1. le Général Mobutu Sese Seko, Citoyen d’Honneur de la Ville de Butare

 

  1. «Après la visite du Chef de l’Etat zaïrois à l’Université Nationale du Rwanda et à l’institut National de Recherche Scientifique, des manifestations populaires de grande envergure avaient été organisées au stade de Butare en l’honneur du Président Mobutu et de sa suite. Malheureusement elles ont été quelque peu perturbées et écourtées par une pluie indésirable.

Elles comprenaient notamment un grand défilé des différentes écoles de la ville, des différents mouvements, coopératifs des agriculteurs (portant de jolis spécimens de leur récolte) ainsi que des artisans (déployant fièrement divers objets d’art de leurs propres mains).

C’est au cours de toutes ces réjouissances et après son discours de bienvenue que le préfet de Butare, M. Esdras Mpamo, a proclamé le Président Mobutu Sese Seko CITOYEN D’HONNEUR DE BUTARE. En guise de cadeau, il lui a remis une collection de lances et divers objets d’art, le tout fabriqué par des artisans de la Préfecture de Butare.

Excellence Monsieur le Président de la République du Zaïre,

Excellence Monsieur le Président de la République Rwandaise,

Excellence Monsieur le Président de la Cour Suprême,

Excellence Messieurs les Ministres, Honorables Députés,

Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi un grand honneur et un agréable devoir d’accueillir avec fierté parmi nous, Leurs Excellences les Présidents de la République du Zaïre, le Général de Corps d’armée Mobutu Sese Seko, et de la République Rwandaise, le Docteur Grégoire Kayibanda. Soyez donc le bienvenu parmi vos frères et soeurs en cette Préfecture de Butare ; que la population vous présente un signe de fraternité Rwandaise authentique : «Nibabahe amashyi ».

Excellence Monsieur le Président, votre visite en cette Préfecture montre à nouveau l’amitié et la volonté permanente de voir se raffermir et se développer davantage les relations amicales et fraternelles qu’entretiennent nos deux pays frères dont le voisinage et l’histoire commune ont créé de multiples affinités parmi leurs populations respectives. Tous les Zaïrois habitant et oeuvrant dans différents coins de cette Préfecture, n’ont jamais manqué la collaboration avec leurs frères rwandais pour la concrétisation des relations zairo-rwandaises. Un proverbe célèbre authentiquement rwandais dit que « la petite houe qui entretient l’amitié est le pied — « lfuni ibagara ubumwe ni ikirenge ».

La Préfecture de Butare qui a l’honneur de vous accueillir est située au Sud du Rwanda. Elle a une superficie de 1810 km², avec une population chiffrée à 600.000 âmes. Comme la Préfecture de Butare est l’une des plus peuplées du Rwanda, sa densité s’élève à 350 habitants au km2 (1). Au point de vue administratif, la Préfecture de Butare est divisée en 19 communes, dirigées par les Bourgmestres assistés des conseillers communaux élus pour un mandat de 4 ans L’administration préfectorale est assurée par le Préfet assisté de 2 sous-préfets de Préfecture. La Préfecture est aussi dotée de cadres des services publics et techniques dirigés par des Chefs de services. Ces cadres ont été mis à la disposition de la Préfecture pour promouvoir les intérêts des masses populaires.

La ville de Butare, anciennement Astrida, a perdu son nom colonial dès l’Indépendance. Dès la Révolution démocratique de 1959, la ville s’est dépouillée des caractéristiques féodo-coloniales qui empêchaient les enfants du peuple d’entrer dans .les écoles réservées uniquement aux féodaux. Discriminations que nous regrettons aujourd’hui sous d’autres cieux.

La ville de Butare, 2ème ville du Rwanda, est maintenant une cité intellectuelle de paix, de concorde entre les ressortissants de toutes les nationalités.

Comme ville intellectuelle, elle comprend l’Université Nationale du Rwanda, fondée en 1963, l’Institut Pédagogique National, fondé en 1966 ; l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda, fondé en 1963 sous l’appellation coloniale INEAC ; l’Institut National de Recherche Scientifique et l’Institut des Sciences Sociales de Karubanda ; le célèbre Groupe Scolaire, ainsi que le Grand Séminaire de Nyakibanda qui ont formé un grand nombre de personnalités zaïroises, burundaises et rwandaises.

S’il fallait, et il le faut, apprécier dans tout le Rwanda, sur chaque colline, dans chaque famille, les bienfaits de la révolution sociale et démocratique du Rwanda opérée sous l’action salvatrice de notre Président le Docteur Grégoire Kayibanda, fondateur du Parti MDR Parmehutu, la ville de Butare compte parmi celles où les efforts de promotion intégrale de l’homme sont les plus visibles.

