5° LE POÈME 123
La royauté est le privilège d’une seule lignée.
(Très larges extraits).

La Royauté est le privilège d’une seule Lignée,
O Race de Dieu !
Les illusionnés, privés de cette prérogative royale de naissance.
Cet Élu fortuné les a exterminés,
Et de leurs dépouilles le Karinga est orné.
Le mode dont Dieu prédestine les Rois
Est un mystère pour les autres, ô le Cent-fois-puissant,
Descendance de Nyabacuzi et de Mutabazi :
La prédestination dont Vous êtes l’objet est un secret pour l’étranger !
Le Dieu qui a multiplié les vaches
A commencé par créer les Rois ;
Après les avoir investis sous le signe des Tambours,
Il leur prodigua les bénédictions.
Un Roi qui a triomphé
Devient l’Époux d’une région (de plus),
O vous les Messagers des fiançailles de l’Apiculteur au Rweya, (Rweya : région comprise dans le Parc National de la AKagera, que gouvernait Kabeja, de la Dynastie des Bazigaba, à l’arrivée des Banyiginya en nos régions. Son fils Nyamigezi fut père de Nyirarukangagaque fiança Kazi ; de leur union naquit Gihanga, fondateur de la Dynastie).
Dont l’Épouse donna l’existence aux peuples que voici !
Le Roi épouse les régions par la momordique nuptiale ( « La Momordique-nuptiale » : la plante appelée « umwishywa » dont l’imposition sur la tête de la fiancée par son époux constitue l’essence du mariage en Droit Coutumier. Cette cérémonie consacre tellement les droits de l’époux sur sa fiancée, qu’une fois accomplie et aussi longtemps que le mariage n’est pas consommé, la femme ne pourrait avoir jamais des relations avec un autre homme. — La « réserve de cette momordique » signifie que le Roi doit voler aux conquêtes sans répit).
Dont il retient une réserve dans le palais invincible ;
Alors devant ses Ancêtres il proclame ses hauts faits :
Tien déclame plus de trois mille
Et sans trêve, par lui, le Tambour est orné de trophées.
Puisqu’à nouveau le Roi me donne audience au milieu de l’assemblée,
Qu’un souffle nouveau m’inspire !…
De cris de joie il couronne mon front,
Tandis que pour lui mon coeur déborde de tendresse !…
J’ai constaté combien savamment les desseins de Dieu
Déjouent les menées des traîtres !…
O toi, le Parfum de Dieu,
Les voilà les acclamations qui te sont dues :
Je t’en réserve toutes les fois que tu abats un ennemi!
Aux récompenses de bravoure tu es habitué :
On t’en prodigue constamment dans le palais…
Je n’entends plus nulle part parler de roitelets :
Ce Fléau des ennemis les a exterminés,
Et de leurs trophées les Tambours sont ornés.
Lorsqu’il pense aux princes indépendants,
Il ne peut se reposer ni avoir sommeil ;
Il ne peut passer une seule journée sans qu’il s’en empare
Et sans qu’il en fasse un massacre d’extermination.
Quand il subsiste d’eux un rejeton,
Il ne le laisse pas grandir au risque de se relever :
Il s’enquiert du lieu de sa cachette et y va le déraciner.
Le devin consulté par un Roi toujours victorieux,
Ne peut émettre d’inexactes prévisions :
L’Inéluctable que voici a fait le deuil des pays étrangers,
Auxquels il a imposé le veuvage dans leur totalité,
Les ayant privés de leurs Époux,
Dont les trophées ont été donnés aux Tambours pour ornementations.
Il les a tués jusqu’à l’extermination !
Il les a fauchés sans espoir de revivre !…
Il a fait serment devant le Karinga
Qu’il ne vivra pas côte à côte avec d’autres
Qui ont jamais porté le nom de Roi !…
Il flaire la piste des pays étrangers
Et il les plonge dans le chagrin !
Dès qu’il a réglé le sort de leurs maîtres,
Il les annexe à son Royaume à lui.
Pour cette raison les oracles l’ont désigné comme Taureau du troupeau :
Trop redoutable pour être attaqué, ses coups foudroient instantanément !…
Il porte au front l’emblème de sa distinction,
Et ses épaules sont ornées d’un insigne fascinateur
Qui contraint les pays étrangers à se constituer ses vassaux.
Il possède un autre insigne
Qui lui permet de découvrir où se cachent ses rivaux…
Dans quel lieu pourraient-ils le fuir désormais,
Qui ne soit déjà devenu sa conquête !…
Exalte tes triomphes et je te louerai sans restriction,
Protégé que je suis par cette Foudre
Qui lance une incomparable lumière
Brillant rapidement tel un éclair
Et découvrant ceux qui n’aiment pas le Roi,
Auquel elle dévoile les mauvais desseins cachés en leur sein !
Incendie-les, que nous en fassions la proie des flammes !
Je suis sous la protection de ce Tonnerre
Dont les feux bordent de telle sorte toutes les frontières,
Que les immigrés de l’étranger
Viennent en mendier chez lui.
Que tes triomphes abrègent les jours de tes adversaires,
Tandis que, par moi, leurs crimes seront publiés !
Je suis sous la garde de la Foudre
Qui gronde de telle sorte sur tous les points de l’horizon à la fois,
Qu’en ceux qui ont le coeur noyé de chagrin
Il déclanche d’impétueux torrents d’eau…
Celui qui pèche contre le Roi n’amoindrit que sa famille,
Et il n’enlève rien au Pays,
Puisque l’Annexeur conquiert continuellement d’autres régions
Qu’il ajoute à ses anciennes possessions.
Lorsqu’ils veulent provoquer leur trépas, (Lorsqu’ils veulent : c.-à-d. les méchants ou adversaires du Roi).
Ils ne songent plus au Dieu qui les fait supplicier.
Ils se révoltent, alors que, sans cesse, de leurs trophées le Tambour est orné!
Dieu razzie pour le Roi des conquêtes qui le rendent puissant
Et les ajoute aux précédentes possessions ;
Alors aux fidèles sujets prédestinés à la richesse,
Yuhi ajoute les vaches aux anciennement octroyées.
A ceux qui ne l’aiment pas il en donne également et ne s’y refuse pas !
Il continue à les enrichir de vaches et de commandements,
Jusqu’au jour où ils deviendront ivres de folie,
Laquelle se manifeste par la renommée d’experts en empoisonnements !
Ils deviennent ainsi ivres une seule fois, pas une deuxième :
Ils portent en eux un funeste destin d’un complet anéantissement,
Lequel, dès qu’est constaté le réveil de leur malignité,
S’évanouit tel un brouillard, en même temps qu’eux !