Comme le culte de Lyangombe, le kubandwa, est souvent très intimement lié à celui que l’on rend aux bazimu, le guterekera, il faut nécessairement en parler. Les adeptes de ce culte sont très nombreux au Rwanda; on compte parmi eux des Batutsi, des Bahutu et même des Batwa. Lyangombe et ses Imandwa (Certains Imandwa ne sont honorés que par les Bahutu parce que d’origine muhutu c.-à-d., bantu. Le culte qu’ils leur rendent et qui primitivement n’était pas autre chose que le guterehera abazimu est donc antérieur au kubandwa qu’ont importé les Hamites), personnages qui partagent avec lui les honneurs de ce culte, sont regardés comme des créatures privilégiés d’Imana : Bagize Imana », dit-on, pour dire qu’ils ont été favorisés par lui d’une façon toute particulière. Imana a fait de Lyangombe le roi non seulement des Imandwa mais aussi de tous les bazimu (Lyangombe n’umwami w’Imandwa n’uw’ abazimu bose) ; son pouvoir sur les vivants et les morts est considérable, comme d’ailleurs aussi celui des Imandwa (En principe Imana est et reste le Maître absolu ; seul il est tout-puissant, mais pratiquement Lyangombe et ses Imandwa semblent pouvoir faire tout ce qui leur plaît. Il en est d’ailleurs un peu ainsi également des bazimu). On comprend dès lors pourquoi les Banyarwanda les honorent et comptent sur eux pour les défendre contre les attaques incessantes des bazimu. D’autant plus qu’il en est avec eux comme avec les bazimu, malheur aux indifférents qui les oublient ou les négligent !

Mais d’autre part les bazimu aussi ont recours aux Imandwa pour frapper les humains. Il n’est pas rare non plus que ces derniers soient persécutés par un muzimu pour avoir délaissé un Imandwa que ce muzimu, de son vivant, entourait de prévenances. « C’est tel ancêtre qui te poursuit par l’intermédiaire de tel Imandwa (Kanaka ateze Imandwa), dira le devin à son client, parce qu’il est irrité que tu ne t’occupes plus de son Imandwa favori. Adresse-lui quelques invocations, offre-lui un peu de bière, sacrifie-lui un bovin, il sera content et te laissera tranquille ». Ces offrandes seront accompagnées évidemment de pratiques propres au culte que l’on rend aux Imandwa, le kubandwa. C’est ce que l’on appelle plus spécialement le kubandirwa umuzimu: faire le kubandwa en lieu et place d’un muzimu.
Un muzimu peut également demander à un membre de sa famille de se faire initier et même confirmer dans la secte de Lyangombe. Les Imandwa peuvent manifester pareil désir. Ainsi, à celui qui est venu le consulter, le devin déclarera sans ambage: « Ce sont les Imandwa en personne (ou tel Imandwa) qui s’acharnent sur toi et les tiens. Il n’y a qu’un remède, tu n’as plus le choix, il faut te faire initier au plus tôt ».

1. Les origines du culte de Lyangombe, le kubandwa.

La plupart des Imandwa ne serait en réalité que des bazimu honorés par certains rois hamites du clan des Bacwezi qui s’étaient imposés au pays de Kitara au delà du Nkole dans le Bunyoro. Refoulés dans la suite par les Babito qui de nos jours encore règnent au Bunyoro, les Bacwezi passèrent, vers le XVe siècle, au Kiziba, Karagwe, Ihangiro, Ujinja et à l’Urundi, fondant partout des royaumes. Ils importèrent le culte de leurs ancêtres qu’ils célébraient dans des cérémonies appelées kubandwa. D’abord familial, ce culte se propagea parmi les habitants de toutes les régions qui tombaient sous leur domination devenant ainsi un culte régional (Il en est un peu de même au Rwanda pour le culte de Nyabingi, originaire du Ndorwa).
Ainsi, Kagoro que les Banyarwanda considèrent comme un demi-frère de Lyangombe est honoré comme un dieu-tonnerre au Bunyoro et au Buganda ; Mugasa, gendre de Lyangombe, est tenu pour un dieu-neptune au nord du lac Victoria ; et Ruhanga, fils de Lyangombe, est l’Etre Suprême chez les Banyankole et les Banyoro.
Quant à Lyangombe lui-même, que les Banyarwanda ont fait le roi des Imandwa, il n’occupe au Buganda et au Buhaya qu’un second rang, le premier étant dévolue à Wamara. A l’Urundi, c’est Kiranga qui tient la première place.
En outre, aux Imandwa propres au clan des Bacwezi, d’autres d’origine locale leurs furent adjoints comme c’est le cas certainement au Rwanda pour Mashyira, le célèbre roitelet-magicien de race Muhutu qui habitait le Nduga (Autrefois les petits roitelets Bahutu, ou chefs de clan, que l’on désignait sous le vocable de Bahinza étaient des rois agriculteurs ; ils avaient le don particulier de promouvoir la prospérité des cultures ; leurs anathèmes et conjurations avaient la vertu d’écarter des champs les oiseaux pillards, les larves et chenilles. On recourait à eux pour faire tomber la pluie en temps de sécheresse et l’arrêter en cas de déluge.) sous le règne de Mibambge I Mutabazi, fils de Kigeri I Mukobanya.

