NYIRAMACIBIRI Dite Dian Fossey Et Les Gorilles III
{:fr}Une heure avant la conférence, la salle était déjà presque pleine et j’ai été obligée de m’asseoir au fond. J’avais pris avec moi les trois articles que j’avais écrits pour le Courrier Journal de Louisville. Après la conférence qui a captivé toute l’assistance, je me suis mêlée à la file de gens impatients de parler au Dr Leakey. Quand mon tour est arrivé, il m’a adressé un grand sourire et m’a longuement serré la main. J’étais si surprise qu’il m’ait reconnue que je lui ai fourré entre les mains les vieux articles moisis tout en balbutiant qu’il pourrait être intéressé par celui que j’avais écrit sur Olduvai:
Ses yeux se sont rétrécis et il m’a lancé un de ces regards aiguisés qui me sont devenus si familiers par la suite. Miss Fossey, n’est-ce pas ? Attendez que j’aie fini avec tout ce monde. » Ne sachant pas ce qui m’attendait, je me suis retirée au fond du podium où il est venu me rejoindre pour me bombarder de questions. Étais-je allée à Kabara ? Avec qui y étais-je allée ? Pourquoi y étais-je allée ? Combien de fois avais-je pu voir des gorilles ? Quelle était ma profession actuelle ? Quels étaient mes projets d’avenir ?
Je lui ai dit que je ne désirais qu’une chose : consacrer ma vie à travailler avec les animaux, que c’était mon rêve de tout temps et que j’étais surtout intéressée par le gorille de montagne des Virungas.
Leakey fut frappé une fois de plus par l’intensité de cette grande et belle femme dont il avait gardé le souvenir.
—Comment va votre cheville ? S’est-elle bien remise ? Elle le regarda, étonnée de le voir se souvenir de cet incident, puis elle rit.
—Oui, vous m’avez fait un beau pansement. Chaque os est à sa place.
—Venez me voir à mon hôtel demain matin, à huit heures. Vousêtes peut-être exactement ce que je cherche pour entreprendre une longue étude sur les gorilles.
Cette nuit-là, une moitié de mon esprit pensait au millier de choses que j’avais à faire avant de partir pour les Virungas pendant que l’autre moitié me rappelait à l’ordre • « Ce n’est pas possible. Les choses n’arrivent pas ainsi f » Le matin, en route vers l’hôpital, je me suis précipitée à l’hôtel. Je portais ma vieille blouse blanche réglementaire alors que je mourais d’envie de me présenter dans ma belle tenue de safari.
Notre entretien a duré près d’une heure. C’est surtout le Dr Leakey qui a parlé. Il a vanté les mérites de fane Goodall qui étudiait les chimpanzés depuis bientôt six ans. Elle était l’exemple même de l’aptitude des femmes à observer et à étudier les animaux beaucoup mieux que les hommes ; il était profondément convaincu que la femme était plus patiente et plus capable de se donner pleinement.
