1. Ingangura-rugo = Assaillants d’avant-garde.

354.L’Armée-Sociale Ingangura-rugo fut créée par KIGELI IV RWABUGILI ; nous traduisons librement son nom par Assaillants d’avant-garde ; mais il signifié plus exactement : Ceux qui attaquent vivement en premier lieu l’enclos fortifié. C’était la Garde de KIGELI IV. Les traditions la concernant sont encore fraîches, car les survivants de ses membres ont disparu il y a quelques dix ans à peine. Sur la formation de ses Compagnies, nous disposons de détails qui nous manquaient sur les groupes antérieurs :

1) La toute première Compagnie, les Ingangura-rugo, avait pour Chef NYILINGANGO, fils de NYAGAHINGA, le brave des braves parmi ceux de la même Milice. L’instructeur de la Compagnie était MUHUNGU, fils de SERUTSINGA, emprunté à Ta Milice Abakemba.

2) La deuxième Compagnie, les Inshoza-mihigo = Provocateurs de hauts faits, avait pour Chef l’un de ses membres appelé KAMANZI, fils de MILIMO (n°215).

3)La troisième Compagnie, les Ibisumizi, =Lutteurs en corps à corps était commandée par RWAYITARE, fils de RUTISHEREKA (n° 137, 346).

4)La quatrième Compagnie, les Ilityaye = Javeline acérée, était commandée par Rwamanywa, fils de MILIMO (petit-frère de KAMANZI). Cette dernière était la plus jeune et elle ne participa qu’à deux expéditions : celle de ku Kidogoro au Bushi, et celle contre le Nkole en 1895, après laquelle mourut KIGELI IV.

5)La cinquième Compagnie, les Intarindwa =- les Irrésistibles était composée uniquement de Bahutu ; cette Compagnie appartenait en réalité à la Milice Intarindwa (cfr. n° 227).

  1. G) La sixième, les Urwililiza = Batailleurs infatigables se composait de Batwa.

 

7) Plus tard le monarque englobera dans sa Garde les fameux guerriers appelés Abarashi ;cette appellation qui signifie

Décocheurs des flècches n’est pas d’origine guerrière. C’est une dénomination familiale, car il s’agit d’une tribu belliqueuse descendant de Nyakarashi (nom dont le radical est rashi), leur ancêtre éponnyme. Les Abarashi habitent dans le Gahunga, au pied du volcan Muhabura, dans la Préfecture de Ruhengeri.

 

  1. Toute la Milice était placé sous un Chef suprême, qui, durant le règne de KIGELI IV, portait le titre de Chef du Palais Royal. Ce fut d’abord NYANTABA, fils de NYARWAYA-NYAMUTEZI (cfr. n°78). Lorsqu’il tomba en disgrâce la première fois, la dignité passa à RWANYONGA, fils de MUGABWAMBERE (n° 362) de la Famille des Abatsobe. Il fut tué au cours de la première expédition au Bushi, entre juin 1879 et juin 1880. Cette expédition appelée de ku Buntubuzindu du nom de la localité où résidait BYATERANA, fils de 3MAKOMBE, Roi du Bushi- fut une grave défaite, un désastre même, pour KIGELI IV. Sa Garde y fut proprement taillée en pièces et le monarque dût rentrer précipitamment au pays. Il avait sous-estimé la force des Bashi.

 