L’Imandwa Mutwa, supposé être l’ancêtre des Batwa, ne représenterait en réalité que la race des pygmées ; tandis que Muhima serait le héros éponyme des Hamites et Munyoro personnifierait le cultivateur du Bunyoro, c’est-à-dire le Muhutu.
Il en est de même de certains Imandwa qui, tenus pour des personnes humaines, seraient en fait des animaux ; ainsi, Rumana serait la vache type ; Ntare, le lion (intare) et Gisiga, le vautour ( igisiga). Celui qui joue le rôle de Rumana se met en effet à quatre pattes, beugle, etc. ; le dévôt de Ntare marche sur les pieds et les mains et rugit ; Gisiga pousse des cris de vautour.
Enfin, on peut se demander si certaines pratiques du kubandwa n’ont pas été empruntées à celles dont les Bahutu faisaient sans doute usage en certaines circonstances bien avant l’arrivée des Hamites dans le pays, comme par exemple l’emploi de l’umwishywa et de l’eau lustrale.

2. Origine de Lyangombe.
Lyangombe, roitelet aborigène, aurait vécu au Rwanda dans la seconde moitié du XVe siècle à l’époque ou Ruganzu II Ndori de la famille des Abanyaginya s’efforçait de soumettre à sa domination les régions qui entourent le lac Muhazi. Il serait un descendant des Bacwezi venus du Kitara.
Selon la légende, passionné pour la chasse, il fut tué par un buffle. Il expira au pied d’un Erythrina-corail (umuko) ; depuis lors, c’est toujours sous un umuko que se célèbrent les rites de l’initiation à son culte. Sur le point de mourir, il envoya un message à sa mère pour lui dire qu’elle le retrouverait dans la région des volcans sur le Muhabura. C’est là qu’il coule des jours heureux agrémentés par la bière, le tabac, les danses, les chants et la chasse en compagnie de ses parents, de ses épouses, de ses enfants, de ses amis et de ses domestiques des deux sexes (Lyangombe et ses Imandwa ne sont donc en réalité que des bazimu, mais de qualité et de dignité supérieures).
A son message il avait joint ce testament : « Que tous, Abatutsi, Abahutu et Abatwa, enfants, adultes et vieillards veuillent bien m’honorer ».
Heureux ceux qui répondent à cette invitation car, après avoir obtenu en cette vie sa protection et son

