1. Réglementation de la poésie pastorale.
  1. L’intendant général doit veiller que les nyambo de son armée bovine soient chantées par les poètes pastoraux. La poésie pastorale ne peut être dédiée qu’au Roi seul.
  2. Invité à chanter tel troupeau de nyambo, le compositeur pastoral ne peut s’y refuser sans avoir exposé au Roi le motif de ce refus. Si le motif est trouvé fondé, le Roi pourra lui donner raison et l’exempter de l’obligation de composer pour l’armée bovine en question. Pour information: (Il en fut ainsi sous Yuhi IV Musinga, lorsque son frère Sharangabo s’adressa à l’ aède Rutaneshwa et essuya, de sa part, un refus énergique. L’affaire étant portée au tribunal du Roi. Rutaneshwa eut gain de cause, parce que Sharangabo lui avait antérieurement refusé le cadeau, sollicité avec ferveur, d’une tète de gros bétail.)
  3. Dans le cas où le poète reçoit une invitation de ce genre, il doit se rendre sur les lieux où pâture le troupeau à chanter.S’il est convoqué par plusieurs intendants généraux à la même époque, l’armée bovine à la-quelle il appartient prime ; puis celle à laquelle appartient la zone de pâturages dont il détient le gikingi ; art. 253. Si la convocation simultanée provient d’intendants généraux ne réalisant pas l’une des conditions du paragraphe précédent, le poète ne se déplacera pas : il recevra a sa demeure les vachers mémorialistes des troupeaux, qui retiendront les poèmes au fur et à mesure de leur composition.
  4. Ce sont ces poèmes qui seront débités durant les solennités pastorales à la Cour ; art. 208- 209.
  5. Aux yeux du compositeur pastoral, les armées bovines sont, divisées en deux clans : celui des bruns (Ibihogo) et celui des bruns marrons (Amagaju). Le clan des bruns comprend toutes les nyambo originaires du Rwanda et le brun marron celles provenant des razzias effectuées, au cours de l’histoire, chez les peuples Bahima, au nord du pays.
  6. Cette classification repose seulement sur ce fait historique, la robe des vaches n’y entrant pour rien.
  7. Les deux clans sont opposés par une guerre permanente. Cependant les vaches ne se combattent pas : elles s’attaquent tant aux chefs des nyambo, qu’aux pasteurs en chef (art. 213 a et 216 a) du clan respectivement opposé. Les vaches chantées ne peuvent s’attaquer à l’intendant général ou chef d’armée (art. 201), ni aux subalternes du pasteur en chef mentionnés à l’art. 220.
  8. On invite le compositeur lorsque le troupeau de nyambo a mis bas pour la première fois. Alors à la moitié des nyambo pure race (art. 230 b), il consacre des églogues de quelques dizaines de vers appelées Inshutso (sevrages). Cela accompli, le poète reçoit une vache parmi  celles formant la réserve du troupeau (art. 230 b), ou une autre que voudra lui donner le pasteur en chef. Il a également droit à une vache laitière, toujours de la réserve, qu’il pourra traire jus-qu’au sevrage du veau, au titre de intizo; art. 235,
  9. Lorsque le troupeau a mis bas pour la deuxième fois, le poète est invité pour achever sa composition. En ce moment les nyambo auront pris leur forme définitive, de taille et de cornes, et il sera facile de les classer en trois catégories : 1° la vache dite Indatwa (la plus belle) reine du troupeau ; 2° les 5 ou 6 plus belles après elle, appelées umutwe (la tête) ; 3° enfin le reste du groupe appelé ibigarama (les moins élégantes). Un troupeau peut exceptionnellement comporter deux indatwa qui devront être traitées ex aequo, sur le même pied d’égalité en tout. Pour information : (Ce cas se présentait assez souvent ; il est arrivé exceptionnellement sous Kigali IV Rwabugili, qu’un même troupeau de l’armée bovine umuhozi en comportât trois à la fois. Elles furent toutes les trois chantées par l’aède Ndangamira et nous avons eu la chance de recueillir les trois poèmes, de1942 à 1944, grâce au concours du regretté chef François Rwabutogo qui nous en signala successivement les déclamateurs patiemment dépistés en territoire de Kibungo.)
  10. A l’églogue primitive jadis consacrée à la vache devenue indatwa, le compositeur ajoutera d’autres chants, dits imivugo(déclamations). Dans ce cas, l’églogue primitive cesse de se nommer inshutso(sevrage) et devient impamagazo.(signe d’appel). Le poème ainsi prolongé s’appelle umuzinge (pli ou torsade).
  11. Dans les églogues primitives de tout le troupeau doit se retrouver un vers commun, appelé impakanizi, se rencontrant à l’ordinaire dans l’introduction de chacune d’elles. Ce vers ou ce mot commun est destiné à faire reconnaître l’unité du troupeau chanté. Dans le poème prolongé consacré à la reine du troupeau, le dernier vers de l’églogue primitive doit se retrouver à la fin de chaque chant, pour démontrer l’unité du morceau chantant la même vache. Ce vers sera appelé également impakanizi

329 – Si le troupeau comprend exceptionnellement deux vaches reines du troupeau, dont l’une ne peut être inférieure à l’autre sous aucun rapport de beauté, elles seront traitées en indatwa ex aequo, et les compositeurs leurs consacreront des poèmes mizinge distincts.

  1. Lorsque crèvent les reines des troupeaux et les taureaux de cette race de bovidés, on doit les enterrer avec respect, et planter un arbre mémorial sur la fosse contenant leurs ossements, de préférence aux abords des puits de choix ; art. 299 a.