{:fr}BASE TERRITORIALE

 Le Rwanda (-aanda, : Le radical -aanda signifie aussi bien « pays » que « pays du Rwanda ») actuel, dont le nom administratif est Ruanda, constitue une unité territoriale de date récente : Par l’accord conclu en 1910 entre le deuxième Reich, la Grande-Bretagne et la Belgi-que, le Rwanda perdait une partie du Ndorwa-Mpororo, les districts sis au nord des volcans (Bufumbira, Bwishya et Jomba) et l’île Idjwi dans le lac Kivu; par la convention Orts-Milner de 1919, une large bande fut détachée du Rwanda oriental au profit clela Grande-Bretagne; le l’ janvier 1924, elle fut restituée au Rwanda); les conquêtes des anciens rois ainsi que les occupations allemande et belge ont contribué à sa formation. Le Rwanda de nos jours est limité à l’ouest par le lac Kivu et la Ruzizi, au sud principalement par les rivières Lua et Akanyaru, à l’est par la Kagera; la frontière septentrionale est moins bien définie par des limites physiques sauf dans sa partie occidentale où s’étend le massif des Virunga. Le territoire est compris entre les limites sud 1°04′ et 2°50′ et les longitudes est 28°50′ et 30°53′. Sa superficie est de 26.338 km².

D’une part, le Rwanda actuel n’englobe pas toutes les régions sur lesquelles l’autorité du gouvernement central s’est étendue dans le passé ou dans lesquelles le roi avait au moins quelques points d’appui, d’autre part, il comprend des régions où, jusque vers le début du XXe  siècle, l’autorité du roi était fort nominale. Cela était le cas particulièrement dans le nord-ouest et le nord.

MILIEU PHYSIQUE

Les formations géologiques du Rwanda ont été classées dans le système (ou groupe) de la Ruzizi, le plus ancien, qui comprend un ensemble de schistes cristallins variés, gneiss et micaschistes, et dans le système (ou groupe) de l’Urundi qui comprend des schistes foncés avec ou sans quartzites. Des laves volcaniques récentes recouvrent l’extrême nord-ouest du pays. Les plus récentes recherches ont permis de raccorder une grande partie du Rwanda au système du Karagwe-Nkore.

Le système orographique est caractérisé par la crête de partage des eaux du Congo et du Nil. Les sommets de cette crête qui s’étend dans une direction générale nord-sud à une distance de 25 à 40 km de la rive orientale du lac Kivu s’élèvent jusqu’à l’altitude de 3.000 m; la chaîne de montagnes se prolonge au nord par un massif volcanique; elle est le dernier refuge de la forêt primitive. Le relief du Rwanda, à l’est de cette crête, présente la forme d’un haut plateau qui dans son ensemble s’incline doucement vers l’est. De nombreuses rivières sillonnent le pays; elles coupent des vallées profondes et marécageuses dans le haut plateau et contournent des milliersde collines. La carte du Rwanda au 1/500.000e indique une trentaine de lacs; ils sont généralement fort petits et se trouvent presque tous dans la partie orientale du pays.

On peut répartir le Rwanda en trois aires, relativement homogènes au point de vue physique. Ce sont le Rwanda oriental dont l’altitude varie de 1.300 m à 1.700 m; le Rwanda central, haut plateau intérieur à l’altitude moyenne de 1.700 m environ, et le Rwanda occidental et septentrional qui comprend la crête de partage, les bords du lac Kivu, le massif volcanique, le haut plateau du Mulera et les montagnes du Rukiga. Ces trois aires ont des caractéristiques climatiques propres. A l’ouest et au nord, les pluies sont généralement plus abondantes qu’au centre et à l’est; la température est plus élevée dans les régions basses de l’est que sur les plateaux du Rwanda central ou dans les hautes montagnes de l’ouest et du nord où elle peut parfois descendre jusqu’au point de gelée.

Historiquement, les trois aires ont joué un rôle différent. C’est dans le Rwanda oriental, au Buganza, que se trouvait le berceau du royaume au milieu d’un nombre d’états longtemps irréductibles: le Ndorwa-Mpororo, le Mubari, le Gisaka et le Bugesera; les plateaux du centre ont constitué pendant des siècles le royaume rwanda proprement dit qui n’a pu résorber qu’assez tardivement la partie ouest et nord du pays.