V. LE CULTE DE LYANGOMBE.
Comme le culte de Lyangombe, le kubandwa, est souvent très intimement lié à celui que l’on rend aux bazimu, le guterekera, il faut nécessairement en parler. Les adeptes de ce culte sont très nombreux au Rwanda; on compte parmi eux des Batutsi, des Bahutu et même des Batwa. Lyangombe et ses Imandwa (Certains Imandwa ne sont honorés que par les Bahutu parce que d’origine muhutu c.-à-d., bantu. Le culte qu’ils leur rendent et qui primitivement n’était pas autre chose que le guterehera abazimu est donc antérieur au kubandwa qu’ont importé les Hamites), personnages qui partagent avec lui les honneurs de ce culte, sont regardés comme des créatures privilégiés d’Imana : Bagize Imana », dit-on, pour dire qu’ils ont été favorisés par lui d’une façon toute particulière. Imana a fait de Lyangombe le roi non seulement des Imandwa mais aussi de tous les bazimu (Lyangombe n’umwami w’Imandwa n’uw’ abazimu bose) ; son pouvoir sur les vivants et les morts est considérable, comme d’ailleurs aussi celui des Imandwa (En principe Imana est et reste le Maître absolu ; seul il est tout-puissant, mais pratiquement Lyangombe et ses Imandwa semblent pouvoir faire tout ce qui leur plaît. Il en est d’ailleurs un peu ainsi également des bazimu). On comprend dès lors pourquoi les Banyarwanda les honorent et comptent sur eux pour les défendre contre les attaques incessantes des bazimu. D’autant plus qu’il en est avec eux comme avec les bazimu, malheur aux indifférents qui les oublient ou les négligent !

Mais d’autre part les bazimu aussi ont recours aux Imandwa pour frapper les humains. Il n’est pas rare non plus que ces derniers soient persécutés par un muzimu pour avoir délaissé un Imandwa que ce muzimu, de son vivant, entourait de prévenances. « C’est tel ancêtre qui te poursuit par l’intermédiaire de tel Imandwa (Kanaka ateze Imandwa), dira le devin à son client, parce qu’il est irrité que tu ne t’occupes plus de son Imandwa favori. Adresse-lui quelques invocations, offre-lui un peu de bière, sacrifie-lui un bovin, il sera content et te laissera tranquille ». Ces offrandes seront accompagnées évidemment de pratiques propres au culte que l’on rend aux Imandwa, le kubandwa. C’est ce que l’on appelle plus spécialement le kubandirwa umuzimu: faire le kubandwa en lieu et place d’un muzimu.
Un muzimu peut également demander à un membre de sa famille de se faire initier et même confirmer dans la secte de Lyangombe. Les Imandwa peuvent manifester pareil désir. Ainsi, à celui qui est venu le consulter, le devin déclarera sans ambage: « Ce sont les Imandwa en personne (ou tel Imandwa) qui s’acharnent sur toi et les tiens. Il n’y a qu’un remède, tu n’as plus le choix, il faut te faire initier au plus tôt ».

1. Les origines du culte de Lyangombe, le kubandwa.

La plupart des Imandwa ne serait en réalité que des bazimu honorés par certains rois hamites du clan des Bacwezi qui s’étaient imposés au pays de Kitara au delà du Nkole dans le Bunyoro. Refoulés dans la suite par les Babito qui de nos jours encore règnent au Bunyoro, les Bacwezi passèrent, vers le XVe siècle, au Kiziba, Karagwe, Ihangiro, Ujinja et à l’Urundi, fondant partout des royaumes. Ils importèrent le culte de leurs ancêtres qu’ils célébraient dans des cérémonies appelées kubandwa. D’abord familial, ce culte se propagea parmi les habitants de toutes les régions qui tombaient sous leur domination devenant ainsi un culte régional (Il en est un peu de même au Rwanda pour le culte de Nyabingi, originaire du Ndorwa).
Ainsi, Kagoro que les Banyarwanda considèrent comme un demi-frère de Lyangombe est honoré comme un dieu-tonnerre au Bunyoro et au Buganda ; Mugasa, gendre de Lyangombe, est tenu pour un dieu-neptune au nord du lac Victoria ; et Ruhanga, fils de Lyangombe, est l’Etre Suprême chez les Banyankole et les Banyoro.
Quant à Lyangombe lui-même, que les Banyarwanda ont fait le roi des Imandwa, il n’occupe au Buganda et au Buhaya qu’un second rang, le premier étant dévolue à Wamara. A l’Urundi, c’est Kiranga qui tient la première place.
En outre, aux Imandwa propres au clan des Bacwezi, d’autres d’origine locale leurs furent adjoints comme c’est le cas certainement au Rwanda pour Mashyira, le célèbre roitelet-magicien de race Muhutu qui habitait le Nduga (Autrefois les petits roitelets Bahutu, ou chefs de clan, que l’on désignait sous le vocable de Bahinza étaient des rois agriculteurs ; ils avaient le don particulier de promouvoir la prospérité des cultures ; leurs anathèmes et conjurations avaient la vertu d’écarter des champs les oiseaux pillards, les larves et chenilles. On recourait à eux pour faire tomber la pluie en temps de sécheresse et l’arrêter en cas de déluge.) sous le règne de Mibambge I Mutabazi, fils de Kigeri I Mukobanya.

