1. La formation officielle de nouveaux troupeaux.

227 – Lorsque les vaches ont mis bas, et que les génisses sont sevrées, tous les pasteurs en chef reçoivent l’ordre de rassembler ces dernières devant le chef d’armée, assisté du chef des nyambo ou du chef des vaches, selon le cas. Ce rassemblement de génisses s’appelle Kuzitura : faire sortir de la case.

  1. De ces génisses rassemblées, le chef d’armée forme un seul troupeau auquel il impose un nom et qu’il confie à un pasteur en chef. Cet acte de créer un nouveau troupeau s’appelle kurema (former ou créer).

229.Lorsqu’il s’agit de génisses nyambo, on confie le nouveau troupeau à un membre de telle famille traditionnellement reconnue comme éleveur de nyambo ; article 217. Si plusieurs candidats sont en présence, on dit qu’il y a compétition pour le bâton pastoral et le troupeau sera adjugé au candidat sans occupation qui en aura bénéficié (ou dont la famille en aura bénéficié) à une époque plus reculée que les autres. Dans le cas où se trouveraient en présence deux candidats ayant des droits égaux sur le bâton pastoral en litige, et qu’aucun des deux ne veuille attendre le rassemblement suivant des génisses, le chef d’armée leur accordera le bâton en commun ; art. 218.

  1. Un troupeau officiellement formé doit compter entre 35 et 45 têtes de vaches. Si les génisses sont nyambo, environ 20 doivent être de race pure ; le reste du troupeau (race métissée et progressivement soumise au croisement pour aboutir à des nyambo pures) formera la réserve du groupe.
  2. Au troupeau de génisses nouvellement formé, le chef d’armée fera joindre une ou deux vaches laitières empruntées à d’autres troupeaux, destinées à fournir du lait aux vachers de l’art. 220. Ces laitières empruntées, appelées injyishywa, doivent être rendues à leurs troupeaux dès qu’elles donneront plus de lait. Lorsque les laitières en question ne donnent plus de lait et que les bénéficiaires sont obligés de les renvoyer avant que le jeune trou-peau n’ait mis bas, le chef des nyambo (ou celui des vaches) veillera à ce que d’autres laitières remplacent les premières injyishywa.
  3. Le nouveau pasteur en chef investi du fief du jeune troupeau a le droit de s’approprier une génisse prise parmi celles de la réserve mentionnée à l’art. 230 b. Cette génisse appelée Umunyafu (baguette pour conduire le troupeau) consacre la réalité du bénéfice obtenu.
  4. Chacun des pasteurs prenant part au Kuzitura (art. 227) a droit à une des génisses au titre de gukuba icyalire (entasser la litière). Ce dernier droit ne sera reconnu qu’à ceux qui auront présenté des génisses en très bel état, pour récompenser leur art d’éleveur.
  5. Les pasteurs en chef doivent veiller à ce que leurs troupeaux respectifs soient en chaleur à la même époque, afin que les génisses destinées à former les troupeaux aient sensiblement le même âge. Pour information : (Les nyambo ne pouvaient mettre bas que deux ou trois fois tout au plus ; après la grande peste bovine des environs de 1892, on dut permettre aux rares troupeaux péniblement reconstitués d’être montés jusqu’à quatre lois, parce qu’on voulait alors multiplier la race presque éteinte. Quand était décidée l’autorisation de laisser le troupeau se reproduire, les gardiens responsables les faisaient s’abreuver à des puits spéciaux, dont l’eau provoque, dans la huitaine suivante, le phénomène requis pour la fécondation).
  6. Lorsque les vaches ont mis bas, 1e chef des nyambo et le pasteur en chef prennent chacun une vache laitière qu’ils s’approprient définitivement au titre de intizo : prêt, prise parmi la réserve du troupeau, de l’art. 230 b. Il peut placer ses propres enfants auprès du troupeau, en vue de recevoir du lait gratuitement à chaque traite. Chacun des vachers députés aux soins des nyambo (art. 220) reçoit également une laitière intizo déterminée, mais qui ne quitte pas le troupeau, car il n’a pas le droit de s’en approprier ; voir art. 239 b.
  7. Celui qui boit du lait de nyambo race pure (art. 230) ne peut ni manger, ni avoir des relations matrimoniales ; c’est pour cela que le lait en est distribué de préférence aux enfants. Les grandes personnes qui veulent en user doivent se plier aux règles reçues et reçoivent en conséquence une quantité suffisante à leur nutrition exclusivement lactée.
  8. Lorsque les vaches mettent bas et qu’il n’y a pas assez de lait pour les génisses, par exemple dans le cas de nyambo vieilles, le chef des nyambo répartira les génisses sous-alimentées entre les autres troupeaux de son ressort. Une fois ces génisses sevrées, elles sont rendues au pasteur en chef de leurs mères, qui les présentera au rassemblement du Kuzitura avec l’éventuel octroi du fief mentionné par l’art. 233.