  1. A RWANYONGA, tué à l’ennemi, succéda KABARE, fils de RWAKAGARA. Lorsqu’il fut promu Chef des Uruyange (cfr.. n°297), sa fonction passa à RUTISHEREKA fils de SENTAMA, personnage tant de fois cité. Mais il n’eut pas le temps d’exercer sa fonction, car MIBAMBWE IV RUTARINDWAl’appela à commander en second la Milice Abashahamba. KIGELI IV nomma alors son grand favori BISANGWA, fils de RUGOMBITULI, à la tête de la Garde. Il sera tué en juillet1896, lorsqu’il dirigeait l’attaque contre le camp des Belges établi à Shangi. Son maître du moment MIBAMBWE IV, avait envoyé cette expédition pour chasser ces commerçantsqui s’étaient installés sans solliciter humblement les autorisations nécessaires. L’expédition était commandée par NSHOZAMIHIGO, fils de KIGELI IV. Il avait donné à BISANGWA et au prince MUHIGIRWA l’ordre d’attaquer les premiers. Les Ingangura-rugo y perdirent un grand nombre d’entre la Compagnie Ibisumizi, tandis que les Nyarugurudu prince MUHIGIRWA y laissaient surtout les membres de la Compagnie Ijuru= le Firmament.

 

  1. A la mort de BISANGWA, MIBAMBWE IV lui donna un successeur en la personne de SEHENE, fils de RUGOMBITULI et frère du disparu. Ce n’était plus qu’une formalité le nouveau chef n’eut pas le temps d’exercer quelque influence, car la Cour était divisée en deux camps : le Coup d’État de Rucunshu était aux portes. SEHENE fut du reste assassiné par KABARE et RUTISHEREKA, quelques deux mois plus tard, tandis que la Cour, en route pour Rucunshu, campait à Bumbogo, dans le Busanza-Nord. La situation était tellement tendue, que MIBAMBWE IV n’osa pas mettre le feu aux poudres en sévissant contre les assassins qu’il devinait bien. Il faut dire, en effet, que SEHENE fut savamment subtilisé et qu’on ne put même pas retrouver son cadavre. Ses sujets savaient bien qu’il était entré dans la résidence royale provisoire, mais personne ne pouvait expliquer le mystère de sa disparition.

 

  1. MIBAMBWE IV lui donna un successeur en la personne de BALIKAGE, fils de BISANGWA. Encore une formalité ; au moins SEHENE avait longtemps séjourné dans les milieux de la Cour. Le jeune homme, dans ces circonstances ne fut qu’une caricature de Chef. Après le Coup d’État de Rucunshu, il sera condamné à la crevaison des yeux et ira mourir obscurément on ne sait où. Alors la Cour de YUHIV MUSINGA nomma BUSHAKU, fils de RUTAMBUKA(n° 185). Il légua sa fonction à son fils MUGEMANCURO. Son successeur aurait dû être son fils MULIGANDE, encore en vie, mais à son époque tout était périmé.

Prestations : La Milice en tant que telle, aucune, parce qu’elle était encore en service actif permanent. Mais en raison de fiefs annexes :

  1. 1) Urukundo= l’Amour, section de Bahutu. Dès sa formation, la section qui était conçue comme pendant des Ingangura-rugo, fut placée sous un commandement distinct ; le Chef de la Milice n’avait donc aucune juridiction sur les Urukundo.Le premier fonctionnaire en fut MYISHYWA, fils de GISHOMA (cfr. n° 227), Il en fut dans la suite dépossédé en faveur de RUTISHEREKA, fils de SENTAMA. Il conserva la fonction même lorsqu’il devint Chef subalterne, puis titulaire des Abashakamba. Lorsqu’il fut livré au bourreau en 1899, les Urukundo furent donnés à RUYUNDO, fils de KAJEJE ; lorsqu’il fut destitué peu de temps après 1910, son commandement passa àSEGORE, fils de NSHIZIRUNGU. Celui-ci fut tué par un soldat Congolais à l’entrée des troupes belges à Nyanza, à la poursuite des Allemands en 1916. Son commandement passa à son fils MUNYANSHONGORE. Le fonctionnaire préposé aux Urukundoexerçait par le fait même la charge de Chef d’une section des Greniers à la Cour.

a)Une cruche géante appelée Burangiliyemo= (le  miel) est entré entièrement dedans, de la capacité de 4 cruches portables. Le responsable en étaitle Chef patriarcal de la famille des Abagongo (descendant de NGONGO), habitant dans la province actuelle du Bunyambilili.

b)100 cruches d’hydromel, et 40 à 50 de ciEdre de banane

 