L’Imandwa Mutwa, supposé être l’ancêtre des Batwa, ne représenterait en réalité que la race des pygmées ; tandis que Muhima serait le héros éponyme des Hamites et Munyoro personnifierait le cultivateur du Bunyoro, c’est-à-dire le Muhutu.
Il en est de même de certains Imandwa qui, tenus pour des personnes humaines, seraient en fait des animaux ; ainsi, Rumana serait la vache type ; Ntare, le lion (intare) et Gisiga, le vautour ( igisiga). Celui qui joue le rôle de Rumana se met en effet à quatre pattes, beugle, etc. ; le dévôt de Ntare marche sur les pieds et les mains et rugit ; Gisiga pousse des cris de vautour.
Enfin, on peut se demander si certaines pratiques du kubandwa n’ont pas été empruntées à celles dont les Bahutu faisaient sans doute usage en certaines circonstances bien avant l’arrivée des Hamites dans le pays, comme par exemple l’emploi de l’umwishywa et de l’eau lustrale.

2. Origine de Lyangombe.
Lyangombe, roitelet aborigène, aurait vécu au Rwanda dans la seconde moitié du XVe siècle à l’époque ou Ruganzu II Ndori de la famille des Abanyaginya s’efforçait de soumettre à sa domination les régions qui entourent le lac Muhazi. Il serait un descendant des Bacwezi venus du Kitara.
Selon la légende, passionné pour la chasse, il fut tué par un buffle. Il expira au pied d’un Erythrina-corail (umuko) ; depuis lors, c’est toujours sous un umuko que se célèbrent les rites de l’initiation à son culte. Sur le point de mourir, il envoya un message à sa mère pour lui dire qu’elle le retrouverait dans la région des volcans sur le Muhabura. C’est là qu’il coule des jours heureux agrémentés par la bière, le tabac, les danses, les chants et la chasse en compagnie de ses parents, de ses épouses, de ses enfants, de ses amis et de ses domestiques des deux sexes (Lyangombe et ses Imandwa ne sont donc en réalité que des bazimu, mais de qualité et de dignité supérieures).
A son message il avait joint ce testament : « Que tous, Abatutsi, Abahutu et Abatwa, enfants, adultes et vieillards veuillent bien m’honorer ».
Heureux ceux qui répondent à cette invitation car, après avoir obtenu en cette vie sa protection et son secours, ils seront admis dans l’autre à partager son bonheur sur les volcans Muhabura et Karisimbi. Malheur à ceux qui la dédaignent car ils seront relégués dans les feux du Nyiragongo, volcan toujours en activité.

Au Rwanda plusieurs régions revendiquent le lieu de la naissance et de la mort de Lyangombe ; le Bugoyi au nord-ouest, le Ndorwa au nord et le Bwanamukari au sud.

3. Listes des principaux Imandwa connus et honorés au Rwanda.
Lyangombe, roi des Imandwa et des bazimu.
Son grand père : Nyundo
Son père : Babinga
Sa mère : Nyiralyangombe
Ses épouses : Nyirakajumba, mère de Binego Gacubya, mère de Nyabirungu Kalyango, mère de Bukiranzuki
Ses fils : Binego-Ruhanga
Ses filles : Bukiranzuki-Nyabirungu (Cette dernière était peut-être sa soeur)
Un demi-frère : Kagoro
Une demi-sœur : Nyakiriro (d’autres la classent parmi ses fils).
Son gendre : Mugasa
Un serviteu :r Kalyango
Ses servante :s Muzana-Konjo
Son vacher : Serwakira
Ses magiciens : Gacamuwe-Ruhambo-Ruhoha-Mashyira (ce dernier est certainement un Munyarwanda).
Ses compagnons de jeu et de chasse : Mpumutumucuni-Ntare-Mutwa.
Lyangombe, grand chasseur comme le sont encore actuellement quelques princes Batutsi, avait un certain nombre de chiens dont on a conservé quelques noms, comme :
Nyakayaga : Celui qui est rapide comme le vent.
Nyakayonga : Celui aux longs poils.