Il avait déjà « testé » vingt-deux candidats, mais aucun d’eux ne l’avait satisfait. Je me suis demandé pourquoi moi, une simple ergothérapeute, serais plus qualifiée que les autres. Tout en étant absolument convaincue de ma réussite, je me suis surprise en train de lui fournir des arguments en ma défaveur : primo, je n ‘avais pas les fonds nécessaires à financer le voyage. Il a rejeté cette objection en disant que c’était un problème mineur et qu’il n’aurait aucun mal à le résoudre. Ensuite, je lui ai fait remarquer que j’avais bien suivi des études de vétérinaire pendant deux ans, mais que je n’avais aucune formation en anthropologie, éthologie, biologie, zoologie et autres « ‘agies ». Leakey a rejeté cet argument aussi en ironisant : « Je n’ai pas besoin de gens trop qualifiés. Je préfère ceux qui ne sont pas spécialistes parce qu’ils abordent le travail avec plus d’ouverture et moins d’idées préconçues. » Alors j’ai avancé mon âge : trente-quatre ans. « Mais c’est l’âge idéal pour entreprendre ce genre de travail, a-t-il protesté. Vous avez la maturité qu’il faut pour ne pas vous lancer dans des actions inconsidérées. »
Puis nous avons parlé du travail de George Schaller et au moment où je pensais que notre entretien s’achevait, il m’a demandé à brûle-pourpoint : « Vous êtes-vous fait opérer de l’appendicite ? » Comme je lui ai répondu par la négative, il s’est lancé dans des histoires horribles sur des gens que l’appendicite avait condamnés à une mort lente, dans des régions isolées. Et en conclusion, il m’a dit : « Donc, il faut vous faire enlever votre appendice. »
Pendant les semaines qui ont suivi, j’ai continué à travailler avec les enfants infirmes que j’aimais tant sans rien laisser paraître de mon excitation intérieure. Je donnais évidemment la priorité à mon opération d’appendicite qui, comparée à l’ampleur du projet, semblait un sacrifice mineur. Le remboursement de mes dettes ne me permettait pas de financer les frais d’hospitalisation et il fallait que je mette un médecin ami dans le secret. Je lui ai demandé s’il connaissait un chirurgien qui serait d’accord pour présenter l’intervention comme nécessaire. Le chirurgien a été trouvé, la date fixée, il ne me restait plus qu’à feindre avec persuasion une crise d’appendicite. Il a suffi de deux jours de gémissements et de contorsions en appuyant parfois surie mauvais côté. C’était une opération de routine, sauf le moment où je me suis réveillée sur mon lit d’hôpital en criant : « Est-ce que les gorilles valent vraiment tout cela ?»
Amon retour, une lettre du Dr Leakey m’attendait à la maison. Elle commençait ainsi : « En fait, il n’y a pas d’urgence à vous faire opérer de l’appendicite. » De colère, j’ai failli défaire mes points de suture.
Mais à la lecture des lignes suivantes, mon exaspération s’est transformée en joie. Le Dr Leakey me faisait une offre d’emploi en bonne et due forme, à condition que je le veuille encore et qu’il puisse obtenir une subvention convenable.
La lettre était comme un bristol d’invitation pour le paradis. Louis Leakey précisait qu’il essaierait d’obtenir un budget pour financer son voyage, créer un campement, engager un ou deux aides africains, payer sa nourriture et le matériel photographique. Il pourrait même lui donner un petit salaire qu’elle compléterait, comme Jane Goodall, en écrivant des articles sur ses recherches.
La National Geographic lui paraissait être un sponsor possible, mais il fallait qu’elle veuille bien leur offrir les anciennes photos et articles qu’ils avaient refusés. Anticipant sur l’avenir, Leakey pensait même que Dian aurait besoin d’un cameraman pour produire un film télévisé dont elle pourrait tirer de gros bénéfices. Quant à la National Geographic, elle pourrait lui demander, en complément à ses articles scientifiques, un livre destiné au grand public.
Il aurait aimé qu’elle soit le plus tôt possible « sur place », mais il n’avait pas encore obtenu son permis de séjour pour Kabara et devait rencontrer à ce sujet l’ambassadeur du Congo à Nairobi.
Deux jours après avoir reçu la lettre de Leakey, Dian présenta sa démission au Korsair Children’s Hospital Elle avait l’intention d’al-ler en Californie et d’attendre chez les Price l’argent et le permis de séjour que Leakey devait lui envoyer.
Lorsqu’elle annonça sa décision à Alexie, il fut d’abord incrédule, puis furieux. « Tu es folle, lui dit-il. Une femme blanche, seule, dans cette partie de l’Afrique ! Veux-tu te suicider ? »
Quant aux Price, ils furent encore plus secoués que le jour où Dian leur annonça sa conversion au catholicisme.
— Que t’arrive-t-il ? pleura Kitty. Pourquoi nous fais-tu cela ?
—Maman, c’est une occasion unique, se justifia Dian. Elle ne se répétera plus jamais et je ne peux pas la refuser.
— Occasion ? Vivre avec des gorilles et des indigènes sauvages ? — Tu• ne comprends pas, maman. Je vais entreprendre des recherches passionnantes qui n’ont jamais été faites.