OCCUPATION HUMAINE

 La population autochtone du Rwanda se compose de trois castes : les Twa, les Hutu et les Tuutsi. Le terme de caste définit un groupe héréditaire qui s’adonne à des occupations spécifiques, qui est endogame et qui s’insère dans un système hiérarchisé.

Les Twa constituent la caste inférieure. Ils sont méprisés par les autres habitants du Rwanda qui les considèrent comme étant plus apparentés aux singes qu’aux êtres humains. La distinction classique est celle entre les Twa chasseurs et collecteurs de fruits et de graines qui habitent les hautes montagnes de l’ouest et du nord « nain ») et les Twa potiers qui vivent au milieu des membres des autres castes. C’est parmi ces derniers que les grands Tuutsi recrutaient leurs chanteurs, danseurs et bouffons. On admet généralement que les Twa seraient parmi les premiers habitants du Rwanda.

Les Hutu forment la masse paysanne. On ne sait pas d’une manière certaine s’ils sont arrivés au Rwanda en même temps que les Twa ou après ceux-ci. De toute manière, ils doivent être considérés comme les défricheurs du pays. Dans le système de castes de l’ancien Rwanda, la presque totalité de la production économique leur incombait.

Les Tuutsi, pasteurs de grands troupeaux de bétail à longues cornes, sont les derniers venus au Rwanda. Ils y constituent la caste supérieure, pastorale et, dans le passé, guerrière aussi. Leur immigration est attestée par les traditions orales du Rwanda et des peuples voisins. Elle est un épisode de la grande migration pastorale vers le sud qui donna naissance à un nombre d’unités politiques spécifiques dans la région des grands lacs africains. Les Tuutsi, parents des Hima ou Hema, sont arrivés dans la région interlacustre vers le XIIIe siècle ou même avant. Diverses hypothèses quant à leur origine ont été émises, mais le problème n’est pas encore éclairci. Il est probable qu’ils habitaient auparavant soit dans la vallée du Nil entre le lac Albert et le Bahr el Gazal, soit à l’est de cette vallée vers la frontière actuelle de l’Ethiopie. Leur immigration au Rwanda a vraisemblablement revêtu d’abord le caractère d’une infiltration plutôt que d’une conquête.

Jusqu’il y a quelques années, les Tuutsi étaient communément désignés dans la littérature comme des « Hamites », mais ce terme est inopportun et en outre désuet.

Au cours du XIXe siècle, quelques lignages tuutsi du Rwanda occidental ont quitté leur pays pour des motifs politiques semble-t-il. Ils se sont établis dans les hauts plateaux de l’Itombwe situés dans la chaîne de montagnes qui borde à l’ouest le Graben africain.

CARACTERES PHYSIQUES DES TROIS CASTES

 L’anthropologie a démontré qu’il existe entre Twa, Hutu et Tuutsi des différences physiques qui postulent une origine différente pour les trois castes. Ces groupes sont doués d’une autonomie génétique relative qui est en voie d’atténuation. La barrière génétique a été de tout temps plus ou moins perméable. L’analyse anthropémétrique permet de retracer l’histoire raciale des groupes en question de la manière suivante. Une population dont le type s’est conservé dans les Moso (Burundi méridional actuel) vivait au Burundi au temps où les Hutu ne constituaient pas encore la masse de la population du Rwanda et du Burundi. Cette ancienne population s’est intégrée dans la masse hutu lors de l’arrivée ou de l’extension de celle-ci. Les Twa montrent des signes d’un métissage prononcé avec les Hutu. Le type physique des Hutu a été influencé par les Tuutsi; l’inverse est également vrai.

Les Twa pygmödes sont apparentés aux Mbuti. Les Tuutsi sont de race éthiopide. Trois composantes interviennent dans les caractéristiques physiques des Hutu actuels : une composante principale qui a des affinités avec les Négrilles, une composante éthiopide et une composante semblable à celle qui caractérise les Maso.