La paix, le progrès et la coopération entre les nations, notre principe de base politique, se trouvent exprimés dans cette ville où les étudiants rwandais, burundais, zaïrois, ougandais, européens, asiatiques et autres ; Professeurs Canadiens, Belges, Français, Anglais, Rwandais et les techniciens de tout genre et de toute nationalité vivent en concorde.

Pour ce qui regarde l’effort de la population de Butare en matière de développement économique et social, vous avez vu différents mouvements coopératifs des agriculteurs et des artisans défiler devant vous. Ils ont déployé leurs efforts pour le développement authentique de notre Préfecture, et cedans l’esprit du manifeste-programme de notre Parti National MDR Parmehutu.

Nous nous réjouissons, une fois de plus d’accueillir parmi les frères le plus haut représentant des zaïrois, S.E. le Général Mobutu Sese Seko, Président-Fondateur du MPR, l’homme infatigable et travailleur démocrate, ayant souci du relèvement du standing de vie des masses populaires de tous les zaïrois en particulier, et de tous les africains en général.

Excellence Monsieur le Président, après tous les malheurs qu’a connus votre pays dans ses premières années de l’Indépendance, vous avez su conduire le Zaïre à une étape de bonheur et de prospérité. Comme l’a souligné Son Excellence le Président GrégoireKayibanda, tout dans les relations zairo-rwandaises converge dans un même idéal, une même foi en l’avenir, la recherche d’une coopération et d’une fraternité désormais exemplaires, plus actives, plus fructueuses, constamment ouvertes dans tous les domaines.

La Préfecture de Butare qui vous reçoit aujourd’hui, reconnaît en votre Auguste Personne l’homme d’Etat, leader de pacification, de solidarité africaine et de défenseur de l’humanité en général, et de l’intérêt et civilisation bantu en particulier.

C’est pourquoi, Excellence Monsieur le Président, en vertu, de l’article 11 de la Constitution de la République Rwandaise, et avec l’accord du Président de la République Rwandaise, Son Excellence le Docteur Grégoire Kayibanda, j’ai l’insigne honneur de vous décerner le titre de Citoyen d’Honneur de la ville de Butare, qui devient désormais vôtre et dont vous recevez certificat de Citoyenneté.

Avec la forte volonté que les relations amicales et fraternelles entre les zaïrois et leurs frères rwandais se resserrent davantage, je vous souhaite, Excellence Monsieur le Président, à Vous et à votre suite, le meilleur et agréable séjour dans notre Préfecture de Butare et dans toute la République.

Vive la République du Zaïre et son Président le Général de Corps d’Armée Mobutu Sese Seko.

Vive la République Rwandaise et son Président le Docteur Grégoire Kayibanda.

Vive le Mouvement Populaire de la Révolution

Vive le Mouvement Démocratique Républicain Parmehutu

Vive l’amitié entre la République du Zaïre et la République Rwandaise.

 

Allocution du Général Mobutu au Stade de Butare

  1. « Avant de donner la parole au Président zaïrois pour saluer la population de Butare, le Président rwandais, Dr Grégoire Kayibanda, a brièvement adressé quelques mots de félicitation à la population de Butare pour l’effort réalisé en vue d’assurer une manifestation aussi belle, aussi importante que celle qui se déroulait devant les yeux des spectateurs. Il a également remercié les habitants de Butare pour les beaux cadeaux qu’ils venaient d’offrir à son ami le Général Mobutu; il s’est déclaré très heureux de compter désormaiscedernier parmi la population de Butare.

Ila continué en disant à la population que lorsqu’une personne les visite, elle leur adresse un petit mot pour leur dire un peu ce qu’elle pense, comment elle vient, pourquoi elle vient, quand elle part, etc. Il a enchaîne en précisant qu’il ne pouvait trouver autre chose que d’inviter le Cher Visiteur Général Mobutu à prendre la parole pour dire à la population ce qu’il pense. Le Président Kayibanda a terminé en soulignant que cela rencontrait ce que Mobutu appelle l’authenticité et que nous appelons culture africaine, culture rwandaise ». (Ibidem p. 8-9). Le Général à l’immense foule qui emplissait le stade :

« Excellence Monsieur le Président de la République etcher frère, Excellences Messieurs les Ministres, Monsieur le Préfet, Mesdames, Messieurs, Chères soeurs, chers frères,

D’ABORD et avant tout, je dois vous dire merci, au nom de mon peuple que vous honorez à travers ma personne, pour la qualité de l’accueil que me réserve aujourd’hui la ville de Butare.

C’est un accueil fraternel, sympathique, que nous admirons beaucoup. Nous admirons beaucoup cet accueil, pourquoi ? Parce que c’est un accueil à l’africaine, à la rwandaise, un accueil qui honore l’Afrique, un accueil authentiquement rwandais, un accueil dont seuls nos ancêtres avaient le secret et c’est ça l’authenticité.