Dans les cérémonies du kubandwa, chacun des participants joue le rôle de l’un ou l’autre de ces personnages. Il en porte les vêtements et les insignes distinctifs, imite ses gestes, ses paroles, son cri particulier et reçoit des offrandes appropriées. Voici quelques précisions sur le personnage de Lyangombe et une douzaine de ses Imandwa.
1. Lyangombe
—Se revêt d’une peau de brebis et d’une peau de serval, suspendues aux épaules et croisées sur la poitrine.
—Au moyen d’une lanière qui passe autour de la tête, il porte sur le front une queue de lièvre (urukwavu) appelée ishyira.
—Il tient dans les mains une épée (inkota) et une spatule en bois (umwuko) dont on se sert habituellement pour remuer la pâte dans la marmite.
—Il se ceint les reins d’un umukane, bande de peau de bovin ou d’antilope ornée de longues franges de cuir.
—Il se fixe à une cheville au moyen d’un lien quelconque, parfois un anneau d’herbes tressées, un indibu, ou fruit du bananier sauvage, enveloppé d’une écorce de bananier (ikirere). A cet ornement on donne le nom d’inkweto qui dans le langage courant signifie sandale.
—Il est seul à s’asseoir sur un siège (intebe), symbole de sa dignité et de son autorité, et tous les assistants viennent se prosterner devant lui en se frappant trois fois dans les mains, comme on le fait pour le roi du Rwanda et sa mère.
—Son cri particulier est une espèce de mugissement hou-hou-hou…
2. Binego (son fils).
—Tient dans la main une lance (icumu), un bâton (inkoni) et une pipe (inkono y itabi) appelée urwika en termes d’initiés.
—On lui présente de la bière de banane dans une calebasse (igicuma) surnommée runywero (kunywera signifie boire à ou pour ; kunywera: boire).
—Son cri, ababa, ababa, ababa, prononcé d’une voix virile, rappelle que Binego était fort et courageux. Il est d’ailleurs surnommé le libérateur parce qu’il sauva son père, Lyangombe, de la ruine et du déshonneur.

2. Mugasa (son gendre).
—Se ceint le front du mukako, une couronne d’herbes tressées à laquelle sont suspendues des sections de roseaux longs de quelque 15 cm au moyen de cordelettes végétales au bout desquelles sont attachés des indibu, fruits du bananier sauvage.
—Il tient en main une lance qui n’est en réalité qu’un vulgaire bâton orné de 2 ou 3 inzebe (ou injyebe), fruits de la grosseur d’une mandarine provenant d’un arbuste qui a nom umunyege et qui, séchés, durcissent.
— Il tient également dans la main une branche fourchue surmontée de 2 ou 3 de ces fruits.
—Il porte sur les épaules 2 peaux de moutons qui se croisent sur la poitrine.
—On lui présente un morceau de pain de sorgho (umutsima) sur une spatule en bois, avec un peu de viande de chèvre, du lait et des haricots déposés dans une écuelle (imbehe).
—Son cri est : Yee-yee-yee-yee…