 DEMOGRAPHIE

Depuis l’année 1952, des enquêtes annuelles ont suivi la situation démographique du Rwanda. En 1956, la population totale fut estimée à 2.374.336 habitants dont 1.964.501 Hutu (82,74 p. c.), 393.931 Tuutsi (16,59 p. c.) et 15.904 Twa (0,67 p. c.). En 1957, on évaluait le nombre total des Rwanda à 2.452.737. Le taux brut de natalité pour 1957 était de 51,9 p.m., le taux brut de mortalité de 13,7 p. m. De 1952 à 1956, le taux d’accroissement naturel a oscillé autour de 25 p. m., mais en 1957, il montait à 33 p. m. Tous ces chiffres démographiques sont basés sur des recensements dont l’échantillonnage a été fixé en 1952; ces derniers temps, des doutes ont été émis sur leur valeur.

L’accroissement rapide et la grande densité de la population du Rwanda (environ 90 habitants par km² dans l’ensemble du pays, les variations par territoire administratif allant de 31,5 à 176,6 habitants par km²en 1957) entraînent l’émigration temporaire ou définitive d’un assez grand nombre d’habitants. Pour y remédier, le gouvernement tutélaire belge a développé un plan de mise en valeur de certaines régions, traditionnellement peu habitées.

Le degré d’urbanisation du Rwanda est encore peu élevé; on estimait qu’en 1956 moins d’un pour cent de la population totale habitait dans les centres urbains.

 PREHISTOIRE

Le Rwanda n’a pas fait, dans son ensemble, l’objet de fouilles archéologiques systématiques mais des prospections importantes ont été entreprises en divers endroits, notamment autour d’Astrida (centre-sud) et de Shangugu (ouest), Un grand nombre de découvertes archéologiques ont été faites de manière fortuite.

En ce qui concerne l’époque lithique, le Sangoen semble bien représenté partout, entre autres endroits à Rubona et à Muyaga; le mésolithique l’est moins bien, cependant des découvertes furent faites autour d’Astrida et à Kamasanzwe; le Wilton se retrouve partout. L’Age des Métaux fait son apparition en association avec la culture dite de la dimple-basedpottery(poterie à bord biseauté et caractérisée aussi par une petite fossette à la base et par l’absence de décoration à la roulette) qu’on retrouve dans une grande partie de l’Afrique orientale. De l’époque de la dimple-basedpotterydatent également des (briques bien cuites, décorées ou non; des fours à briques ont été découverts à Dahwe et à Kansi près d’Astrida, Des formes intermédiaires mènent de la dimple-basedpottery à la poterie dite des Reenge, ancien lignage(?) d’origine peu claire auquel les habitants actuels du Rwanda central attribuent une poterie caractérisée par son épaisseur et sa décoration à la roulette. Ceux qui fabriquaient cette poterie vivaient dans des villages et avaient des cimetières; ils connaissaient aussi l’agriculture comme il a été démontré à Ruli où des poteries reenge ont été trouvées associées avec du shorgo carbonisé. La poterie reenge conduit à la poterie actuelle. La tradition orale est en ce point confirmée par les découvertes. Une troisième forme de poterie a existé en même temps que celle des Reenge; des formés intermédiaires existent entre la dimple-basedpotteryet cette troisième forme et entre celle-ci et celle des Reenge mais il n’y a pas de continuité entre cette forme et la poterie actuelle. Des exemples de la troisième forme ont été trouvés à Kinkanga (centre).

HISTOIRE

Les traditions orales du Rwanda sont fort abondantes. Elles permettent, moyennant une critique sérieuse, de dégager les lignes essentielles du développement historique rwanda.

Petits états tuutsi-hima autour du Rwanda.

Arrivés dans la région interlacustre, les premiers pasteurs tuutsi-hima qui continuèrent pendant un certain temps la vie nomade, occupaient peu à peu le pays et fondaient de petites chefferies. Il semble que le Rwanda oriental et le Karagwe soient les plus anciens centres d’implantation de ces petits états. On y trouve une grande diversité de familles régnantes dont l’une deviendra plus tard la dynastie rwanda. Les Cwezi, dont l’origine n’est pas certaine bien qu’ils soient parfois considérés comme un lignage 1-lima, reprirent aux Tembuzi le royaume de Kitara (ou Gitara) au Bunyoro, il y a environ vingt-deux générations. Ce royaume comprenait tout I’Uganda occidental mais n’aurait pas débordé sur le Rwanda. Deux générations plus tard, il fut conquis par les Bito nilotiques qui fournirent une dynastie royale aux Nyoro, Toro, Ganda, Sogo et Ziba. Au Nkore, une autre dynastie issue des Cwezi a pu se maintenir. Cc sont lesHinda qu’on retrouve également au Karagwe, au Buhaya et au Buha. Les dynasties locales du Rwanda oriental se sont maintenues, sauf celle du Gisaka qui semble être de souche hinda.