—Pourquoi n’es-tu pas comme les autres femmes ? gémit sa mère. Prends exemple sur Mary White, elle est si heureuse. Qu’as-tu fait des vraies occasions qui se sont présentées ?
—Je suis différente de Mary. Je désire autre chose.
Quand Dian fit part de ses projets au père Raymond — le moine trappiste qui l’avait initiée au catholicisme —, il sembla soulagé de la voir s’éloigner d’Alexie dont il était probablement un peu jaloux.
« Ce projet de recherche en Afrique est un don de Dieu, écrit-il aux Price. Elle ne se contentera jamais des choses ordinaires dont se satisfont les filles de son âge. Elle a besoin de s’accomplir pleinement avant d’être à l’aise sur cette terre. Elle ne sera jamais parfaitement satisfaite tant qu’elle n’aura pas tendu vers la sainteté qu’elle recherche… »
Dian se tint fermement à sa décision.
Il était temps que j’aborde l’étape suivante sur la route de Kabara et que je me détache des liens profonds qui m’attachaient à Louisville. Quitter cet endroit que j’aimais — les enfants, ma maison, les chiens de la ferme et mes amis — a été une des choses les plus difficiles.
Dian s’en alla donc en Californie, mais découvrit très vite qu’après tant d’années d’indépendance, il lui était difficile de vivre avec les Price.
Les mois passaient sans le moindre signe de Leakey et Dian glissait dans la dépression. Tout en étudiant le swahili et en suivant un cours de primatologie à l’université de Stanford, elle commençait à penser qu’elle avait raté son projet, comme d’ailleurs tout le reste.
Désespérée, elle écrivit à Leakey :
« Le ler août, j’ai quitté tout ce que j’aimais et qui m’appartenait dans le Kentucky et je suis arrivée en Californie. J’ai fait tout cela parce que votre lettre donnait à penser que mon départ était imminent. Je comprends que des obstacles inattendus dont vous n’êtes pas responsable vous retardent, mais je ne pourrai pas supporter trois autres mois improductifs comme ceux-ci…
« Si vous pensez qu’il se passera un autre mois avant de pouvoir me faire venir, je me verrai dans l’obligation de chercher un emploi d’ergothérapeute quelque part aux États-Unis… Ce n’est certainement pas ce dont je rêvais, mais je suis financièrement et physiquement incapable de supporter un autre mois de désœuvrement.»
Peu de temps après, Leakey envoyait un télégramme annonçant que la Fondation Wilkie qui finançait Jane Goodall depuis des années avait accepté de subventionner le projet des gorilles. Les fonds de la National Geographic mettraient encore quelques semaines à être débloqués, mais la subvention Wilkie permettait déjà de mettre le projet en place.
Les bagages de Dian comprenaient une machine à écrire, quatre appareils de photos, un tripode, des objectifs et une quantité innombrable de pellicules. Elle avait fait d’énormes provisions de papier, de cahiers, stylos, rubans de machine et papier carbone. Elle s’était équipée aussi d’une quantité de vêtements résistants composés de jeans, de parkas et d’autres surplus de l’armée.
Le 15 décembre 1966, Dian Fossey partait enfin pour l’Afrique. Comme sa mère était trop contrariée pour lui faire ses adieux, c’est Richard Price qui parla à sa place : « Je n’ai pas besoin de te dire que ta mère est brisée, lui dit-il sévèrement. Tout ce que j’espère est que cette expérience puisse t’apprendre quelque chose de sensé, mais je n’en suis même pas sûr. »
Dian retourna une dernière fois à Louisville où elle refit ses adieux à ses amis, ses collègues et aux enfants de l’hôpital. Elle téléphona aussi à Alexie qui était toujours furieux : « Si telle est ta décision, je n’y peux rien, mais je pense que tu la regretteras un jour », lui dit-il. « Je ne t’oublie pas, Alexie, et je ne te dis pas adieu », lui répondit-elle.
Ensuite, elle alla à Washington pour prendre contact avec la National Geographic qui la subventionnait.