4. Nyabirungu (sa fille).
—Agite un grelot en chantonnant doucement.
—Son cri est : Hi-hi-hi…
5. Mashyira (un de ses magiciens).
—Tient dans les mains :
—Une lance portant un fer à chaque extrémité ; surnommée igihosho. On ne s’en sert pas en dehors du kubandwa.
—Le rubito, lame plate en fer.
—Des tiges de fer appelées mbali.
—Il porte autour du bras, au-dessus du coude, un anneau d’ivoire (urugoro).
—On lui présente de la bière de miel (ubuki) dans une cruche à deux goulots (akabindi k’iminwa ibiri : petite cruche à deux bouches).
—Son cri est : Shi-shi-shi…
6. Muzana (une servante).
—Est représentée à côté d’une vache qui n’a jamais perdu de veaux (inka y’isugi).
—Elle tient dans la main une motte de beurre (isimbo y’amavuta) et une grande calebasse à baratter (igisabo).
—Elle se met à faire le beurre en secouant l’igisabo et boit ensuite le petit lait.
—On lui présente de la lie de sorgho qu’elle boit également.
7. Nkonjo (une autre servante).
—Elle se ceint le front du mukako comme Mugasa.
—On lui offre un balai (imyeyo), symbole de sa condition de servante, ainsi que de la bière, des patates douces crues et des petits pois ; il est à remarquer qu’il n’est pas permis d’offrir des patates douces et des petits pois aux autres Imandwa.
— A dessein on lui parle avec hauteur.
8. Nyakiriro (sa demi-soeur).
—Est revêtue d’une étoffe d’écorce de ficus (umuko) appelée impuzu.
—On lui offre de la bière de bananes — un rubito — un igihosho et un anneau en ivoire (urugoro).
—Son cri est : hu-hu-hu…
9. Mutwa (un compagnon de chasse).
—Personnifiant les pygmées (abatwa) il se montre très glouton.
—On lui présente des haricots, du pain de sorgho, de la viande, du lait et aussi de la bière dans une calebasse qu’on agite violemment ; bref, un peu de tout.
10. Kagoro (son demi-frère).
—Comme il était chasseur il se présente ayant à ses côtés un chien.
—Il a la tête et les épaules recouvertes d’un impuzu, étoffe faite d’écorce de ficus.
—Il porte au cou un collier composé de mille-pattes (chilopodes) desséchés.
—Il tient dans la main une demi-calebasse évidée (uruho), dont on se sert habituellement pour boire de l’eau ou de la soupe de sorgho, et une baguette (umutozo) que l’on emploie pour battre le lait et qui est tirée d’un arbuste qui porte ce nom d’umutozo. Il faut savoir que les Banyarwanda ne boivent jamais le lait frais ; il est toujours battu.
11. Ruhanga (son fils) .
—Tient dans la main un pot à lait (inkongoro) rempli de bière.
—Il personnifie l’amour filial parce qu’il aurait secouru sa mère abandonnée par son mari, Lyangombe.
12. Bukiranzuki (sa fille).
—Les femmes qui veulent l’honorer se ceignent le front d’une queue d’igiharangu, un petit quadrupède qui ressemble un peu au renard ; on donne à cette queue le surnom d’isunzu, qui signifie houppe de cheveux.
13. Serwakira (son vacher).
Il se revêt d’une peau de vache (inkanda) et tient sous le bras un pot à lait appelé icyansi dont on se sert pour traire les vaches (L’inkongoro dont nous avons parlé plus haut sert à boire le lait ; il est ordinairement plus petit et son goulot est moins ouvert).
—Il porte sur le dos, suspendu au cou au moyen d’un lien, un uruhago ou petit sac tressé en cordelettes dans lequel les Banyarwanda ont l’habitude d’enfermer leur pipe et quelques feuilles de tabac.
—Avant de se mettre à traire une vache ou deux, il les asperge avec de l’eau lustrale (terre blanche, ingwa, délayée dans de l’eau), en se servant d’un faisceau composé de branches et de plantes à propriétés magiques.
Dans les cérémonies du kubandwa, tous ceux qui figurent les Imandwa s’ornent la tête de la tige d’une plante sacré, l’umwishywa, une Momordicus, dont les Banyarwanda font usage en maintes circonstances, par exemple : le jour de liesse qui clôt le deuil ; lors de la remise de l’amulette dans certaines cérémonies de divination ; à l’occasion de diverses cérémonies agraires. C’est aussi avec une tige d’umwishywa que le fiancé couronne sa fiancée, au cours des cérémonies nuptiales.
Quant aux assistants qui ne jouent qu’un rôle secondaire, on dit qu’ils portent sur la tête une queue d’igiharangu dont nous avons déjà fait mention et qu’ils agitent en guise de clochette un ikinyuguri composé d’une calebasse munie d’un manche en bois et dans laquelle on a introduit des grains d’uburengo (arbuste) ; parfois un injyebe.

Il est à noter qu’il est permis aux hommes de jouer des rôles d’Imandwa de sexe féminin. (Comme Nkonjo, Muzana et Nyabirungu) et aux femmes de figurer des Imandwa masculins. Il arrive assez souvent qu’une femme figure Lyangombe.