Première période de l’histoire rwanda.

 Un certain nombre de noms royaux précèdent, dans les traditions orales, le premier roi du Rwanda sur lequel l’historien peut retenir des données plus ou moins sûres : Ruganzu I Bwimba. Parmi ceux qui précèdent, il convient cependant de mentionner le nom de Gihanga à cause du rôle important qu’il joue dans les récits; différents traits de la culture rwanda lui sont attribués.

Ruganzu I Bwimba, dit la tradition, vivait aux alentours du lac Mohasi [Muhazi : ndlr] dans le Rwanda oriental. Il se rendit indépendant du Bugesera et eut à se défendre contre des tentatives d’annexion de la part du Gisaka qui avait déjà conquis une partie du royaume du Mubari. Sous le règne de son successeur Cyirima I Rugwe, le Bwanacyambwe et une petite principauté hutu du Rukoma actuel, tous les deux situés à l’ouest du lac Mohasi, furent incorporés dans le patrimoine de la jeune dynastie rwanda. Kigeri I Mukobanya et Mibambwe I Mutabazi succédèrent à Cyirima. Mibambwe incorpora le royaume du Nduga dont le roi Mashira venait de conquérir le territoire des Renge. Ce fut la première grande acquisition de la dynastie car le Nduga comprenait la plus grande partie des régions situées à l’intérieur de la boucle de la Nyabarongo. Deux invasions nyoro dévastaient le Rwanda pendant la vie de Mibambwe. Le roi dû s’enfuir à l’ouest du lac Kivu et ne put revenir dans son pays qu’après le départ des Nyoro. Il aurait réorganisé le royaume, notamment par l’institution des généraux d’armées. Son successeur, Yuhi II Gahima, entreprit des razzias dans le Mubari mais il ne sut pas conquérir ce royaume.

Une poussée vers l’ouest se manifeste pendant cette première période de l’histoirerwanda. La plus grande partie des plateaux du Rwanda central avait été annexée. A l’est, les rois étaient plutôt sur la défensive. Le Gisaka avait occupé le pourtour du lac Mohasi et la région de Kigali au détriment du Rwanda et du Bugesera. Cependant, le Mubari et le Bugesera étaient en régression. Le Mubari avait été affaibli par les attaques du Rwanda, du Gisaka et du Ndorwa. Le Bugesera avait perdu ses territoires au nord du cours inférieur de la Nyabarongo du fait des conquêtes de Cyirima I.

 Deuxième période.

 Les règnes des rois Ndahiro II Cyamatre, Ruganzu II Ndori, Mutara I Semugeshi et Kigeri II Nyamuheshera font partie de la deuxième période de l’histoire rwanda.

Ndahiro rencontrait l’apposition de son demi-frère Juru qui avait fait alliance avec les rois du Bunyabungo et du Bugara. Ndahiro trouva la mort dans une bataille contre Nsibura, roi du Bunyabungo et des Havu; le Rwanda passa sous l’autorité de Juru et les régions situées à l’ouest du cours supérieur de la Nyabarongo firent partie de la zone d’influence du Bunyabungo. Ruganzu II, fils de Ndahiro, dut s’enfuir au Karagwe ou il revint quelques années après. II battit les partisans de Byinshi, d’origine inconnue, qui s’étaient installés au Rwanda central et razzia le Bunyabungo et le Bugara. Sous son règne et celui de ses deux successeurs, toute la région située entre la haute Nyabarongo et le lac Kivu fut razziée et occupée ainsi que l’île Idjwi. Mutara I annexa le Bungwe, un royaume dans l’actuel territoire d’Astrida. Ainsi, le Rwanda confinait au Burundi. Kigeri II razzia les régions sises entre les volcans et la forêt congolaise jusqu’au lac Edouard (territoires administratifs actuels de Masisi et Rutshuru).