  1. 2) Ubuzizi (étymologie incertaine). Cette section fut créée par NYIRAKIGELI IV MURORUNKWERE, mère de KIGELi IV, à sa résidence de Giseke (province actuelle du Busanza-Nord). Elle fut placée sous les ordres de NDARWUBATSE, fils de KIYANGE (sa mère, qui était plus connue à la Cour) Il légua sa fonction à son fils KANYONYOMBA. Celui-ci fut livré au bourreau dans les derniers mois de 1899, tandis que la Cour se trouvait à Mwima (abords immédiats de Nyanza). Le commandement passa alors à RUYUNDO, fils de KAJEJE, déjà Chef des Urukundo. Lorsqu’il fut destitué, son successeur fut SEGORE, fils de NSHIZIRUNGU, qui recevait en même temps les Urukundo.

a)40 cruches de miel ; 100 houes et autant de serpettes.

b)100 nattes ordinaires et 100 fagots de ibikangaga haute herbes de marais dont on fait les nattes de qualité commune).

 

  1. 3) Abanga-ncuro = Ceux qui se refusent a être refoulés (à battre en retraite). Cette section fut formée par NYIRAMUHANDA, mère de NYARWAYA-NYAMUTEZI ; elle dépendait des NYARUGURU jusqu’à la 1re destitution de NYANTABA, successeur de NYARWAYA-NYAMUTEZI. En ce moment elle fut donnée à RWANYONGA, qui lui succédait également à la tête des Ingangura-rugo ; à partir de ce fonctionnaire, lesAbanga-ncuro furent placés sous le commandement supérieur de tous ses successeurs (n°356-359), Le commandement subalterne en fut confié initialement à GAKWANGALI, ancêtre éponyme des Abakwangali. Il le légua à son fils BIKANGAGA, qui le laissa à son fils SENYAMILIMA. A Ce dernier succéda son fils KANYEGERA, qui légua la dignité à son fils BIGIRIMMANA.

a)Construction et entretien d’une case à la Cour ;

b)30 cruches d’hydromel et 30 autres de miel, une fois par an ;

c)8 béliers destinés aux consultations divinatoires.

 

  1. Impama- kwica = les Massacreurs attitrés.
  2. L’Armée-Sociale Impama-kwica = plus littéralement : Ceux dont la caractéristique est « le tuer »,,fut créée par la Reine Mère NYIRAKIGELI IV MURORUNKWERE, mère de KIGELI Elle en fit sa Milice personnelle. Elle en confia le commandement guerrier à MUGABWAMBERE, fils de NYAMUTERA. Plus tard, KIGELI IV la confia à sa femme préférée, KANjOGERA, fille de RWAKAGARA (qui deviendra NYIRAMIBAMBWE IV, mère adoptive de MIBAMBWE IV RUTARINDWA, puis NYIRAYUHI V avec son fils naturel YUHI V MUSINGA). MUGABWAMEERE mourut autour de 1893; son commandement fut donné à MBANZABIGWI, fils de RWAKAGARA et frère de KANJOGERA. Il légua sa fonction à son fils KAYONDO, encore mineur. Le commandement fut exercé parallèlement par les notables BANDORA (n°373), fils de RUBULIKA et par KANUMA, fils de BYABAGABO (n°348), jusqu’au moment où KAYONDO fut en âge de prendre les affaires en mains.

 

  1. La milice avait pris une part active aux expéditions à l’Ouest du lac Kivu, par les premières Compagnies Impama-kwica-etIntagwabira = des jamais-abattus. Sous le commandement de KAYONDO, la Compagnie Imbungira-mihigo prit part aux expéditions de l’époque troublée venant après le Coup d’État de Rucunshu. KAYONDO fut destitué en 1940 et relégué à Nyamata, dans la province du Rugesera, d’où il sera rappelé en 1943, à l’occasion du Baptême de MITTARA III. Le commandement passa à son fils RUTAREMARA, qui devait mourir en 1957.Armée-Bovine correspondante : Ingaju z’i Giseke (H. A. B. 200).

