. L’activité antérieure de Monsieur NSANZIMANA nous est la garantie de la bonne marche de l’avancement de l’Université Nationale du Rwanda pour le plus grand bien du Développement National démocratique du Rwanda. Aussi j’invite toutes les autorités de la République, j’invite tous les doyens, tous les professeurs, tout le corps administratif et technique de l’Université à aider le Dr NSANZIMANA, Recteur de l’Université Nationale du Rwanda, à bien accomplir sa mission que je lui souhaite heureuse et prospère.

Je demande au Révérend Père G.H. LEVESQUE de remettre au Dr Sylvestre NSANZIMANA, Recteur de l’Université Nationale du Rwanda, la toge rectorale qui est le signe de sa science, de ses compétences et de l’autorité que Nous lui confions sur l’Université Nationale_ du Rwanda ». (cfr L’informateur de l’U.N.R., vol VI, no 1, p. 26-30). Suivirent alors les allocutions de l’ancien, puis du nouveau Recteur, que l’on peut lire ibd. p. 31-46.

  1. Le 7 juillet 1972, clôturant sa première Année Académique 1971- 1972, M. le Recteur de l’U.N.R. le Dr S. Nsanzimana, prononça une allocution récapitulative, dont nous tirons les passages suivants :

« Les activités académiques ont requis cette année le concours de 75 professeurs et de 471 étudiants sans compter le personnel administratif et technique. Ces chiffres ne représentent rien moins qu’une croissance normale de notre Université. Toutefois, il y a encore une ombre au tableau. En effet, lorsqu’on voit les étudiantes et les étudiants, en ville ou au campus, on se rend compte d’un déséquilibre numérique flagrant mais sans pour autant imaginer la disproportion. C’est que l’Université Nationale du Rwanda compte, sur 471 étudiants, 46 étudiantes dont 19 à l’Ecole Supérieure des Sciences Infirmières soit, en définitive 27 étudiantes à l’Université. Cette situation n’est pas à imputer à un quelconque interdit social ou culturel dont seules les générations féminines du Pays seraient frappées, puisque notre Constitution et notre Législation Scolaire reconnaissent à tous les citoyens en droit égal à l’instruction sans distinction de race, de sexe ou de religion. Il va sans dire que mon propos ici n’est pas de rechercher les véritables causes du mal, — elles sont d’ailleurs trop bien connues, — ou d’adresser des reproches à. qui que ce soit, mais plutôt de lancer aux parents, aux responsables de l’éducation de la jeunesse et surtout aux intéressées elles-mêmes, un appel insistant en faveur du progrès culturel et scientifique de la jeune fille rwandaise ».

Après cette introduction, M. le Recteur nous brosse à grands traits le développement de certaines Facultés :

« Entre-temps, continue-t-il, les Facultés progressent et chacune d’elles se fait aujourd’hui le point d’honneur de présenter ses prouesses annuelles. A titre d’exemple, la Faculté des Sciences Economiques et Sociales a entrepris, cette année, un programme de deuxième cycle, par l’ouverture d’une première année de Licence en Administration… La Faculté des Lettres, elle aussi, entreprendra un enseignement de deuxième cycle en octobre prochain. D’éminents professeurs Français sont déjà recrutés à cette fin. Ils prendront en charge le programme de Licence en Lettres Modernes. Mais les innovations ne se limitent pas aux seules Facultés traditionnellement qualifiées de littéraires. En effet, la Faculté des Sciences vient de marquer un pas de géant puisqu’elle commence, dès l’an prochain, laformation d’Ingénieurs du Génie Civil. Un Professeur de renommée mondiale, Monsieur D. VANDEPITTE, Recteur de l’Université de Gand et Ingénieur lui-même, coopère à la réalisation de ce projet avec l’aide du Gouvernement Belge octroyée par l’intermédiaire de l’Administration Générale de la Coopération au Développement. La Faculté de Médecine est aussi en plein essor. A partir de l’année prochaine, elle sera en mesure de fournir au moins dix Docteurs en Médecine chaque année. L’on m’objectera sans doute que c’est une trop maigre part pour un pays qui ne compte qu’un Médecin pour 100.000 habitants ! J’en conviens, n’en déplaise à ceux qui propagent la menace imminente, sinon présente, des universitaires chômeurs au Rwanda. Bref, ajoutons à l’actif de cette Faculté, l’enseignement de premier cycle de la Médecine Vétérinaire qui commencera en octobre prochain. — Du nouveau aussi à l’Ecole Supérieure des Sciences Infirmières, affiliée à l’Université Nationale et qui va fêter aujourd’hui ses quatre premières bachelières ».

Le 8 octobre 1972, à la reprise de l’Année Académique, Son Exc. M. le Recteur Nsanzimana, nous annonçait le départ au Canada., de M. Macfarlane, Vice-Recteur, et présentait son successeur M. Richard Joly. Il nous apprenait que sur les 471 Etudiantes et Etudiants de l’année écoulée, un peu plus d’une centaine avait terminé sans succès. Il souhaitait que cet exemple donne à réfléchir aux 530 qui commencent l’Année Académique 1972-1973. Ainsi donc le Laboratoire Rwandais du progrès intellectuel, à son stade final, va doter la Nations de ses techniciens du terroir, au point que, au cours des deux prochaines décennies, le pays aura changé de face.