Malheureusement, au moment où je m’apprêtais à quitter la Californie, j’ai eu encore une pneumonie et il va sans dire que j’ai donné à mes sponsors une piètre image de « l’intrépide fille aux gorilles ». Je devais apprendre plus tard que le vice-président de la National Geographic avait écrit au Dr Leakey pour émettre de sérieuses réserves quant à mes aptitudes pour ce genre de travail.
Pendant qu’elle attendait à l’aéroport de Londres le vol de nuit pour Nairobi, toussant et tremblant de fièvre, bourrée d’antibiotiques, son attention fut attirée par un appel dans le haut-parleur :
« On demande Mme Root. Mme Root est priée de se présenter au bureau d’information pour un appel téléphonique. » Le nom n’a rien évoqué pour moi jusqu’au moment où j’ai aperçu Joan se précipiter vers le téléphone où l’attendait un appel d’Alan. J’ai traversé le hall avec une cargaison de mouchoirs en papier et me suis plantée devant elle au moment où elle disait : « Devine qui est là, Alan ? Dian de Fossey de Kabara. » Il y a eu un murmure sur la ligne, puis elle m’a demandé : « Que faites-vous ici ? » « Je pars étudier les gorilles des Virungas à Kabara. » A l’autre bout du fil, j’ai entendu l’exclamation incrédule d’Alan.
C’était le tour de notre vol et dans la salle d’embarquement, j’ai rapidement expliqué à Joan la manière dont les choses avaient tourné. Je sentais que tout ce projet paraissait insensé à Joan aussi. Nous avons changé de sujet et parlé de leur dernier projet de film aux Galapagos. Ce n’est que bien plus tard que je devais comprendre l’importance de cette rencontre inattendue.
Le matin du 22 décembre, j’étais reçue à l’aéroport de Nairobi par la secrétaire du Dr Leakey, Mme Crisp, qui m’a conduit aussitôt dans un petit hôtel près du musée Coryndon où se trouvait leur bureau. En arrivant dans le patio de l’hôtel, j’ai glissé sur le gravier et atterri le plus gracieusement possible sur mes genoux. Pendant que je regardais le sang jaillir de la blessure, Mme Crisp s’est exclamée sur un ton que seules les femmes anglaises savent prendre : « Oh ! Quel dommage ! Vous avez filé vos bas ! » J’ai éclaté d’un rire hystérique qui a permis à Mme Crisp d’avoir le temps de se poser des questions sur les capacités de recrutement de son employeur.
Premier jour en Afrique ou non, il fallait que je dorme d’abord. J’ai été réveillée en fm d’après-midi par un appel du Dr Leakey qui me fixait un rendez-vous pour le lendemain matin au musée. Il semblait encore plus accueillant que la dernière fois où je l’avais rencontré à Louisville et son enthousiasme de voir un autre de ses projets se réaliser renforçait le mien. Il m’a présentée à son équipe, puis nous avons rapidement dressé une liste du matériel que je devais emporter à Kabara. Le Congo était en pleine agitation politique, je n’avais pas encore la permission officielle de travailler dans le parc des Virungas, et aucun de nous n’avait eu l’idée de faire un voyage de reconnaissance. Nombreux étaient ceux qui pensaient que c’était une manière bien imprudente d’entamer un projet de recherche à long terme, mais nous étions trop impatients de commencer.
Il a tout de même fallu que je me plie à un retard supplémentaire, celui des congés de Noël. Dr Leakey voulait que je passe les fêtes en compagnie de Jane Goodall et de son mari, Hugo van Lawick, qui partaient camper pendant quelques jours près du lac Beringo. Ce projet ne m’enchantait guère, mais le Dr Leakey en avait décidé
Jane et Hugo m’ont cordialement accueillie parmi eux. Leur caravane comportait un petit arbre de Noël artificiel décoré de ballons. Et un œuf d’autruche qui est une denrée très périssable y répandait une odeur assez peu traditionnelle.