 

Prestations : La Milice en tant telle, aucune, parce qu’elle était encore au stade du service guerrier permanent. Mais en raison de fiefs annexes :

 

  1. 1) La section appelée Abadaraza = les Enjoliveurs, créée sous YUHI IV GAHINDIRO, semble-t-il, sinon sous le règne de son père. D’abord commandée par NTAMBIYE, qui la légua à son fils SEMISUNIKO (cfr. n°136), elle passa à sonfils RUDAKEMWA, du vivant de son père ; lorsque la famille tomba en disgrâce, la section fut donnée à RUHINANKIKO, fils de RWAKAGARA. Il la conserva longtemps, puisqu’il en fut destitué en 1903. En ce moment elle fut donnée à KAYONDO. Leur prestation consistait en la construction des cases artistement arrangées à l’intérieur ; c’est cette spécialité quia donné lieu à leur appellation.

2) Les Imanzipayaient des redevances qui ont été signalées au n°342.

 

  1. Imbanza-mihigo = les Inaugurateurs des hauts faits.
  2. L’Armée-Sociale Imbanza-mihigofut créée sous KIGELI IV, par le Chef NTIZIMIRA, fils de MUSUHUKE, dès qu’il fut nommé à la tête du nouveau District de Rubengera. Le noyau de la nouvelle Armée fut une section détachée des Abasubijee (n° 265) et donnée à ce Chef. Il en renforça les effectifs et en fit une Milice assez importante.

Lorsque NTIZIMIRA tomba en disgrâce, son commandement passa à CYIGENZA, fils de RWAKAGARA, qui mourut autour de 1894. Il légua son commandement à son fils RWIDEGEMBYA. A partir de ce Chef, la succession s’opéra comme il a été indiqué à propos des Nyantango (cfr. n°115). Prestations : aucune, la Milice étant affecté au service guerrier permanent

Armée-Bovine correspondante : Abazatsinda (H. A. B. no 81- 82, 15. 50).

 

  1. Inkaranka.
  2. L’Armée-Sociale Inkaranka, (étymologie incertaine), était initialement une section des Abakemba, qui en fut détachée par KIGELI IV RWABUGILI, dans les circonstances que nous avons déjà racontées (cfr. n° 174). Le monarque lui donna alors l’autonomie complète et en fit une Milice séparée. Il en confia le commandement à BISANGWA, fils de RUGOMBITULI, qui était le Chef Administratif du Bugoyi. Cette Milice est exclusivement limitée à cette dernière province, dans la Préfecture actuelle de Gisenyi.

A la mort de BISANGWA, le commandement en passa nominalement à SEHENE, fils de RUGOMBITULI et à BALIKAGE, fils de BISANGWA, dans l’espace de quelques mois. Elle fut enfin donnée à BUSHAKU, fils de RUTAMBUKA. Comme il résidait surtout à la Cour, le commandement fut exercé en son nom par RWAKADIGI, fils de MURUTABABI ; BUSHAKU légua la fonction à son fils MUGEMANCURO.

A partir des réformes administratives, le nominé GACE, fils de. RWAKADIGI ne commandait plus en second, mais il était devenu Chef titulaire des Inkaranka, vu que la Milice se confondait avec le commandement territorial.Il en fut de même de ses successeurs KAMUZINZI (1938-1954) et KAYIHURA (1954-1959).

 

  1. Prestations :

a)Une cruche géante de cidre, appelée Musigivu (contraction de Musiga ivu) = le Frotteur de cendres (c.à.d. mettant ses consommateurs en état d’ivresse), de la capacité de 3 cruches portables ;

b)Une autre géante appelée Urutishingwa = Capiteuteusement traître(litt. Celui auquel on ne peut se fier), de la capacité de 3 cruches portables ;

c)400 cruches de miel par an ;

d)des glaives et des grelots pour danseurs, et de l’ivoire, des grelots pour chiens de chasse et du tabac, en nombre indéterminé;

e)Des redevances vivrières (haricots et sorgho battus) remplissant les paniers ultra-géants (imitiba) appelés Nyakiyabo et Ruvusha.