A la fin du règne de Kigeri II, le Rwanda devait faire face à deux rivaux, également expansionnistes, le Burundi et 1e Ndorwa. Le Mubari, le Bugesera et le Gisaka étaient en déclin. Les principautés hutu du Rwanda central furent incorporées les unes après les autres. Mutara I réorganisa la structure politique du royaume tuutsi en affaiblissant les grands féodaux et en centralisant le gouvernement de l’état.

 Troisième période.

 La troisième période de l’histoire rwanda comprend sept règnes. L’expansion du royaume se poursuivit et les états éthiopides du Rwanda oriental furent annexés. Mais, au sud, le Burundi devint un rival dangereux. Le roi Ntare du Burundi razzia la frontière du Rwanda sous le règne de Mibambwe II Gisanura, enleva le Bungwe et pénétra dans le Rusenyi (Rwanda occidental) sous Yuhi III Mazimpaka. La campagne n’eut pas d’effets durables à cause de la mort de Ntare pendant la guerre. Cyirima II Rujugira tua MutagaSenyamwiza, roi du Burundi, et annexa le Buyenzi. Cette campagne mit fin à l’expansion rwanda vers le sud. Kigeri III Ndabarasa, fils de Cyirima II, vainquit le Ndorwa, le partagea entre le Rwanda et le Nkore, annexa le Mubari affaibli et razzia le Nkore et le Bumpaka, à l’est du lac Edouard. Sous le règne de Mibambwe III Sentaabyo, le Ndorwa se releva. Malgré l’affaiblissement du Rwanda qui était déchiré par des luttes intestines, Mibambwe réussit à annexer une partie du Bugesera qui venait d’être  vaincu par le Burundi. Son fils Yuhi IV Gahindiro triompha de la conspiration menée contre lui par son oncle paternel, réincorpora le Ndorwa et réorganisa l’état en lui donnant la structure politique et administrative qui durerait jusqu’à la fin de l’ancien régime. Il fit la guerre contre le Buhunde et le Bunyabungo. Par ailleurs une invasion rundi s’avança jusque dans le Bufundu mais n’eut pas de suites; 1e Rwanda fut razzié par le Karagwe.

Mutra II Rwoogera n’éprouva pas de difficultés à annexer le Gisaka, affaibli par des dissensions internes relatives à la succession et épuisé par Tes attaques antérieures des rois rwanda.

Le Rwanda a maintenant acquis ses frontières actuelles sauf à l’ouest et au nord-ouest où des principautés hutu (par exemple le Bukonya, le Buhoma, le Bushiru et le Kingogo) survivaient à côté de sociétés hutu dans lesquelles la parenté constituait le seul cadre structurel de la vie (comme chez les Rera, habitants du Mulera, et des chefferies tuutsi (comme au Kinyaga entre la crête de partage et le lac Kivu) qui ne dépendaient que nominalement du pouvoir central.

Quatrième période.

 Les états éthiopides du Karagwe, du Nkore et du Burundi étaient restés irréductibles à l’expansion rwanda. Le Nkore et le Burundi étaient en pleine conquête. Le roi Kigeri IV Rwabugiri les attaqua sans succès durable. Il envahit également le Bunyabungo, ennemi traditionnel, l’île Idjwi et le Buhunde mais ne parvint pas à s’y maintenir. Grand général, Kigeri IV était aussi un bon administrateur. Il organisa efficacement le Gisaka, conquis par son prédécesseur, et le Rwanda occidental jusqu’au lac Kivu. Il mourut en 1895. Son fils Mibambwe IV Rutarindwa lui succédait. Les frères de la reine-mère qui était associée à son règne, influents membres du clan ega, fomentèrent un complot contre lui. Il périt en novembre 1896 dans le coup d’état de Rucuncu. Yuhi V Musinga, autre fils de Kigeri IV, lui succéda.

LINGUISTIQUE

Le Kinyarwanda (-nyarwaanda) est la langue parlée dans l’actuel royaume du Rwanda ainsi que dans quelques régions qui en sont maintenant détachées. Rwanda et rundi, langue du Burundi, peuvent être considérés comme des variations d’une même langue. Ils constituent avec le ha un sous-groupe interlacustre allant du nyoro au ha.