Une terrible épidémie de polio avait frappé les chimpanzés de Gombe, la station de recherche où travaillait-Jane. On leur avait expédié une précieuse cargaison de vaccins qu’ils étaient pressés d’administrer à leurs chimpanzés en le mélangeant à des bananes. Le Dr Leakey pensait que je pourrais les accompagner pour voir comment fonctionnait leur station.
Je suis partie pour Gombe, emportant avec moi un sac en fausse peau de léopard que mes parents m’avaient offert, il y a longtemps. L’imitation étant parfaite, j’ai demandé à Jane s’il ne valait pas mieux cacher le sac au moment où les chimpanzés viendraient manger leur banane vaccinée. Jarre m’a assuré que les animaux n’y prêteraient aucune attention, mais je l’ai tout de même posé dans un coin éloigné de la pièce. Le premier couple de chimpanzés n’a pas réagi. Ils ont pris leur banane et sont repartis. Mais une femelle à l’œil aiguisé a remarqué le sac. Elle– a poussé un cri perçant et s’est enfuie, suivie d’autres compagnons qui n’avaient même pas eu le temps de le voir. Je l’ai aussitôt caché dans une autre pièce, mais les chimpanzés n’ont pas osé revenir avant plusieurs heures.
Dès mon retour à Nairobi, les préparatifs pour Kabara ont repris de plus belle. Joan Root a été d’une aide précieuse pour les achats de nourriture et autres nécessités du camp. Il ne restait plus qu’à choisir un véhicule approprié, tâche que le Dr Leakey se réservait. Nous sommes allés dans un garage de Nairobi où il a aussitôt choisi une Land Rayer d’occasion. Le toit en toile ne fermait pas correctement et le moteur souffrait de mystérieuses maladies internes. Le Dr Leakey est monté dans la voiture pour la tester dans les quartiers résidentiels de Nairobi. A mesure que la voiture émettait des bruits de freins, de boîte de vitesses et de moteur, piétons et véhicules respectueux du code de la route se rangeaient sur son passage. La voiture est revenue au garage essoufflée, mais ayant gagné l’estime du Dr Leakey qui a décidé de l’acheter.
Dans l’après-midi, je me suis retrouvée dans le parc d’animaux sauvages, accompagnée d’un des travailleurs africains de Leakey qui était censé m’apprendre l’art consommé de la conduite d’une Land Rover. Sur notre chemin, la peur confondait les stries des zèbres et je semais la panique parmi la gente animale. L’Africain ne parlait pas l’anglais et mon swahili rudimentaire n’encourageait pas à la conversation. Mais pendant que je conduisais tout en essayant d’admirer les fauves et de chercher des mots dans mon dictionnaire bilingue, ses gestes et les expressions de son visage reflétaient toute une palette d’émotions allant d’une légère appréhension jusqu’à l’horreur la plus pure. En me quittant après notre « leçon », il pensait sans doute que je ne serais pas capable de quitter Nairobi et encore moins de voyager jusqu’au Congo.
Il n’était pas le seul à émettre des réserves sur mes chances de succès. Alan Root considérait tout le projet comme une pure folie et il l’a dit en termes clairs au Dr Leakey : il était impensable d’envoyer une femme totalement inexpérimentée à plus de mille kilomètres de distance et sans même les permissions nécessaires à entreprendre ses recherches.
Heureusement pour moi, trop occupée à caser tout mon matériel dans la Land Rayer surnommée Lily, j’ignorais cette confrontation. Deux jours avant mon départ, Alan m’a annoncé son intention de me suivre avec sa propre voiture pour s’assurer que je ne me tromperais pas de pays et pour m’aider à accomplir les formalités nécessaires à créer un camp de recherches. Je savais la perte de temps que cela représentait pour lui, mais en même temps je ne voyais pas comment j’aurais pu m’en sortir sans son aide.
Peu de temps avant de quitter Nairobi, j’ai rencontré Mary Leakey que je n’avais pas revue depuis 1963. Je n’oublierai jamais son accueil : « Mors, vous êtes la fille qui veut faire concurrence à Schaller, n’est-ce pas ? » C’était une appréciation difficile à porter.
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