 

  1. Ndushabandi = Je surpasse les autres.
  2. L’Armée-Sociale Ndushabandi (contraction de Ndusha abandi) fut créée par le Chef NZIGIYE, fils de RWISHYURA, autour de l’Armée-Bovine du même nom (cfr. H. A. B., 202). Cette dernière avait été créée antérieurement par KIGELI IV et confiée à KANYAMURINJA. Lorsque NZIGIYE lui succéda à la tète de ce fief bovin, il la doubla d’une Milice de ce nom. La première Compagnie, appelée justement Ndushabandi et la deuxième appléeAbahigi = les As des hauts faits, se distinguèrent à la fin  du règne de KIGELI IV, et la deuxième fut celle que les fugitifs SBUHARARA et CYAKA redoutaient le plus, et qui joua le rôle très apprécié à la bataille de Rwata (cfr. n°274). A partir de RWATANGARO, fils et successeur de NZIGIYE, la succession s’opéra comme ii a été indiqué à propos des Abarota (cfr. n° 264). Prestations : aucune, la Milice étant, à ses débuts, affectée au service guerrier permanent. Armée-Bovine corrpondante : Ndushabandi (H. A. B. mm 202; p. 112).

 

  1. 83. Abashoza-mihigo = les Provocateurs des hauts-faits.

 

369.L’Année-Sociale Abashozamihigo fut créée par KIGELI IV en faveur de son fils NSHOZAMIHIGO. C’est de ce nom-ci qu’ils ont été désignés ainsi. Le nom du prince lui-même était calqué sur celui de la Compagnie Inshoza-mihigo (n° 354), qui fut recrutée peu avant sa naissance. La Milice était représentée très fortement dans la province actuelle du Marangara, et dans toute la  Préfecture de RUHENGERI, parce que les deux zones étaient commandées par les résidences royales de Rwamaraba (Marangara) et de Kigarama (province du Murera), dont la mère du prince avait obtenu les revenus. Nos Bardes ne signalent aucun exploit guerrier auquel les Abashoza-mihigo aient eu une part remarquée.

 

370.Le prince NSHOZAMIHIGOmourut en 1915, léguant sa fonction à son fils NYILIMBILIMA. Celui-ci se réfugia au Bufumbira en 1917. Son commandement fut alors scindé en deux tronçons

1)LesAbashozamihigogroupés autour de Rwamaraba dans les Préfectures actuelles de Nyanza et Gitarama, furent donnés à RWASABAHIZI, fils de MUYENZI, qui, jusque-là, les commandait en second. Il légua sa fonction à son fils MUGEMANGANGO, dont le successeur KANIMBA est encore en vie.

2)LesAbashozamihigodu Nord, jadis groupés autour de la résidence de Kigarama, furent donnés à GAKWAVU, fils de GACINYA, qui resta en fonction de 1918 à 1940. En ce moment il se retira et passa sa fonction à son fils KAMALI, encore en vie. Prestations : la section des contribuables : impôts vivriers pour Rwamaraba et Kigarama. Armée-Bovine correspondante : Ingaju z’i Rwamaraba. (H. A. B. nu 199, p. 110-111).

 

  1. Abasharangabo = les sculpteurs de boucliers.  371.L’Armée-Sociale Abasharangabo fut créée par KIGELI IV en faveur de son fils SHARANGABO, duquel elle a pris le nom. Les effectifs de la Milice étaient groupés surtout autour des résidences royales de Kigali et de Rwamagana, dont la reine NYIRANDABARUTA(mère du prince) avait obtenu les revenus. La Milice fut d’abord confiée à NYAGAHINGA, filsde SENDAJIGITA, vu que le prince SHARANGABO était encore trop jeune pour exercer le commandement. NYAGAHINGA, de son vivant, passa ce commandement subalterne à son fils NYILINGAGNO.Ce dernier sera livré au bourreau, accusé d’avoir pris part au complot contre le Chef NYILIMIGABO (cfr. n°318).