Je me vois surtout obligé de me résumer et d’être bref, parce qu’hier, au stade de la Préfecture de Kigali, tout a été dit par mon frère ici présent et par moi-même au sujet des rapports entre la République Rwandaise et la République du Zaïre.

Tout a été dit, parce que les discours ne pourront dire comme cela se doit, ce qu’il y a de-fondamental, ce qu’il y a de vrai dans le relations entre les deux Républiques soeurs du Rwanda et du Zaïre.

Nous ne sommes pas des étrangers entre nous. Ce ne sont ni les Rwandais, ni les Zaïrois qui ont imposé la frontière qui nous sépare à l’heure qu’il est. C’est une frontière qui a été tracée de manière arbitraire. La preuve en est que le long de cette même frontière, il est difficile au commun des mortels de dire exactement où elle se trouve. Il m’est déjà arrivé, entre Goma et Rutshuru, de ne pouvoir me situer exactement pour savoir si j’étais chez moi au Zaïre ou si je me trouvais au Rwanda. Vous voyez que même les colonialistes n’étaient pas capables, malgré l’existence de cette frontière, de nous séparer.

Cela étant, il faut situer l’objet même de ma visite au Rwanda. Evidemment il a été dit qu’il s’agissait d’une visite officielle.

Quant à moi, je trouve qu’il s’agit d’une visite d’amitié, entre amis, entre frères : venir ici même au Rwanda, vous voir et me faire voir, vous entendre et me faire entendre, vous apporter le message de fraternité et d’amitié de toutes vos soeurs et de tous vos frères de la République du Zaïre groupés au sein du grand Mouvement National qu’est le Mouvement Populaire de la Révolution.

Vous avez comme devise « liberté, Coopération, Progrès ». Je crois que dans le cadre de cette devise, il y a effectivement coopération, dans l’amitié et dans l’indépendance, entre le Rwanda et le Zaïre.

Malgré les vicissitudes inhérentes à la nature humaine, — nous avons connu des difficultés dans le passé, on ne peut pas se le cacher, car même les enfants d’une même famille ont des difficultés, le mari et la femme se battent, on se tape sur la figure, mais on reste ensemble — ce qui s’est passé entre le Rwanda et le Zaïre depuis l’accession de nos deux pays à l’indépendance, ne pouvait en aucun cas nous diviser, au contraire.

C’est une leçon qui doit nous servir et elle a déjà beaucoup servi. Car, aujourd’hui, lorsque je me rends au Rwanda, lorsque je me trouve au Rwanda, lorsque je m’adresse à mes soeurs, à mes frères du Rwanda, je m’adresse aux citoyennes et aux citoyens de ce pays comme je le fais au Zaïre, parce que je ne suis pas à l’étranger lorsque je me trouve au Rwanda. Et le PrésidentKayibanda, chaque fois que l’occasion lui a été donnée de fouler le sol zaïrois, — et il est là pour le témoigner —, tout a été fait pour qu’il puisse se sentir chez lui au Zaïre.

Malgré l’émotion qui m’étreint au moment où je m’adresse à. vous, chères soeurs, chers frères, après la proclamation que vient de faire votre Préfet faisant de moi le Citoyen d’Honneur de la ville de Butare, je crois qu’il est de mon devoir de le remercier pour ce geste combien louable, combien fraternel, combien africain, qui va aller droit au cœur des citoyennes zaïroises  et des citoyens zaïrois.

Je crois, chères sœurs, chers frères, que ma présence ici signifie surtout une marque de sympathie, une marque d’encouragement pour mes frères et mes sœurs du Rwanda à continuer dans la voie de la Révolution, dans la voie du Progrès, dans la voie que vous vous êtes tracée depuis l’existence de votre République qui fait du Rwanda un des pays, je l’ai souligné hier au stade de la Préfecture de Kigali –, un des pays les plus stables d’Afrique.

Un des pays les plus stables, parce que le Rwanda, depuis son Indépendance, n’a eu qu’un seul Chef, qu’un seul Guide. Vous êtes tous dans un même Parti Révolutionnaire, un Parti qui veut le bien des masses, un Parti qui lutte pour le progrès de sa population, un Parti qui fait tout ce qu’il peut pour sortir le Rwanda du sous-développement, un Parti qui veut votre bonheur.

Monsieur le Président de la République Rwandaise,

Messieurs les-Ministres, Monsieur le Préfet, Chères sœurs, Chers frères : Je dois vous dire merci, la pluie va nous déranger, certains vont se faire mouiller après m’avoir écouté, après m’avoir vu.

Je crois que nous nous-mêmes compris. Encore une fois, merci de l’accueil, merci du geste, merci des cadeaux. Lorsque je dis geste, je pense au titre de Citoyen d’Honneur que vous m’avez attribué.