Le Kinyarwanda est une langue à cinq voyelles. L’opposition phonologique entre les deux degrés de quantité vocalique, bref et long, y joue un rôle important de même que la hauteur des voyelles qui est déterminée par l’intonation de phrase (sept schèmes d’intonation sont connus) et par la tonalité (un tonème bas, trois tonèmes hauts). II existe dix-neuf classes nominales. Les pronoms démonstratifs présentent une extraordinaire complexité (il y a sept types pour chaque classe nominale) de même que le verbe.

Il y a peu de différences linguistiques entre les Tuutsi et les Hutu; au contraire, le langage parlé par les Twa possède des caractéristiques particulières. Le modèle normatif du beau langage se trouve dans le Rwanda central. Il existe une variation dialectale sensible surtout dans les régions qui ont été récemment incorporées dans le royaume (Gisaka, Kinyaga, toutes les régions septentrionales).

L’orthographe courante de la langue Kinyarwanda n’indique ni les degrés de quantité vocalique ni la hauteur des voyelles qui sont, tous les deux d’une extrême importance pour comprendre le sens de ce qui est écrit.

VARIATION CULTURELLE

La culture du Rwanda n’apparaît pas comme un bloc monolithique, bien qu’une description générale,valablepour tout le pays, être donnée. On peut considérer qu’il existe deux ordres de variation: les variations dans l’ordre vertical qui concernent les différences d’une caste à l’autre et la variation dans l’ordre horizontal, la plus importante, qui concerne les différences régionales par rapport au pattern culturel du Rwanda central. Ces deux ordres sont corrélatifs et sont fonction de l’histoire. Au fur et à mesure qu’on se rapproche de la culture du Rwanda central où l’emprise de la caste supérieure a été la plus profonde et où l’acculturation entre les groupes, en particulier tuutsi et hutu, a également été la plus intense, les différences culturelles entre les castes se réduisent pour une large part. Dans les régions périphériques, au contraire, où l’administration centrale n’a pu réaliser les mêmes normes culturelles qu’au centre et où, en général, l’équilibre démographique des castes diffère beaucoup de celui du Rwanda central, la variation culturelle s’accroît.

Les différences culturelles dans l’ordre vertical sont souvent mentionnées dans la littérature; cependant, les caractéristiques propres aux castes inférieures n’y entrent le plus souvent que par opposition aux normes de la caste supérieure, étudiées avant tout. Quant à la variation régionale, elle reste à étudier dans son ensemble. Les auteurs ont été généralement très frappés par l’homogénéité culturelle de la caste tuutsi avec laquelle ils entraient normalement le plus en contact, étant donné son statut privilégié. Cette caste, plus ou moins dispersée dans tout le royaume, confère au pays une unité culturelle réelle mais néanmoins superficielle dans plusieurs régions. Les différences régionales sous-jacentes concernent les Twa et surtout les Hutu de ces régions.

Les régions qui doivent entrer en considération pour une étude exhaustive des variations culturelles sont : le Rwanda central (environ un million d’habitants), la région nord-ouest des Goyi et des Rera (environ 380.000 habitants), le Buberuka-Rukiga (environ 200.000 habitants), la région de la crête formée par le Kingogo, le Budaha, le Nyantango, le Bwishaza, le Buyenzi et la plus grande partie du Bunyambiriri et du Bufundu (environ 210.000 habitants), le Bukunzi-Busozo (environ 30.000 habitants), le Ndorwa-Mpororo et le Mutara (ensemble environ 90,000 habitants), le Mubari et le Gisaka (ensemble environ 180.000 habitants) et le Bugesera (environ 25.000 habitants) .

ACCULTURATION INTER-CASTE

 Certains auteurs ont attribué à la caste hutu ou tuutsi l’origine d’aspects déterminés de la culture rwandaise. L’importance du gros bétail dans la structure sociale et politique du Rwanda semble devoir être attribuée à la caste supérieure pastorale, tandis que les immigrants éthiopides ont adopté une langue bantoue. L’attribution à la caste hutu d’autres aspects de la culture peut paraître conjecturale. La littérature anthropologique considère comme d’origine hutu le gouvernement monarchique et l’institution de la reine-mère, les noms des tambours royaux et le respect qui leur est dû, la conception du caractère divin de la royauté et le rituel funéraire royal, les rites saisonniers, voire même l’institution de clientèle. La distance sociale qui existe entre les Twa et les deux autres castes reste mystérieuse.

 

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