Il semble qu’à la mort de NYILINGANGO, SHARANGABO prit lui-même en main les affaires de sa Milice. La succession, à partir de Sharangabo, s’opéra comme il a été indiqué à propos de la Milice Abatsinzi (cfr. n°279). Prestations : aucune précision ne nous a été fournie à ce sujet. Armée-Bovine correspondante : .

a)Jusqu’à la destitution de NYAGAHINGA (et de son fils NYILINGANGo) = Ibitare by’i Nyarubuye (H. A. B. 195),

b)Après cet événement, aucune. (L’Armée-bovine passa alors à la résidence de MIBAMBWE IV RUTARINDWA, à Kigali.

  1. Abamara-gishyika = Ceux qui causent le contente-ment.  372. L’Armée-Sociale Abamara-gishyika fut crée par KIGELI IV RWARUGILI, en faveur de son fils BALYINYONZA. Le noyau en fut formé par une section de la Milice Abakemba que le monarque donna initialement à GATEMELI, fils de KAGENZA(cfr. no 1741. Lorsque ce fonctionnaire tomba en disgrâce et fut livré au bourreau, son fief fut donné au prince BALYINYONZA. Pour écarter tout s3ouvenir de cette origine Abakemba, en raison de l’interdiction énoncée par YUHI IV, la nouvelle Milice en formation fut appelée Abamara-gishyika.

La Compagnie initiale prit la première fois part à l’expédition contre le Nkole, en 1895 et elle se distingua à la bataille de Shongi près Butaka, à laquelle les Rwandais remportèrent une victoire éclatante contre tes Banyankole armés de fusils arabes. Cette victoire trompeuse causera la catastrophe de Shangi (n°356) car nos guerriers pensaient qu’il s’agissait des mêmes armes.

 

373.Le prince BALYINYONZA avait pris parti pour YUHI V MUSINGA, contre son propre frère MIBAMBWE IV RUTARINDWA. Les Partis dont il a été question, celui de Kabare et de Ruhinankiko (n°298), se formèrent à la condamnation du prince, grand ami de RUHINANKIKO. Celui-ci avait en vain lutté pour le sauver, car BALYINYONZA, après la mort de MIBAMBWE IV, avait été considéré par ses partenaires de la veille comme un élément non sûr. On lui prêtait les intentions de vengeance dès que le nouveau monarque serait en âge de gouverner lui-même le pays. Il le pousserait à exterminer les meurtriers de RUTARINDWA, car, après tout, YUHI V était son frère. Lorsque donc le prince BALIYINYONZA fut livré au bourreau, son commandement passa à BANDORA, fils de RUBULIKA (cfr n°362), qui légua la fonction à son fils SEBIGABIRO, mort en 1951. Son fils MURENGERANTOZO lui succéda. Prestations : aucune, la Milice était encore au stade de service guerrier permanent. Armée-Bovine correspondante : Imisugi III y’i Rubona (H. A. B. no 206, p. 114).

 

  1. Abarinda = Ceux qui résistent au choc.

374.L’Armée-Sociale A barinda fut crée sous KIGELI IV par son frère le prince RWABIRINDA. L’appellation de la Milice comporte certes la signification de Ceux qui résistent au choc de l’ennemi; mais il semble qu’elle répondait initialement au nom de son formateur, comportant la même racine rinda. On constate en effet que le procédé fut à la mode durant la même époque, si on songe aux Abasharangabo et Abashozamihigo cités plus haut. Le prince RWABIRINDA forma le noyau de la Milice avant sa promotion comme Chef des Impara (cfr. n° 126). Devenu Chef, il eut les moyens de la renforcer et de l’amplifier. Elle participa à diverses expéditions sur la rive occidentale du lac Kivu, et les Bardes lui consacrent maints récits. Lorsque RWABIRINDA fut destitué sous YUHI V MUSINGA, le commandement passa à RWIDEGEMBYA, fils de CvYIGENZA. A partir de ce Chef, la succession s’opéra comme il a été indiqué à propos des Impara (n° 126). Prestations : aucune ; la Milice était encore au stade de service actif permanent. Armée-Bovine correspondante : aucune ; on n’eut pas le temps d’en mettre une sur pied.

 

  1. Abakera-mihigo = les Radieux à l’annonce des hauts faits. 375.  L’Armée-Sociale Abakera-mihigo = Ceux qui sont radieux quand on annonce une séance de hauts faits, fut créée par le Chef RWANGAMPURWE, fils de NKANGURA, Sous KIGELI IV RWABUGILI. Ce fut une Milice certes reconnue comme telle, mais son importance resta en dessous de la moyenne. RWANGAMPUHWE légua sa fonction à son fils KABANDA, auquel succéda KAREKEZI, encore en vie.

Prestations : aucune. Armée-Bovine correspondante : Ingabe (H. A. B. no 204, p. 113).

 

SOUS YURI V MUSINGA.

 

  1. Indenga-baganizi = les Dépasseurs des hésitants.  376. La Milice Indenga-baganizi sera la seule que nous citerons du XXème siècle; ce fut la dernière à être formée sous Yuhi V Musinga et le nouvel ordre politico-social ne lui permit pas de se développer suivant le type traditionnel. Seules les deux premières Compagnies, Indenga-baganizi et Iziruguru-= les Palatins (lift. Ceux du haut lieu, c.à.d. la Cour) prirent part aux expéditions punitives dirigées contre Ndungutse et Basebya, de 1909 à 1912. Les suivantes, à savoir les Inshogoza-bahizi= les Démoralisateurs des rivaux et Intanga-muganzanyo= Infligeurs de défaites ne prirent jamais part aux combats ; ils furent les premiers à fréquenter l’École officielle établie àNyanza. Notons que chacune de ces quatre Compagnies officiellement reconnues en comportait une autre de réserve, destinée à fusionner avec elle, lorsqu’arriverait le temps des combats qui — on s’en rendit rapidement compte — se ferait longtemps attendre. Pour les Indengabaganizi : Urushashi =Jeunesse bouillonnante

Pour les Iziruguru     : Imparabanyi=  les Vivacités

Pour les Incogozabahizi  : Imirimba =les Sveltes

Pour les Intanga-muganzanyo: Ibihame =les Prestigieux.

Le Chef de la Milice en formation était RUHARARAMANZI,.fisde SHUMBUSHO. Il légua sa fonction à son fils SENDASHONGA. Mais la Milice fut tronquée la première par les idées nouvelles ; les jeunes gens entrés à l’École, en effet, s’émancipèrent très rapidement, et donnèrent le ton à tout le pays, puisqu’ils étaient éduqués à la Cour.

 

  1. Les Indenga-baganizi, à vrai dire, ne parvinrent pas au stade où on pourrait les qualifier de Milice traditionnelle du Rwanda. Ce fut une esquisse de Milice, ou bien une Milice du système pratiqué dans les pays environnants, au Burundi par exemple, où la Compagnie se formait et disparaissait avec la génération de ses membres, sans laisser de traces parmi les vivants. Les Milices antérieures subirent évidemment le même sort, mais elles avaient eu le temps de se développer normalement et d’avoir une histoire. Ainsi s’achèvent les diverses recensions que nous avons essayé d’établir sur les organismes guerriers du vieux Rwanda. Ces éléments de notre tradition, recueillis patiemment à longueur d’années, peuvent ne pas intéresser la génération actuelle de notre pays. Nous sommes cependant convaincu que les générations à venir pourront se féliciter de retrouver ces bribes de notre – de leur- passé, présentées dans un certain ordre, que tel ou tel aurait peut-être souhaité lire disposées différemment.

Astrida, le 15 mai 1962.